SUITE : OPERATION BARBAROSSA - PARTIE DEUX (2)
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INVASION DE L'UNION SOVIETIQUE PAR LES PANZERS NAZIS
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======================LA SECONDE GUERRE MONDIALE EN PHOTOS 10L’invasion de l’Union soviétique (2ème partie)
OPÉRATION BARBAROSSA
Des Panzer à l’attaque
Dès le début de l’invasion de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, la progression allemande a été retardée par une résistance soviétique extrêmement vigoureuse. Les Allemands se montraient généralement supérieurs sur le plan tactique, mais ils ne parvenaient pas à l’emporter dans les combats. Des forces encerclées ne se rendaient qu’après une longue résistance, et leur entêtement dans une situation désespérée a sérieusement freiné les plans de l’envahisseur.
Le cadavre d’un soldat soviétique
Au début du mois de juillet 1941, des trombes d’eau ont transformé les routes en « sables mouvants », paralysant la mobilité de l’envahisseur et amplifiant les effets de la résistance acharnée de nombreux îlots de troupes soviétiques à l’intérieur de la zone conquise par les Allemands. Les colonnes de ravitaillement ne pouvaient plus contourner ces îlots de résistance, puisque tout le paysage était devenu un bourbier. Chaque grosse averse réduisait à néant la mobilité des Allemands. Lorsque le soleil revenait, les routes sablonneuses séchaient rapidement et la procession des colonnes allemandes pouvait alors repartir. Mais les retards accumulés représentaient un sérieux handicap sur le plan stratégique. Les Soviétiques pouvaient profiter de ces retards pour battre en retraite et échapper à l’encerclement. Leurs positions défendues bénéficiaient d’un répit pour se renforcer.Des véhicules allemands embourbés
Les deux premières tentatives d’encerclement des armées soviétiques ont été des échecs, malgré la capture de plusieurs centaines de milliers de prisonniers. La moitié des troupes soviétiques a réussi à s’échapper et à renforcer la ligne de défense suivante. La troisième a rapporté un plus grand nombre de prisonniers, mais elle a entraîné les Allemands au-delà du Dniepr. A la quatrième tentative, plus d’un demi-million de Soviétiques ont été pris au piège, mais l’intervention de l’hiver a empêché les Allemands d’exploiter le gouffre béant ouvert dans le front. Chacune de ces batailles avait pris du temps pour ouvrir ou refermer les tenailles, si bien qu’en essayant d’exécuter le projet tactique on est passé à côté de l’objectif stratégique.
Un Panzer chargé de fantassins allemands
Le 5 août 1941, la route de Moscou, 350 kilomètres plus loin, était toujours barrée par des forces soviétiques considérables qui recevaient en permanence des renforts de la part d’éléments nouvellement mobilisés, alors que les Allemands étaient handicapés, de leur côté, par la difficulté de faire parvenir des renforts par les mauvaises routes. Ils ont dû attendre jusqu’en octobre pour reprendre leur avance.
Un canon antichar allemand en août 1941
Le déclenchement de l’offensive allemande sur le Sud du front soviétique
Sur le front soviétique méridional, au Sud des marais du Pripet, les Allemands ne jouissaient d’aucune supériorité numérique. Ils étaient même partis avec un désavantage qui, sur le papier, paraissait formidable. Le Groupe d’armées Sud-Ouest soviétique du maréchal Boudienny comprenait 30 divisions blindées et motorisées, 5 divisions de cavalerie et 45 divisions d’infanterie stationnées en Pologne méridionale et en Ukraine. Sur ce nombre, 6 divisions blindées et motorisées, 3 divisions de cavalerie et 13 divisions d’infanterie se trouvaient en Bessarabie, face aux Roumains.
