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| Sujet: Une fois encore !! La Bataille de CAMERONE !!!! Mer Mar 16 2016, 10:40 | |
| | | | La bataille de Camerone
| En avril 1863, les 28 000 hommes de Forey assiègent Puebla, à trois étapes de Mexico.
Ils attendent impatiemment un immense convoi qui doit leur apporter plusieurs millions en or, toutes sortes de provisions de guerre et surtout, les canons lourds absolument nécessaires pour détruire les remparts de la ville énergiquement défendue.
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La colonne, formée à Véracruz, devra d’abord traverser les inhospitalières Terres Chaudes par l’unique et dangereuse route qui mène à Puebla.
Les Terres Chaudes sont infestées de volontaires mexicains, les ‘guérilleros’, qui vivent en sécurité dans les forêts profondes ou nous sommes trop faibles pour les traquer, en sortent soudain pour harceler et détruire nos lentes processions de chariots et de mulets et disparaissent en un clin d’œil, leur coup fait, au galop de leurs petits chevaux.
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Le corps expéditionnaire périrait si le ravitaillement n’arrivait pas.
La garde de notre ligne de communication, à travers les Terres Chaudes, est donc d’une importance capitale et il ne faut pas s’étonner que l’on ait confié cette mission obscure mais vitale, à une unité d’élite, le Régiment étranger, ancêtre de la légion étrangère.
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Tandis que la colonne de ravitaillement sort de Véracruz, tous les postes disséminés le long de la ligne de communication s’agitent. Il faut se renseigner sur les guérilleros qui sont certainement aux aguets, les tromper, les attirer ailleurs, les retarder, les battre s’ils attaquent. Entre autre mesure, le poste de Chiquihuite enverra une compagnie au-devant du grand convoi, jusqu’à Palo Verde, qui est à 24 kms à l’est. C’est à la 3ème compagnie du 1er bataillon du Régiment étranger qu’échoit cette mission. Elle est commandée par le Capitaine Adjudant-major Danjou, un brave qui a perdu la main gauche en Crimée, mais n’a cessé de servir que le temps de se faire ajuster une main de bois articulée. Un magnifique soldat au port altier, au regard clair et fier sous un front haut et droit. Un chef expérimenté et intelligent un entraîneur d’hommes que ses soldats suivraient jusqu’en enfer. La compagnie ne compte que deux autres officiers les Sous-lieutenants Vilain et Maudet, ce dernier porte-drapeau du régiment et 62 hommes de troupes.
C’est très peu pour assurer, dans un tel pays, la sécurité d’un tronçon de route de 24 kms.
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| UN CRI... ALERTE !
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Le Capitaine Danjou quitte Chiquihuite à une heure du matin. Il s’arrête à peine au poste de Paso del Macho (le pas de la Mule) ou il refuse une section de renfort.
- Qu’importe, que l’on soit soixante ou quatre-vingts, quand il faudrait être mille.
Il repart, au milieu des ténèbres, traversant en aveugle la forêt, serrant sa petite troupe pour avoir tout son monde sous la main en cas de surprise.
Ils marchent depuis longtemps quant au lever du soleil, ils arrivent devant un village abandonné, une douzaine de cases indiennes couvertes de chaume, deux maisons inhabitées et une ancienne ‘hacienda’, une grande auberge un peu mieux conservée que le reste dont le toit de tuiles rougeoie sous les rayons solaires... C'est CAMERONE Après l’avoir fouillé, ils repartent et arrivent vers sept heures à Palo Verde sans avoir rencontré âme qui vive. La petite colonne s’arrête, déploie des sentinelles et allume le feu pour le café.
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Soudain un cri retentit : Aux armes, l'ennemi !
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En quelques minutes, la 3ème compagnie est sous les armes, prête à tout, et attend les ordres de son chef qui réfléchi. Danjou ignore que le Colonel mexicain Millan était dissimulé dans la forêt à huit kms au nord de la route, avec 800 cavaliers et 1 200 fantassins ; Qu'il a promis au Général Ortega, le défenseur de Puebla, que les canons de siège qui démantèleraient les remparts de la place n’arriveront jamais à pied d’œuvre. Par ses espions, il a suivi la marche de la compagnie et veut l’anéantir. Danjou devine rapidement la situation. Sa décision est prise. Il s’agit d'empêcher l’ennemi d’attaquer le convoi. La compagnie se met en marche vers Camerone, en s’écartant de la route. Elle progresse à la lisière de la forêt, le long des marécages ou la cavalerie ne pourra charger. L’ennemi a disparu aussi brusquement qu’il était apparu. Voici la "37ème" arrivée au seuil du désert de Camerone (Prudence...) Des éclaireurs partent en avant.
