5 Avril 1958 :
Grenade dans un marché à Constantine, 30 blessés (dont 25 musulmans).
Grenade à Sétif, 5 blessés.
Un instituteur communiste, soutien du FLN, arrêté à Béziers.
6 Avril 1958 :
le troisiéme zouave, spécialisé dans la protection des voies ferrées, contribue à la bataille du barrage:
Les draisines, petits loco-tracteurs sur rails, chargées en temps ordinaire du transport d'équipes légères de cheminots, mais là, légèrement blindées et fortement armées pour la circonstance, participent à la "herse" dans un sens et dans l'autre.
Le barrage, encadre la voie ferrée de Bône jusqu'à Tébessa et au Kouif .
Ce dernier village touche la frontière tunisienne.
Ici, on extrait le phosphate.
C'est l'une des toutes premières richesses de l'Algérie, expédiée par milliers de wagons vers Bône en vue de son embarquement pour la France.
Toutes les nuits, nous sortons en patrouille sur voie ferrée, en direction de Constantine ou de Philippeville.
Notre mission, à l'aide d'une draisine et d'un scout sur rail est d'occuper la voie pendant que les trains ne circulent pas, de la tombée de la nuit au lever du jour, d'empêcher les rebelles de la saboter ou de la miner, de monter des embuscades ...
Deux wagons plats, genre plateaux, sont attelés à la draisine qui en principe passe en tête, le scout-car la suivant. Ces wagons-plateformes sont poussés par la draisine pour qu'ils sautent sur les mines à pression, évitant à celle-ci de ce fait d'encaisser l'explosion.
Mais il faut changer constamment le dispositif afin d'empêcher qu'elle ne se trouve tout le temps en troisième position, pour tromper l'ennemi qui pourrait placer un système à retardement et pour la toucher sans coup férir et en tuant les occupants.
C'est pourquoi de gare en gare, sans cesse, on doit modifier la composition de l'attelage, draisine tractant les deux wagons plats, draisine au milieu poussant un wagon et tirant le deuxième, draisine en troisième position poussant les deux plateaux.
Ces changements sont fastidieux car obligation est faite d'opérer tous les dix ou quinze kilomètres qui séparent les gares. Et tout ça, en pleine nuit. Comme cela, on a deux chances sur trois de ne pas voir la draisine même sauter sur la mine.
Le choc serait encaissé par les wagons plats.
Ainsi assure-t-on un minimum de sécurité.
On prend très vite le mauvais pli, par lassitude, l'attention se relâchant quand on n'a rien eu de fâcheux depuis quelques mois. Ça n'est pas mon cas; bien que ces contraintes soient très pénibles, je continue d'assurer ma veille avec la plus grande vigilance. Je m'interdis la moindre faiblesse.
Il en va de la vie de mes hommes... et de la mienne en premier, charité bien ordonnée commence par soi-même! Je dois bien être le seul chef de groupe à agir ainsi.
Guy Chabot "le plus sale boulot" ISBN 2-915461-92-9ds