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| Odyssée d'un combattant hors du commun de la 2GM | |
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Invité Invité
| Sujet: Odyssée d'un combattant hors du commun de la 2GM Jeu Mai 26 2016, 20:08 | |
| Colonel Henry Fournier-Foch Béghin Bernard ... pris sur Camps Parachutistes Colonel Henry Fournier-Foch Petit fils de Ferdinand Foch, maréchal de France, et lui même colonel de l'Armée Française.
Né le 15 décembre 1912 à Saint Nicolas de Port (Meurthe et Moselle) Henry est le fils du colonel Alexandre Fournier (1885-1929) et d'Anne Marie Foch, (1887-1981) seconde fille du Maréchal.
Le capitaine Alex Fournier était dans l'Etat-Major du général Foch, établi à Cassel (Nord) d'octobre 1914, au printemps 1915. Quatre fois cité durant la Grande Guerre, il est chevalier de la Légion d'Honneur.
Henry Fournier Foch était de promotion "La Bournazel" à St Cyr, tout comme son cousin, Jean Bécourt Foch, sortis tous deux en 1932. En décembre 1937, le lieutenant Fournier Foch épouse Anne Marie Grandcolas à Lepanges (Vosges), mariage célébré par Mgr Evrard, prélat du Pape, et cousin de la mariée. Les témoins du marié sont les généraux Réquin et Reedinger.
En juillet 1940, alors qu'il est capitaine d'une compagnie de chars au 5e bataillon de chasseurs motorisés, il est fait prisonnier par les Allemands, et emmené en captivité loin de France. Après une première tentative d'évasion en 1942, sans succès, il est envoyé en Poméranie (partie du Brandebourg et de la Prusse, alors allemande, mais devenue polonaise après 1945) dans le fameux Oflag IID, à Arnswalde. Le nom polonais est Choszczno.
Rien de très spécial jusqu'en janvier 1945, et l'avancée des troupes Russes alors que les Allemands reculent vers l'Ouest, et qu'ils déplacent leurs prisonniers. Pour un capitaine de la trempe de Fournier Foch, l'occasion est trop bonne et là, son parcours est extraordinaire.
Six mois d'aventure de guerre en terre ennemie. 29 janvier 1945, le vent tourne pour les Allemands sur le front Est, la grande bataille de Koursk (5 juillet au 23 août 1943) a déjà décidé de la suite de la campagne.
Aussi, le 29 janvier 1945, le camp d'Arnswalde commence son évacuation, sous la garde des Allemands, les prisonniers ont pris la route dans la direction de Pyritz (Pyrzyce en polonais) donc vers l'Ouest. Le lendemain, sous la neige, Henry, ayant décidé, avec ses camarades : Jean de Loynes, Louis Duclos et Robert Pila, de profiter d'un certain affolement de leurs gardiens, se sont écartés du groupe avec succès... cette fois. Ils réussissent toutefois à rejoindre librement la ville de Pyritz et s'intègrent dans un "kommando" de travail car une compagnie de canons (4) de 88Flak arrive et prend position pour "tenter" de bloquer l'avancée soviétique. Dans son travail de prisonnier au service des SS, Henry repère, par réflexe, les positions de ces canons, il ne sait pas encore que cela lui servira, au service des Russes. Nous sommes le 3 février, et déjà le canon tonne au loin, aussi décident-ils de quitter ce lieu et de remonter vers Arnswalde, au devant des troupes russes.
Le 4 février, ils font connaissance avec des tirs de Katiouchka, les orgues de Staline. Puis, comme prévu, le contact est fait avec les premiers soldats russes. Comment vont-ils être traités par l'Armée Rouge? Ces soldats insensibles au froid et à la neige sont, à leurs yeux, comme venus d'un autre monde.
En tant que chef de son groupe, Henry fait connaissance avec le major Madianov, chef d'un bataillon de chars T34, et déjà ils élaborent une stratégie pour l'attaque de Pyritz. Dorénavant, il se verra nommé : Tovarich Kapitaine Foch.
