Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
Sujet: Juillet 1962 "Souvenons nous" Ven Juil 24 2015, 22:28
Juillet 1962
Souvenons nous , il y a Cinquante trois ans , se préparait un "Drame" ,
Qui sera la Honte de la France .
Je vais mettre en ligne , chaque jours , du mois de Juillet 62
"Premier juillet 1962"
Conformément aux déclarations d'intention d'Evian, la fameuse autodétermination pose la question suivante: "souhaitez vous l'indépendance de l'algérie en coopération avec la france", oui ou non.
Le non visiblement n'implique pas le maintien sous la souveraineté française, mais l'indépendance sans coopération, c'est bien ainsi que les gaullistes et le FLN l'entendent. Aussi les partisans de l'algérie française qui disposent d'isoloirs (une minorité) votent nul ou blanc.
Ce référendum est un succès inattendu, six millions de oui sur quatre millions cinq cent mille inscrits au dernières listes électorales de 1961, dont des militaires qui n'avaient plus le droit de voter et des pieds noirs qui s'étaient réfugiés en métropole. Sans doute le vote du million cinq de martyrs, ressuscités pour l'occasion.
En tout cas le chiffre des inscrits sera rectifié à 6,1 millions, tout baigne, mais 99% de oui alors que les pieds noirs se sont enfuis, ça fait quand même totalitaire..
La bonne presse (le Monde l'Humanité, Libération, la Croix) saluent avec émotion ce nouveau triomphe de la démocratie.
Les pieds noirs qui sont restés, désireux de cacher tout ce qui pourrait énerver les fells, jettent leurs drapeaux français dans les poubelles. Il reste environ 370.000 européens en algérie à cette date, dont beaucoup d'hommes qui ont mis leur famille à l'abri le temps de voir venir.
Si les choses s'étaient bien passées, sans doute la communauté pied noire permanente de l'algérie indépendante aurait compté au moins un demi million de personnes.
Mais ça ne s'est pas bien passé :
Jean brune, " interdit aux chiens et aux français ", édition Atlantis :
Il n'est pas simple de raconter l'horreur.
Toutes les images qu'elle charrie semblent gonflées de boursouflures qui atteignent l'invraisemblance. On ne les croit pas tout à fait. Elles s'inscrivent aux frontières indécises de l'abstrait avec les monstres nés de l'imagination des artistes hantés par l'insolite. Elles paraissent une offense à un ordre et l'horreur est réellement cette injure.
Elle est cauchemar dont la mémoire ne garde souvenir qu'à travers des juxtapositions incohérentes mal liées par des traînées de sang.
La force militaire F.L.N. qui campait depuis six ans derrière les barrages installés le long des frontières de la Tunisie et du Maroc, ne s'était aventurée qu'avec beaucoup de précautions dans le chaos algérien livré aux clans armés.
Et dans sa prudente progression, elle avait instinctivement retrouvé les chemins des antiques invasions tracés par les cavaliers aux âges dorés de l'Islam.
Car dans cette bataille que l'Orient et l'Occident se livraient en Afrique depuis plus de trois mille ans, l'Occident abordait la vieille terre par les rivages déchiquetés de la mer et l'Orient l'envahissait par les steppes qu'embrasait le perpétuel incendie du soleil.
Les vagues de la Méditerranée avaient successivement poussé sur le Maghreb les marées romaines, vandales, byzantines et françaises; et l'A.L.N. retrouvait les routes de sable du Sud Constantinois ou du Sud Oranais par où étaient passés Okba.ben.Naffa ou les Almoravides et les Almohades.
A l'approche du 1er juillet 1962, apparurent les premières patrouilles par l'Aurès et le Hodna à l'est, et par les monts Amour et Tlemcen à l'ouest.
Sur l'immense territoire algérien évacué par les Français, surgirent en une génération spontanée que la France a connue en 1944, les combattants de la dernière heure, impatients de fêter dans le sang leur baptême de combattants et de se parer d'états de service de pillages et de tueries.
Leurs bandes anarchiques trouvèrent partout des complices dans les populations anxieuses de se faire pardonner dans des sauvageries inédites, les longues années d'hésitation entre les Français et les rebelles et les mille trafics que suscitent les guerres.
Partout ces foules primitives devinrent troupeau de bêtes féroces fouettées par des bestiaires sanguinaires. Partout elles connaissaient les hommes qui avaient accepté de recevoir des armes des mains des Français pour défendre leur hautaine dignité d'hommes libres; ou les harkis et les tirailleurs qu'une démobilisation honteuse avait rendus à leur famille et qui étaient naturellement revenus sur le rocher natal ou la steppe où ils avaient erré enfants derrière les troupeaux.
