Agence France-Presse
Mollah Omar, chef suprême des talibans afghans en fuite depuis la fin 2001,
est mort, a annoncé le service du renseignement afghan.
La mort du chef suprême des talibans,
au pouvoir à Kaboul entre 1996 et 2001,
faisait l'objet de rumeurs grandissantes ces derniers mois en raison
de l'absence totale de message audio ou vidéo de sa part.
Dans leurs messages officiels, les talibans sont eux
toujours restés silencieux sur son sort.
Le dernier message attribué au chef taliban était un communiqué écrit
envoyé à la mi-juillet juste avant l'Aïd el-Fitr,
la fête qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan,
où il donnait son assentiment implicite au dialogue avec Kaboul, jugeant que les
«contacts pacifiques avec les ennemis ne sont pas interdits».
«La rumeur de sa mort a commencé à circuler la semaine dernière dans les rangs talibans,
lorsque pour la première fois, son message de l'Aïd-el-Fitr
nous est parvenu uniquement par écrit»,
a expliqué à l'AFP le responsable taliban qui a évoqué sa disparition.
(Crédit photo: Courtoisie) L'annonce de l'éventuelle mort du chef des talibans intervient
quelques semaines après une première prise de contact
officielle en vue de pourparlers de paix entre sa rébellion
et le gouvernement de Kaboul,
qui n'a toutefois pas fait cesser le conflit sur le terrain.
Si ce décès était confirmé, il risquerait de rebattre les cartes talibanes
dans ce processus, alors qu'une seconde prise de contact entre Kaboul
et les rebelles est prévue ces prochains jours,
au Pakistan selon les dernières rumeurs.
Les rebelles afghans ont toujours officiellement
posé comme préalable à toute négociation de paix
le retrait d'Afghanistan de l'ensemble des soldats étrangers,
qui les ont chassés du pouvoir à la fin 2001 et soutiennent
le gouvernement pro-occidental de Kaboul.
Mais ils forment également une rébellion éparpillée,
entre la nouvelle génération de commandants qui continuent
de se battre sur le terrain, et les anciens cadres du mouvement exilés depuis 2001,
eux-mêmes divisés.
Les premiers contacts avec Kaboul ont ainsi mis en lumière
de profonds différends entre des cadres talibans
exilés au Pakistan, et ceux du «bureau politique»
exilés au Qatar et qui accusent les premiers d'être téléguidés
par le gouvernement pakistanais.
Les contacts n'ont pour l'heure eu aucun effet sur le terrain,
où les talibans ont même intensifié leurs attaques cette année.
L'absence et le mutisme du mollah Omar ont enfin contribué
à pousser certains combattants talibans,
encore très minoritaires, à faire allégeance au groupe Etat islamique (EI),
nourrissant l'inquiétude parmi les cadres dirigeants de la rébellion afghane