Le 9 février 1945, l'attaque est déclenchée par des tirs d'artillerie et les chars pénètrent dans Pyritz, suivant la tactique mise au point par le capitaine français. Déroulement de la bataille : début à 8 h... A 13 h le calme est revenu...
Les quatre canons allemands sont détruits. C'est la victoire totale. A SUIVRE.................... |
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| Sujet: Re: Odyssée d'un combattant hors du commun de la 2GM Jeu Mai 26 2016, 20:14 | |
| Par contre, le service sanitaire n'est pas très bien assuré dans l'Armée Rouge, et avec ce froid, Henry pense souvent aux soldats de la Grande Armée de 1812, en retraite, repassant la Bérèzina, harcelés par les Cosaques. Il en était ainsi pour des groupes de soldats allemands, désarmés, qui tentaient de regagner leur terre natale, au delà du fleuve Oder. Enfin, suite à cette brillante victoire, les compagnies de chars se positionnent pour la nuit, et le schnaps coule à flot. Henry a retrouvé des sensations, oubliées par ces cinq années de captivité et a su mettre son expérience et ses compétences au service d'une armée, certes un peu rustique, mais drôlement efficace. Il en a été apprécié et remercié. Dés lors, sa mission va être de rassembler tous les prisonniers de guerre français, dont certains errent dans les campagnes environnantes. Les véhicules russes circulent en tous sens, dans un désordre perpétuel. Mais, apparemment, ils s'y retrouvent. Des soldats italiens ont été également retrouvés, mais eux, craignent les Russes car certains ont combattu contre eux au début de l'invasion de l'URSS. Le 11 février, Henry Fournier-Foch et ses camarades d'évasion (Jean de Loynes, Robert Pila, et Louis Duclos) se trouvent à Alt-Prilipp, (Stary Przylep en polonais), quand soudain un coup de canon retentit, tuant deux polonaises et blessant Henry et Louis. Le capitaine est touché par un éclat d'obus dans l'épaule, tandis que pour son ami, cela semble plus sérieux, un éclat lui a traversé la cuisse. Soins sommaires avec les moyens du bord et en route pour Wügarten (Ogardy actuel) toujours à la recherche du camp de rassemblement.
A Wügarten, les deux blessés sont plus sérieusement soignés par un médecin colonel américain (fait prisonnier à Bastogne) et un français : Ringonnaud, qui lui est père Rédemptoriste. Nous sommes le 15 février 1945.
Ici, un camp de prisonniers libérés s'est "construit" de lui même, au fur et à mesure des arrivées. Le 17 février, Henry retrouve le major Madianov et ses capitaines et ce sont des retrouvailles joyeuses, "arrosées" à la russe, avec embrassades sous l'oeil ébahi du médecin-colonel US.
Retour à Wügarten, où le capitaine Fournier-Foch, est, de par son ancienneté de libéré, pourrait-on dire, le chef de ce camp de fortune, bien que des officiers supérieurs en grade arrivent, mais notre héros, fort de sa notoriété grandissante auprès des Soviétiques, impose son autorité.
Et pour preuve de ceci, le 18 février, il est informé que le lendemain, 19 février, une prise d'armes sera faite au sein du bataillon de Madianov, avec un lot de récompenses. Il y est fortement invité, mais cela semble être un ordre, puisqu'il est «Tovarich Kapitaine Foch». Distribution importante de médailles, tankistes, officiers et bien sûr le major Madianov pour la victoire de Pyritz. Mais, il y a surprise, surprise. «Tovarich Kapitaine Foch» est appelé par son chef et celui-ci lui remet son premier "Drapeau Rouge", avec ces mots : "Pour acte de grande bravoure devant l'ennemi, je te remets le Drapeau Rouge". Et comble de l'honneur qui lui est déjà octroyé, Madianov lui remet deux autres Drapeaux Rouges, et le charge d'appeler deux combattants : Popov et Tania (oui une femme) et de les décorer lui-même.
