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 1955 Main mise sur les souteneurs de la Casbah, les attaques FLN

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MessageSujet: 1955 Main mise sur les souteneurs de la Casbah, les attaques FLN   1955 Main mise sur les souteneurs de la Casbah, les attaques FLN Icon_minitimeSam Aoû 01 2015, 15:03

15 Novembre 1.955:
 Lors du congrès des gaullistes (déguisés à l'époque sous le nom de républicains sociaux) Chaban-Delmas réclame (déjà) pour sauver l'algérie, un gouvernement de salut public.
 
16 Novembre 1.955:
Rien.
 
17 Novembre 1.955:
Un groupe de 400 rappelés manifeste à Valence pour ne pas être envoyés en algérie.
 
18 Novembre 1.955:
Edgar Faure obtient, après le débat sur l'algérie où il a marqué son attachement à l'algérie française, la confiance de l'assemblée.

Un administrateur civil attaqué dans le Constantinois, son escorte (toute musulmane) assassinée, trois goumiers tués, trois grièvement blessés, le sergent chef du détachement enlevé puis égorgé à l'écart après tortures.

Attentat au pistolet contre le chef de la police urbaine de Constantine, il est blessé.
 
19 Novembre 1.955:
Destruction de la ferme Bossiot, au douar Bie Menten.
 
20 Novembre 1.955:
 Rien
 
21 Novembre 1.955:
Un autocar brûlé à l'arba.
 
22 Novembre 1.955:
Rien.
 
23 Novembre 1.955:
Entre Souk-Arras et Tebessa, un train de marchandise est mitraillé, le chauffeur accelére et le train déraille, un rail avait été coupé.
 
24 Novembre 1.955:
Le commissaire de police du quartier de la redoute, à Alger, assassiné.,
Vers 23 h 30 à la ferme Chikhi, propriété de l'agha Merchi Sebti entre Fesdis et El Madher (départ. Constantine); la ferme fut incendiée, 300 moutons égorgés et les 2 bergers tués; près de leurs corps, sous une pierre, fut laissée une lettre de l'A.L.N. les batiments sont incendiés et detruits dans toute la mesure du possible.
 
