14 Mai 1.957:
Enlèvements et assassinat avec les raffinements habituels de six musulmans pro français, ainsi que du jeune (14 ans) Gabriel, tué dans le car qui le ramenait du lycée chez ses parents à Bordj Menaeil.
Une garde barrière musulmane assassinée avec les fioritures usuelles, la catastrophe entre le train et un tracteur est évitée de justesse.
15 Mai 1.957:
Début de la 4 éme mission de la croix rouge internationale, jusqu'au 6 juillet. La mission constate des sensibles améliorations dans les centres, et n'a pas reçu de plaintes sur les conditions de detention. Par contre elle a enregistré de nombreuses plaints concernant des sevices lors des interrogatoires.
La mission a remis une aide materielle (couverture, lait, savon) aux rescapés de Melouza.
Lors d'une embuscade, 9 soldats du 4 ème Dragon sont fait prisonniers. Goasdoue s'évade le jour même de la capture, les huit prisonniers sont vu par lui pour la derniére fois. un cas parmi d'autres selon le bulletin mensuel des paroisses du sud-est Mayennais (de 11.1965): celui de André MESSAGER
Il est né à Grez-en-Bouère le 29 avril 1935. Ses parents, jardiniers horticulteurs au Pont de Meignanne, y ont élevé huit enfants. Il faisait son service militaire comme appelé au 4e régiment de Dragons alors en Algérie, cantonné à Beni Ourtilane et avait participé à des combats particulièrement pénibles et meurtriers dans la région de Corneille.
Le 1l mai 1957, il écrivait à ses parents une longue lettre où il indiquait notamment que la consigne lui interdisait de rien préciser, qu'il se trouvait dans un endroit encore plus dangereux que précédemment, mais qu'il n'y avait pas de mauvais sang à se faire pour lui, qu'il irait bien attention et qu'il s'en tirerait.
Quelques jours plus tard, un télégramme officiel annonçait sa disparition le 15 mai dans la région de Beni Ourtilane.
Une lettre du Lieutenant-colonel DE Maupéou commandant le régiment confirme qu'il n'a pas été blessé, mais encerclé et fait prisonnier avec ses camarades après épuisement des munitions le 15 mai, vers 7 heures et que les efforts fait pour le délivrer sont restés sans résultats.
Deux lettres du Brigadier Pierre BEAUDOUIN de Ruillé-Froid-fonds, ami de MESSAGER servant dans la même unité, lettres adressées les 16 juin et le 1er juillet 1957 de Beni Ourtilan à Me Dreux et à M. MESSAGER père, permettent de reconstituer ainsi les événements: Deux agitateurs terroristes avaient été signalés au village de Talmet. Une forte patrouille de 27 dragons, dont faisait partie le brigadier BAUDOUIN et MESSAGER, fut chargée de s'y rendre pour voir la situation et de les arrêter éventuellement.
A leur arrivée, peu après 6 heures deux indigènes leurs déclarèrent que les suspects étaient partis depuis peu avec une compagnie d'environ 300 rebelles. Nos dragons supposèrent qu'on leur avait tendu une embuscade et se retirèrent prudemment.
En effet, vers 7 h, des rafales d'armes automatiques sifflèrent les rebelles leur avaient coupé la retraite. Pour s'échapper, les dragons se divisèrent en trois groupes. Le premier, avec BEAUDOUIN, fit face et poursuivit une fraction des assaillants qui se dispersèrent après quatre heures de combat autour d'une école. Le troisième, dont faisait partie MESSAGER, épuisa ses munitions et fut encerclé et sommé de se rendre.
Un dragon resté blessé derrière un pan de mur, à 20 mètres de ce dernier groupe avait bien entendu les fellaghas leur crier: "jetez vos armes! Nous ne vous tuerons pas. Nous vous emmènerons dans un camp de prisonniers en Tunisie." Ce dragon parvint ensuite à rejoindre le cantonnement.
Nous avons transmis, en 1961, ce témoignage de BEAUDOUIN au Dr Bernard LAFAY de l'Académie de médecine, ancien ministre et sénateur de la Seine. Il l'a cité mot à mot opposé aux déclarations de M. Louis JOXE, ministre des Affaires algériennes à la tribune Sénat au cours de la séance du 8 mai 1962 (débats parlementaires page 170)
André MESSAGER et six de ses camarades furent ainsi prisonniers.
Une dépêche du Ministère des Armées à M. Jean TuRc, député maire de Maine-et-Loir en date du 23 août 1958 indique qu'après l'accrochage de Talmet au matin du 15 mai 195 les 7 prisonniers ont été vus le même jour:
A 10 h au village de Djborni, commune de Béni Ourtilane. A 14 h au village de Moussa, commune de Touganatine.
Au cours d'une permission, le brigadier BEAUDOIN a déclaré qu'ils ont été revus en bonne santé dans un village voisin cinq jours après leur capture.
En vue de parvenir au jugement déclaratif de décès, le Ministère des Armées a présenté au Tribunal de Laval un rapport constatant que les prisonniers ont été exhibés dans les villages voisins les mains liées derrière le dos et que le 20 mai, leurs vêtements ont été retrouvés, mais sans les corps.
Dans ces conditions, il ne fait plus de doute qu'après avoir emmenés vers l'ouest dans les montagnes de la petite Kabylie et exhibés de village en village, les prisonniers ont été mis à mort sans laisser d'autre trace que leurs vêtements.
Transcription du jugement de décès. Le jugement rendu le 25 avril 1963 constate que le décès est survenu en Algérie entre le 15 et le 20 mai, sans autre précision. Il a été transcrit à l'Etat civil de Grez-en-Bouère le 10 mai 1963.
Valeur Militaire. Une décision de M. Pierre MESSMER, ministre des Armées en date du 1 er octobre 1964, publiée au Bulletin officiel des Décorations du 26-11-1964, a conféré à titre posthume des citations à l'ordre de l'Armée à André MESSAGER et à son camarade Henri GUIMAS de Belligné (44) disparu avec lui.
Cette citation comporte l'attribution de la Croix de la valeur Militaire avec palme. L'insigne fut remis à la famille et épinglé sur la poitrine de M. Messager père le 21 septembre par M. LUMEAU, maire de Grez-en Bouère, en présence de l'adjudant MALCEUVRE, chef de la brigade de Gendarmerie.
"Excellent soldat qui servait depuis de longs mois dans un peloton de combat où il avait acquis l'amitié de ses camarades et l'estime de ses chefs.
S'était déjà distingué à de nombreuses occasions dans différents combats, tant dans la région de Corneille (Aurès) que dans le Guergour (Petite Kabylie).
Alors que son peloton encerclé luttait pendant plus de quatre heures à un contre dix, a trouvé une mort glorieuse le 15 mai 1957 à Talmat (sous-quartier de Beni-Ourtilane Algérie)."