Odre du Drapeau Rouge - Орден Красного Знамени* Voilà comment, en Pologne libérée, un capitaine de l'Armée Française, prisonnier de guerre des Allemands, évadé d'Oflag, proposant ses services efficaces à des tankistes russes, se retrouve décoré d'une haute distinction de cette armée qui fait trembler les SS.
L'Ordre du Drapeau Rouge est l'une des plus hautes décorations soviétiques, créé dès 1918. Il disparaît avec la fin de l'URSS. Le général Pierre Pouyade, ancien commandant de l'Escadrille Normandie-Niemen, le colonel Roland de la Poype, ancien lui aussi de Normandie-Niémen, étaient tous deux décorés de cet Ordre.A suivre ..................... |
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| Sujet: Re: Odyssée d'un combattant hors du commun de la 2GM Jeu Mai 26 2016, 20:19 | |
| Et la vie continue avec de nouveaux arrivants. Quelques parties de chasse avec le médecin colonel US, agrémentent les journées et surtout l'ordinaire qui doit être soigneusement géré.
Le 21 février 1945, à 19 heures, une ordonnance du major Madianov, vient chercher notre Tovarich Kapitaine Foch pour rejoindre l'Etat Major du bataillon, et de là, partir avec lui, pour deux heures de route, à Schneidemühl (Pila en polonais), soit à cent km. Cette petite ville a affreusement souffert ; odeur de brûlé, et de cadavres mélangés, et cela, il y a à peine huit jours. Arrivée à 22 heures.
Au PC du corps blindé, on y retrouve une dizaine d'officiers, dont un général qui rejoint Madianov, qu'il félicite en l'emmenant dans une salle voisine, où se trouve le maréchal Joukov, le fameux maréchal Joukov ! Henry fait connaissance avec d'autres officiers, qui s'étonnent de la présence d'un "Franzouski" sur le site. Qui plus est décoré du "Drapeau Rouge". Mais soudain, la porte s'ouvre et la voix de stentor de Madianov retentit en prononçant ces mots : "Tovarich Kapitaine Foch".
Alors le capitaine Henry Fournier Foch est présenté au maréchal Gueorgui Joukov, grand chef soviétique actuel, mais, déjà brillant sous-officier du 10e Dragons en 1915, avant de se joindre aux bolchéviks en 1917.
Le maréchal Gueorgui Joukov Notre capitaine français exécute un énergique "garde à vous", et regard de l'un dans le regard de l'autre, c'est une admiration réciproque qui se remarque par tous les témoins de cet instant. L'effet "Pyritz" joue en faveur d'Henry. Puis vient le temps d'élaborer la stratégie pour la suite des combats en direction de Berlin, notamment pour le passage du fleuve Oder, que les Allemands ne manqueront pas de défendre avec acharnement. Enfin, le maréchal Joukov prend en aparté notre "héros", et s'ensuit un dialogue en tête à tête entre les deux hommes. Joukov excuse ses officiers pour leur relative naïveté, leur instruction ayant été très rapide, trop rapide, due aux événements. Et cela, dans un français moyen, mais compréhensible, puis arrivent les questions plus personnelles sur le parcours militaire d'Henry, avant de passer à celles concernant l'autre maréchal, le nôtre, le maréchal Foch, que Joukov admirait. Et vient cette question : "Pourquoi Foch n'est-il pas allé jusqu'à Berlin ? " et d'ajouter, "Moi, j'irai jusqu'à Berlin"! Le général commandant le corps blindé prit enfin la parole, ne tarissant pas d'éloges sur les victorieux de Pyritz, ceci sous les ordres de Joukov, prononce ces mots : "Tovarich Kapitaine Foch, sur l'ordre du maréchal commandant le premier front de Biélorussie, je te remets l'Etoile de l'Ordre de la Guerre Patriotique de 1ère Classe".
L'Etoile de l'Ordre de la Guerre Patriotique - Орден Отечественной войны * Et, une nouvelle fois, non pas champagne, mais cognac ! En plus, confirmé dans son statut d'officier de l'Armée Rouge, le capitaine Henry Fournier-Foch est autorisé à porter les pattes d'épaule de major.
