Le commando des fusiliers-marins François
28 au 29 mai la bataille de Ninh Binh ! Créé en mai 1947 le commando des fusiliers-marins " François " porte le nom du lieutenant de vaisseau François Jacques, mort pour la France, à la tête d’une flottille amphibie, en Indochine, le 6 janvier 1947.Engagé en Indochine, le commando
François, commandé par le lieutenant de vaisseau Labbens, est basé dans la province de Ninh Binh en mai 1951.
Avant de rejoindre l'Indochine, le commando
François, à cause des troubles qui venaient d'éclater à Madagascar au printemps 1947, prit passage à Toulon sur le Duguay-Trouin qui le débarqua à Diego-Suarez le 28 Mai.
Il participa pendant 5 mois aux opérations de pacification de la grande île, oprérant successivement au mois de Juillet avec la compagnie de débarquement du Duguay-Trouin dans le secteur de Maroansetra, puis à Andevorante au Sud de Tamatave, au mois d'Août avec les compagnies de débarquement du Duguay-Trouin, de l' Ajaccienne et du Tunisien dans le secteur de Fénerive.
Du 1er au 16 10 il procède à la pacification du secteur côtier au Sud de Tamatave, le long du canal de Pangalanes.
Au cours d'un séjour de 140 jours à Madagascar, le Cdo
François a passé 101 jours dans la brousse, parcouru 2500 Kms à pied et mérité les félicitations du haut commissaire.
Fin mai 1951 le commando se positionne dans l’église abandonnée du village de Ninh Binh.la guerre d’Indochine fait rage. Deux fois vaincu par de Lattre aux portes de Hanoi, Giap a décidé de conquérir coûte que coûte le delta tonkinois.
Aux lisières de la jungle, il a posté ses trois meilleures divisions.
Au soir du 28 mai, elles se ruent à l’assaut des rizières.
Pour leur barrer la route, un fortin dérisoire, l’église de Ninh-Binh tenue par le "commando François", une poignée de marins aux ordres du lieutenant de vaisseau Labbens. 76 gamins, dix-neuf ans en moyenne, contre lesquels se brisent les vagues viêts.
Encerclé dans la nuit par deux bataillon Viêt-minh, ils soutiennent jusqu’à l’épuisement, une lutte prodigieusement inégale et après avoir tenté et réussi une sortie en force et s’être regroupé à mi-chemin du DAY, ils doivent finalement succomber à bout de munitions.
En un combat digne des meilleures traditions militaires, ils ont tenu en échec presqu’un régiment entier et fait perdre à l’ennemi 24 heures de son attaque. Grâce à leur courage, Giap, qui comptait sur l’effet de surprise pour gagner la bataille du Day, devra admettre son échec : l’héroïsme des commandos a permis à de Lattre d’organiser sa riposte.
Les commandos-Marine de Ninh-Binh avaient de qui tenir : sept ans plus tôt, leurs anciens, les 177 volontaires de Kieffer, avaient, le 6 juin 1944, représenté la France sur les plages de Normandie. Le commando
François restera comme un exemple des plus belles qualités militaires poussées jusqu’au sacrifice total.
Les 76 hommes (74 européens et 2 supplétifs vietnamiens) du commando ne se doutent pas que le général Giap a programmé une troisième et vaste offensive dans le sud du delta tonkinois avec trois divisions d’élite et des bataillons régionaux.
Le commando se trouve dans l’axe de progression de la division 308 du général, composée de 8000 hommes et dotée de canons sans recul.Dans la nuit du 28 au 29 mai, à 4 heures du matin, alors que l’aube va bientôt se lever, le commando est encerclé.
Nos fusiliers-marins cherchent à briser l’encerclement par une résistance acharnée mais ils finiront par succomber sous le poids du nombre et par manque de munitions.
Le bilan est lourd : on dénombre 40 morts et 9 disparus (dont 5 « présumés fusillés »).
Des 29 rescapés, 5 seront placés en captivité.Le commando
François sera cité à l’ordre de l’armée de mer le 12 décembre 1951 avec la citation suivante :
« Ayant en un combat digne des meilleurs traditions miliaires tenu en échec presque un régiment a fait perdre à l’ennemi 24 heures de son attaque.
Par sa témérité, par son ardeur au combat le commando François restera comme un exemple des plus belles qualités militaires poussées jusqu’au sacrifice total ».Le commando
François a été dissous en mai 1953."
En Indochine, de 1946 à 1954, en 8 années de guerre, les commandos marine (Jaubert,
François, de Montfort) ont eu environ 104 tués sur un effectif de 1200 hommes.
61 de ces morts pour la France appartenaient au commando
François (49 morts ou disparus à Ninh Binh le 30 mai 1951, fusillés par le Viêt-Minh pour la plupart et 7 morts à Anh-Thoi le 23 avril 1949), dissous en 1953.
Ces faits d'armes ont valu à ce commando l'attribution de quatre citations à l'ordre de l'armée de mer (1948, 1950 et deux fois en 1951) et l'attribution de la fourragère aux couleurs de la médaille militaire avec l'olive croix de guerre TOE (1952) et la fourragère aux couleurs de la croix de guerre TOE (1951), qui s'ajoute à la fourragère de la Légion d'Honneur attribuée à tous les commandos marine, pour la participation des Commandos au débarquement du 6 juin 1944 et leurs faits d'armes postérieurs.
François Jacques, Henri, Georges né à Nogent le Rotrou ( Eure et Loir) le 11. 11. 1913. Le 05 01 1947 le LV
François assure le commandement d'une flottille amphibie ( 2 LCT, 2 LCI, 4 LCM et des LCA) et remonte le fleuve rouge jusqu'en amont de Nam Dinh. Le 06 01 à 5h25 la flottille appareille et pénètre dans la canal vers la ville assiégée.
Dès l'entrée de ce canal dont les berges les dominent, les bâtiments sont pris à partie par des armes automatiques.
Le LV François est tué, la marine donnera son nom à l'un des six commandos en formation.