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| Une balle siffle
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Un sifflement déchire l’air. Un homme tombe. La 1ère balle de la journée vient d'être tirée. Le coup de feu est parti d’une des maisons de Camerone. Au pas de charge, la compagnie fonce sur le village, le cerne, y pénètre, le fouille. Les Mexicains l’ont déjà abandonné. On repart. A peine a-t-on fait 300 mètres que les cavaliers ennemis sortent de tous les replis du terrain, des lisières de la forêt, des buissons. Il y en a partout ! Avec la précision et la promptitude des vieilles troupes, la compagnie forme le carré. L’adversaire s’est déployé en un cercle qui se resserre petit à petit, lentement, inexorablement. |
- Vous ne tirerez qu’à mon commandement ordonne Danjou d’une voix calme. Il a rapidement évalué les effectifs ennemis. Il sait qu’il combat à un contre quinze mais la partie n’est pas désespérée. Enfin, les Mexicains chargent. Ils ne sont plus qu’à 80 mètres, 60 mètres. Le capitaine Danjou se tait, il attend jusqu’à ce que le plus mauvais tireur de la compagnie fasse sûrement mouche... 50 mètres. |
Une épouvantable décharge ébranle l’air, suivie du crépitement discontinu du tir à volonté. L’effet a été foudroyant. Tout ce qui reste, c’est un mince anneau d’hommes inertes et de chevaux couchés. Les autres ont tourné bride et fuient sous le feu qui les poursuit. Ils se reforment, reviennent encore une fois à la charge, vigoureusement. Ils sont à nouveau décimés et rejetés. Entre-temps, Danjou, qui a gardé la tête froide réfléchit. |
Pour retarder cet ennemi puissant et l’empêcher d’attaquer le convoi, le mieux est d’atteindre l’hacienda de Camerone. C’est un bien misérable abri, mais c’est le seul. Derrière ses murs branlants, les pertes seront moins lourdes et on gagnera le temps nécessaire à l’arrivée de secours. Il faut faire une trouée de 300 mètres, à travers la cavalerie ennemie et peut-être prendre d’assaut le bâtiment. |
Danjou pointe son épée dans la direction du village. - En avant, et vive l’Empereur !
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Devant la herse de baïonnettes fulgurantes qui se précipite sur eux, les Mexicains s’écartent en désordre. La compagnie parvient à l’hacienda qui se compose d’une cour carrée, un coral d’environ 50 mètres de côté, entouré d’un mur de 3 mètres de haut. A la face nord qui longe la route est adossée l’auberge, un corps de bâtiment partagé en trois chambres. Sur le côté ouest, deux grandes portes cochères. Intérieurement, quelques vieux hangars délabrés s’appuyant contre la clôture. Il faudrait tout occuper et faire jaillir des quatre faces de cette construction une nappe de feu continue, sans fissures. |
Hélas ! Il n’y a pas assez de monde pour cela, et d’ailleurs, des guérilleros sont déjà retranchés dans deux des trois pièces de la maison et maîtres de l’escalier conduisant à l’unique étage. Les en chasser ? On y laisserait toute la compagnie... Tant pis, on verra bien plus tard. |
>Deux escouades occupent la seule chambre restée libre, à l’angle nord-ouest. Deux autres gardent les grandes portes. Une cinquième défend une brèche que l’on vient de découvrir dans le mur, à l’angle sud-est de la cour et par laquelle l’ennemi pourrait s’infiltrer, homme par homme, dans un des hangars. Le reste, en réserve, entre les deux portails, prêt à se porter sur tout point menacé. Quelques hommes montent sur les toits et surveillent l’ennemi.
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On comprend toute la faiblesse de ce fortin improvisé, ouvert à peu près partout et ou l’ennemi a déjà pris pied. Une des chambres qu’il occupe a une fenêtre donnant sur le coral, par laquelle il peut tirer presque à bout portant sur tout Français qui le traverse. (Or, il faut le traverser pour aller d’un poste à l’autre...)
Si précaire que soit ce refuge, tout en le barricadant et en le renforçant, on souffle un instant. Mais aussitôt la faim et la soif oubliées dans la fièvre de l ‘action assaillent ces hommes qui, depuis la veille, n’ont rien mangé, n’ont bu qu’un peu d’eau le matin. Le soleil est déjà accablant, l’air suffocant. Il n'est que neuf heures et demie !
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Honteux de sa force, le Colonel Millan, qui a l’âme d’un gentilhomme, voudrait éviter une lutte inégale ou il n'a aucun honneur à gagner. Sur son ordre, un des ses officiers crie au sergent Morzicki, qui est de guet sur un toit : - Dites à votre Capitaine, de la part du Colonel Millan, qu’il n’a plus qu’à se rendre. |
Puis il ajoute, un ton plus bas, d'homme à homme, d’une voix que l’émotion trouble : - Vous avez assez prouvé ce dont vous êtes capables, que diable ! Il est des défaites auxquelles il faut se résigner. Le Sergent transmet la sommation à son chef. Calmement, énergiquement, mais sans forfanterie, Danjou prononce ces mots : - Dites-leur que nous avons des cartouches... On nous aura seulement quand nous seront tous tués. Tous ! Puis tourné vers le coral, il élève la voix pour que tous les soldats l’entendent : - Mes enfants, défendez-vous jusqu’à la mort ! Des quatre coins de la cour, soixante voix répondent : - Mon Capitaine, jusqu’à la mort ! Nous en faisons le serment !
