13 mars 1881 : assassinat d'Alexandre II
Ironie du sort : c'est le jour où le tsar désire établir une monarchie constitutionnelle que des anarchistes mettent fin à un espoir démocratique en Russie. Au début de son règne en 1855 et après la défaite de Sébastopol face aux Anglais et aux Français, Alexandre II entreprend des réformes humanistes. Il libère près de 50 millions de serfs, abolit le fouet, demande l'établissement d'assemblées locales, élargit l'enseignement à la petite bourgeoisie. On le surnomme alors le « tsar libérateur ». Parallèlement, la littérature russe explose avec Tolstoï, Dostoïevski ou Tourgueniev. Pourtant, des anarchistes pointent le bout de leur nez, ce sont les nihilistes comme les nomme Tourgueniev. En 1866, le tsar manque d'être tué et Alexandre II va alors durcir le ton. Côté vie privée, il fait scandale en s'affichant en public avec sa jeune maîtresse Katia et bien qu'elle soit de 30 ans sa cadette, il aura trois enfants avec elle. Le 1er juin 1867, Alexandre II rend visite àNapoléon III à Paris pour régler les conflits concernant la Pologne mais un réfugié polonais tente de tuer le tsar. Les relations entre les deux pays sont à nouveau tendues. Puis le tsar reprend ses rêves impériaux, s'attaque au Turkestan et au Caucase. Il vend l'Alaska aux Etats-Unis et s'intéresse à Constantinople (Istanbul), capitale turque. Une guerre est engagée en 1878 mais les Anglais interviennent, Alexandre doit reculer, décevant ainsi son peuple. Les étudiants anarchistes s'en donnent à coeur joie, multipliant les manifestations et poussant le peuple au soulèvement... C'est un échec. Un mouvement beaucoup plus radical va naître. Des jeunes s'en prennent à la police et le tsar échappe à un nouvel attentat le 2 avril 1879. Une organisation nommée « La Volonté du peuple » (Narodnaïa Volia) cherche à éliminer carrément Alexandre. Traqué, il échappe de nouveau à deux attentats dont un à l'intérieur du palais et l'autre dans le train impérial. Il demande cependant à ce que l'on reprenne la réforme des institutions et quelques temps plus tard demande l'extradition à la France du responsable de la tuerie du train : Victor Hugo entre en jeu et c'est un refus français. Parallèlement, toujours aussi amoureux, il épouse en secret Katia le 18 juillet 1880, après la mort de la tsarine. Pour la faire couronner, il décide de reprendre les réformes et d'instaurer une monarchie constitutionnelle. Mais quatre jeunes du mouvement Narodnaïa Volia fixent la date du 13 mars 1881 pour agir. L'un est arrêté, Jeliabov, qui avoue et le prévient de l'action envisagée. Le 13 mars tombe un dimanche et Alexandre II souhaite absolument assister à la relève de la garde après avoir signé une convocation pour réunir des commissions destinées à la réforme. Les anarchistes attendent le couple impérial, lance une première bombe. Alexandre veut calmer la foule et s'adresser au terroriste... Une deuxième bombe l'atteint directement. Alexandre II meurt dans l'après-midi. Ses rêves de démocratie ne seront pas atteints... Pire, son successeur Alexandre III va revenir complètement en arrière en instaurant une nouvelle autocratie, abrogeant les réformes. En Russie, comme dans toute l'Europe, les idées révolutionnaires mais aussi nationalistes, racistes, antisémites, bref, tous les extrêmes, verront le jour. Alexandre II voulait faire de la Russie un grand pays démocratique : il n'en aura pas eu le temps.
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