*L'Etoile de l'Ordre de la Guerre Patriotique est comme l'Ordre du Drapeau Rouge, l'une des décoration les plus prestigieuses de l'ex-URSS, deux autres officiers français, anciens de Normandie-Niémen, reçurent également cette décoration : Joseph Risso et Marcel Lefevre... A noter que "La Guerre Patriotique" est le nom donné en Russie pour "Seconde Guerre Mondiale"
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Odyssée d'un combattant hors du commun de la 2GM Jeu Mai 26 2016, 20:22 | |
| Moment d'allégresse certes, mais gardons les pieds sur terre et Madianov rassemble ses troupes, et malgré un léger "roulis" dû à la vodka, le bataillon reprend la route. Direction l'Oder, il faut aller vite, très vite, c'est ce qu'il fait comprendre à Henry.
Et celui-ci est dans sa bulle : "Je suis officiellement officier de l'Armée Rouge, je peux servir à nouveau dans les blindés". Cependant sa mission est tout autre, et d'autre part, le fleuve Oder gelé en début du mois, avait permis le passage d'éléments légers, établissant une tête de pont près de Küstrin, mais nettement plus lourds, les chars T34 de Madianov sont contraints de stopper, l'Oder étant en partie dégelé.
Le 25 février, ce sont des officiers italiens, dont des généraux, qui arrivent. Tous cadres de l'armée de Mussolini, raflés par les Allemands à la mort du Duce et de ce fait, devenus "alliés" des Alliés. Leur conduite n'est pas toujours exemplaire.
Il a été décidé d'implanter un mât pour élever les couleurs françaises, mais pas de drapeau, alors on fait avec les moyens du bord ; le rouge est tiré d'un drapeau nazi, le bleu prélevé sur un édredon, et le blanc coupé dans un drap. Les cordons de montée/descente sont confectionnés par un câble téléphonique.
Ce 28 février 1945, de l'avis d'Henry Fournier-Foch, ce drapeau français hissé sur le sol, encore quelque peu allemand, est le premier, depuis le début du conflit. Et d'ailleurs, il a pu ramener celui-ci dans ses maigres bagages chez lui en France.
Au cours d'une importante réunion d'Etat Major, "Tovarich Kapitaine Foch" rencontre le général Vassilli Tchouikov, commandant de la VIIIème Armée avant l'offensive sur Berlin d'avril 1945 (à venir), puis Mikhail Malinine, général en chef de l'Etat Major du front, et le maréchal Nicolaï Voronov, grand chef de l'Artillerie.
Tous ces officiers supérieurs impressionnent notre "héros" par leur "jeunesse" de visage et de caractère bien que plus âgés que lui. Leur envie de se battre est évidente.
Au camp, c'est toujours la routine, et l'espoir de retrouver la France ne cesse de se confirmer pour lui et ses compagnons. Le 5 mars les officiers américains et leur médecin colonel sont partis et des journalistes soviétiques viennent visiter le site de Wügarten. Et enfin arrive le RP Cléry, infirmier et aumônier, ainsi l'office religieux peut être à nouveau célébré, pour les français, et les habitants du village, dans le temple protestant.
Le 30 mars, sur ordre soviétique, Henry Fournier-Foch, ses trois amis et quelques cinq cents français prennent la route pour se rendre à Landsberg sur Warta, (Gorzow Wielkopolski en polonais). Trente kilomètres à faire à pieds par une route qui n'est que fondrières, ornières pleines de boue, encombrée par une multitude de véhicules évidemment prioritaires.
Arrivée de tout ce monde à 19 heures, ce n'est que vers minuit qu'ils purent être à peu près convenablement logés A suivre ........................ |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Odyssée d'un combattant hors du commun de la 2GM Jeu Mai 26 2016, 20:25 | |
| Donc, nouveau site d'action, mais toujours la même mission, confiée par le maréchal Joukov, le 1er mars, à notre "héros", à savoir, rassembler les étrangers. Arrivés avec cinq cents hommes ici, le nombre d'arrivants ne cesse d'augmenter au fil des jours, et pas seulement des Français. La vie s'organise : logement, intendance, sécurité et même police.
