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Culture de l’excuse |
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Baro Tinderbert : « la France postmoderne, post-littéraire, post-nationale, est entrée dans l’ère post-martiale, c’est-à-dire dans le néant ». |
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Il semble que les tueries de Paris en 2015 et celles qui ont été évitées au dernier moment dans les églises de Villejuif, dans le Thalys et dans des dizaines d’autres lieux en France, aient ouvert les yeux du Premier Ministre. Apparemment, ses discours sonnent la fin de l’aveuglement. N’a-t-il pas, lui qui se dit « de gauche » jusqu’à la garde-robe, dénoncé « la culture de l’excuse », dont les tueurs, leurs complices, leurs petites mains, leurs inspirateurs bénéficient de la part des sociologues et autres soi-disant spécialistes des supposés sciences de la prétendue société ? Il semble donc que quelque chose ait changé, oh un tout petit quelque chose à vrai dire, mais qui donne un simulacre de réalité à la promission de 2012 « le changement, c’est maintenant ».
Mais à peine le Premier Ministre eut-il récusé la « culture de l’excuse », il a accusé « notre » société et « notre » pays (on ose espérer que ce
notre ne désignait pas la Patagonie ou la seule Catalogne), bien malades selon lui (sans qu’il précise ce qui les a rendus malades), parce qu’à Marseille, un musulman, âgé de 16 ans et de nationalité turque, a attaqué, au nom de l’islam, d’Allah, du Qoran, de sa race, à lui tueur, et de tout ce que l’on peut imaginer d’autre, à la machette, pour le tuer, un adulte dont le seul tort était de s’être coiffé d’une kippa. Que faut-il désormais porter sur la tête pour se protéger des machettes ? Des turbans islamiques ou, comme les chevaliers partant délivrer la Terre sainte, des heaumes ? N’importe quel individu sensé rendrait responsable de cette tentative de meurtre le meurtrier, l’islam qu’il revendique, le Qoran qu’il récite, le djihad qu’il fait, les Turcs qui sont abonnés aux génocides, etc., mais pas la France.
La seule responsabilité de la France – de ses gouvernants – est d’avoir offert une hospitalité aveugle à la famille turque, de l’avoir logée, alors que tant de Français nichent à même les trottoirs, de lui avoir donné du travail en dépit du chômage de masse, d’avoir scolarisé ses enfants. Les résultats sont patents, mais Valls refuse de les voir. C’est sans doute cela « la culture de l’aveuglement ». On peut craindre que le rejet de la « culture de l’excuse » ne soit qu’une « posture » ou un « élément de langage », trois ou quatre mots lénifiants pour que jamais les mots ne se muent en actes. Comme dit la chanson : « Paroles, paroles, paroles ». En attendant (un procès ? une décoration ?), la famille turque n’a pas été renvoyée dans son beau pays, où elle pourrait s’adonner sans limite au maniement de la machette. Expulsée, on peut craindre qu’elle ne le soit jamais.
La « culture de l’excuse » a fait réagir au quart de tour les sociologues. C’est qu’ils sont plus susceptibles qu’une vieille marquise d’Ancien Régime ! Il faut croire que ces petits messieurs, qui se vêtent chaque matin « de probité candide et de lin blanc », se prennent pour les Jupiter de l’Olympe, inattaquables, immunes, exempts de toute critique, impeccables, en un mot : encore plus sacrés qu’Allah et prêts à envoyer au bûcher tout blasphémateur. Leur réponse aux accusations de Valls a été brève, sèche, succincte : « Nous n’excusons personne, nous faisons de la science ». Ils n’ont pas à excuser tel ou tel tueur, délinquant, criminel, moudjahid, etc., n’étant pas avocats. Ils étudient les déterminations sociales qui expliquent tel ou tel acte, tel ou tel crime, telle ou telle tuerie. En un mot, les tueurs ne sont pas libres de leurs actes, c’est la société qui en est le moteur. Ils sont victimes de la pauvreté (bien que tous ces tueurs aient un niveau de vie enviable), de l’exclusion sociale (peut-être dans les pays d’origine, mais pas en France), du manque d’emploi (mais ils étaient machinistes à la RATP ou commerçants en produits illicites), du racisme (celui de leurs parents ?). Ils n’ont pas à répondre de leurs crimes, c’est à la société, à la France, à la République, à la nation, à l’Occident, au christianisme, à l’école, à la police évidemment, etc. de faire leur
mea culpa devant le tribunal pénal de la science sociale. En un mot, la réponse des sociologues, qui se tiennent pour des procureurs, et non des avocats, consiste, non pas à excuser les tueries, mais à les justifier. Elles sont légitimes, puisque les cibles que visent les tueurs, à savoir la France, les Français, le République, la nation, les libertés publiques, sont illicites, « haram », perverses, mauvaises et déplaisent fortement à Allah, qui a l’odorat fin. Cette réponse de procureur est exactement celle que le Premier Ministre a fournie à la tentative de meurtre de Marseille. Qui se ressemble s’assemble. Le bébé Valls a été allaité au sein de la sociologie. La sociologie, c’est sa nature ; il a dans la peau la culture du réquisitoire.
