5 Août 1.957:
Bataille en ligne entre une katiba F.L.N. et nos troupes, près de bou zegza, 11 tués, 19 blessés parmi les nôtres, 128 rebelles abattus. (autres source: 32 tués, 11 blessés, 2 disparus japais retrouvés).
La bataille d'Alger se gagne : La présence de l'Armée et les moyens de diffusion:
Premier moyen: la présence constante de quatre régiments, un régiment pour chaque "quartier", quelque quatre mille hommes disponibles en permanence contrairement aux services de police qui restent soumis à des horaires; ce seul fait retirait au F.L.N. sa liberté de manoeuvre. Et sans doute les militaires ne se sont-ils pas encombrés de procédures pour ordonner la levée des grilles de magasins; il s'en sont chargés. Cela seul transformait l'atmosphère.
Pour "dégeler la Casbah", Massu voit mettre à sa disposition tous les moyens de communication et de diffusion des services psychologiques, et c'est la première fois qu'est effectivement utilisée une C.H.P.T. (compagnie de hauts parleurs, un des moyens du cinquième bureau), pour inciter les parents à envoyer les enfants à l'école. La Casbah n'obéit plus au F.L.N. Mais, bousculés dans leurs habitudes tranquilles, les réseaux de bombes n'ont pas disparu.
Le Dispositif de Protection Urbaine de Trinquier : Le Commandant Trinquier se charge de quadriller la Casbah par un système permettant en permanence d'en repérer les habitants donc tout corps étrangers. Il est secondé par quatre officiers, "le commandant Aussaresse, les capitaines de la Bourdonnaye et Léger, et le Lieutenant Garcet" ainsi que par un homme - clef dans ce redressement "Surcouf, un sergent-chef musulman algérien".
Plus tard, expérience faite dans Alger, Trinquier en exposera la théorie dans "La guerre " : la ville est décomposée en quartiers et en îlots - d'où l'appellation "îlotage" du système - et en groupes de maisons, où demeurent des familles. A chaque échelon, correspond un "chef", responsable des personnes logées dans son domaine et plus particulièrement des absents ou des personnes en surnombre dont il doit rendre compte.
A chaque échelon correspondent des fiches identiques remises au chef d'échelon et à l'administration. Tout individu recensé est logé dans ce système avec un numéro minéralogique individuel qui reprend les chiffres ou lettres désignant son quartier, son îlot, son groupe de maisons. Dès le système en place, il fonctionne comme une souricière automatique; à Alger les tueurs du F.L.N. n'y échapperont pas.
Car l'enregistrement initial n'a opéré aucune sélection politique: les responsables sont choisis en raison de l'influence qu'on leur prête, personnalités locales, commerçants connus, etc., sans souci de leur orientation politique; obligés de tenir leur fonction, ils ne seront objectivement pas moins utiles s'ils sympathisent avec l'adversaire; le recensement comprend fatalement les rebelles; "leur véritable nom sera inconnu ...de leurs voisins; mais les ralliés les reconnaîtront".
Une fois établi, le système, baptisé D.P.U., Dispositif de Protection Urbaine, fonctionnera parfaitement comme piège à rebelles et empêchera la mise en place de nouveaux réseaux importés.
Les premiers bleus de chauffe : Le dispositif allait être parfait par l'action du binôme Léger- Surcouf avec le lancement des bleus de chauffe, qui sont des ouvriers musulmans, recrutés par Léger, "logés" dans des entreprises, vêtus d'un bleu de travail, d'où leur nom, et qui seront successivement les rouages de la reconquête de la Casbah d'Alger, puis de l'intoxication et de l'autodestruction de la willaya d'Arnirouche, enfin du ralliement des Musulmans au 13 mai.
Léger a observé le mode de vie à l'intérieur de la Casbah : de jeunes "mauvais garçons" y font la loi, celle du F.L.N. dont ils sont les groupes de choc, mais Léger est convaincu qu'il s'agit plus d'un phénomène sociologique de bandes qui se donnent un rôle que d'un engagement politique. Il pense pouvoir les retourner, mais pour réussir, il doit prendre le risque de faire confiance à ceux qu'il retournerait et de les armer, pour qu'ils aient le sentiment de conserver un rôle analogue.
S'appuyant sur Surcouf, il constitue une toute première équipe, avec ces mêmes garnements qui peu auparavant, pour faire exécuter les instructions du F.L.N. de ne pas fumer, ni boire, ni jouer, ni écouter la radio coloniale, arrachaient les cigarettes aux fumeurs ...ou leur coupaient les lèvres, dispersaient les habituels jeux de dominos dans les cafés maures, brisaient les postes radio.
L'équipe, un samedi, ose s'enfoncer dans la Casbah. Ses membres ont revêtu les bleus de chauffe habituels aux ouvriers musulmans. Ils sont certes reconnus. Dans un café maure, ils demandent des dominos et commencent d'y jouer, ils font mettre en route le poste radio; le cafetier n'ose pas refuser, pas plus qu'il ne refusait les ordres contraires auparavant; dans la foulée, ils fument, et les paquets sortent de toutes les poches. Le retournement d'habitudes se répand vite.
L'exploitation est immédiate: l'équipe intercepte tous les mauvais garçons repérables, leur prend leurs papiers d'identité avec injonction d'aller les retirer au poste de Léger. Les jeunes hommes en rupture de cartes d'identité viendront les retirer, demander leur incorporation à d'autres équipes de Léger, tout en apportant souvent leur obole: leur première dénonciation d'un responsable de cellule F.L.N .
La Casbah a changé de camp. L'arrestation des survivants du réseau de bombes ne tarde pas. [url=http://guerredalgerie.pagesperso-orange.fr/images/action psychologique.jpg]photos[/url]
Servilement copié sur Nicolas Kayanakis " Algérie 1960, la victoire trahie " Editions Atlantis, ISBN 3-932711-16-5
6 Août 1.957:
Les paras identifient Ali Moulay, arrêté le 17 juillet, comme le patron des réseaux de pose de bombes à Alger. Dès qu'il comprend qu'il est identifié, il coopère avec véhémence, les paras le mettent à l'abri dans une villa différente de celle utilisée pour les exécutants, à partir de laquelle il permettra de démanteler la zone autonome d'Alger.
Pour montrer sa bonne foi, il donne Bakel et Zerrouck. (de son vrai nom Hassan Ganriche). Zerrouck acceptera le rôle d'agent double, il travaillera avec le capitaine Chabanne du 3éme RCP et le capitaine Leger. Quarante ans plus tard Moulay expliquera que cette collaboration ne fut obtenue que grâce à des tortures particulièrement convainquantes et ne laissant aucune trace. Tout le monde le croit, tant mieux pour lui.
7 Août 1.957:
Sur indication de Moulay Ali, les paras arrêtent deux hommes et une femme qui se trouvaient dans une villa de la Bouzareah. Les paras les interrogent séparément, en présence de Moulay Ali, caché derrière un paravent. Un des hommes reconnaît être le chef de la région 1. La jeune femme nie toute liaison avec le F.L.N., mais Moulay la reconnaît comme la personne chargée de porter les corps de bombe du lieu de leur fabrication à des caches. Les paras descendent immédiatement s'occuper de l'atelier.
Le deuxième homme est Zerrouck (pseudo de Hacène), patron de la région 3, indique Moulay. Dans la foulée, il donne le lieu de séjour de ses troupes, et ils sont tous immédiatement arrêtés. Certains, qui veulent se faire mousser, prétendent avoir été torturés à l'occasion, mais bien sûr quel intérêt de torturer des exécutants dénoncés par leur chef ?