Elles se ruèrent sur eux.
A Iri-Llali, des hommes furent enterrés jusqu'aux épaules, et sur ces têtes posées au ras du sol, les femmes furent invitées à jeter des pierres; meute de mégères vêtues de robes rouges ou vertes, marquées de ces décorations géométriques qui disent le souvenir de Carthage.
La scène s'enfonçait dans les âges barbares, ressuscitant de vieux supplices d'Arabie. Certaines victimes, le crâne fracassé du premier coup, cessèrent vite de souffrir. Mais d'autres mirent des jours à mourir.
Leurs terribles plaintes effrayaient les troupeaux de chacals qui rôdaient flairant le sang.
Quand elles s'éteignirent enfin dans le silence des "djebels", il restait sur la terre piétinée des têtes posées sur des jabots et des collerettes de sang et dont les yeux vides regardaient la grande débâcle des nuages sur les crêtes.
Dans les Aurès, on coupa les mains et on creva les yeux des harkis et des tirailleurs abandonnés par les Français.
A Tiaret, on les attacha à des poteaux plantés sur les places publiques et on les fit écorcher lentement, à coups de canif, par des bambins, au centre d'un cercle d'hommes et de femmes qui battaient des mains.
Les gosses assez forts pour blesser, mais trop faibles pour tuer, frappaient et venaient essuyer leurs mains rougies aux robes des mères qui les renvoyaient au carnage et les tenaient parfois dans leurs bras pour leur permettre de porter plus haut que les jambes des coups plus douloureux.
Partout on fusilla, on mura dans des bâtisses de pierre, on brûla sur des bûchers de branches, on ébouillanta, on roua de coups des victimes enfermées dans des sacs, membres liés.
Dans le Nord-Constantinois, des femmes tuèrent des captifs à coups de dents.
Ni Mauriac, ni Sartre ne s'émurent, ni l'archevêque d'Alger...
Aucune des hautes consciences qui font résonner le monde de leurs sermons et tiennent toujours prêtes des pétitions couvertes de signatures, ne vit dans ces massacres la moindre atteinte à la dignité des hommes.
Il reste des chiffres partiels, mais qui, même tronqués, entrouvrent d'étranges meurtrières sur ce qui s'est passé en Algérie au cours du printemps et de l'été terribles de 1962.
Les épouses des hommes assassinés ont été baptisées "veuves de la libération ".
Il y en a sept cents à Boghari qui est un petit centre piqué aux limites des steppes présahariennes, et quatre cents à Aïn-Boucif qui est une bourgade. On compte sur le territoire algérien des milliers d'Aïn-Boucifs et des centaines de Bogharis.
Quand l'armée F.L.N. se fut rendue approximativement maîtresse de l'Algérie, elle collecta les survivants épars dans les bagnes et les poussa sur les anciens barrages où des milliers de mines restaient enterrées.
Un témoin m'a raconté des scènes entrevues sur ce chantier de mort.
Les prisonniers ne disposaient d'aucun outil, d'aucun appareil détecteur de mines. On les amenait en camion sur les lieux de leur supplice. On les faisait descendre à coups de crosse, sous les injures et les rires de leurs gardiens.
Puis les hommes en uniforme se campaient derrière eux à distance suffisante. Les captifs devaient gratter le sol de leurs mains pour en tirer les mines.
Ceux qui hésitaient ou ébauchaient un geste de fuite étaient abattus de quelques rafales. Les autres se penchaient sur la terre, la fouillaient de leurs doigts, essayaient de déterrer les mines détectées, sautaient avec, le plus souvent, déchiquetés, écartelés par l'explosion. On ne ramassait pas les morts, ni les blessés.
Ils pourrissaient simplement sur un charnier qui couvrait les pentes des "djebels ".
C'était l'hiver; l'hiver d'Afrique de pluie et de boue. D'autres témoins m'ont dit qu'ils ont entendu la plainte des hommes aux jambes déchiquetées traverser les jours et les nuits.
On les laissait agoniser, couchés sur leur lit de pierres et de terre mouillée. Leurs cris accueillaient les contingents de condamnés que les camions amenaient inlassablement sur le chantier de l'épouvante.
L'Afrique était rendue une fois de plus à la malédiction qui pèse sur elle... à ce goût des hécatombes.
Jean Brune. Interdit aux chiens et aux français, éditions Atlantis
Situation à Tablat.
Origine B. .. Messaoud ben Rabah, ex-harki au 12éme B.I, Tablat, réfugié en métropole.
