16 février 1932 : mort de Ferdinand Buisson, fondateur de la Ligue française des droits de l’homme
Si l'on retient toujours le nom de Jules Ferry pour la défense de l'enseignement laïque, on ne connaît pas toujours le rôle immense qu'a joué à ses côtés Ferdinand Buisson. Né le 20 décembre 1841 à Paris alors en pleine ébullition, le jeune Ferdinand Buisson suit des études brillantes au lycée Condorcet. Il obtient son agrégation de philosophie, enseigne puis s'exile volontairement en Suisse lors du Second Empire de Napoléon III de 1866 à 1870 étant contre la guerre. Professeur à Neufchâtel, il prend part au Congrès international de la Ligue internationale permanente de la paix dont le but était de créer « les Etats-Unis d'Europe ». Pacifiste dans l'âme, il met au point un programme pour « l'abolition de la guerre par l'instruction » aux côtés de Jules Ferry et de Victor Hugo. Une fois Napoléon III exilé, Ferdinand Buisson revient en France. Il se lie d'amitié avecJules Simon, le ministre de l'Instruction publique et il est nommé à la direction des établissements scolaires à Paris. Humaniste, il aide l'orphelinat de Cempuis fondé par le laïque Joseph Prevost (à cette époque les orphelinats étaient dirigés par les Religieux). Finalement il est amené à aider Jules Ferry qui remplace Jules Simon, en étant nommé à la direction de l'enseignement primaire. Il va ainsi être le premier à prôner l'enseignement primaire pour tous et à vouloir des droits pour des populations qui n'en avaient pas comme les élèves déficients ou handicapés. Il va également superviser la rédaction des lois sur la laïcité, se battant pour un enseignement gratuit et laïque grâce à la « Ligue de l'enseignement ». C'est à lui que l'on doit le mot « laïcité ». En 1890, professeur de pédagogie à la Sorbonne, il va être huit ans plus tard un ardent défenseur du capitaine Dreyfus et va fonder avec d'autres la Ligue française des droits de l'homme dont il sera Président de 1913 à 1926. Parallèlement, Ferdinand Buisson est élu député de la Seine à deux reprises avec la coupure de la Première Guerre mondiale (de 1902 à 1914 et de 1919 à 1924). Il fut aussi un grand défenseur de l'enseignement professionnel obligatoire mais aussi du droit de vote pour les femmes dans cette société française encore très machiste et cléricale. Ferdinand Buisson, très grand humaniste mais aussi homme de lettres va mettre en oeuvre un très grand ouvrage avec de nombreux collaborateurs : « le Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire ». La toute première édition fut sortie par Hachette entre 1882 et 1887 mais une seconde verra le jour en 1911. Il va y rédiger des articles de première importance sur la « laïcité », « l'intuition » ou encore « la prière ». Aujourd'hui, ce dictionnaire est considéré comme l'ouvrage majeur de l'école laïque et républicaine. Après la grande guerre, Ferdinand Buisson va tout mettre en oeuvre pour oeuvrer au développement de la Société des Nations (SDN, l'ancienne ONU) et pour se consacrer au rapprochement franco-allemand malgré les très dures conditions imposées par Clemenceau lors du Traité de Versailles. Il va même se rendre à Berlin en invitant les pacifistes allemands. C'est ainsi qu'il reçoit le Prix Nobel de la paix en 1927 avec le professeur allemand Ludwig Quidde. Noblement, le plus âgé des lauréats du Prix Nobel de la paix (il a alors 86 ans), dédie cette récompense suprême aux instituteurs de France pour qu'ils puissent oeuvrer au rapprochement des peuples par l'éducation des enfants. Il décède 5 ans plus tard, le 16 février 1932 à Thieuloy-Saint-Antoine, une petite commune de l'Oise.
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