Général Didier Tauzin : François Fillon n’est pas du tout assuré de devenir président
Les dirigeants français sont des arrivistes incapables d'appréhender les circonstances exceptionnelles, selon le général Didier Tauzin, candidat à l'élection présidentielle 2017. Or, le pays a besoin de quelqu’un qui soit un véritable chef. RT France : Croyez-vous que François Fillon sera le prochain président français ?
Didier Tauzin (D. T.) : C’est beaucoup trop tôt pour le dire.
D’abord parce que la primaire n’a rassemblé que quatre millions d'électeurs au total. François Fillon ayant été élu par 60 % c’est 2 400 000 électeurs sur un corps électoral national de plus de 40 millions.
C’est donc un peu tôt, c’est un peu léger.
Deuxièmement, beaucoup de choses vont se passer : d’abord la primaire de la gauche, et ensuite, il peut y avoir dans notre pays de véritables drames sécuritaires.
Un ami avocat anti-terroriste me disait encore il y a quelques jours : «Nous pouvons avoir des attentats énormes qui vont rebattre complètement les cartes.»
Aujourd’hui les Français ont déjà oublié l’attentat de Nice, le Bataclan.
On est donc dans une situation comme si tout allait bien.
Mais on est sur une bombe à retardement. Dans ce cas François Fillon sera-t-il considéré comme l’homme de la situation ?
C’est beaucoup moins évident qu’il n’y paraît.
Donc non, François Fillon n’est pas encore président de la République, il n’est pas du tout certain qu’il le soit.
« La France d’aujourd’hui, surtout si la situation dégénère, est comme un bateau dans la tempête »RT France : Pensez-vous que ce défi sécuritaire soit plus avantageux pour un candidat de droite, d’extrême droite, ou pour un candidat anti-système ?
D. T. : Qu’il soit d'un parti de droite, d’extrême droite, de gauche, etc., le problème n’est pas là.
Il faut quelqu’un qui soit à la hauteur de l’événement, capable d’appréhender une situation grave et de prendre des décisions fortes, lourdes et dans la durée, quand les choses vont mal.
Or, aucun des hommes politiques français n’est capable de faire cela, parce que ce sont des gens qui n’ont jamais pris de risque personnel, qui ont toujours risqué l’argent des contribuables, mais ni leur propre argent ni leur temps.
Ce sont des gens qui font carrière et ne sont pas prêts à appréhender les circonstances exceptionnelles, en particulier, celles d'une guerre civile ou d'un attentat. Il faut quelqu’un qui soit un chef, que ce soit un militaire ou un civil.
Tout le monde le sait : quand ça va mal, il faut quelqu’un pour décider.
Or, la France d’aujourd’hui, surtout si la situation dégénère, est comme un bateau dans la tempête.
Elle n’a plus de patron et c’est le plus grave.RT France : Où voyez-vous cette personne qui pourrait assumer ce rôle de capitaine bateau ?
D. T. : C’est pour cela que je me suis lancé en politique.
Je suis général, j’ai participé à des trentaines d’opérations extérieures... c’est mon métier de vivre dans la tempête, dans des moments difficiles, de prendre des décisions quand ça va mal et d’être ferme quand il le faut.
C’est pourquoi je me suis engagé en politique, je ne voyais personne qui soit capable de le faire.
« Les gens reviennent aux fondamentaux de la civilisation européenne qui ne sont ni de droite, ni de gauche »RT France : Pouvez-vous vous placer sur un échiquier politique ? Votre positionnement serait-il plutôt de droite ou de gauche ? Pour vous, ce clivage est-il dépassé ?
D. T. : Ce clivage est complètement dépassé.
En fait, aujourd’hui, en France, comme dans beaucoup de pays européens, y compris la Russie, les gens reviennent aux fondamentaux de la civilisation européenne qui ne sont ni de droite, ni de gauche.
Il ne faut pas nous dire que la famille est de droite ou de gauche, elle est avant la droite et la gauche.
La Patrie n’est ni de droite ni de gauche. J’ai toujours refusé de me situer sur l’échiquier politique.
Je suis prêt à travailler avec tout le monde, pourvu que ce soit des gens patriotes, qui se mettent au service de la France et qui ne recherchent rien pour eux-mêmes.