Le 28 juin Tablat vit partir les derniers militaires français (23éme RA.) dont certains officiers n'avaient cessé d'affirmer aux ex-supplétifs qu'ils n'avaient rien à craindre désormais.
Après avoir reçu assurance qu'ils seraient tous engagés dans l'armée française, seuls cinq d'entre les supplétifs furent engagés, célibataires, l'armée ne prenant pas en charge les mariés.
Un lieutenant du 23éme RA. ayant voulu aider les harkis à partir pour la France (il avait pris contact avec eux, leur demandant quels étaient ceux désirant rejoindre la métropole) fut muté par ses supérieurs.
Le 1er juillet au matin, les manifestants, encadrés par les éléments de l'A.L.N., encerclèrent la cité harki de Tablat.
Ils jetèrent hors des maisons les familles de harkis.
Cinquante à soixante harkis furent alors entravés et livrés à la vindicte de la foule, les femmes piétinèrent ces hommes, certaines enfonçant des tiges de fer dans le visage de ces malheureux. D'autres découpaient des morceaux de chair sur le corps des suppliciés et les leur mettaient dans la bouche. Puis le cortège traîna ses victimes à travers la ville. Enfin ils furent jetés dans les locaux de l'ex-2éme Bureau.
Ils y restèrent quatre jours après avoir été ressortis quotidiennement pour des "promenades" en ville.
Enfin ils furent exécutés par l'A.L.N. aux fractions Zemmala et Beni- Jouglal.
B. fournit la liste ci-dessous des harkis dont il se rappelle les noms et qui furent assassinés en cette occasion.
Lui-même perdit trois frères et sa mère.
Il signale que le harki EMRI Amar fut assassiné en compagnie de son épouse et de ses deux enfants (5 et 2 ans I/2). Le juge de paix européen de Tablat fut témoin des "manifestations" mais n'intervint pas.
Les gendarmes firent une intervention auprès de l'A.L.N. mais furent éconduits.
Sur 70 harkis qui servaient à Tablat, B. affirme qu'il n'y a que 10 survivants: 5 engagés par le 23éme RA., 5 actuellement au camp de X ... Rabah ben Ahmed, ex-harki au I2e B.I.
Se trouvant en ville à Tablat au moment de la manifestation du premier juillet, sur dénonciation d'enfants qui se trouvaient en tête du cortège il fût reconnu comme harki et maltraité.
Grièvement blessé (larges plaies à la tête dont il porte les significatives cicatrices), il fut laissé sur le trottoir, ainsi qu'ALOUANI Saïd actuellement à X ... qui pour les mêmes raisons avait subi le même sort.
Quelques instants plus tard une voiture de l'A.L.N. le récupéra ainsi que son camarade et les transporta à l'hôpital d'Aumale. Là, ils furent mis dans une chambre et laissés sans soins. Des militaires de l'A.L.N. avaient donné ordre de les laisser se "déchoquer" afin qu'ils puissent être interrogés.
Deux soirs de suite ils reçurent la visite de "types énormes" qui se contentèrent de constater qu'ils n'étaient pas encore en "bon état".
Enfin le troisième jour, grâce à la complicité d'une infirmière européenne qui les fit sortir de l'hôpital, ils purent se réfugier dans la caserne du 23éme R.A. où ils furent soignés puis dirigés sur Téfeschoun.
Avant de partir pour Téfeschoun les militaires du 23éme R.A. les avaient escortés à Tablat pour récupérer la famille. Mais celle-ci (épouse, mère et un neveu)avait été enlevée par l'A.L.N.
HANAFI Salah ben Salah, caporal harki au 12e B.I., Tablat, assassiné le 1er juillet.
EMRI Amar ben Hamdat, harki au 12e B.I., Tablat, assassiné le 1er juillet ainsi que son épouse et deux enfants (5 ans et 2 ans 1/2).
FELLAH Mohamed ben Mohamed, harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet, son épouse s'est suicidée.
ROUBAI Mustafa ben Hocine, harki au I2e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat.
FELLAH Armed ben Mohamed, harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat.
FELLAH Lounès ben Mohamed, harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat.
BRADAT Ahmed ben Rabah, harki au 12e B.I., assassiné le 3 juillet à Tablat, son épouse NAHALI Messaouda et ses deux enfants (4 ans 1/2 et l mois 1/2) ainsi que deux enfants de sa sœur ont été assassinés après tortures et "promenades" devant la population.
GUELATI Ahmed ben Lakdar, harki au 12e B. I., assassiné le 7 juillet à Tablat.
ALLEM Ahmed ben Ali, sergent-chef harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat.