Sociologues et Premier Ministre s’enveloppant dans le même sac ridicule, comme Scapin, profitons-en pour leur donner quelques coups de bâton. Soit les tueries de 2015. Depuis plus d’un an, les mêmes qualificatifs sont répétés en boucle : barbares, barbaries, crimes barbares, criminels, dévoyés, faux musulmans. L’explication par la barbarie a beau être marquée du sceau du mépris, elle est un peu courte. Ces barbares sont des soldats ; ils font la guerre ou, dans la langue sacrée d’Allah, le djihad : en un mot, ce sont des moudjahidin. Certes, la guerre, ce n’est pas joli ; tout y est permis, même tuer ; ce n’est pas
fair play ; ce n’est pas dans l’air du temps, la France postmoderne, post-littéraire, post-nationale, étant entrée dans l’ère post-martiale, c’est-à-dire dans le néant. A la guerre (et on l’oublie sans doute au gouvernement), on tue, on meurt. Tout Français devient cible, quoi qu’il ait fait. Il est, donc il doit mourir. Etre français en France, c’est signer son arrêt de mort. Il y a 50 ans ou plus, la gauche et les intellos se pâmaient devant les moudjahidin et se prosternaient à leurs pieds. Là où, naguère, ils voyaient des héros qui combattaient pour la liberté, la dignité et pour l’islam, ils voient désormais des barbares et ils n’invoquent pas l’excuse de leur propre cécité. Le changement, en effet, c’est maintenant.
La pire des analyses, c’est de mépriser ou de haïr les soldats d’en face. Pour tuer à bout touchant des enfants de 5 ans, il faut être ce surhomme nietzschéen qui a été et est toujours le beau modèle de la « gauche » intellote : il va jusqu’au bout de ses intentions et il applique intégralement son programme, sans dévier d’un kasra, ce dont a toujours rêvé la « gauche ». Il commet les pires crimes sans ciller. Il n’hésite pas à casser beaucoup d’œufs pour manger une bonne omelette ou à abattre toute une forêt pour ne pas avoir froid ; il a des c…, ce n’est pas une gonzesse. Aucun de nous ne serait capable de faire cela. Certes, dans les tueries de janvier et de novembre, les tueurs ont bénéficié d’une part de chance, mais quelle détermination, que de rouerie, que de résolution. Plutôt que de hurler « barbares, barbares, barbares », Hollande et Valls feraient mieux de comprendre ce que veulent les moudjahidin, ce à quoi ils aspirent, ce pour quoi ils tuent, ce qu’ils font, même si, moralement, humainement, éthiquement, ce qu’ils font est horrible : ce sont des crimes contre l’humanité. Or, au lieu de préparer les citoyens à défendre leur pays et leurs libertés, ces crimes contre l’humanité sont analysés comme les effets naturels des maux de la société, de la France, de la République, de la nation, du christianisme. Oui, l’islam est en guerre ; oui, l’islam fait la guerre, non pas les Etats qui ont pour religion d’Etat l’islam, le Maroc, l’Algérie, l’Egypte, la Tunisie, la Turquie, l’Arabie, etc., mais l’idéologie nommée islam qui cherche à conquérir le monde et à imposer la charia partout où sont établies des colonies islamiques. Non, la France n’est pas en guerre. La guerre lui est faite, mais elle tend l’autre joue et s’aveugle sur ce qui arrive.
© Baro Tinderbert pour LibertyVox