Les dessous des voyages d'EtatL'émission Cash Investigation, qui fait sa rentrée lundi en deuxième partie de soirée sur France 2, s'intéresse aux coulisses des voyages présidentiels et aux contreparties cachées derrière les contrats signés en grandes pompes à ces occasions. Pour son retour, Cash investigation* s'est intéressé à la "realpolitik". Durant un an et demi, le journaliste Laurent Richard a enquêté sur les voyages présidentiels et leurs contreparties opaques.
Des investigations essentiellement centrées sur l'Azerbaïdjan et le Kazakhstan.En mai 2014, l'équipe de Cash a accompagné la délégation présidentielle lors de la visite de Hollande
en Azerbaïdjan.
Ce qui ne l'a pas empêché d'être arrêtée à l'aéroport par les autorités du pays et de se faire confisquer matériel et rushs.
Outre la récurrente - et essentielle - question des droits de l'Homme, l'enquête s'intéresse aux relations parfois ambiguës entre certains élus français et Bakou, partenaire commercial riche en pétrole et en gaz, tenu d'une main de fer par Ilham Aliyev au point d'être considéré comme l'une des dictatures les plus répressives au monde selon Reporters sans frontières.Mariani s'explique sur ses relations avec l'AzerbaïdjanDans l'émission, le député Les Républicains Thierry Mariani est interrogé sur cette diplomatie économique.
Membre du groupe d'amitié France-Azerbaïdjan à l'Assemblée nationale, il estime qu'il faut "savoir mouiller la chemise".
"Si ce n'est pas nous qui vendons, ce sera d'autres Etats", défend le député des Français de l'étranger auprès d'Elise Lucet.
Dans Trombinoscope, une revue d'information professionnelle du monde politique, l'ex-ministre signe une tribune vantant les mérites du pays d'Ilham Aliyev.
Mais le texte s'insère dans une page de publicité financée par TEAS France (The European Azerbaijan Society), dont la mission est de faire la promotion de l’Azerbaïdjan.
Le pays utilise ainsi l'image de l'élu pour faire sa publicité. Y'a-t-il conflit d'intérêt? L'intégrité du député est-elle entâchée?
Par ailleurs, Thierry Mariani est aussi membre du conseil d’administration de "l’Association des Amis de l’Azerbaïdjan", structure qui assure en France la promotion du pays et soutenue financièrement par les autorités de Bakou.
"Je découvre que j' y suis!, se défend-t-il face à Elise Lucet (…) Je n'ai jamais siégé. Trouvez-moi le moindre PV où je suis allé à une réunion".
Des investissements en FranceFocus également sur le maire PS de Cognac (Charente), Michel Gourinchas, invité par le pays à l'occasion de la visite de Hollande
.
Un entrepreneur azerbaidjanais envisage de construire un hôtel de luxe dans sa ville.
Il lui promet aussi de restaurer un bâtiment de la ville en échange de pouvoir en disposer parfois pour des expositions.
L'élu est notamment reparti de Bakou avec du caviar et un tapis -évalué entre 6.000 et 8.000 euros par un expert sollicité par l'émission. La sénatrice UDI-UC Nathalie Goulet - également invitée par Bakou pour la visite de Hollande qu'elle accueille même sur le tarmac - a elle reçu en 2013 un chèque de 150.000 euros pour rénover les églises de l'Orne, son département.Rachida Dati, elle aussi séduite par le pays, est interpellée par l'équipe de France 2 à ce sujet dans les couloirs du Parlement européen.
Interrogée aussi sur ses liens supposés avec GDF Suez, elle dément à nouveau et dénonce "des accusations à la con", lançant au passage à Elise Lucet: "Quand je vois votre carrière pathétique, ma pauvre fille."
Corruption et pressionCash investigation s'est aussi intéressé aux relations entre Paris et Astana.
En 2009, Nicolas Sarkozy
alors président de la République a rencontré son homologue kazakh, Noursoultan Nazarbaiev, aux commandes depuis 1990 de ce pays riche en matières premières.
En octobre 2010, lors d'une visite à Paris du président kazakh, les deux pays ont signé d'importants contrats pour un montant total de deux milliards d'euros portant notamment sur la fourniture d'hélicoptères.
Mais la justice française se demande si le président kazakh n'a pas conditionné la mise en œuvre de ces contrats à l'aide de Paris pour sortir un ami, le Belgo-Kazakh Patokh Chodiev, poursuivi en Belgique. La France a-t-elle joué les intermédiaires et fait pression sur le parlement belge pour accélérer le vote d'une loi permettant la fin des ennuis judiciaires de l'oligarque et ami du président kazakh?
Plusieurs personnes sont mises en examen dans ce "Kazakhgate", qui implique notamment un parlementaire belge, une avocate, le sénateur UDI Aymeri de Montesquiou et inquiète les proches de Nicolas Sarkozy.
La visite d'Etat est désormais devenue affaire d'Etat.Voici un extrait de l'émission : Élise Lucet décide de poser quelques questions à Nicolas Sarkozy au sujet de Kazakhgate.
Elle l’attend donc à la sortie d’une réunion publique à Puteaux :