Semion Mikhaïlevitch Boudienny
En tout, le maréchal Boudienny avait environ 5000 tanks de différents modèles ; alors que le groupe de Panzer du général von Kleist, constituant la force blindée du maréchal von Rundstedt, ne comptait que 600 Panzer. De plus, un grand nombre de ces derniers avait pris part à la campagne de Grèce et avait eu peu de temps pour subir des révisions avant d’être lancé dans cette plus vaste entreprise.
Karl Rudolf Gerd Von Rundstedt
Pour obtenir l’avantage, le maréchal von Rundstedt ne pouvait compter que sur la surprise, la vitesse, l’espace, et la médiocrité des chefs de l’armée adverse. Quelques-uns des meilleurs généraux soviétiques avaient été éliminés au cours des purges d’avant-guerre. Ceux qui avaient survécu, s’ils étaient politiquement sûrs, ne l’étaient pas souvent d’un point de vue militaire. Il a fallu attendre que ces trop solides anciens aient été emportés sous l’épreuve de la guerre pour voir l’élite d’une génération plus jeune arriver aux plus hauts postes.
Des artilleurs allemands
L’effort principal du maréchal von Rundstedt portait sur son aile gauche, le long du Boug. L’attaque a été déclenchée à partir d’une zone en forme de « coin » naturel qu’il suffisait d’enfoncer un peu plus pour qu’il commence à menacer les communications de toutes les forces soviétiques à proximité des Carpathes.
L’effet de surprise a contribué non seulement à faciliter la percée initiale des Allemands, mais aussi à empêcher la contre-attaque potentiellement dangereuse que les Soviétiques auraient pu déclencher. Sachant qu’ils avaient 25 divisions à la frontière hongroise des Carpathes, le maréchal von Rundstedt avait craint que celles-ci se retournent et attaquent son flanc droit pendant qu’il avançait vers Loutsk. Au lieu de cela, elles ont battu en retraite. Malgré ce départ en flèche, les forces du maréchal von Rundstedt n’ont pas pu progresser aussi rapidement que celles du général Bock au centre gauche.
Fedor von Bock
Le choix d’Adolf Hitler
Le général Guderian soulignait l’importance de ne laisser aux Soviétiques aucun répit et de ne pas leur donner le temps de se reformer. Il était convaincu de pouvoir atteindre Moscou si on ne perdait pas de temps. Convaincu également que frapper Moscou, le centre nerveux du pouvoir de Joseph Staline, paralyserait la résistance soviétique. Le général Hoth partageait cette opinion et le maréchal von Bock l’appuyait.
Joseph Staline
Mais Adolf Hitler est revenu à son idée initiale pour la phase suivante des opérations. Les forces de Panzer devaient être enlevées au maréchal von Bock, au centre, et envoyées aux ailes. Le groupe d’armées de Panzer du général Guderian devait se tourner vers le Sud, afin d’aider le maréchal von Rundstedt à vaincre les armées soviétiques qui lui étaient opposées en Ukraine ; tandis que le groupe d’armées de Panzer du général Hoth devait se tourner vers le Nord, pour aider le maréchal Leeb à attaquer Leningrad.
Des civils tués au cours d’un bombardement allemand, à Leningrad
Toutefois, Adolf Hitler a reconnu la nécessité d’une pause pour réviser les véhicules, remplacer les pertes et permettre aux soldats de prendre du repos. Entre-temps, en haut lieu, les discussions ont continué à propos de la conduite à tenir et se sont poursuivies encore après que les forces de Panzer aient été en état de reprendre leur course.
Le 21 août 1941, Adolf Hitler a décidé, non pas de suivre le conseil de ses généraux qui voulaient foncer sur Moscou, mais d’accorder la priorité à l’occupation de la région minière et industrielle du bassin du Donetz et de la Crimée. Il voulait couper la route de ravitaillement soviétique en pétrole du Caucase. En conséquence, Adolf Hitler a donné l’ordre que, dans le but de préparer le chemin à ces objectifs méridionaux, une partie du Groupe d’armées du maréchal von Bock -y compris les forces de Panzer du général Guderian- se tourne vers le Sud afin d’aider le maréchal von Rundstedt à écraser les armées soviétiques qui lui étaient opposées autour de Kiev. Après que ces armées soviétiques auraient été écrasées, le maréchal von Bock serait autorisé à reprendre son avance sur Moscou et les forces de Panzer du général Guderian lui seraient rendues dans ce but.