BRIEDJ Ayache ben Rabah, harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat.
BRIEDJ Ghallia ben Slimane, épouse de BRIEDJ Rabah, tuée le 1er juillet à Tablat (mère du précédent).
BRIEDJ Slimane ben Rabah, harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat (frère de Briedj Ayache).
BRIEDJ Amar ben Rabah, 15 ans, frère du précédent, assassiné le 1er juillet.
OMARI Saïd ben Hamadi, caporal harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat (beau-frère du précédent).
DERROUICH Tahar ben Mohamed, caporal harki au 12e RI., assassiné le 1er juillet à Tablat.
OULACHE Ali ben Mouloud, caporal harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat.
OULACHE Mohamed ben Mouloud, harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat.
OULACHE Rabah ben Mouloud, harki au 12e RI., assassiné le 1er juillet à Tablat.
GUESSAB Moussa ben Amraoui, harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat, ainsi que sa mère.
GUESSAB Ahmed ben Amraoui, harki au 12e RI., assassiné le 1er juillet à Tablat.
NOURI Messaoud ben Menouar, harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat.
NOURI Amar ben Rabah, sergent harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat.
NOURI Kaddour ben Rabah, harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat.
NOURI Mustapha ben Rabah, harki au 12e RI., assassiné le 1er juillet à Tablat.
RAHALI Ali ben Amar, caporal harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat.
RAHALI Ahmed ben Amar, harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat.
RAHALI M'Ahmed ben Amar, harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat.
RAHALI Mohamed ben Amar, caporal moghzani, S.A.S. de Tablat, assassiné le 1er juillet.
DAOUDI Mohamed ben Ahmed, harki au 12e B.I., assassiné le 1er juillet à Tablat.
DAOUDI Mohamed ben Ahmed, harki au 12e RI., assassiné l le 1er juillet à Tablat.
"Dimanche 1er juillet. - Les drapeaux sont ostensiblement jetés aux ordures, sur les poubelles, par tout le monde, vainqueurs et vaincus.
Fête du Précieux Sang qui rachète et purifie le monde et qui donne sa valeur à celui des hommes.
Qu'en son nom soient lavées les flaques sombres de nos rues. Messe extraordinaire au milieu de gens crucifiés, exténués de souffrances, de fatigues et d'émotions, dont les réponses sont des sanglots, mais la sueur celle de l'acceptation et de l'offrande.
À la fin, impressionnantes litanies du Précieux Sang.
Soirée hier, longue et bruyante. Concerts musulmans de casseroles, dans certains quartiers, défilés et réjouissances.
L'amertume de ce jour historique est encore accrue par la dispersion des familles.
Les uns, les moins suspects, sont en France. Les autres, ceux des commandos et des maquis, commencent en Espagne et ailleurs une vie de parias.
Certains croient pouvoir obtenir un jour le pardon des Arabes et revivre ici.
Personne ne songe à un pardon de la France et si on y va, ce ne sera que pour combattre.
Après la vie de bête traquée embrassée pour l'honneur, la honteuse perspective du camp de concentration à perpétuité garde très vive la plaie des familles.
Un Européen hier est emmené par un ancien ami musulman en Ville Nouvelle. "Viens voir que vous n'avez plus à craindre. Regarde ce qu'on fait aux coupables" ...
Et il montre sur une place neuf pendus musulmans, ajoutant: "Le moindre voleur signalé a la main coupée."
À 11 heures, je vais me recueillir au monument aux Morts.
Quelques personnes font tristement comme moi . Le vieux docteur X. est là avec sa rosette de la Légion d'Honneur. Quelques drapeaux ont été jetés sur la pelouse. Les rues, tout autour, sont jonchées de saletés et de verre cassé. À côté, les ruines calcinées de la clinique Larribère qui fut un vieil et bel hôtel de la conquête.
Accoudés derrière le monument, à la balustrade du Front de Mer, nous regardons les vestiges du port pétrolier, immenses flaques noires, hangars et bâtiments en ruines, champ de tôles tordues. Et nous songeons à l'universelle réprobation qui pèse sur nous; et que nous avons accepté au départ d'avoir tort si nous perdions. Et pourtant non, nous ne pouvons pas baisser la tête, absolument pas.
Ce n'est pas à nous.
En rentrant, je vois M. W., l'admirable responsable du Secours Catholique, l'homme extraordinaire qui tient tête à tout, aux prises avec un brave lieutenant qui lui dit:
"J'ai là dans mon camion 28 Arabes menacés qu'il faut rapatrier d'urgence. Chargez-vous-en, en attendant un bateau." M. W. bondit:
"Comment! Et l'armée?
