Un peu d'histoire: En 1950 Max Holste et son équipe étudient un avion à tout faire, et sous tous les climats: le MH 150.L'opportunité de cet avion apparut grâce à l'Armée de Terre qui exprima le besoin d'un appareil destiné à l'observation d'artillerie Max Holste adapta le MH 150 au cahier des charges existant...d'où naquit le MH 152. Le 12 juin 1951, le prototype faisait son premier vol et fût jugé comme ayant de bonnes qualités.: l'avion avait des chances de se voir construit en série. Mais des problèmes de tous ordres, autres que techniques, arrêtèrent le développement du MH 152. Le CEV, pourtant, l'utilisa comme banc d'essai volant du turbo-propulseur Turboméca " Astazou" , sous le nom de MH 153. (A gauche logo des avions "Max Holste)
Déjà, en 1950, le Congrès Aéronautique de l'Union Française, qui s'était tenu à Paris, avait demandé vigoureusement la relance du matériel de "servitude" et le"Beaver" canadien avait été cité comme référence. S'en souvenant ,Max Holste transforma le MH 152-02 en MH 1521 "Avion de Brousse".Ce n'est qu'après son premier vol le 17 décembre 1952, à Reims-St Léonard, piloté par Pierre Henry et Max Holste, que le prototype F-WGIU reçut son nom de baptême "Broussard".
Les essais au CEV de Brétigny débutèrent le 20 avril 1953 et durèrent jusqu'en juin, avec une période d'essais tropicaux en Afrique:L'avion obtint son certificat de navigabilité.
Le 25 avril 1953 l'Etat Major de l'Armée de Terre exprimait son intérêt pour le "Broussard": ses besoins pouvaient atteindre 400 appareils !!!La guerre d'Indochine n'étant pas terminée, cette affectation pouvait être envisagée...mais en 1954 la guerre se terminait.
Max Holste , très sûr de son avion, pris l'initiative d'en construire 20 exemplaires.Cette décision osée et provocatrice déclencha l'achat des Numéros 04 et 05, à valoir sur un marché des Armées signé en décembre 1953.Au fil des ans, 378 "Broussard" furent construits, le dernier sortant d'usine le 6 décembre 1961.
Le Max Holste MH 1521 "Broussard"F-BMJO porte le numèro de série 19.Il a été construit pour l'Armée,et a été modifié (nez allongé) pendant sa carrière militaire.
Sa construction a été achevée le 17 décembre 1956.Bien que cet avion n'ait pas servi dans l'Aéronautique Navale,Les Ailes Anciennes de La Baule ont choisi de lui donner la décoration qu'il porte parce qu'elle est particulièrement originale (Les décorations colorées du Broussard sont rares!) et surtout,pour honorer ceux de ses membres qui ont été ou sont dans l'Aéronautique Navale comme Max Holste..et puis, enfin, l'aérodrome de La Baule-Escoublac où il est basé,est au bord de la mer !
Le dernier insdustriel privé de la construction aéronautique française s'est éteint discrètement en août 1998 à l'âge de 84 ans à Toulon.
Max HOLSTE, né à Nice, ancien de l'aéronautique navale, avait réalisé son premier biplace monoplan en 1934 chez un carrossier du boulevard Bessière à Paris.Après un passage chez FARMANN* à Billancourt et chez AMIOT* à Colombes, il avait entrepris la construction d'un avion de course pour la célèbre coupe Deutsch de la Meurthe. Mais la guerre a coupé les ailes de son MH 20. Néanmoins il réalisa pour le film "Le marriage de chiffon", avec Odette Joyeux, un Farmann de 1911 qui volait mieux que l'original.
Constructeur d'avions solides et populaires comme le MH 30 ou le MH 52, il a finalement remporté dans les années cinquante, un important contrat d'état avec le "Broussard", vendu à 378 exemplaires, un record en temps de paix, et qui a volé dans une trentaine de pays jusqu'en 1987.C'est en construisant un successeur au DC 3, le "Super Broussard" ,équipé de deux turbines, que l'usine de Reims-Aviation créée par Max Holste a déposé le bilan ou plus exactement qu'il a été démissionné par le nouvel actionnaire majoritaire, l'Américain Cessna.
