11 Avril 1957 :
Embuscade à Saïda, plusieurs soldats tués. Voici ce qui se cache sous le communiqué militaire : Faits vécus et racontés par Georges Garrigues.
Le 18 février 1957 alors que d'autres colons voisins quittaient leurs fermes, ces dernières étaient vidées et incendiées par les fellaghas.
Malgré ces événements, le trio des Garrigues: Camille, Marcel, Georges continuaient à travailler leurs terres.
Ils ont eu le 18 février six tracteurs brûlés aux champs.
A la suite de cette tragédie, les autorités civiles et militaires ont enfin décidé de leur assurer une protection afin qu'ils puissent continuer les travaux en pool à la ferme.
Une section de 50 soldats de la deuxième compagnie du huitième RIM veille sur eux, et protège le matériel de la ferme.
Depuis deux ans, enfin, les colons n'ont plus à monter la garde eux-mêmes.
Dès le 15 mars, 10 tracteurs prêts à l'emploi sillonnent les champs. Tout le monde reprend confiance.
On laboure en moyenne 50 hectares par jour (c'est un record). Le 10 avril, à 5 heures du matin, Georges prépare les dix tracteurs avec Amara son aide.
Vers 7 heures une bonne averse l'oblige à donner congé à tout le monde, à la joie des chauffeurs et des petits militaires. Seuls les engagés en ont profité pour réviser leurs véhicules.
Pour leur part, les chauffeurs n'ont pas voulu rester travailler à leurs tracteurs. Amara, lui, bricole avec nous. Sur son insistance nous sommes allés graisser les charrues aux champs.
Je décide de prendre un camion de sable pour terminer les installations d'eau et de bain pour la section du 8ème RIM.
Les militaires ont décidé de m'accompagner pour essayer leurs dodges. A midi, le lieutenant et le sergent chef mangent comme d'habitude chez Marcel.
Ils décident ensuite d'aller faire un tour sur le terrain avec 12 militaires. Moi, ayant entamé un travail long et minutieux sur le tracteur de Bounaud, je reste à la maison.
Vers 16 heures, une grosse fusillade éclate et nous met tous en émoi. Le sergent chef part avec un dodge sur le terrain pour constater le massacre de l'unité des soldats, et de mon frère Marcel.
Les véhicules étaient en feu. Moi, ayant téléphoné aux gendarmes d'Ain-El-Hadjar, les renforts de la Légion, du 8 ème RIM et SPAHIS sont arrivés très rapidement et je suis allé sur les lieux relever le corps de mon frère Marcel, criblé de balles alors que les militaires s'occupaient de leurs morts.
J'ai constaté que le camion tractait le dodge, le câble était tendu au moment de la fusillade. Les 5 fusils mitrailleurs de la Katiba ont donc fait du tir aux pigeons et le convoi sûrement arrêté par quelqu'un très connu de mon frère.
En attendant l'arrivée des renforts, j'ai pu avec l'aide de Mohamed, notre garde, reconstituer l'embuscade où nous avons constaté qu'Amara était de mèche avec le FLN pour organiser l'embuscade.
Le 11 avril, toute la 2e compagnie du 8ème RIM s'est installée à la ferme et la moisson a été faite sur toute la vallée sans aucun incident avant que d'autres événements suivent.
Morts lors de la fusillade : 1 civil et 12 militaires du 8ème RIM Marcel Garrigues, Alfred Masset, Joseph Babonneau, André Boucher, Roger Lalli, André Dubucq, Joseph Girard, Gilbert Terrière, Jean Fabri, Eugène Barguin, Germain Ferret, Claude Huet, Henri Gauthier.
Deux assassiné à Berthelot.
Une fermière à Isserville.
Un employé à Oued Fodda.
Une veuve de 81 ans à Babba-Hassen.
L'assassin de Amédée Froget condamné à mort.
12 Avril 1957 :
Vaste coup de filet dans les milieux communistes d'Alger, qui soutiennent le FLN, trente arrestations, dont le propriétaire d'une auberge bien connu du ruisseau des singes, arrêté pour trafic d'armes.
Grenade dans un cinéma de Aïn Temouchent, 3 morts, 25 blessés.
13 Avril 1957 :
Suite du coup de filet dans les milieux communistes, 22 arrestations ce jour.
Le maire de La Calle et sa fille de 19 ans assassinés.
14 Avril 1957 :
Accrochage à Philippeville, 11 soldats tués, 5 blessés, 5 disparus.
Un assassiné à Bône.
Un autre, par grenade, à l'arba.
Un chirurgien à Bougie.
Une ferme attaquée à Sidi Mimoun, les fermiers de 75 et 71 ans sauvagement massacrés.
15 Avril 1957 :
Un commando FLN attaque la caserne des pompiers d'Alger, 6 soldats de garde et 4 pompiers enlevés.
16 Avril 1957 :
Le général de la Bollardiére puni de 60 jours d'arrêts de forteresse, pour avoir dénoncé médiatiquement les exactions qu'il n'a pas su empêcher.
C'est malheureusement se qui nous attend en France d'ici peu !