- L'armée ne peut plus les protéger. Nous ne pouvons plus rien. Tâchez de les cacher ici.
- Alors tuez-les tout de suite. Ils en auront plus vite fini", réplique M. W. indigné en secouant le lieutenant à deux mains par sa vareuse. Puis il va lui chercher des provisions pour ses types qui repartent, Dieu sait où, transbahutés dans leur camion bâché.
Comment les protégerait-on, dans la foule d'un centre d'accueil contre la force locale ou le F.L.N. qui fouillent partout?
Comme à peu près tous les Français qui sont ici et qui font contre mauvaise fortune bon cœur, je vais voter l'après-midi dans la pièce la mieux conservée et la moins calcinée, mais sans portes ni fenêtres, de l'école de Saint Eugène la moins abîmée. C'est la loge du concierge. Le bureau et le service d'ordre sont exclusivement composés de C.R.S. en tenue et en civil
Dès aujourd'hui les gens sont au marché en Ville nouvelle.
On y trouve les tomates à vingt-cinq francs alors qu'elles sont à cent soixante ici. Les pommes de terre y sont à quarante-soixante et ici à cent.
À Saint- Eugène cet après-midi, les gens sont encore bien réticents.
Nous en discutons, deux prêtres et quelques messieurs, et nous décidons brusquement d'inviter ostensiblement les premiers Arabes qui passeront à proximité. Il faut donner le branle du dégel au quartier.
Les trois premiers se sont peureusement avancés à 19 heures, au moment de la sortie des enfants. Nous nous mettons dans la rue et faisons de grands signes. Ils approchent.
Les enfants se serrent. Les gens regardent, tous sur le pas des portes. Ce sont trois hommes d'une quarantaine d'années, d'aspect à peu près convenable. On les fait rentrer, on sort des tasses et des biscuits, on prépare un bon café.
La conversation démarre péniblement, mais s'anime tout doucement et bientôt tout le monde se serre les mains avec effusion, des larmes dans les yeux. Et, carrément on se met à parler de la réconciliation sous le signe d'Allah.
J'en profite pour leur demander le programme des réjouissances de ces jours-ci.
Le défilé et la grande fête sont pour jeudi 5. Ils ont hâte de reprendre le travail, mais ils vont trouver toutes les entreprises fermées, pour "congé payés".
Ils sont de Victor-Hugo, travaillaient, il y a trois mois, chez un Lopez du quartier, et allaient lui rendre visite. Nous leur glissons qu'il nous faut maintenant, eux et nous, fermement veiller sur les jeunes, pour les empêcher de faire des bêtises.
Ils sont bien d'accord, et affirment que les leurs, ils les ont bien en mains. Deux sont sincères et spontanés, le troisième sent un peu le bourrage de crâne et les grands mots. Donc, touchantes congratulations au vu de tout le quartier.
Et comme nous n'avons jamais été suspects d'aucune compromission, on nous suivra sûrement.
Pendant ce temps, place des Victoires, c'est moins chaud.
Les musulmans font des défilés en voitures et tournent en rond, brandissant leurs drapeaux, le rouge, celui de l'A.L.N. et le vert, celui du F.L.N.-G.P.R.A. Pour l'instant, on brandit encore les deux dans la même voiture, un à chaque portière.
Dieu sait s'ils ne se battront pas bientôt l'un contre l'autre.
Des jeunes Européens n'appréciant pas le manège se resserrent par groupes. 21 h 30. Rafales et coups de feu. Mais ce doit être la fantasia... Quelques minutes plus tard, grosses explosions. Fantasia toujours, j'espère, puisqu'à 22 heures il y a dans nos rues un grand concert musulman de klaxons.
Personne ne bronche tout d'abord mais, à minuit, heure du couvre-feu, cela ne semble pas vouloir s'arrêter. Alors, brusquement, à minuit 5, violente fusillade un peu partout dans la ville avec quelques coups de canon ou de bazooka, pendant un quart d'heure.
À minuit 20, un peu de calme suivi d'une nouvelle tentative de défilé concert, définitivement stoppée par quelques coups de fusil. Enfin, nuit calme, mais chaleur et moustiques. Fantasia? Services d'ordre? Que m'importe!
La Maison est celle de la Charité. Elle est ouverte à tous. Elle reçoit même les bêtes traquées, sans leur demander quel est le fauve qui les poursuit.
Elles ne le savent d'ailleurs souvent pas. Il y en a tant, entre les gouvernements français (Ve RF.) et algériens (F.L.N. ; A.L.N. ; G.P.R.A. ; M.N.A.); leurs polices officielles et parallèles, l'Exécutif provisoire, les tueurs à gages et les gangsters isolés!
