Fusion d'une firme française avec une Allemande dans la
fabrication d'armement
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Français et Allemands s'allient dans l'armement terrestre
Nexter et Krauss-Maffei Wegmann signent mercredi un accord en vue de leur fusion, sur un marché très concurrentiel.
Français et Allemands s'allient dans l'armement terrestre
L'alliance donnera naissance au leader européen dans les blindés Reuters
@jdomerchet
Publié le mardi 28 juillet à 17h20 - Mis à jour le dimanche 02 août à 17h30
Par Jean-Dominique Merchet, Journaliste
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Les faits - Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, et le secrétaire d'État auprès de la ministre fédérale de la Défense, Markus Grübel, participeront, mercredi 29 juillet à Paris, à la signature du rapprochement entre Nexter (ex-GIAT) et Krauss-Maffei Wegmann, en vue de la création d'un leader européen dans l'armement terrestre (blindés, artillerie, munitions). Le nom de la future entreprise franco-allemande ne devrait pas être dévoilé avant la fin de l'année.
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C'est une première en Europe : deux industriels de l'armement terrestre vont fusionner, le français Nexter (ex-Giat) et l'allemand Krauss-Maffei Wegmann (KMW). L'opération n'a certes pas l'ampleur de la création d'Airbus dans l'aéronautique, mais elle n'en reste pas moins stratégique dans un domaine - l'Europe de la défense - où les progrès sont aussi rares que timides. Si, en termes de chiffres d'affaires, le futur groupe pèsera trente fois moins qu'Airbus, Français et Allemands feront désormais cause commune dans un secteur, où, après avoir été longtemps ennemis, ils étaient devenus de rudes concurrents.
C'est toutefois moins l'ambition politique du couple franco-allemand que le marché qui a dicté ce rapprochement, annoncé le 1er juillet 2014. Baptisé Kant, ce projet a pris quelques mois de retard, avec les difficultés de la loi Macron, dont un article prévoyait la privatisation de Nexter - une entreprise publique - afin de permettre la fusion avec l'entreprise familiale KMW. Le nom de la future société ne sera dévoilé qu'à la fin du processus de rapprochement, sans doute fin 2015. Son siège social sera aux Pays-Bas,
Les deux entreprises sont de taille comparable : un peu plus de 3000 salariés chacune et un chiffre d'affaires tournant autour du milliard d'euros. Elles ont construit le fleuron des blindés des deux côté du Rhin, le Leopard allemand et le Leclerc français, mais elles se heurtent aujourd'hui aux mêmes difficultés : la baisse des investissements nationaux dans l'armement terrestre et la multiplication des concurrents sur la scène mondiale. Ainsi, pas moins d'un quarantaine de pays proposent désormais des blindés moyens, comme le VBCI français ou le Bixer allemand, et ce nombre ne fait que croître. Depuis le début de l'année, pas moins de six nouveaux modèles de véhicules 8x8 sont proposés par des constructeurs émiratis, sud-africains ou chinois.
Une gamme commune à terme. Dans un premier temps, Nexter et KMW vont regrouper leurs forces de frappe commerciales, avant de concevoir des produits communs. Pour l'heure, chacune des deux entreprises conservera son propre catalogue et on ne verra pas d'intégration de systèmes allemands sur des engins français, ou inversement.
A terme, toutefois, l'idée est bien d'offrir une gamme européenne et les deux industriels tournent leur regard vers le futur char de combat, appelé à succéder aux Leopard 2 et aux Leclerc. Des programmes devraient être lancés vers 2025 en Allemagne et 2030 en France. L'existence d'un industriel commun pourrait permettre le développement d'un blindé lourd franco-allemand, voire européen - ce que personne n'est jamais parvenu à faire depuis 1945.
L'une des difficultés auquelles se heurte la coopération franco-allemande dans l'armement est la différence de législation et de sensibilités de part et d'autre du Rhin quant aux ventes d'armes. Les Allemands ont une approche plus restrictive que les Français - qui redoutent que des matériels intégrant des composants allemands soient interdits d'exportation dans certains pays politiquement sensibles. Plusieurs dossiers ont ainsi opposés Paris et Berlin en 2014, avant de trouver une issue favorable.
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