Le 2 avril, ce sont trente cinq jeunes Français qui arrivent. Ils sont des Chantiers de Jeunesse, du général Joseph de la Porte du Theil, raflés par les SS lors de l'invasion de la zone Sud de la France. Ils conviennent parfaitement pour le service de police dirigé par un des compagnons d'évasion : Louis Duclos. Les Russes leur autorisent les armes.
Mais une autre arrivée s'avère particulièrement intéressante, celle de deux médecins capitaines : Gendre et Julien. Le dimanche 8 avril, c'est repos pour tout le monde, et le Père Cléry ayant trouvé une petite chapelle, y célébra trois messes. Puis, à 22 heures, ce fut la remise en route de l'usine de production électrique.
Le 11 avril 1945, avançant vers le nord du territoire occupé maintenant par les Soviétiques, à la recherche d'autres "libérés", proche de Falkenburg, des PG (prisonniers de guerre) français, leur indiqua un camp dont les gardes s'étaient enfuis, (annexe de Ravenbruck) où étaient enfermées des femmes.
Henry et ses hommes y pénètrent et découvrent l'horreur. " Je suis Français" dit il, " Bonjour, merci" lui a-t-on répondu. Une quarantaine de femmes, dont quatre déjà mortes, semblaient attendre leur fin. Prises en charge immédiatement, elles furent ramenées à Landsberg, pour être soignées, logées. Ces femmes de bonne société hongroise, étaient prises comme juives, mais parlaient presque toutes le français. Elles étaient sauvées. Celles qui ont succombé, ont été enterrées par les gens du village, qui avouaient n'avoir rien su ni vu. Pendant ce temps, l'armée du général Tchouikov, dans laquelle opère Madianov, auquel Henry Fournier-Foch rend visite le 14 avril, se prépare pour l'assaut de Küstrin, où les Allemands résistent.
Küstrin est une ville forteresse, noeud de routes importantes, le confluent de l'Oder et de la Warta, fleuves navigables à cet endroit. C'est une valeur symbolique pour l'Allemagne. Déjà la veille, des avions américains avaient bombardé la rive gauche de l'Oder et doivent y revenir. A onze heures, les voilà, dans un bruit assourdissant, la Flak allemande leur répond. Grande amplitude de bombardement, peut être sur quinze kilomètres, puis vers 12 heures les chasseurs US passant en rase motte comme pour clore le ballet aérien. Tous ces avions venaient d'une base en Italie. Enfin, le commandant Madianov enlace son ami français et s'élance avec ses trente chars pour la suite de sa mission ; approcher Küstrin. Il a confié à Henry que l'offensive est fixée au 19 avril. Le dernier char disparu, Henry et sa troupe, reprirent le chemin de Landsberg, et croisèrent un escadron de Cosaques, montant vers les batteries, dont les cavaliers portaient deux obus de part et d'autre de leur selle. C'est dire la volonté de ces combattants.A suivre .....................
Dernière édition par bretirouge le Jeu Mai 26 2016, 20:29, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Odyssée d'un combattant hors du commun de la 2GM Jeu Mai 26 2016, 20:28 | |
| 16 avril 1945, six heures H-3, l'heure fixée pour le déchaînement de la préparation artillerie, Tovarich Kapitaine Foch, imagine le déroulement de la bataille dans sa tête ; les moteurs des chars, les fantassins qui se hissent sur les monstres métalliques grondant et fumant, s'avançant vers la ligne de départ. Il se pose deux questions : l'Oder sera-t-il franchi ce soir ? La poursuite vers Berlin va-t-elle commencer ? Mais il est sorti de son imagination par la KRA (kommandatura), sur un coup de fil, qui l'informe que, près de Stettin, des soldats ukrainiens gardent des allemands prisonniers, ceux ci, se disent français.
