99 ans du Chemin des Dames, un anniversaire sans officiels Samedi, une marche silencieuse a rassemblé plus de mille anonymes pour les 99 ans du Chemin des Dames. Un évènement pour lequel aucun officiel n'a fait le déplacement.
Il fait encore nuit noire.
Une nuit nuageuse et humide. Il y a 99 ans il neigeait mais la même lueur annonçant le jour pointait au même endroit au pied du ciel, vers l'est en direction de Reims.
Ils sont plus de mille à attendre sur la route au coin d'un bois.
Pas un seul officiel n'a fait le déplacement.
Pas un seul ministre.
Pas même le secrétaire d'Etat aux anciens combattants.
Pas même un président de conseil général ou un élu régional. Pourtant c'est ce matin, il y a 99 ans, à 5h30 précises que l'armée française s'élançait à l'assaut improbable du Chemin des Dames.
Ici, devant Craonne, et sur un front de 30 km. L'assaut, voulu et planifié par l'état-major français, conçu pour percer le front allemand, comme les Allemands l'année précédente avaient imaginé le faire devant Verdun, fut un fiasco.
300 000 morts français au moins - en fait personne ne connaît le chiffre exact des pertes aujourd'hui encore. 10 morts par mètre sur toute la longueur de ce petit front.
Un fiasco devenu un tabou. Depuis 99 ans à part Lionel Jospin en 1997, pas un seul élu national n'a osé faire le déplacement à Craonne. Comme si une malédiction devait les y poursuivre...
Une marche de plusieurs jours pour le centenaireSur la crête du Chemin des Dames trois lueurs et des fusées sonnent le départ de cette marche silencieuse.. Les mille de ce matin avancent à travers champs.
Les colzas sont en fleurs.
Le jour se lève. Froid et sombre.
Noel Genteur, l'ancien maire de Craonne, agriculteur habité par la guerre de 14, propose des haltes.
En quelques scènes d'une histoire qu'il connaît par cœur il fait revivre le front.
Hommage à Bernard Maris, l'économiste gendre de Maurice Genevois, assassiné à Charlie Hebdo et qui venait souvent ici. Hommage aux soldats anonymes montant en ligne devant le monument aux Basques nombreux à avoir été fauchés sur ces pentes.
Noel Genteur annonce aussi pour l'an prochain et le centenaire une marche de plusieurs jours notamment sur les chemins des fusillés pour l'exemple.
"Ici l'assaut devait durer deux jours, maximum trois et en deux heures les soldats savaient que ça serait impossible mais on leur a donné l'ordre d'attaquer pendant un mois encore alors après quand on parle de mutineries je ne sais pas si c'est un mot approprié", poursuit-il.
Un Corse venu de Figari chante la chanson de Craonne : "Adieu la vie, adieu toutes les femmes", chanson interdite au front pour cause de défaitisme... et les yeux rougissent comme le soleil qui s'est levé sur la plaine de l'Aisne.
C'était il y 99 ans et les mille marcheurs anonymes se remettent en route.
Neuf petits kilomètres pour leur rendre hommage.Nous "Paras" et Frères de toutes Armes , nous ne vous oublions pas .
" Honte a nos Dirigeants"