(Rappel, sur proposition de mon Président des AC, j'ai refusé de faire un dossier,bien qu'admissible,car titulaire de VM 2 citations, Médaille Militaire, croix CV,croix du combattant, TRN et com. AFN........)
Le déshonneur de la Légion d’honneur
« on n'est pas forcément content d'être reconnu par des gens qu'on n'estime pas »
Trois fois par an, à Pâques, le 14 juillet et le 1er janvier, je bondis de mon fauteuil à la lecture des centaines de personnes à qui la France généreuse a décerné la Légion d’honneur, la plus haute distinction depuis que Napoléon Bonaparte l’a instituée en 1802.
Cette année encore, et plus qu’encore même, je me demande comment le général d’armée Jean-Louis Georgelin, grand chancelier de la Légion d’honneur, a pu signer les documents attribuant, sans jamais les contester, cette prestigieuse médaille à 308 citoyens et 308 citoyennes – puisque la bêtise de la loi sur la parité est là plus que jamais appliquée dans toute sa rigueur imbécile. À quel titre des artistes comme Emmanuelle Béart, Vanessa Paradis, Mireille Darc, Mimie Mathy, Bruno Podalydès, Marthe Mercadier, des journalistes comme Robert Namias, Henri Tincq ou Claire Chazal, des chanteurs comme Christophe, Paul McCartney, Marc Lavoine ont-ils pu se voir accorder ce privilège hautement symbolique ?
Jusqu’au Second Empire, cette médaille récompensait en majorité les militaires. Seulement 25 % des récipiendaires étaient des civils qui avaient alors contribué à l’enrichissement industriel, culturel, spirituel, économique, scientifique de la nation. Aujourd’hui, il suffit qu’un ministre se soit vu flatter pour qu’il demande au grand chancelier d’approuver un légionnaire. Napoléon avait voulu rétablir un système de récompenses inspiré des anciens ordres honorifiques royaux que la Révolution avait abolis. Il doit se retourner dans son tombeau impérial au moins trois fois par an, comme moi je me dresse de mon fauteuil.
N’est-ce pas dévaloriser la plus haute distinction française en attribuant ce qui devrait être une glorieuse médaille sur laquelle tant de sang a été versé, à des milliers de citoyens et citoyennes ?
Quelle valeur a-t-elle de nos jours alors qu’elle a été décernée à 93.000 personnes encore en vie ?
Sont-ils aussi nombreux, les Français qui ont mérité une telle gloire ? Détailler la liste de la dernière cuvée revient à constater que le copinage et la flagornerie sont les effets de tant de nominations.
Bien sûr que nos soldats ou policiers assassinés ou tués au combat méritent pour le moins l’hommage de toute la nation, et que sur leur cercueil drapé des trois couleurs soit épinglée cette médaille. C’est la seule évidence.
Mais pour la majorité de ceux que chacun de nos ministres a choisi d’honorer d’un ruban rouge, il existait une autre médaille beaucoup plus civile, celle que le général de Gaulle avait ingénieusement créée pour récompenser les mérites distingués et encourager les forces vives de la nation : la médaille de l’ordre national du Mérite, certes moins prestigieuse, mais fortement motivante.
Le refus de recevoir la Légion d’honneur d’artistes tels que Brigitte Bardot, Bourvil, Georges Brassens, Léo Ferré, Sartre, Pierre et Marie Curie, ou encore du dessinateur Jacques Tardi qui a répondu au grand chancelier qu’« on n’est pas forcément content d’être reconnu par des gens qu’on n’estime pas », pourrait faire réfléchir ceux à qui la République française a confié la très noble tâche d’épingler sur le revers de leur veste cette prestigieuse décoration.
Floris de Bonneville , Journaliste