Invité Invité
| Sujet: Les bordels militaires de campagne Jeu Mai 12 2016, 20:15 | |
| Les bordels militaires de campagne : poème Linda, Cendra, Malika, Ce soir les paras déboulent de la montagne, fourbus, mais gaillards. Képi blanc, béret vert, béret rouge, ou casquette camouflée sur les yeux. L'eau s'est retirée de leurs corps et a laissé sur leurs visages de durs sillons verticaux et des reflets de bronze martelé de soleil. En essaim, ils encerclent le comptoir, volubiles, tous épaule contre épaule, Français, Allemands, Espagnols, deuxième pompes et sergent-chef, Tous à raconter leurs campagnes, à brocarder la maquerelle C'est le tireur au FM qui rugit : « Au rab! des femmes ! » Et c'est la voltige qui fait écho : « Y' a intergeo, la Classe ! Linda, Cendra, Malika, Ne repoussez pas leur poitrail où le sel se cristallise à la toison. Avec vos corsages écarlates, verts, mauves ou dorés, vous êtes des oranges, enveloppées de papiers multicolores, et c'est le plein droit de celui qui a soif, que de dépouiller brutalement l'orange, de la dépiauter, de la mordre et de la boire. Para, craque joyeusement ta solde à l'air ! Les ongles laqués s'emparent des jetons. C'est le bordel, ce n'est pas la place des séminaristes, Mais dans cette rudesse, je vois quelque chose de pur. Ces hommes-là peuvent ingurgiter un litre de cognac, descendre une caisse de bibine, Ils sueront à suffisance au long de la marche, Départ sac à dos, vers quatre heures, dans la nuit. Les bouteilles vides éclatent sur le carrelage comme des MK 2. En guise de collier barbare, une chaînette de fer au cou et leur plaque matriculaire, Sur leur patte d'épaule, des passants verts, noirs, blancs, gris, pourpres, carmins ou bleu roy, Ces géants se tiennent par l'encolure, oscillent sur leurs rangers ou leurs souliers de brousse, Grandis par la fumée des «troupes» et l'âpre vapeur des Kronenbourg. Linda, Cendra, Malika... Linda, petit visage gréco-maure, à l'image de ceux que l'on détaille sur les mosaïques de Timgad, Tes yeux, ravis à la pénombre des forêts de cèdres, sont fait d'ivoire, d'ébène et d'acajou. Étrangeté, que cette rose des pommettes posée sur ta joue nocturne, Infante du Royaume de Grenade ! Je te donnerais seize ans, et tu sembles vierge comme la cire d'abeille. Peau de datte et de miel noir, Peau des filles du Sud, musquée et soleilleuse, Peau à bijoux d'or comme ceux des Ouled Naïls. Tu es mince comme un adolescent, aiguë comme l'herbe en touffe des djebels, qui laisse dans la paume tenace, une coupure saigneuse. Mémoire de grive, et la dune empreinte devient lisse, lisse, une fois passé le vent. - Batna, Massif des Aurès, Algérie, 1960 - Communiqué par Ange Fileti FNCV |
|
glaive
Nombre de messages : 4758 Age : 59 Emploi : Doublure Date d'inscription : 08/06/2012
| Sujet: Re: Les bordels militaires de campagne Jeu Mai 12 2016, 23:50 | |
| Pour le coup,je dirai que c'est mieux les Bordels Militaires que la Guerre. | |
|