ROYAUME UNI EN CONCURRENCE AVEC L'HINDENBURG

SOURCE : LES ECHOS
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Le plus gros aérostat du monde a fait son premier vol en Grande-Bretagne
BRUNO TREVIDIC Le 19/08 à 06:00
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La presse britannique a salué mercredi le premier vol réussi, au-dessus de la campagne anglaise, d'Airlander 10, « le plus gros des aérostats du monde ». - Photo JustinTallis/AFP
Le nouveau géant du ciel Airlander 10 tente de relancer l'ère des dirigeables.


Quatre-vingts ans après la fin tragique du Hindenburg, les grands dirigeables semblent revenir dans le vent. La presse britannique saluait ainsi, ce mercredi, le premier vol réussi, au-dessus de la campagne anglaise, d'Airlander 10, « le plus gros des aérostats du monde », lancé par la société britannique Hybrid Air Vehicules (HAV), avec l'ambition affichée d'ouvrir une nouvelle ère des dirigeables.


Bien que limité à une demi-heure, ce premier vol public autour de sa base de Cardington, dans le sud de l'Angleterre, a suscité l'engouement des médias, même si son avenir commercial laisse les experts sceptiques. Surnommé le « derrière volant » (Flying bum) en raison de sa ressemblance, vu de derrière, avec une paire de fesses, cet engin de 92 mètres de long est en effet le plus gros engin volant actuel. Plus grand qu'un Antonov 225 ou qu'un Airbus A380.


Conçu à l'origine par le géant de l'armement américain Lockheed Martin pour un possible usage militaire, l'Airlander 10 est destiné à transporter du fret. Gonflé à l'hélium et non plus à l'hydrogène comme ses ancêtres des années 1930, il pourrait transporter jusqu'à 10 tonnes (contre environ 112 tonnes pour un Boeing 747) et voler jusqu'à 5 jours avec un équipage, en toute discrétion et sans pollution, avec une vitesse de pointe de 148 km/h.


De quoi intéresser, selon ses promoteurs, entreprises de BTP ou groupes pétroliers, ayant de lourdes et encombrantes charges à transporter dans des zones difficiles d'accès.


Vulnérabilité aux conditions météo


Contrairement à un avion-cargo, Airlander 10 n'a pas besoin d'infrastructure aéroportuaire et peut se poser aussi bien en rase campagne que sur un plan d'eau. Selon HAV, qui évalue le marché mondial à plusieurs centaines d'aérostats, Airlander 10 pourrait également intéresser le tourisme, voire même les fournisseurs d'accès à Internet, en servant de plate-forme relais.


Cependant si l'Airlander est aujourd'hui le plus gros des aérostats modernes, il n'est pas le seul. Aux Etats-Unis, en Allemagne, en Chine, et même en France, les projets de ce genre ont fleuri ces dernières années. Rien qu'en France, au moins trois projets tentent de se faire une place au soleil : l'Airlifter du grenoblois Aster, le Stratobus de Thales Alenia Space et le Flying Whale, à Toulouse. Les dirigeables ont fait même parti des projets d'avenir soutenus par le gouvernement.


Mais jusqu'à présent, aucun n'a dépassé le stade du démonstrateur et un succès d'estime. Certains se sont même soldés par une faillite retentissante, comme le Cargolifter allemand de Siemens et ABB. Le principal handicap du dirigeable, comparé à l'avion, reste sa vulnérabilité aux conditions météo, qui doivent être optimales.


Le seul modèle véritablement installé reste le Zeppelin NT, relancé en 1997 en Allemagne. Plus petit que le Airlander, il peut transporter jusqu'à 8 tonnes ou une douzaine de passagers. Toutefois, sa principale utilisation semble être un support publicitaire volant (pour Goodyear) et des vols touristiques autour de Paris.


Bruno Trévidic, Les Echos



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