Pour Glaive, afin de faire un rappel de cette guerre qui dura plus que de raison
Carte du Nord du Maroc indiquant les territoires sous protectorat espagnol. Opérations militaires
Soulèvement d'El-Raisuni
Le commandant espagnol Manuel Fernández Silvestre souhaite devancer une éventuelle poussée française vers Tanger et Larache.
Il va se heurter à un chef de guerre local, Mohammed ben Abdallah el-Raisuni.
Ce chef irrite les puissances occidentales par les enlèvements d'otages étrangers libérés contre rançon (il menace la route de Tetouan).
Après les combats de Oued Ras et Benisidel, il échoue contre Alcazarquivir défendu par Gonzalo Queipo de Llano.
Des combats se livrent sans arrêt dans la Jebala mais la région de Melilla s'agite. Les versants du Djebel Gurugu sont menacés en 1916.
Anoual
Le 20 juillet 1921, l'armée espagnole fit face aux rebelles,
mais fut battue, ce qui fut le départ du projet de Mohamed Abdelkrim El Khattabi,
dit Abd el-Krim.
Les Rifains, organisés dans une armée de libération du monde musulman,
s'attaquent à l'Espagne et à la France.
Le général Manuel Fernández Silvestre disposait alors d'une puissante armée
forte de 60 000 soldats espagnols pour contrer la tribu des Aït Ouriaghel
à laquelle s'allièrent les tribus Ait Touzine, les Aït Ghannou et Temsamane.
Le 21 juillet 1921, il subit une écrasante défaite ou périrent 12 000
de ses hommes au cours de la bataille d'Anoual.
Suite à cette défaite humiliante,
le général espagnol se suicida le 22 juillet 1921.
Les vainqueurs s'emparent des armes et traitent les prisonniers avec une extrême rudesse[5]
Les espagnols abandonnent l'arrière pays à Abd el-Krim lui permettant de fonder la République du Rif.
Après Anoual
Après la victoire spectaculaire d’Anoual,
Abd el-Krim renforça son pouvoir en créant un État, la République du Rif,
avec un gouvernement et une administration centralisée.
La République du Rif fut dotée d’une Présidence dévolue à Abd el-Krim el-Khattabi,
d’une Délégation générale attribuée au frère d’Abd el-Krim, M’hamed el-Khattabi,
d’un Ministère de la Guerre dirigé par Ahmed Boudra,
de l’Intérieur conduit par le caïd Lyazid,
des Affaires Étrangères octroyé à Azerkane,
des Finances donné à Abd es-Salam el Khattabi,
de la Justice et de l’Instruction confié au faqih Zerhouni.
Ces institutions étaient renforcées par l’application de la Charia islamique
qui interdisait les affrontements entre les différentes tribus
au sein de la République.
Cela était particulièrement important dans une région marquée
par les solidarités claniques et où la logique de la vendetta
se substituait souvent au droit. De plus, une intense action d’éducation
était menée par des cadis et des fouqaha chargés d’expliquer
le sens de la lutte et de mesures telles que l’interdiction du thé ou du tabac.
L'armée était calquée sur le modèle de l'ancienne armée marocaine.
Les formations militaires, fortes de vingt à trente mille hommes,
âgés de 16 à 50 ans, étaient divisées en « centuries »
et subdivisées en groupes de vingt cinq à cinquante hommes assez bien équipés
en armes saisies à l’ennemi ou achetées à l’étranger.
La république du Rif
Il réunit ainsi les chefs tribaux, qui organisèrent la résistance
par la création de la République confédérée des tribus du Rif
le 1er février 1922. Abd-el Krim devint président de la République.
Néanmoins en ne se déclarant pas sultan,
et en ordonnant aux imams du Rif de faire la Joumouaa (prière du Vendredi)
au nom du sultan Moulay Youssef (successeur de Moulay Abd al-Hafid),
Abdelkrim ne remit jamais en question l'autorité du roi,
et ancra la révolution dans une future révolution nationale marocaine
ayant pour objectif de sortir à terme le monde musulman
de la colonisation occidentale[6].
De nombreuses lettres de bonne foi restituant la beyaa
(allégeance) due au sultan parvinrent à Moulay Youssef.
Mais le risque élevé du projet d'Abdelkrim dissuada
le sultan qui craignait les réactions des occupants.
Intervention franco-espagnole
La France, la Grande Bretagne et l'Allemagne sentant leur projet colonial menacé
interviennent aux côtés de l'Espagne à partir de 1925.
La légion étrangère espagnole
Guerre du Rif, Le massacre du peuple rifain amazigh par les Regulares espagnols en 1922 Une guerre contre les Espagnols s'ensuivit et ils durent se retirer sur la côte. Ils n'occupaient plus, en 1924, que Ceuta, Melilla, Asilah et Larache. L’Espagne refusa progressivement d'exposer ses conscrits, envoyant à la rescousse au Maroc surtout les Regulares et en septembre 1921, la Légion étrangère espagnole, d'abord commandée par Millán-Astray puis par Franco. Ce dernier se retrouve à la tête de deux banderas puis à la tête du Tercio[7].
Comme commandant de la 1re Bandera, il engage le combat à Dar Drius en janvier 1922. Il contient les Rifains qui menaçaient Melilla. Puis la bandera sera engagée contre les positions rifaines et enlèvera à la baïonnette Tizi Azza. Le 5 juin 1923, le colonel Rafael Valenzuela qui commande le Tercio est tué en portant secours à Tizi Azza. Francisco Franco est nommé commandant du Tercio le 8 juin 1923. Il battra les rebelles d'Abdelkrim le 22 août suivant à Tifaruin, à l'est de Melilla.
Guerre chimique
Article détaillé : Armes chimiques dans la guerre du Rif.
À ce moment débutèrent les bombardements chimiques : d'après le général de l'aviation espagnole Hidalgo de Cisneros dans son autobiographie Cambio de rumbo[8], il fut le premier à larguer une bombe de 100 kilogrammes de gaz moutarde depuis son Farman F60 Goliath au cours de l'été 1924, arme chimique fabriquée avec l'aide du chimiste allemand d'Hambourg Hugo Stoltzenberg[9].
Les descendants des Marocains qui ont souffert de cette guerre chimique (études épidémiologiques avec taux de cancers plus élevés) entre les années 1921 et 1927, regroupés en associations de Rifains, portent depuis leur cause jusqu'au Cortes espagnol pour demander des indemnisations.
Intervention française
En décembre 1924, le Tercio couvre la retraite de Xauen. L'Espagne cherche à négocier un accord avec Abdelkrim. Ceci déclenchera une insurrection générale en Yebala et en Gomara.
Abdelkrim attaqua alors par surprise la zone française. Cela entraîna immédiatement une alliance de l'Espagne avec la France. La France intervint pour venir au secours de l'Espagne et éviter la contagion au reste du Maroc, alors sous domination française. Des postes avancés furent installés par l'armée française, ce qui provoqua l'affrontement avec les troupes rifaines, écrasées lors de l'offensive française vers Fès pendant l'hiver et le printemps 1925. La France envoie en particulier le 64e régiment d'artillerie d'Afrique, qui, jusqu’en 1934, va prendre part à des opérations au Maroc : le Rif, la Tache de Taza, le Tadla, le Djebel Sagho, l’Anti-Atlas et le Draa[10].