Bonsoir,
J'ai récupéré avec ma cie en 1948 ou 49 quelques prisonniers français à VIETRI sur les bords du Fleuve Rouge.
Nous étions horrifiés déja à cette époque dans l'indifférence générale bien entretenue par le pouvoir en place.
Puis au second séjour, ayant été grièvement blessé le 17 juin 1954, je me suis retrouvé dans divers hôpitaux du Tonkin avec ces rescapés qui devaient peser une trentaine de kilos se demandant où ils se trouvaient et incapables de parler pour la plupart.
Je voyais mon voisin è gauche de mon lit tirer et repousser un manche en bois alors qu'il régnait une puanteur effroyable dans cette chambrée de l'hôpital d'HAÏPHONG.
Je demande à un infirmier ce qui se passe ? il me répond: Sa jambe est atteinte de gangrène, nous n'avons pas assez de pénicilline ( c'était le début) alors nous laissons les asticots manger la chair putéfriée qu'il ramenait avec un rateau miniature de manière à protéger le reste qui est sain et que ces bestioles ne touchent pas.
Deux ou trois jours plus tard, je me réveille, il avait un drap sur son Corps: il était décédé.
Des souvenirs que l'on ne peut jamais oublier.
Cordialement.
Gantheret