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| Sujet: CARNETS D,UN AMBASSADEUR SOVIETIQUE A LONDRES DE 1937 A 1943 Sam Oct 17 2015, 13:49 | |
| SOURCE : LE MONDE DILOMATIQUE - OCTOBRE 2015 ================== Un document exceptionnel sur les coulisses de la seconde guerre mondiale[size=46]Carnets d’un ambassadeur soviétique à Londres[/size] Oscar Kokoschka. – « Ambassador Ivan Maisky », 1942-1943 On imagine l’allégresse de l’historien Gabriel Gorodetsky quand il eut accès aux 1 500 pages de notes manuscrites rédigées par Ivan Maïsky, ambassadeur d’Union soviétique à Londres de 1932 à 1943. Tout concourait à rendre un tel document exceptionnel : l’importance de la mission diplomatique de Maïsky, entamée alors que la probable accession de Hitler au pouvoir annonçait la guerre en Europe ; le contexte soviétique marqué par des purges qui décimeraient le corps des officiers et des diplomates ; le personnage de l’ambassadeur, enfin : homme de culture et de caractère, ce militant révolutionnaire n’hésitait pas à prendre du temps pour rédiger une pièce en vers. Au départ, en 1932, Moscou attend de Maïsky qu’il se montre « un diplomate plus accompli et un communiste moins ardent » que son prédécesseur. De fait, il va jouer un rôle d’acteur de premier plan dans la tragédie européenne qui se noue, suggérant ses idées et ses projets diplomatiques à ses interlocuteurs britanniques afin de pouvoir ensuite les leur attribuer quand il les relaie à Moscou... En multipliant les contacts, y compris avec la famille royale et les milieux financiers, Maïsky espère dissiper la méfiance entre les deux capitales, dont chacune soupçonne l’autre de vouloir la précipiter dans un conflit avec l’Allemagne. La scène évoquant la complicité « scandaleuse » qui se noue le 16 novembre 1937 entre Winston Churchill et l’ambassadeur de l’URSS rappelle assez par contraste que le choix de l’establishment britannique penche alors nettement du côté de l’Allemagne. L’année suivante, les accords de Munich, conclus lors d’une conférence européenne à laquelle l’Union soviétique ne fut pas même conviée, sembleront confirmer les soupçons de Moscou. Le retournement stratégique de l’URSS et le coup de tonnerre du pacte germano-soviétique en découlent. Dans ses commentaires, rédigés avec la clarté qui distingue encore quelques-uns des meilleurs historiens, Gorodetsky rappelle que la terreur stalinienne décourageait tout responsable de trop écrire, à plus forte raison de rédiger un journal. Les carnets de Maïsky, qui viennent de paraître en anglais et sur lesquels il a travaillé pendant quinze ans, nous offrent un document d’autant plus précieux, à vrai dire unique. Celui d’un ambassadeur qui, même lorsqu’il redoutait d’être rappelé pour consultation, au risque d’être exécuté ou interné comme bon nombre de ses collègues (62 % des diplomates furent victimes de purges), chercha obstinément à concilier les intérêts de son pays et ceux d’une des principales capitales occidentales. En lisant son journal, on mesure que ce ne fut pas facile tous les jours...par Ivan Maïsky aperçu Ivan Maïsky à l’ambassade russe à Londres, juillet 1940 Getty Images / Tunbridge-Sedgwick Pictorial Press Churchill : « Une Russie affaiblie constitue un immense danger » 16 novembre 1937 Aujourd’hui, Agniya [son épouse] et moi sommes allés au « banquet d’Etat » donné par George VI en l’honneur du roi Léopold de Belgique, qui a débarqué pour une visite de quatre jours. C’était un banquet comme les autres. Cent quatre-vingts invités, la famille royale au grand complet, les membres du gouvernement, les ambassadeurs (mais pas les émissaires) et des notables britanniques à foison. Nous mangeâmes dans des assiettes en or avec des couverts en or. Le dîner, différent de la plupart des dîners anglais, était délicieux (il paraît que le roi a un cuisinier français). Deux douzaines de joueurs de cornemuse écossais ont fait irruption dans la salle pendant le repas et marché lentement et à plusieurs reprises autour des tables, remplissant les voûtes du palais de leur musique semi-barbare. J’aime cette musique. Il y a en elle quelque chose des montagnes et des forêts d’Ecosse, de l’écho des siècles passés et de l’histoire primitive des hommes. (...) Léopold conversa avec Chamberlain, Hoare. Montagu Norman (gouverneur de la Banque d’Angleterre) et, parmi les ambassadeurs, avec Grandi, Ribbentrop et Corbin. Il portait de toute évidence un vif intérêt à l’« agresseur » et au collaborateur de ce dernier. Fort logiquement, on évita de m’accabler d’honneurs : l’URSS n’est guère à la mode ces temps-ci, surtout dans les hautes sphères du Parti conservateur. L’ambassadeur japonais Yoshida, qui rôdait dans un coin, n’était pas convié non plus à présenter ses respects aux rois. Rien d’étonnant à cela : les canons japonais sont en train en ce moment même de pilonner le capital et le prestige britanniques en Chine ! ------------- Malheureusement la suite ne peut être obtenue que par abonnement au Monde diplomatique.. Kanesataké. ================== |
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Commandoair40 Admin
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| Sujet: Re: CARNETS D,UN AMBASSADEUR SOVIETIQUE A LONDRES DE 1937 A 1943 Sam Oct 17 2015, 17:53 | |
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