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| Sujet: Le CAPITAINE MERIDOR Dim Aoû 07 2016, 19:38 | |
| SOURCE : ZONE MILITAIRE - OPEX360 ======================== Le sacrifice du capitaine Jean MaridorPosté dans Forces aériennes, Histoire militaire par Laurent Lagneau Le 07-08-2016
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis », lance Jésus, dans l’Évangile selon Saint-Jean. Que dire alors quand on se sacrifie pour sauver des inconnus, comme le fit le capitaine Jean Maridor, le 3 août 1944?
Né le 24 novembre 1920 au Havre dans un milieu modeste, Jean Maridor se passionne très tôt pour l’aéronautique ion après avoir assisté à un meeting aérien. Il passe alors son temps libre au terrain d’aviation de Bléville, où il rend quelques services, parfois récompensés par un tour en avion.
Puis, grâce au ministre de l’Air, Pierre Cot, l’Aviation Populaire, dont le but est de rendre le monde de l’aéronautique accessible au plus grand nombre, voit le jour en 1936. Une chance pour Jean Maridor, qui devient ainsi, à l’âge de 16 ans, le plus jeune pilote de France, après avoir obtenu son brevet 1er degré.
En 1939, Jean Maridor, alors destiné au métier de coiffeur, s’engage pour cinq ans dans l’armée de l’Air. Il obtient rapidement (et brillamment) son brevet de pilote militaire. Lors de la campagne de France (mai-juin 1940), il est caporal à l’École de Chasse d’Étampes, laquelle, devant l’avancée allemande, se replie à La Rochelle.
Major de sa promotion, le caporal Maridor se voit confier un Dewoitine D-520. Mais, le 18 juin, il reçoit d’ordre de détruire son avion, le maréchal Pétain ayant annoncé, la veille, de demander l’armistice à l’Allemagne. Une pespective que le jeune aviateur refuse. « Je ne sais pas ce que nous allons devenir, mais j’ai grand espoir que tout n’est pas fini. Il faut avoir beaucoup de courage pour regarder la situation en face. (…) J’espère continuer la lutte là où nous le pourrons », écrit-il à ses parents, restés au Havre.
Le 24 juin, alors que son école s’est repliée dans les Landes, il gagne Saint-Jean-de-Luz et réussit à se mêler, avec 4 camarades, à des soldats polonais devant embarquer à bord de l’Arrondora Star pour rejoindre l’Angleterre.
Trois jours plus tard, Jean Maridor s’engage dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL) avec le grade de caporal-chef. Pour autant, il n’est pas question pour lui de combattre tout de suite. Il est envoyé à la n°5 Flying Training School de la Royal Air Force (RAF), puis à l’Operationnal Training Unit 52.
En septembre 1941, fin prêt pour piloter un Hawker Hurricane, et comme le furent avant lui René Mouchotte et Henry Lafont, le sergent Maridor est affecté au 615 Squadron, qui, parrainé par Winston Churchill, a pour missions de surveiller les côtes britaniques et d’attaquer les bateaux de la Flak allemande (défense contre avion, DCA).
Au cours de l’un de ses première sorties, Jean Maridor se distingue en coulant un bateau-flak allemand (1er octobre 1941). Mais les missions, comme on peut l’imaginer, sont très périlleuses. Et, le 31 octobre, il manque d’être « envoyé au tapis ». Toutefois, il réussit à ramener son avion, gravement endommagé, à sa base. Quelques semaines plus tard, il reçoit sa première citation avant d’être promu sous-lieutenant.
En février 1942, Jean Maridor rejoint le 91 Squadron, équipé de Spitfire. Les missions s’enchaînent à un rythme soutenu. ll reçoit deux nouvelles citations, dont l’une pour avoir, à nouveau, réussi à rentrer au terrain avec un avion très lourdement touché et l’autre pour s’être « particulièrement distingué au cours de 50 attaques de convois et d’bjectifs militaires en territoires occupés ». Puis, autre mésaventure, il se blesse au bras lors d’un combat aérien engagé par méprise avec un avion.. canadien.
Après un court passage au Groupe de Chasse Alsace (341 Squadron) et s’être vu décerner la Distinguished Flying Cross (DFC), Jean Maridor sera l’acteur d’un fait d’arme mémorable qui illustre son caractère fougueux et intrépide. Le 25 mai 1943, une formation de 12 avions allemands – des Focke Wulf – s’apprête à bombarder la ville de Folkestone. À la tête de 6 Spitfire, et alors que la DCA britannique tonne, il plonge au milieu des appareils ennemis et en abat deux.
En juin 1943, fait Compagnon de la Libération, il est promu capitaine, alors que, d’après le général Valin, alors chef des FAFL, le combat « l’intéressait plus que son avancement ». Ne rechignant pas à faire la fête et bon vivant, Jean Maridor rencontre une jeune anglaise, Jean Lambourn, avec qui il songe se marier. Mais le destin en décidera autrement.
13 juin 1944. Les Alliés viennent de débarquer en Normandie et Hitler sort une « arme secrète » : le Vergeltungswaffe 1 (ou V-1), une bombe volante (que l’on peut considérer comme étant le premier missile de croisière de l’histoire), propulsée par un pulso-réacteur avec une charge de 750 kg d’explosifs. Les Allemands lanceront 250 engins de ce type par jour en direction du Royaume-Uni. Et la RAF sera sollicitée pour les détruire avant qu’ils ne fassent des dégâts.
À ce jeu-là, Jean Maridor va très vite s’illustrer en inscrivant 10 V-1 à son tableau de chasse. Il est 12h30, ce 3 août 1944, quand le jeune capitaine aperçoit, au-dessus de la ville de Benenden, dans la banlieue de Londres, l’une de ces « bombes volantes ». Immédiatement, il la prend en chasse, l’aligne dans son collimateur et tire…
Seulement, le V-1, bien que touché, poursuit sa route, vers un entrepôt transformé en hôpital. Il ne lui reste qu’un solution : s’approcher au plus près de la bombe volante pour l’abattre avant qu’elle ne provoque la désolation… au risque d’y laisser sa vie. Jean Maridor se trouve à environ 50 mètres de ce « doodlebug » quand, soudainement, une explision embrase le ciel et souffle son Spitfire XIV. L’hôpital ne sera pas détruit… et des centaines de blessés, ainsi que des enfants d’une école toute proche seront ainsi sauvés par l’action héroïque d’un capitaine français âgé de seulement 23 ans.
Dans ses mémoires, son camarade le plus proche, Jacques Andrieux, écrira à son sujet (*) : « Maridor a toujours bon appétit et ne laisse pas sa part aux autres. Ceci est valable pour tout ce qu’il fait. Il dort profondément. Il mange solidement. Il s’amuse passionnément. Quand il se bat, il le fait furieusement. Et quand il mourra, il ne pourra que mourir que bravement. »
Quant au général Valin, il n’hésitera pas à comparer Jean Maridor à un autre héros des ailes françaises, à savoir Georges Guynemer, estimant que, comme son aîné, il symbolisait « la foi tenace, le courage désintéressé et l’esprit du devoir et du sacrifice. »
Au total, le capitaine Jean Maridor comptait 810 heures de vol à son actif (dont la moitié en mission de guerre) au cours desquelles il obtint 5 victoires aériennes et détruisit 11 V-1 ainsi que plus d’une centaire d’objectifs au sol. (*) Le ciel et l’enfer, France libre 1940-1945, par Jacques Andrieux (Presses de la Cité)
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