Le caporal JanssensLe caporal Janssens, de nationalité danoise, et engagé pour la durée de la guerre, a fait preuve depuis le début de son séjour à Toul, d’un courage, d’un dévouement et d’une endurance au dessus de tout éloge.
Pilote d’un avion monoplace, il a été spécialement chargé de lancer des projectiles (obus explosifs et fléchettes) sur des convois ou des rassemblements qu’il doit chercher loin en arrière des lignes allemandes.
Quel que soit le temps, il a accompli sa mission à peu près tous les jours, effectuant, soit par le grand vent, soit par le grand froid, des vols d’une durée presque toujours supérieure à une heure et demie., sous le feu de l’artillerie et de l’infanterie ennemies. Le feu, peu efficace au début, car il était exécuté par des canons de campagne, est devenu plus dangereux au bout de quelques jours.
Le 19 novembre 1914, vers midi, le caporal Janssens a essuyé à 2.400 mètres d’altitude, un bombardement très violent et très précis. Un obus, tiré certainement par un canon vertical, a éclaté si près de son avion qu’un éclat a traversé l’aile droite en coupant une corde à piano, et que deux balles de schrapnell se sont logées : l’une dans l’aile droite près du longeron, l’autre dans le fuselage à moins de vingt centimètres du corps du pilote.
La secousse occasionnée à l’avion fut très forte et le fit presque chavirer.
Nieuport 23 C1S’étant rendu compte qu’aucune partie de son appareil n’était pas endommagée, le caporal Janssens, qui avait encore à son bord son chargement de projectiles, continua sa route vers Thiaucourt, lança deux bombes sur un convoi situé aux abords de cette ville, tira mille balles sur un ballon allemand ; et ne rentra à Toul que lorsque sa mission fut complètement terminée.
La présence dans la région de Thiaucourt d’un canon vertical allemand amené récemment, est une preuve que les bombardements journaliers effectués par le caporal Janssens et le maréchal des logis Vuillemin ont dû être très efficaces.
Le caporal Janssens a fait preuve au cours de son dernier vol d’un courage et d’un dévouement qui lui ont attiré l’admiration de tous ses camarades aviateurs.
Cette prouesse a valu la médaille militaire à son auteur. La journée fut glorieuse pour le centre.
Jacques Mortane, engagé volontaire en 1914 [/table]