Tout de suite, Henry pense à des "Malgré nous". A travers des routes encombrées, il arrive au PC de l'Armée Rouge à Stargard, qui l'oriente vers Stettin. Là, on le conduit dans une caserne qui est, en fait, le dépôt de la "division Charlemagne". Il y découvre une cinquantaine d'hommes, allongés par terre, semblant désabusés, et reconnaît sur leurs manches l'écusson bleu blanc rouge. Il a bien entendu parler des LVF, mais ignore tout de la "division Charlemagne".
Embarquement de ces hommes qui n'osent à peine le regarder dans les yeux, et la surveillance "sérieuse" est ordonnée avec ordre de tirer s'il y a tentative de fuite, bien que ceux ci, tout comme leurs " cousins " allemands, n'ont pas envie de retomber dans les griffes des Soviétiques.
A Landsberg, ils sont confiés à Louis et ses policiers (nommée Garde de Fer). Le 17 avril, la curiosité pousse Henry à se rendre sur la route de Küstrin, pour en connaître davantage sur la bataille. Il apprend que le carrefour de Seelow, à quinze kilomètres ouest de Küstrin est sous contrôle russe.
Küstrin - L'artillerie soviétique en avril 1945 Le 19 avril, un véhicule d'Etat Major vient le chercher et le conduit devant le maréchal Joukov qui est au plus près de ses troupes. Celles ci, pour les premiers éléments, sont à moins de trente kilomètres de Berlin. Le pilonnage de la capitale du IIIéme Reich a débuté. Dans le dialogue entre les deux hommes, Joukov lui parle de son grand-père : le maréchal Foch. Puis il vante la discipline de ses troupes dans cette période actuelle, par rapport à celle des unités de la première guerre mondiale. Il lui reconnaît une nouvelle fois son audace d'avoir "guidé " tactiquement le bataillon pour la victoire de Pyritz, tout en approuvant le colonel commandant la brigade d'avoir écouté les conseils d'un soldat étranger. Enfin, il en revient à Berlin, en réaffirmant qu'il y serait demain.
Et maintenant, les choses sérieuses : il surprend Tovarich Kapitaine Foch, en lui demandant de lui fournir des hommes pour remplacer des pertes subies, pour le dernier rush avant Berlin. Henry accepte, et lui propose quatre compagnies de deux cents hommes chacune. Joukov lui promet de ne pas trop les exposer.
Puis le maréchal russe prend congé du capitaine français qui rentre vers Landsberg.A suivre ........................ |
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| Sujet: Re: Odyssée d'un combattant hors du commun de la 2GM Jeu Mai 26 2016, 21:36 | |
| Le lendemain, on organise la troupe, avec équipement de combat et munitions. Il y a trop de volontaires. Puis ensuite, Henry rejoint Madianov à Göritz, à la demande de celui-ci. Le commandant russe lui raconte le combat de son bataillon, après une bonne rasade de cognac. Il lui dit qu'il a failli se faire tuer par un gamin de quinze ans (hitlerjugend) qui le visait avec un panzerfaust.
Dans les jours suivants, Henry Fournier-Foch apprend que des français, attachés à la terre ici depuis quatre ans ne veulent plus la quitter, de peur de ce qu'ils pourraient retrouver (ou non) en France. Certains ont épousé leur patronne, veuve de guerre d'un soldat tué en Russie. Mais, plus tard, il apprendra qu'ils ont été chassés de ces terres par les Polonais.
Au village, (c'est ainsi qu'Henry appelle Landsberg), il annonce qu'il ne veut aucune différence entre les diverses catégories de français. S'il y a des comptes à régler, cela se fera en France . Tout fonctionne bien. Même des petites pièces de théâtre sont jouées, notamment par des soldats italiens. Le 27 avril, un restaurant communautaire a été inauguré sur ordre venu de très haut (communisme oblige), mais le surlendemain, il était parti en fumée, les pompiers étant partis sur un autre sinistre. On ne le rebâtit pas.
Henry Fournier-Foch apprit l'existence d'un grand camp de concentration au nord de Berlin,à Oranienburg. Passant au plus près de la bataille de la capitale, il arrive à ce camp, où là encore, il découvre l'horreur dans sa plus grande expression. Ils étaient une trentaine, dont une vingtaine de français, à l'état squelettique. Les Russes présents cherchaient les geôliers pour les abattre, sans sommation.
