L'origine de la casquette BIGEARD LES ORIGINES DE LA CASQUETTE BIGEARD:Tous les anciens paras se souviennent de cette casquette qu'ils ont portée au moins une fois dans leur parcours militaire mais peu savent comment ce couvre-chef est apparu et comment il a pris naissance.
La casquette Bigeard. (Archives Nationales)La plupart d'entre eux l'ont découvert en Algérie où elle était, avec le béret rouge, le brevet, la MAT 49 et la tenue camouflée, un des symboles des paras. Contrairement à ce que son appellation semble supposer, ce n'est pas Bigeard qui en est le créateur ni même l'instigateur, c'est seulement grâce à lui que la casquette a équipé les paras.
NAISSANCE D'UN SYMBOLE:Après la seconde guerre mondiale, les troupes françaises ont été équipées avec de l'armement et du matériel US.
Durant la guerre d'Indochine, les paras et troupes coloniales portent en guise de couvre-chef, le célèbre chapeau de brousse australien que les hommes exècrent: il s'envole au moindre souffle de vent, s'accroche à toute végétation et en plus, il est laid.
Contrairement à l'infanterie qui l'a toujours sur la tête, les paras ne portent le casque que lors des sauts car il est lourd, encombrant et bruyant.
A poids égal, ils préfèrent se charger avec des munitions.
Le capitaine Tourret, du 8e BPC (Bataillon de Parachutistes Coloniaux), imagine alors de remplacer le chapeau de brousse par une autre coiffure plus seyante, mieux adaptée au terrain et qui serait portée exclusivement par ses hommes.
Il charge des sous-officiers de section, dont était le sergent Flament, d'étudier la question.
Les sous-officiers optent pour une casquette et s'inspirent de celle à grande visière de l'armée impériale japonaise ainsi que de la Feldmütze de l'Afrika Korps.
La casquette japonaise est légère, peut se plier par le milieu, son homologue allemande est plus lourde et plus compacte mais sont toutes deux fonctionnelles.
Les deux casquettes ayant servi de base aux recherches sur la forme de la casquette Bigeard De ces études, une ébauche prend forme:
On garde les lignes de la casquette japonaise dont on supprime la jugulaire et on opte pour une visière moins longue et moins rigide qui sera plaquée sur le front.
Cette ébauche présente en plus l'avantage de pouvoir être portée sans inconvénients sous le casque lourd lors des sauts.
Plus tard, on y ajoutera un protège-nuque fendu en son milieu qui s'avérera fort utile sous le soleil algérien, imitant ainsi le mouchoir que les soldats japonais glissaient sous leur coiffure.
On demande au tailleur du bataillon d'en exécuter quelques exemplaires afin d'avoir une meilleure idée du projet.
Premiers exemplaires de la casquette en 1953 et le modèle final en 1958.(Archives du 3e RPIMa)Il s'avère alors que la confection de la visière pose un problème:
Les casquettes japonaises et allemandes ont des visières qui sont rendues rigides par l'adjonction d'un carton fort et épais. Or, au bout d'un certain temps d'usage et après des lavages ou passages répétés sous la pluie, ce carton perd de sa consistance et devient informe.
Le tailleur du bataillon résous le problème en remplaçant le carton par 7 épaisseurs de tissus superposés et cousus ensemble avant leur introduction dans la visière.
De ce fait, celle-ci reste souple, peut être pliée, soumise aux intempéries et aux lavages tout en conservant sa rigidité.
Un autre avantage de l'utilisation de tissu est que celui-ci est moins coûteux en aiguilles de machines à coudre que le carton fort et épais a tendance à briser.
L'ensemble des composants de la visière sont cousus par des lignes de coutures en arcs de cercle.
Ce point de détail deviendra par la suite un des moyens de reconnaître les vraies casquettes des nombreuses copies qui ne tarderont pas à apparaître tant la coiffure est prisée.
Après quelques légères retouches, le modèle est adopté.Il ne reste plus qu'à trouver le tissu dans lequel les casquettes seront taillées:
Justement, il y a ces sacs de couchage SAS 43 (appelés peau de saucisson) dont on ne sait pas quoi faire.
Par la suite, les casquettes seront taillées dans les capuches qui seront supprimées des vestes camouflées ainsi que dans les excédents de tissus provenant des tenues de saut retaillées.
Le capitaine Tourret fit réaliser les coiffures par des tailleurs locaux. La facture fut réglée par la caisse noire du 8e.
En 1953, à Dien-Bien Phu, le capitaine Tourret devient l'adjoint du capitaine Bigeard. Il lui donne alors une casquette.
Celle-ci plait au capitaine Bigeard qui décide d'en équiper son 6e BPC et fait en sorte que le couvre-chef se généralise auprès des paras.
Le 3e RCP est parmi les premiers à en être doté et la casquette devient réglementaire pour toutes les troupes coloniales en 1958.
La casquette Bigeard en Algérie. (Archives du 3e RPIMa)EVOLUTION DE LA CASQUETTE:Si la guerre d'Algérie s'est terminée en 1962, la casquette a subsistée pendant encore de nombreuses années.
On a retiré la tenue camouflée et la casquette aux paras dès leur retour en métropole mais elles ont continué d'équiper les troupes parachutistes servant en outre-mer jusque dans les années 1970.
La fabrication de la casquette a durée pendant encore longtemps.
Elle a été fabriquée en tissu "Satin 300" puis en tissu camouflé "Centre Europe" mais aussi en version Daguet "Tempête du désert".
Le dernier fabricant connu et répertorié est Paul Boyé de Sète qui, jusqu'en 1976, a continué à produire des casquettes, en tous points similaires au modèle original en utilisant du tissu à chevron croisé 280.
Casquette Bigeard version Daguet (Archives 3e RPIMa)Elle a connue de nombreux surnom tel que "vagin sur la tête" (Authentique).
Dès sa création, cette coiffure a eu tellement de succès qu'elle été l'objet de nombreuses contrefaçons et imitations si bien qu'à l'heure actuelle, il est très difficile de distinguer les vrais exemplaires des faux.
Pratiquement toutes les armées du monde ont dotées leurs hommes d'une version de casquette approchant plus ou moins la casquette Bigeard.
Ceux qui s'en rapprochèrent le plus ont été les Portugais, pendant les guerres coloniales, et les Rwandais.
Casquettes portugaises et Rwandaises.Exemples d'imitations: Armée suisse, armée belge et armée américaine.Actuellement, en France, la casquette Bigeard n'est plus portée que par un seul régiment parachutiste
( A vérifier ) : le 3e RPIMa dont les hommes reçoivent celle-ci lors d'une prise d'arme après avoir effectué une longue marche.
Les hommes du 3e Régiment de Parachutistes de l'Infanterie de Marine (RPIMa) portant la casquette Bigeard. (Archives 3e RPIMa)Sources : http://episodes-histoire.over-blog.com .