Tchad-Soudan: le sergent Polin a été tué de sang froid et à bout portant
Les circonstances de la mort du sergent (1) Gilles Polin, le lundi 3 mars, lors d'un incident frontalier avec le Soudan, se précisent peu à peu. Voici les nouveaux éléments que nous avons recueillis.
"La P4 (véhicule militaire léger) a été arrêtée sur une piste par trois hommes qui sortaient des fourrés. Ils ne portaient pas d'uniformes reconnaissables. Ils étaient très près de la P4 et, au moment où Polin mettait le pied à terre pour descendre du véhicule, l'un d'eux a ouvert le feu à bout portant." Le sergent a alors reçu une balle au flanc et l'adjudant qui l'accompagnait a été blessé légérement par d'autres tirs.
Selon les évaluations de l'état-major à Paris, ces hommes n'étaient pas des coupeurs de route, mais appartenaient à une "force organisée". Une estimation fondée sur leur réaction à l'arrivée des autres éléments du COS. Ils ont réagi "avec des moyens de combat lourds (mortiers) qui ne correspondent pas à ce que l'on trouve chez les coupeurs de route". Ces éléments semblent désigner l'armée soudanaise.
De retour de sa mission d'enquête au Tchad, le général (air) Patrick Paimbault, inspecteur des forces en opération, a remis au chef d'état-major des armées ses conclusions sur les circonstances de cet incident frontalier. "Il a confirmé l'erreur dans le positionnement géographique", qui a conduit l'équipe des forces spéciales à franchir la frontière, indique Laurent Teisseire, porte-parole du ministère de la défense. "Il n'y a pas eu de fautes, mais une succession d'erreurs" ajoute-t-on à l'état-major. En tout cas, "pas d'actions conduites en contradiction avec les ordres reçus."
Lors d'une conférence de presse tenue le 19 mars, le général irlandais Patrick Nash - patron de l'Eufor et à ce titre des forces spéciales françaises engagées dans l'opération - avait provoqué la surprise en affirmant que les militaires de l'Eufor ne devaient pas s'approcher à moins de cinq kilomètres de la frontière avec le Soudan. Selon nos informations, cette règle d'engagement n'a jamais existé, même si "on ne dévoile pas toutes les règles d'engagement", comme le reconnait un officier français. Pour Paris, la présence, "naturelle et légitime", des forces spéciales dans ce secteur s'intégrait dans "leur rôle d'éclairage initial de terrain".
(1) Nommé adjudant à titre posthume.
libé 27/3
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