Une colonne allemande embourbée
Suite de l’offensive allemande sur le Sud du front soviétique
L’encerclement de Kiev a été, en lui-même, une réussite. Le général Guderian a foncé vers le Sud, à travers les arrières soviétiques ; tandis que le groupe d’armées de Panzer du général von Kleist fonçait vers le Nord. Les deux branches de la tenaille ont fait leur jonction 250 kilomètres à l’Est de Kiev, refermant un piège où plus de 600000 Soviétiques étaient prisonniers, selon les chiffres allemands. Mais la bataille ne s’est achevée que fin septembre 1941, car les mauvaises routes et le temps pluvieux avaient ralenti l’allure de la manœuvre d’encerclement.
Une colonne allemande dans les ruines d’un village ukrainien
Suite de l’offensive allemande sur le centre du front soviétique
La nouvelle avance allemande a commencé le 30 septembre 1941. Ses chances semblaient bonnes après que les armées du maréchal von Bock aient achevé un vaste encerclement autour de Viazma, où 600000 Soviétiques ont été capturés. Cela laissait aux Allemands le champ momentanément libre, pratiquement jusqu’à Moscou. Mais la bataille de Viazma ne s’est achevée qu’à la fin d’octobre. Les troupes étaient fatiguées. Avec la dégradation du temps, le pays devenait un marécage et de nouvelles forces soviétiques apparaissaient devant Moscou.
Adolf Hitler commençait d’être impressionné et déprimé par les difficultés croissantes et par les conditions hivernales. Le 9 novembre 1941, il a sombrement remarqué : « La reconnaissance qu’aucune des deux forces n’est capable d’annihiler l’autre mènera à une paix de compromis. »
Mais le maréchal von Bock pressait pour que l’offensive allemande continue. Les généraux qui s’étaient battus contre Adolf Hitler pour lui faire accepter leurs arguments en faveur de la prise de Moscou étaient réticents à donner l’ordre de s’arrêter. L’avance vers Moscou a donc repris le 15 novembre 1941, lors d’une amélioration momentanée du temps. Mais, après deux semaines de combats dans la boue et dans la neige, elle s’est arrêtée à 35 kilomètres de Moscou.
Des tanks soviétiques à Moscou
Le 2 décembre 1941, un nouvel effort a été déclenché et quelques détachements allemands ont pénétré dans la banlieue de Moscou. Mais, dans son ensemble, l’avance allemande a été arrêtée dans les forêts qui protègent Moscou. Ce fut le signal pour une contre-offensive soviétique de large envergure, préparée et dirigée par le général Joukov. Elle a bousculé les Allemands épuisés, enveloppé leurs flancs et provoqué une situation critique.
Des soldats soviétiques défendent les approches de Moscou
Dans ces circonstances, Adolf Hitler a interdit tout mouvement de retraite, à l’exception des décrochements localisés les plus restreints possibles. Sa décision a exposé les troupes allemandes à d’affreuses souffrances, dans leurs positions avancées face à Moscou, car elles n’avaient ni l’habillement ni le matériel nécessaires à une campagne d’hiver en Union soviétique. Mais, si elles avaient entamé, ne serait-ce qu’une fois, un mouvement de retraite général, il aurait eu toutes les chances de dégénérer en déroute affolée.