Les familles de la police de Saïda sont toujours ici. L'armée n'est pas très chaude pour obéir aux préfets musulmans. Il est bien temps de faire le difficile.
Toute la matinée, défilé de klaxons musulmans.
Chacun son tour. Algérie Ya-Ya. Le centre, notamment aujourd'hui notre place des Victoires, est très animé et fréquenté par des Arabes presque décontractés.
Des groupes de jeunes, brandissant des drapeaux algériens et hurlant, passent, accrochés sur des voitures, des camions et des vélos.
Les Européens sont submergés, certains encore suffoqués par la promptitude du dégel. La plupart, au fond, sans l'avouer, sont, je crois, contents. Et n'importe qui, sauf bien sûr la radio pourrait vérifier une fois de plus qu'il n'y a pas tellement de racisme en eux.
Mais c'est très pagaille, et sans aucune police ni service d'ordre, et toujours à la merci du fou qui tirerait un coup de feu.
Les musulmans sont assis dans les squares, debout dans les bars et aux guichets des postes, badaudant partout, et, somme toute, leur aspect n'est pas tellement misérable. Ils sont sur leur trente et un, c'est-à-dire présentables.
Cet air de détente et de kermesse donne une envie folle d'aller se promener à la campagne, de voir des champs, des bêtes, du calme.
Le docteur X., vu ce matin, n'a toujours aucune nouvelle de son fils enlevé il y a trois semaines. Il est pessimiste et me fait remarquer le caractère presque exclusivement communiste de notre récente campagne électorale.
Saint- Eugène est décidément un des quartiers où les musulmans viennent encore avec le plus d'appréhension.
Sa réputation est bien faite.
Visite d'un speaker pirate des émission O.A.S. d'antan, qui cherche un gîte. Qui cherche trouve. Suicide du général de Larminat. Crise A.L.N.-G.P.R.A.
Un commandant, en passant avenue Loubet, vient de faire ramasser par quelques soldats et déposer aux monuments aux Morts les drapeaux des poubelles. À la grille du monument, un drapeau est accroché, qui passera la journée là.
Peint dans le blanc, le mot: Honte.
Rencontré ce soir un jeune ménage d'ardents pieds-noirs. Lui, instituteur. Elle, à la B.N.C.I."Nous partons demain, me disent-ils.
Sans doute pour Madagascar. Jamais nous ne pourrons nous habituer à cette vie."
Les autres sont, en effet, en pleine liesse, et la discrétion n'est pas leur fort. Ça sent énormément les bandes de Castro.
Armés jusqu'aux dents, brandissant des drapeaux, poussant des hurlements, sillonnant maintenant toutes les rues. Même les femmes habillées en vert, et juchées sur des capots de voitures serinent des rengaines en tapant dans leurs mains.
Personnellement, tant que ce n'est que ça, je n'y vois pas de mal. Mais il paraît que des Européennes s'évanouissent de frayeur.
Toute la journée la force locale prend possession des commissariats, et les commissaires français sont fouillés à l'entrée par leurs anciens sous-brigadiers. Michel de Laparre "journal d'un prêtre en algérie" ISBN 2-84764-019-3
A Paris le FLN prend le contrôle de la population immigrée, il a ses hommes portant armes et brassard apparent dans les rues, il encadre les votants, qui votent dans des lieux aménagés spécialement, ses tribunaux siègent sans désemparer de façon ouverte, et condamnent sans répit, y compris à mort, les algériens qui ont été tièdes ou ennemis.
Longtemps après Ben Bella s'en plaindra : "cette fédération séquestre dans les caves ; elle soumet à la torture ceux qui se refusent à payer leurs cotisations ; elle continue à employer en temps de paix les méthodes de guerre.
" Il est vrai que la fédération de france était pro GPRA contre lui, Ben Bella et le groupe de Tlemcen.
"2 juillet 1962"
Le général de Larminat s'est suicidé dans la nuit.
Compagnon de la libération (grand chancelier de l'ordre) il devait présider le tribunal nouveau (cour martiale de justice) qui remplace le haut tribunal militaire, jugé trop aimable avec les factieux.
Larminat n'avait pas présidé la première séance qui avait condamné une semaine avant de lieutenant Degueldre à mort, pour raison de santé.
Malgré diverses hypothèses autres, l'opinion générale est que de Larminat n'a pas voulu participer à cet hallali judiciaire.
En algérie, le bled débarque dans les villes, les appartements des européens sont pillés, leurs voitures volées, ceux qui protestent assassinés ou "enlevés".
