Agence France-Presse
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L'opération de rapatriement des touristes britanniques a commencé vendredi avec le décollage de deux avions de Charm el-Cheikh, six jours après l'écrasement d'un avion russe en Égypte pour lequel la thèse de l'attentat à la bombe semble de plus en plus probable.
Illustrant la nervosité des compagnies aériennes, la néerlandaise KLM a interdit «par précaution» les bagages en soute sur son vol Le Caire-Amsterdam vendredi, après que Londres et Washington ont ouvertement évoqué la piste d'une bombe à bord de l'Airbus A321 de la compagnie russe Metrojet qui a explosé en vol avec ses 224 occupants dans le Sinaï (est) le 31 octobre.
L'aviation civile égyptienne, après avoir fait état de 29 vols vendredi, a finalement indiqué que seuls huit seraient autorisés à rapatrier dans la journée les Britanniques de Charm el-Cheikh, la cité balnéaire d'où avait décollé l'avion russe avant l'écrasement dont le groupe jihadiste État islamique (EI) s'est dit responsable.
(Crédit photo: Agence France-Presse) Mais l'une des compagnies britanniques censées ramener les quelque 20 000 vacanciers, EasyJet, a affirmé que l'Égypte avait suspendu les atterrissages de 8 de ses 10 vols prévus vendredi. Les autres compagnies britanniques Monarch (cinq vols) et British Airways (un) n'ont pas évoqué ces restrictions.
Après une longue attente sur la piste, le premier avion rapatriant les Britanniques depuis l'écrasement a décollé à 13H20 (11H20) de Charm el-Cheikh à destination de Londres-Gatwick avec 165 passagers à bord, selon un responsable de l'aéroport. Il a été suivi par un second vol d'EasyJet à destination de Londres-Luton avec 165 passagers.
Une foule de touristes britanniques ont afflué dès le matin à l'aéroport de Charm el-Cheikh cherchant un vol.Selon Londres, seuls les bagages à main sont autorisés sur les vols affrétés pour les rapatrier.
Présent dans le hall des départs, l'ambassadeur de Grande-Bretagne John Casson a été interpellé par des touristes fatigués et frustrés, criant dans la cohue: «Quand allons-nous rentrer chez nous?» «Pourquoi personne ne nous parle?».
«C'est certain, le premier ministre David Cameron a pris la bonne décision, je suis ravie que la sécurité des citoyens soit la priorité. Quand on est arrivé à Charm, la sécurité était déplorable», a dit Donna Conway, 49 ans, qui attend depuis mercredi de pouvoir quitter Charm el-Cheikh. «On était venu hier déjà, mais il n'y avait pas de vol (...)».
(Crédit photo: Agence France-Presse) Des centaines de touristes russes patientaient eux aussi dans des files d'attente au milieu de leurs bagages devant les comptoirs d'embarquement des compagnies russes.
Après la multiplication des déclarations jugeant probable la thèse de l'attentat, plusieurs compagnies étrangères dont les Britanniques ont suspendu leurs vols vers et en provenance de Charm el-Cheikh alors que la France et la Belgique ont déconseillé à leurs ressortissants de s'y rendre.
«Je pense qu'il existe une possibilité qu'il y ait eu une bombe à bord (de l'avion russe) et nous prenons cette piste très au sérieux», a déclaré jeudi le président américain Barack Obama, tout en soulignant qu'il n'y avait à ce stade aucune certitude.
À Londres, où le président égyptien Al-Sissi achève vendredi une visite officielle, M. Cameron a évoqué des renseignements indiquant qu'il était «plus que probable qu'il s'agisse d'une bombe terroriste».
Selon la presse britannique, des conversations électroniques ont été examinées par des agents de renseignements britanniques et américains qui laissent entendre qu'une bombe a pu être placée dans l'appareil.
«Les enquêteurs britanniques cherchant la cause d'écrasement de l'avion russe croient qu'une bombe a été mise dans la soute avant le décollage», avance la BBC.
(Crédit photo: Agence France-Presse) Mais les autorités égyptiennes ont mis en garde contre des conclusions prématurées, les enquêteurs n'ayant pas selon elles «encore de preuve ni de données confirmant l'hypothèse» d'une bombe.
Les données de l'une des deux boîtes noires, celle des paramètres de vol, ont été extraites, mais celle contenant les conversations de l'équipage, endommagée, demandera beaucoup de travail.
À Moscou, le porte-parole du Kremlin a affirmé «ne pas savoir sur quelles données nos collègues britanniques se basent (...) Il y a une enquête qui n'exclut pour l'instant aucune piste».
L'Airbus A321 s'était écrasé 23 minutes après avoir décollé. Les recherches se poursuivent pour retrouver les derniers corps et des indices éparpillés sur une vaste zone du désert du Sinaï.
Même si les causes de l'écrasement ne sont pas encore fermement établies, ce drame porte un nouveau coup dur au tourisme en Égypte déjà affecté par des années d'instabilité.