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 Armée française ... Le 1er RHP

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Armée française ... Le 1er RHP Empty
MessageSujet: Armée française ... Le 1er RHP   Armée française ... Le 1er RHP Icon_minitimeSam Fév 06 2016, 16:18

La cavalerie pendant la guerre d'Algérie - Le 1er RHP





En Algérie, l'arme-blindée-cavalerie s'adapte aux nécessités du "quadrillage" et de la contre-guérilla, tout en assumant des rôles plus classiques d'appui-feu et de surveillance des frontières. Un matériel de circonstance ne remplace pas d'anciennes formules répondant aux contraintes du terrain.
 

La première d'entre elles concerne le cheval.

On doit au lieutenant Henri de Beaulieu la dernière charge de l'histoire de la cavalerie française, illustration de la force morale utilisée à bon escient. En février 1959, au douar Melaab, dans l'Ouarsenis, à la tête d'une centaine de cavaliers de la 12e Compagnie nomade, qui savent tirer à l'arme automatique par-dessus la tête de leurs montures, il charge en fourrageur une katiba accrochée par des éléments de la 10e DP . Ce fait d'armes brillamment exécuté (sans pertes pour les cavaliers) n'est pas unique.

 À partir des massacres d'août 1955 dans le Constantinois, l'insurrection s'étend peu à peu à l'ensemble des départements algériens.

Pour prévenir l'incendie, montrer le pavillon selon les anciens préceptes des tournées de police, et rechercher le renseignement en zone accidentée ou sur les plateaux d'alfa, quoi de plus économique et de plus mobile que le cheval ?



 Tout terrain, rustique malgré l'encombrement (un homme de garde pour six animaux), le robuste cheval barbe rend possibles les actions de présence dans les intervalles du dispositif de "quadrillage".

Comme le note le général Bertrand de Dinechin , la renaissance d'unités montées provient de quelques escadrons de tradition existant au début du conflit.

 Ainsi en est-il au sein du 9e Régiment de spahis.

 Son 9e escadron à cheval multiplie, en 1955-1956, les coups de main, dont la charge au grand trot du 31 août 1955
 près de Bou-Khadra.



 Parcourant les immenses vides d'un pays sous-équipé et sous-administré , il est aussi utilisé en surveillance des moissons et en nomadisation sur la côte bônoise.

Les unités montées sont également employées dans les intervalles des postes frontières, en 1956, puis, après la construction des barrages Ouest et Est, dans la défense en profondeur.

 C'est l'origine de ces harkas à cheval de la ligne Morice (barrage Est), ou de ces curieux cavaliers au pompon rouge, ceux de la section à cheval de la 32e compagnie de la Demi-brigade de fusiliers-marins, en poste sur la ligne Ouest.

 

Cible de choix, gros consommateur d'eau (une moyenne de 40 litres/jour/cheval), le barbe a toutefois des possibilités limitées dans une guerre moderne, face à une ALN qui est capable de mettre en ligne, dès la fin de 1956, des armes légères aussi redoutables que des MG 42.

Dans ce cas, l'emploi des blindés se justifie. Quels sont les types utilisés et quelles sont leurs missions ? Face à un adversaire dépourvu d'artillerie et de blindés, le char lourd ou moyen (type Sherman) n'a pas de raison d'être.

 Outre les Tank-destroyer du Régiment colonial de chasseurs de chars, engagés dès novembre 1954 dans le massif de l'Aurès lors de l'opération "Ichmoul 3", le matériel le plus lourd utilisé en Algérie est le Chaffee ou M 24 des régiments de chasseurs d'Afrique et de hussards.

 En juin 1958, 355 de ces chars sont employés , soit pour la surveillance des frontières (88 pour la seule zone opérationnelle de l'Est Constantinois), soit comme moyen de dissuasion à proximité des villes (15 à Alger).

 Il s'agit là d'un souhait sans cesse formulé par les gouverneurs généraux de l'Algérie depuis 1944, notamment en ce qui concerne la 5e DB .

Cet aspect de la guerre contre-révolutionnaire ne peut être négligé : il s'agit de prouver au FLN que la rue ne lui appartient pas.

 On comprend, dès lors, l'importance psychologique des défilés qui rassurent la population européenne, et montrent la force et la cohésion de la troupe.

 Le 17 juin 1955, sitôt débarquée, la 2e Division d'infanterie mécanisée du général Beaufre parade sur le front de mer à Alger.
 

Fruit des efforts de réarmement de la IVe République afin de pallier l'usure du matériel américain déclassé du PAM (Plan d'aide militaire), l'AMX 13, char léger, mais plus chasseur de chars que soutien d'infanterie, doté d'une excellente tourelle oscillante, remplit à peu près les mêmes fonctions que le M 24 en étant plus rapide et plus maniable.

 On en compte 114 en mars 1958, dont 58 dans l'Oranais à proximité immédiate de la frontière .

En dotation dans les régiments de cavalerie légère (spahis, chasseurs d'Afrique, hussards), l'engin blindé de reconnaissance (EBR), au nombre de 340 en juin 1958, dont 148 sur la ligne Morice , doté du même canon de 75 mm que l'AMX 13, est d'une plus grande souplesse d'emploi.



 Ces blindés servent comme appui-feu direct, en "bouclage" à un carrefour de pistes ou sur un col lors des opérations de "ratissage" menées par les troupes à pied qui pratiquent la tactique de la chasse au sanglier.

 Les canons sont généralement tournés vers les hauteurs et les équipages se livrent également à la fouille de tout véhicule suspect empruntant routes ou pistes.