Le voyage de retour durera douze heures, arrêts compris, pour abreuver, avec moult précaution, les "rescapés". La bataille de Berlin était terminée, les huit cents volontaires du Tovarich Kapitaine Foch sont de retour à Landsberg.
A suivre..................................... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Odyssée d'un combattant hors du commun de la 2GM Jeu Mai 26 2016, 21:39 | |
| Le 3 mai 1945, une nouvelle expédition de recherche des "Malgré Nous", est organisée. Arrivant à Stargard, ou il explique au commandant de la KRA, ce qu'est un français domicilié dans une région "colonisée" par les Allemands. C'est dans un camp situé à une quinzaine de kilomètres de Stargard qu'il opère aujourd'hui sous l'autorité russe bien évidemment. Dans son équipe, il y a un Alsacien qui a connu cette situation, mais il s'en est échappé en désertant.
En une heure, après un entretien individuel, les Alsaciens et Lorrains sont en route pour Landsberg, non sans des tonnes de remerciements, envers leurs libérateurs. Mais des resquilleurs ont été démasqués. Mais l'Armistice approche. Enfin!! Mais les Russes n'en parlent pas. Une certaine inquiétude gagne tous ces " libérés des camps", car Henry Fournier-Foch, sans information précise, ne sait pas quoi dire à toutes ces femmes et hommes.
Et pourtant, soudain, il se décide. "Demain, on va à Berlin".
Il part avec son chauffeur Popov, à quatre heures du matin. Toujours des routes encombrées : soldats, véhicules, prisonniers allemands et italiens sévèrement encadrés. A Berlin, c'est le choc à la découverte du chaos, destruction absolue, des incendies survivent encore. Le QG de Joukov est à Karlshorst. Henry, en uniforme d'officier russe est à la recherche du maréchal, aussi on l'emmène au bord du lac Wannsee où les deux hommes se retrouvent. Accueil chaleureux de la part du grand chef. "Tovarich Kapitaine Foch, je suis à Berlin, oui à Berlin !...". Et il ajoute : "Si ton grand-père y était venu en 1918, nous n'y serions ni toi ni moi....". On lui présente les généraux Berzanine, Sokolowski et Malinine, pour les plus connus. Ayant exprimé au maréchal, la hâte de revoir la France au plus vite, celui-ci lui répond que la guerre n'est pas finie. Il lui annonce quelque chose de terrible : "Nous allons reprendre la lutte, pour rejeter Anglais et Américains à la mer". Souriant, il ajoute : "Pas Brest-Litovsk, Brest, chez toi, tu viendras avec moi...". Henry est secoué comme par un coup d'éclat d'obus reçu à Art-Prilpp. Tout de suite, il pense à cette armée surpuissante, à la vaillance de ses soldats, mais aussi ses points faibles. Quelle sera la réaction des Alliés de l'Ouest, à cette invraisemblable intention ? Tout cela chavire dans sa tête, lui qui avait une telle admiration pour ce grand soldat, maintenant, ce sentiment transforme en haine.
Complètement écoeuré, Henry part à la recherche des "autres" Alliés, et trouve un poste avancé britannique, et là il raconte ce qu'il vient d'apprendre. Sur le retour il pense au général Foch en novembre 1918, il avait six ans quand le chef des Armées Alliés est rentré à Paris, venant de Rethondes, après la signature de l'Armistice de 1918.
Arrivé au village, il apprend, de ses amis, que la radio a annoncé la signature de l'Armistice, et surtout que le général de Lattre de Tassigny y représentait la France. Quand aux russes, inutile de dire que la vodka est plus que jamais leur amie.
Le 20 mai, Tovarich Kapitaine Foch apprend qu'il est promu lieutenant colonel (podpolkovnik) de l'Armée Rouge, et qu'il reçoit son deuxième Drapeau Rouge, pour les services rendus, ainsi que pour le "prêt" de huit cents hommes pour la bataille de Berlin.