Les statues et autre monuments aux morts sont détruits (très particulièrement la statue de Jeanne d'arc sur le forum d'Alger, qui est coupée en morceau, souillée et ridiculisée) (aussi le monument aux morts- toutes religions confondues- d'Alger coulé dans le béton, il y est toujours, les morts pour la france camouflés) , les églises sont profanées, un vice-consul de france à Alger est sodomisé en public par plusieurs personnes, ainsi que quelques soldats français qui étaient sortis.
Les français de métropole partent en vacances, ce qui encombre les bords de mer, et oblige le gouvernement à envoyer dans le nord et l'est les plus démunis des réfugiés débarquant à Marseille.
On publie le bilan de l'O.A.S., 900 tués, essentiellement musulmans.
Le F.L.N. a tué par attentat (en dehors des actions de guerre) 10.000 européens, 50.000 musulmans et il est en train de liquider 3000 autres européens et 150.000 autres harkis, on voit bien qui était le plus fort et méritait de gagner.
"3 Juillet 1962"
Le GPRA s'installe à Alger (au rocher noir) et entre immédiatement en conflit avec Ben Bella, Boumedienne et les militaires (le clan de Tlemcen) .
Professeur émérite membre de l"institut Bruno ETIENNE plutôt favorable a l'indépendance de l"Algerie / reference "culture et revolution " ed du seuil 1977 / indique :" Le groupe opérationnel de Cheir-Belkacem commandant du camp A de Dar Kaddani (Maroc) est entré à Oran dans les premiers jours de Juillet 62 . C 'est lui qui parait responsable des massacres et des disparitions du 5 juillet a Oran"
Pour stigmatiser le manque de coopération de la france, Ben Khedda invite les journalistes dans son bureau et montre les téléphones de diverses couleurs qui ne fonctionnent plus, et même dont certains sont brisés. Dans son premier discours le président du GPRA, Ben Khedda, en appelle au peuple contre la dictature militariste dont rêvent certains.
De gaulle reconnaît officiellement l'indépendance de l'algérie, et d'un trait de plume supprime les mandats des 102 députés et sénateurs élus d'algérie, violant ainsi une fois de plus sa propre constitution qui soutient que "les élus sont les élus de la nation". (et pas d'un territoire). Innombrables manifestation de joie dans toute l'algérie, les foules en délire hissent le drapeau sur tous les bâtiments publics, les femmes françaises sont violées, les hommes enlevés, les militaires chargés de protéger la population européenne restent dans leurs casernes, les musulmans partisans de la france sont assassinés dans des délires d'imagination (à la tenaille, au gros sel, on leur fait manger leurs décoration, on les enterre vivant et on passe une moissonneuse batteuse sur les têtes qui dépassent, on les attache et on les laisse mourir de faim et de soif, ceux qui viennent les soulager sont tués à leur tour, on les fait bouillir dans des fûts de 500 litres,) bref une fête pas croyable et particulièrement pittoresque.
Les troupes de Boumedienne qui soutiennent Ben Bella entrent en algérie depuis le Maroc et la Tunisie, et, selon les régions, se heurtent aux fidèles du GPRA, des accrochages ont lieu.
DJOUADJA Bouaza,. Harki capturé le 03 07 1962 à l'indépendance par le F.L.N. Libéré le 26-07-1963 par la Croix Rouge. A la carte verte de prisonnier.
BEN RETINA Mabrouk, Affecté au 24e R.I.Ma, fait prisonnier le 03-07-1962 par le F.L.N. en Oranie, détenu à Oujda (Maroc). Il s'évade le 07-09-1965, trois ans après l'indépendance.
BOULEFRAD Djilali, Au 5e R.C.P., fait prisonnier le 03-07-1962, à l'indépendance du pays. Il s'évade le 11-06-1963, pensionné à 50 %, a la carte verte de prisonnier.
LOUGMAHARA Hayachi, 61100 FLERS. Prisonnier du F.L.N. le 03-07-1962, et libéré en 1969 par la Croix Rouge,
Jean Lanzi poursuit a la radio (france inter)
« 28 militaires européens, sous-officiers ou gendarmes appartenaient pour la plupart, a des unités de la force locale de l’ordre Algérienne qui ont désertés dans la nuit de dimanche a lundi. Ces militaires étaient manquants, hier soir.
Ces militaires appartenaient pour la plupart, à une unité stationnée à Guyotville, dans la banlieue, à l’ouest d’Alger.