 Grâce à sa vitesse, l'EBR sert aussi à assurer l'avant-garde des escortes de convois (munitions surtout), son blindage le rendant invulnérable aux premières mines artisanales de l'ALN.

Mieux qu'un engin chenillé, il peut aussi poursuivre un adversaire débusqué et même détruire les mechtas en zone interdite.

Pouvant manœuvrer sans avoir à faire demi-tour grâce à son inverseur , fiable mais bruyant, ce blindé manque toutefois de discrétion.

 Sa suspension hydraulique, très confortable (elle évoque celle de la DS 19 de Citroën), a le défaut d'être fragile : elle ne tient pas plus d'un quart d'heure si l'EBR est lancé à 60 km/h sur un plateau d'alfa .

 De sorte que ce blindé doit être considéré plus comme un "tout chemin", que comme un "tout terrain".

 En revanche, cet engin est efficace sur le plan de la guerre psychologique.

Chef d'un détachement de deux EBR du 6e Régiment de spahis marocains, Gérard Callet, classe 57-2/C, le 1er mai 1956, reçoit pour mission de traverser Sétif au petit matin, pour prévenir toute manifestation, canon en batterie, sirènes hurlantes, en actionnant les projecteurs .

 

Le blindé le plus commun de la guerre d'Algérie reste l'automitrailleuse équipée d'un canon de 37 mm, l'AMM 8 de fabrication anglo-américaine.

 On en compte 889 en juin 1958, dont 393 dans le Constantinois .

 Ce véhicule équipe aussi les unités de la gendarmerie (222 à la même date). Comme les half-track et les scout-car (3 156 pour l'armée de terre et 326 pour la gendarmerie en mars 1956 ), les AMM 8 sont de toutes les opérations.

Elles assurent les "bouclages", les reconnaissances ou les soutiens directs des troupes aux prises avec l'adversaire.

 Efficaces dans la contre-guérilla, ces blindés ont un empattement trop large pour certaines pistes.

On tente alors une intéressante expérience d'adaptation d'un matériel conçu pour un terrain accidenté, l'automitrailleuse légère Ferret , de fabrication britannique.



 Elle est rapidement surnommée Bonux-Panzer ou caisse-à-savon par ses utilisateurs, tant son blindage est mince et sa résistance faible contre les mines.

 C'est à ce propos que se perçoit l'adoption d'un système d'armes propre au théâtre algérien.

 L'exemple du 1er Régiment de hussards parachutistes (RHP) en est l'archétype.

Cette unité offre la particularité d'avoir été employée successivement : comme élément statique d'une troupe de maintien de l'ordre, puis en flanc-garde sur la frontière algéro-tunisienne, avant de devenir le fer de lance des troupes de cavalerie engagées dans la phase finale de la lutte anti-guérilla.

 

* * *
 

Le 1er régiment de hussards parachutistes

- 1er RHP, arrive en Grande Kabylie en juillet 1956.

Jusqu'en 1957, son ordre de bataille est le suivant : un état-major, un escadron de commandement et de services, un escadron à pied (le 3e), le moins bien loti, et trois escadrons blindés équipés de M 24 .

 À en croire Michel Alibert , les officiers de ce régiment de réserve générale (25e DP) enragent de se voir confinés à un rôle obscur de troupe de secteur.

En fait, c'est le 3e escadron qui est au "baroud" le plus souvent. Le régiment fait mouvement vers la ligne Morice en 1958.

Au 1er juillet, se mesure, pour les 1er, 2e et 4e escadrons, l'adaptation à la contre-guérilla : les AMM 8 o­nt remplacé depuis plus d'un an les Chaffee.

Dans la région de Tebessa, région lunaire où règne une poussière qui entre même dans les boîtes de vitesse, le 1er RHP participe alors à "La Herse".

Cette très éprouvante veille pour les hommes et le matériel prévient tout passage du barrage électrifié et miné.

 En octobre le régiment reçoit ses premiers Bonux-Panzer , plus discrets (mais plus fragiles) pour effectuer de nuit les rondes de "La Herse".
 Tous les escadrons en sont bientôt dotés, le 3e gardant seulement un peloton porté sur Dodge 4x4, tandis que la puissance de feu du 2e escadron se trouve renforcée par un peloton de canons de 106 mm sans recul.
 

Les 7 et 8 juillet 1959, en faisant mouvement vers Batna, lors de l'opération "Étincelles" dans le Hodna, dans le cadre du plan Challe, le 1er RHP quitte ses bottes de plomb pour retrouver une totale mobilité.

 Son efficacité est particulièrement appréciée, le 21 juillet, lors de la première phase de l'opération "Jumelles" en Kabylie.

 En 1959-1961, le 1er escadron est l'exemple même de l'instrument polyvalent de contre-guérilla.

Disposant d'une large autonomie de transport et d'une puissance de feu adaptée au combat rapproché, même dans des terrains accidentés, il peut assurer lui-même sa sécurité grâce à ses deux pelotons blindés dotés d'AM Ferret.

 Ses deux pelotons portés, équipés de Dodge 4x4 et 6x6, lui permettent la poursuite et la surprise.

 Deux autres pelotons de combat et un peloton d'échelon, nécessaire pour soutenir la quarantaine de véhicules (pour 120 hommes) de l'escadron lui apportent le complément nécessaire afin de faire face à toute éventualité .

Les hussards parachutistes rentrent en métropole en janvier 1962 où ils abandonnent bientôt leurs automitrailleuses légères, légères... 

      
Extrait d'un article de Jean Charles AUFFRET

 historien directeur de recherches CNRS sur l'emploi de la cavalerie

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