25 Novembre 1.955:
 Accrochage près de Tabergha (Constantinois) 2 morts 7 blessés dans les forces de l'ordre, 2 morts, 5 blessés chez les rebelles.
 Jaquin: A Alger, dans l'ombre, sans provoquer beaucoup de remous, se déroule dans le même temps une autre bataille, une bataille qui va avoir pour la sécurité de la ville une incidence capitale: celle des proxénètes.
Il aura fallu l'hypocrisie des sexo-penseurs de ce siècle pour voir dans la prostitution un vice de la société capitaliste et colonialiste. Les philosophes de la Grèce antique n'ont jamais songé à s'en offusquer et un très grand pape, Innocent III, ne jugeait pas indigne de son magistère de promettre l'indulgence plénière aux hommes qui épouseraient une prostituée pour la mettre sur la voie de la Rédemption. Non seulement l'Islam l'a toléré, mais il n'a pas laissé d'autre issue aux femmes si aisément répudiées conformément à la loi coranique. La loi vertueuse de Marthe Richard n'est pas appliquée en Afrique du Nord et la prostitution offre un large éventail de possibilités à ceux qui savent en vivre. Les maisons de tolérance, surveillées, réglementées, n'en sont qu'un petit créneau. Dans les villes et les campagnes, de très nombreuses hétaïres échappent aux contrôles sanitaires ou policiers mais jamais aux barbillons indispensables à leur sécurité. Partout aussi la prostitution, où la discrétion est une règle professionnelle, offre aussi ses gîtes, ses boîtes aux lettres et ses lieux de rendez-vous discrets à tous ceux qui vivent en marge des lois et qui répugnent à faire élection d'un domicile avoué.
 L'intérêt du milieu a été maintes fois exploité par les militants de l'Organisation secrète, puis par les membres du C.R.U.A. dont certains, et non des moindres, tel Boudiaf, autre chef historique du F.L.N., se déplacent de maison close en maison close pour échapper aux recherches policières. La maîtrise du proxénétisme va provoquer dans Alger une bataille sévère entre la Police et le F .L.N.
 Si Arezki, un Kabyle de Michelet, beau garçon, beau parleur, instruit, pas très travailleur, mais habité par la passion du jeu, a trouvé une profession plus lucrative que celle d'ouvrier boulanger qu'il exerçait jusqu'alors. D'un voyage à Bou Saada, la porte du Sud, il a ramené deux jeunes Ouleds-Naïls qui ont accepté de monter à Alger pour, selon la Poétique périphrase en usage dans leurs montagnes, "gagner leur dot à la sueur de leur ventre". En échange de sa protection, Si Arezki se contentera d'un honnête pourcentage sur leurs recettes et adressera les bénéfices réalisés aux parents de ses amies pour acheter les moutons qui constitueront leur dot. Les Ouled-Naïls transformaient jadis leur gain en pièces d'or dont elles ornaient leur front, leur gorge et leurs poignets, mais l'or devenu rare est trop tentant pour les mauvais garçons. Un accident du travail conduit l'une des filles au dispensaire, du dispensaire au médecin et du médecin au commissariat. Si Arezki, le protecteur des deux femmes, se retrouve face à l'inspecteur Tonnelli de la brigade des moeurs.
- Ça va chercher de six mois - si tu trouves un bon avocat, mais cela te coûtera beaucoup d'argent - à deux ans si le président du tribunal est mal luné !
Une condamnation ne pèserait pas tellement lourd sur la conscience du souteneur, mais pendant qu'il serait en prison son capital risque fort de changer de main, les deux jeunes Ouled-Naïls devront vite se soumettre à un autre protecteur.
- On peut arranger ça! lui propose l'inspecteur. Une fois par semaine nous nous rencontrerons au café des "Tilleuls" à Saint- Eugène, tu me rendras compte de tout ce que tes oreilles entendront et que tes yeux verront.
 Tonnelli fermera les yeux sur les ressources inavouables d'Arezki, si celui-ci lui dénonce les voleurs à la tire, les trafiquants de kif, les racketteurs des petits commerçants... Le souteneur accepte. Puis, convenablement orienté par le policier qui apprécie ses qualités d'observation et l'honnêteté de ses informations, il rend compte des rumeurs qui courent les ruelles de la casbah, et des conciliabules suspects tenus dans les cafés maures par des individus qui descendent de la montagne. Pour le 1er novembre 1954, l'inspecteur Tonnelli ne peut rien lui reprocher. Il a honnêtement rapporté les rumeurs d'un soulèvement et cité les individus qui, disaient-ils, se tenaient prêts au massacre des Français.
- Les types que j'ai signalés ont été libérés quarante-huit heures après leur arrestation, reproche Si Arezki au policier
- Ils avaient un alibi de fer !
- Qu'est-ce qu'il lui faut à la police, des preuves, des témoins ? Vous n'en trouverez jamais.
- Oui! Mais des armes, des munitions, des documents, ça se trouve...
 SI Arezki signale quelques détenteurs d'armes et des distributeurs de tracts qui sont interpellés, coût: trois mois de prison.
- Nous jouons avec la peau de nos informateurs, observe l'inspecteur Tonnelli.
- Nous ne sommes pas la justice, rétorque son chef de service.
Par prudence Tonnelli et son indicateur conviennent chaque semaine d'un nouveau lieu de rendez-vous, aujourd'hui, au "Retour de la chasse" , sur la route de Maison- Blanche.
- Un pharmacien de la rue Bab-Azoun fabriquerait des bombes.
- Qui ? Où ?
- Ben Smaïn, il travaille le soir dans son arrière-boutique, après le départ de ses deux employés. Il en a livré quelques-unes à un marchand de tissus de la rue Desaix, au numéro 23.
Perquisition. Saisie de trois engins explosifs de fabrication artisanale. Stupeur du commerçant.
- Je croyais que c'étaient des boîtes de conserve oubliées par un client.
Jamais il n'avouera l'origine des engins de mort.
- C'est une machination contre mon client, proteste son avocat.
Le pharmacien, lui aussi est blanc comme neige, il ne connaît pas le marchand de la rue Desaix.
- Produisez le témoin qui a vu Ben Smaïn se rendre rue Desaix au numéro 23, intime le juge à la police.
- Il n'est pas d'usage de présenter nos informateurs.
- Vous ne nous faites pas confiance ? s'irrite le juge. Je l'entendrai sans témoin.
Puisque la loi prévaut sur les usages policiers, Si Arezki, de nuit, rasant les murs, se rend au palais de Justice, raconte son histoire au juge, rentre chez lui. Trois jours plus tard, à l'aube, on le découvre au fond d'une impasse, gisant dans son sang, une pancarte plantée dans sa gorge béante: "traître".
 Les deux femmes de Si Arezki éprouvaient pour leur protecteur un réel attachement; un crime, chez les Ouled-Naïls, reste rarement impuni. Elles décident de le venger, identifient sans beaucoup de difficulté son assassin, un autre souteneur. Elles l'attirent dans un guet-apens, lui ouvre l'une le ventre, l'autre la gorge, puis satisfaites, repartent pour leurs montagnes de l'Atlas saharien où la rébellion n'est encore qu'une rumeur . Le milieu fidèle à la police regimbe, ses rivaux collaborateurs du F.L.N. se font de plus en plus impitoyables.
Une trentaine de cadavres jalonnent l'année 1956, un an d'une résistance honorable. Bien des milieux intellectuels ou commerçants capituleront beaucoup plus vite.
 Début 1956, le F .L.N., grâce à cette victoire, a gagné la bataille de la casbah. Il règne sur sa population, perçoit des impôts, rend sa justice, répand ses mots d'ordre, y tient même des réunions publiques. Invité par un comité formé d'hommes de bonne volonté l'écrivain Albert Camus, pied-noir d'origine, tient le 22 janvier 1956 dans la casbah, sous la protection d'un service d'ordre F.L.N. composé de tous les truands touchés par la grâce nationaliste, une réunion où il propose une trêve civile que ses hôtes, bien entendu, récusent aussitôt. Se rendant compte qu'il a été joué et le disant, Albert Camus n'insiste pas.
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