Le retour des Français est prévu par Odessa, mais Henry et sa troupe se retrouvent en Biélorussie (actuelle), dans un endroit des plus déshérités de la terre : Les Marais du Pripet (Prypjac) fleuve et tourbière venant d'Ukraine. Un camp militaire près de Starje-Doroghi les accueille, lui et ses sept mille cinq cents hommes. D'un inconfort total, envahi par les moustiques, libres d'accès sur les épidermes, cet endroit lui permet d'augmenter ses "libérés".
Pour prendre ses renseignements à la KRA, il est obligé de se rendre à Bobrowski, et cela lui donne l'occasion de franchir la Berezina. Là encore, ses pensées vont aux malheureux soldats de Napoléon, repassant ce fleuve, harcelés par les Cosaques. Pendant les six semaines passées ici, Henry Fournier-Foch récupère encore trente cinq "Malgré Nous", dans un camp voisin. Puis ce sont quatre cents officiers venant de l'Oflag IV qui arrivent, dont un général.A suivre ........................ |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Odyssée d'un combattant hors du commun de la 2GM Ven Mai 27 2016, 07:46 | |
| A partir du 25 juin, sept convois ferroviaires, furent organisés pour le retour vers l'Ouest, et non pas vers Odessa comme initialement prévu. Henry embarque dans celui du 2 juillet, le dernier, franchit l'Oder, pour s'arrêter à Königs-Wusterhausen (20 km sud de Berlin). C'est le 8 juillet. De là, il rejoindra Magdebourg par la route, dernier point en "Sovietie", et ville détruite en grande partie.
Cependant, un souci tracasse notre "héros", le convoi n°5 n'est pas arrivé ici, il a été dévié vers Halle (plus au sud). Et aussi, un autre détail dénoncé par Louis Duclos : le capitaine Jean Bassompierre, de la Division SS Charlemagne a réussi à s'échapper avec deux camarades. On apprendra plus tard, qu'il a été arrêté en Italie et ramené en France.
Le 17 juillet 1945, le capitaine Henry Fournier-Foch, quitte, enfin, le secteur soviétique et pénètre cette fois dans le camp britannique, où il va rester jusqu'au 24 juillet. Il est reçu par la Sécurité Militaire Française (deux commandants) assez froidement, qui le questionnent sur les convois, et pourquoi en est-il le chef ? Ainsi, il est obligé de raconter son parcours russe. Au retour dans sa chambre, la porte a été fracturée et il s'aperçoit qu'on a volé ses trois décorations, ses épaulettes de lieutenant colonel de l'Armée Rouge ; la veste a été jetée à terre. Pour lui, c'est une perte inestimable.
Le 19 juillet, il est invité au mess de la British Army. Les questions sont diverses, de son nom Foch, à ses galons soviétiques. Et de nouveau, ce sont les deux français qui l'entendent au sujet de la "Charlemagne SS" et des trois évadés. Les reproches affluent.
ET ENFIN, le GRAND JOUR..... Le retour définitif en France. Mais il n'en a pas trop de souvenir. Réveillé par les cris de joie des autres "voyageurs" au passage de la frontière, on lui dit que train est passé par la Hollande et la Belgique. Tentant de décompresser de toutes ses responsabilités depuis son évasion de l'Oflag IID, il s'était endormi.
Le 26 juillet 1945, le capitaine de l'Armée Française, Henry Fournier-Foch, arrive à la gare du Nord à Paris. Il ne lui reste plus qu'à retrouver sa femme et ses deux premières filles.
Je suis sûr, qu'après un tel parcours militaire et humain comme celui que nous venons de découvrir, un certain Ferdinand Foch, Maréchal de France, de Grande Bretagne et de Pologne, aurait été fier, de son petit fils.
Fin.................................. |
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| Sujet: Re: Odyssée d'un combattant hors du commun de la 2GM Ven Mai 27 2016, 10:24 | |
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| | | | Odyssée d'un combattant hors du commun de la 2GM | |
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