Devenu Nord 260, puis Nord 262, son avion vole encore pour quelques armées et compagnies dont l'Armée Française. Il a aussi servi sur quelques lignes aux USA, et en France aussi, lors des débuts d'Air Inter comme le soulignait la revue Icare , consacrée à Air Inter.
Parti s'installer au Brésil en 1965, Max Holste est devenu le père de l'industrie aéronautique brésilienne, aujourd'hui très performante. C'est là-bas, chez "Enbraer" qu'il a développé le bimoteur de transport public, le "Bandeirante",vendu à 500 exemplaires et équipé de turbines américaines. Cet avion a précédé le"Brasilia" puis la série des biréacteurs EMB 135 et 145 de transport régional qui font aujourd'hui de l'industrie aéronautique brésilienne l'une des deux premières au monde dans ce secteur.
Oublié en France, Max HOLSTE y est revenu terminer ses jours, mais c'est au Brésil qu'il reste un industriel qui a réussi."
Appareil de liaison et d'observation, extrapolé du M.H 152, le Broussard est un monoplan à aile haute haubanée entièrement métallique qui connut un vif succès tant auprès des civils que des militaires. Equipé de l'ancien moteur Pratt & Whitney R. 985 (dont la conception remonte aux années trente) que la firme américaine remit spécialement en fabrication, actionnant une hélice Hamilton Standard à vitesse constante, le prototype vola pour la première fois aux mains du pilote Pierre HENRY le 17 novembre 1952.
C'est une machine particulièrement robuste, demandant peu d'entretien et pouvant opérer à partir de terrains non aménagés. L'emploi d'un double gouvernail de direction, inhabituel à l'époque sur un avion à ailes hautes, permet une grande précision dans le pilotage à vitesse réduite. Les jambes du train d'atterrissage, à ressorts d'acier, sont d'une exceptionnelle robustesse et conviennent bien aux débutants.
Il peut être aménagé dans diverses configurations :
- liaison comprenant 6 sièges
- poste de commandement volant avec équipement radio
- observation avec appareils photos embarqués
- sanitaire avec 1 ou 2 civières
- "gunship" avec une mitrilleuse MAC 52
- lance-grenades
- parachutistes
Outre son utilisation militaire, de nombreuses commandes civiles ont été enregistrées par Max Holste, notamment pour une version agricole. Sa faible vitesse de vol en fait également un bon moyen de largage pour le parachutisme civil.
Les Broussard furent employés de manière intensive pendant la guerre d'Algérie comme avion de liaison, d'observation, d'évacuation sanitaire et de guidage pour les chasseurs. Quelques Broussard ont été utilisés par le Groupe de Liaison de Mérignac.
Les militaires demandèrent un prototype (M.H 1522M) pourvu de becs de sécurité de bords d'attaque afin d'améliorer les qualités d'envol et d'atterrissage (1er vol le 11 février 1958).
Production
La série a porté sur un total de 366 exemplaires, sans compter les prototypes et préséries, dont 47 M.H 1521C (civils). En dehors de l'Armée de l'Air, de l'Aéronavale et de l'ALAT, le Broussard a été en service dans une quinzaine de pays essentiellement africains, à titre militaire et chez plus d'une vingtaine d'utilisateurs civils, français comme étrangers. A noter qu'au moment où a cessé la production en 1961, la raison sociale du constructeur est devenue Reims Aviation en raison du départ de Max Holste.
Carrière
L'Armée de l'Air a utilisé le Broussard de 1956 à 1987, l'ALAT de 1957 à 1993, toutes deux au sein de nombreuses unités, en Afrique du Nord, en Afrique noire et en métropole.
La Marine en a mis en oeuvre un petit nombre de 1957 à 1970.
La DCAN (DGA) en employa quelques uns à partir de 1968 et en fut le dernier utilisateur d'état.
De nombreux exemplaires connaissent une nouvelle vie dans le civil.
Exportation
Après le retrait des derniers appareils en France, une cinquantaine de Broussard étaient toujours employés par des états comme le Dahomey (Bénin), le Cameroun, la République centrafricaine, le Tchad, la République populaire du Congo, le Gabon, la Côte d'Ivoire, la Mauritanie, le Maroc, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo et la Haute-Volta (Burkina-Faso).