La contre-offensive soviétique devant Moscou
Fin de l’offensive allemande sur le Sud du front soviétique
L’échec devant Moscou n’a pas été compensé par les résultats de la campagne méridionale. Après le grand encerclement de Kiev, le maréchal von Rundstedt a envahi la Crimée et le bassin du Donetz, mais, privé des Panzer du général Guderian, il a échoué dans sa tentative pour atteindre les gisements de pétrole du Caucase. Ses troupes sont parvenues jusqu’à Rostov sur le Don, mais dans un état de total épuisement, et elles ont bientôt été repoussées par les Soviétiques.
Le maréchal von Rundstedt a ensuite voulu se retirer sur une bonne ligne de défense constituée par la rivière Mious, mais Adolf Hitler a interdit le recul. Il en est résulté la démission du maréchal von Rundstedt. Adolf Hitler l’a rapidement remplacé, mais le front a été rompu aussitôt après et Adolf Hitler a été contraint d’accepter la retraitte. C’était dans la première semaine de décembre 1941, en même temps que l’échec devant Moscou.
La même semaine, quatre généraux ont démissionné et Adolf Hitler en a profité pour se nommer lui-même commandant en chef direct de la Wehrmacht. Avant Noël, il s’était débarrassé du général Guderian, qui avait fait reculer ses troupes épuisées sans l’autorisation d’Adolf Hitler.
Ce qui subsiste d’une colonne allemande pendant l’hiver de 1941
Conclusion
L’un des facteurs fondamentaux de l’échec de l’invasion a été l’erreur d’estimation, par les envahisseurs, des réserves que Joseph Staline pouvait puiser dans les profondeurs de l’Union soviétique. A cet égard, l’état-major général et son service de renseignements s’étaient trompés tout autant qu’Adolf Hitler.
Ce fait annulait dans une large mesure les succès du début. Au lieu d’avoir devant eux un chemin débarrassé de ses défenseurs, les Allemands devaient faire face à des armées fraîches qui venaient d’arriver sur place. Le lourd système de mobilisation soviétique avait pu être mis en application hors de portée des armées allemandes. A partir de l’hiver 1941-1942, les Allemands se sont toujours trouvés en état d’infériorité numérique sur le front de l’Est. Grâce à leur propre supériorité de technique et d’entraînement, ils ont réussi finalement à détruire ces armées au cours d’une succession de grandes batailles d’encerclement, mais ce fut pour s’enliser alors dans la boue de l’automne. Lorsque le gel hivernal a durci le sol, les Allemands ont trouvé à nouveau des armées fraîches leur barrant la route et ils étaient eux-mêmes trop épuisés pour continuer les combats jusqu’à la réalisation de leurs objectifs.
Aussitôt après leur erreur d’appréciation des ressources soviétiques, le facteur le plus fatal a été la façon dont Adolf Hitler et ses généraux ont gaspillé le mois d’août 1941 à discuter de ce que serait leur prochain mouvement. Il régnait un état stupéfiant de confusion mentale au niveau le plus élevé du commandement allemand.
Des soldats soviétiques en Ukraine
En définitive, l’Union soviétique a dû son salut davantage à son arriération qu’à tous les progrès techniques accomplis depuis la révolution soviétique. La plupart des routes soviétiques étaient des pistes sablonneuses. En se dissolvant en une boue sans fond quand il pleuvait, elles ont davantage contribué à arrêter l’invasion que tous les sacrifices héroïques de l’Armée rouge. Si le régime soviétique avait construit un système de routes comparable à celui des pays occidentaux, elle aurait été écrasée presque aussi rapidement que la France.
Mais cette conclusion a une réciproque. Adolf Hitler a perdu ses chances de victoire parce que la mobilité de son armée était appuyée sur des roues et non sur des chenilles. Sur les routes boueuses de l’Union soviétique, les camions s’enlisaient alors que les Panzer pouvaient continuer. Si les forces de Panzer avaient disposé de véhicules de transport montés sur chenilles, elles auraient pu atteindre les centres vitaux de l’Union soviétique avant l’automne, malgré la boue.
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éditeur : Frank Brunner | ouverture : 11 novembre 2000 | reproduction autorisée en citant la source