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| Une lutte sans pitié
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| Alors l’assaut commence, sur les quatre faces à la fois. | Les Mexicains attaquent à pied ; Mais leurs masses compactes viennent se briser et s’écrouler contre le mur d’enceinte ou ceux qui ont échappé aux balles tombent percés de baïonnettes ; Non sans pertes de notre côté.
Le Sergent-major Tonnel, qui se bat comme un lion, dans la chambre d’angle, meurt en hurlant : - Allons, les enfants ! Courage ! Pour la France et l’honneur de la 3ème ! Vous savez la consigne…Jusqu’à la mort ! |
Mais le plus grave danger est au cœur même de la place. Les Mexicains ont percé de meurtrières les deux chambres qu’ils occupent depuis le début et même celle de l’étage qu’ils ont envahies. De ces ouvertures, de la fenêtre et du toit un feu d’enfer balaie le coral. Deux Fusiliers y sont gravement atteints.
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Il y a plus d’une heure que dure cette lutte inégale, lorsque la grande voix de Danjou retentit de nouveau : - Mes enfants, jurez de lutter tant qu’il y aura un homme debout ! |
D’un seul cri, si puissant que pendant plusieurs secondes l’ennemi cesse de tirer par peur ou par respect, tous les hommes prêtent serment : - Nous le jurons ! Oui, jusqu’à la mort ! |
On pourrait croire que le Capitaine Danjou a vu la mort arriver et que son dernier mot est un testament sacré ; à peine l’écho de ce vœu solennel s’est-il tu qu’il tombe, au beau milieu de la cour qu’il traversait en brandissant son épée. Une balle l’a frappé en plein cœur. Le regard tourné vers le ciel, il meurt quelques secondes plus tard dans les bras du Sous-lieutenant Maudet accouru pour le relever. Le Sous-lieutenant Vilain prend le commandement. |
La situation s’est aggravée. Par des trous percés dans les murs et le plafond, les Mexicains tirent maintenant presque à bout portant sur les défenseurs de la chambre d’angle qui doivent l’évacuer.
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Sur les quinze hommes qui y étaient entrés, il n’en sort que six ! Presque tous blessés. Les Français n’ont plus pour s’abriter que les hangars en ruine. En très peu de temps, six d'entre eux tombent encore.
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Soudain, un espoir fou les redresse. Dans le lointain, on entend des tambours battre, des clairons sonner... Serait-ce une colonne de secours venue de Paso del Macho ?
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Hélas ! L'illusion ne dure pas longtemps. Ce sont des renforts ennemis.
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Les ennemis sont maintenant 2 000... Il va falloir se battre à un contre quarante ou cinquante ! A partir de maintenant, Camerone est plus haut et plus grand qu’un combat. C’est l’immolation de martyres de l’honneur. Mourant de faim et de fatigue, les corps déchirés par la soif, aveuglés par le soleil tropical, traqués par le feu de l‘ennemi qui a fait de nouvelles brèches, les Légionnaires tombent un à un. Les souffrances des blessés sont atroces et rien ne peut les alléger. Quelques-uns d’entre eux boivent leur sang pour tromper la soif. Mais personne ne pense à se rendre. |
Aux plus mauvais moments, le Sous-lieutenant Vilain, jeune chef à visage d’enfant, enflamme les courages en montrant d’un geste de son épée, le corps du Capitaine étendu sur le sol, au milieu d’autres cadavres. - Vous savez ce que nous avons juré à notre Capitaine ! |
Il tombe un instant plus tard, foudrayé par une balle en plein front. |
L’ennemi semble être de plus en plus embarrassé de cette victoire sans gloire. Vers quatorze heures, voyant le Sergent Morzicki perché à son poste d’observation, le Colonel Millan lui adresse, pour la 2ème fois la sommation de se rendre. |
Cette fois, Morzicki répond lui-même. Mais comme il est fou de rage, sa réplique est impolie et si " raide"... que l’on ne peut la reproduire ici. Au moins, elle ne laisse aucune illusion à l’ennemi. Il semble que ce dernier ait renoncé à s’approcher des [*] démons français. A cinquante contre un, il va encore lui falloir recourir à la ruse ! Il met le feu à la maison et le vent venant du nord les flammes lèchent bientôt les hangars et la fumée emplie le coral qui devient rapidement une fournaise irrespirable.
| [*][*] "non son hombres, son demonios"
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"Ce ne sont pas des hommes, ce sont des démons" a dit d'eux un Officier Mexicain.
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