Explication de ces disparitions,
- Ces sous-officiers ont été fait prisonnier par leurs troupes »
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Sam Juil 25 2015, 11:40
"4 juillet 1962"
Dans le chaos qui a marqué les derniers jours de l'algérie française et les premiers jours de l'algérie indépendante il est impossible de donner une chronologie ou des faits précis, les systèmes de recueil d'information ont disparu, les villes et villages sont abandonnés, les meurtres (plus de 150.000 personnes assassinés pour leur engagement politique ou pour leurs opinions- près de 10 % de la population mâle adulte, une saignée du même ordre de grandeur que 14/18 pour la france) les enlèvements (plus de 5.000 français d'algérie ont disparu après l'indépendance, dont 200 militaires, jamais rendus mais jamais officiellement réclamés) ne sont pas connus au jour le jour.
Aussi j'arrêterai le compte rendu quotidien de cette année 62 le 6 juillet.
BENCHENA Abdelkader,. Au G.M.S. 5, capturé le 04-07-1962 aux environs d'Alger, détenu par le F.L.N., libéré (ou évadé ?) le 10-07 -1964. A la carte verte de prisonnier.
Les chiffres officiels de ce drame, en ce qui concerne les militaires, sont les suivants :
- 1.101.000 appelés ont servi en Algérie.
- 379 d'entre eux sont passés au F.L.N.
- 7000 ont été tués au combat (l'essentiel dans les troupes de choc, paras, troupes du barrage, légion), y compris les 192 prisonniers exécutés par le FLN.
- 13700 ont été blessés au combat ou dans des attentats.
- 16800 ont été blessés par accident.
A Paris l'assemblée se prépare à exécuter Bidault, ancien successeur de jean Moulin à la tête du conseil national de la résistance, ancien chef du gouvernement provisoire, ancien Premier ministre de la quatrième, ministre quasi inamovible des affaires étrangères.
Il s'agit de le priver de son immunité parlementaire, la commission d'enquête du parlement n'avait que des délits d'opinion à se mettre sous la dent, aussi elle rejeta le chef de "prétendus rapport entre l'O.A.S. et le président Bidault".
Elle demandait au gouvernement, "s'il traduisait Bidault en justice, qu'il le fût devant un tribunal normal et non d'exception" comme c'était la règle à l'époque pour les "fachistes".
Mais De gaulle ayant éliminé les députés de l'algérie française avec celle-ci a enfin une majorité pour punir son adversaire, qui disait "nous verrons de notre vivant De gaulle en haute cour".
Encore un homme qui n'avait pas mesuré les méfaits des médias sur la démocratie.
"5 juillet 1962" Le cinq juillet 1962 marque la détermination formelle de toutes les tendances F.L.N. de faire partir les français d'algérie, contrairement aux déclaration d'intention d'Evian, mais conformément à toutes les déclarations de ses dirigeants ("la valise ou le cercueil").
En effet, Oran, ville en grande majorité européenne (la seule en 1962) peuplée pour beaucoup de descendants d'espagnols n'ayant aucune attaches en métropole, entièrement contrôlée par l'O.A.S., n'avait pas subi l'exode de la plupart des villes d'algérie.
Il était donc nécessaire de faire peur à ses habitants, comme en son temps l'irgoun terrorisait les palestiniens.
Fin Juin, les autorités militaires du général Katz, qui menait depuis plus d'un an une guerre exclusive contre l'O.A.S., faisait proclamer par hauts parleurs: "Oranais, oranaise, n'écoutez pas ceux qui vous mentent,... l'armée est ici pour trois ans pour protéger vos biens et vos personnes..."
La lutte de Katz avait été un plein succès politique, les commandos de l'O.A.S. s'étaient repliés en Espagne.
Au point de vue administration, c'était le vide complet, l'exécutif provisoire mis en place lors des déclarations d'intention d'Evian avait passé théoriquement le pouvoir aux représentants du Gouvernement Provisoire, toujours conformément aux déclarations d'intention d'Evian, mais dans la pratique personne ne les remplaçait et ils demeuraient (du moins ceux qui ne s'étaient pas déjà réfugiés en france) dans leur bureaux, sans consignes et surtout sans moyens d'action.
Les luttes d'influence au sein du FLN étaient considérables, les négociateurs d'évian avaient été condamnés et écartés du pouvoir lors de la réunion de Tripoli, mais ils s'accrochaient et le gouvernement provisoire (Ben Khedda), installé depuis l'avant veille au rocher noir près d'Alger craignait à la fois les chefs historiques relâchés par la france (contre son avis, il avait demandé du temps) et l'armée des frontières dirigée par l'ambitieux Boumedienne.
Ben Khedda avait également demandé à la france de ne pas ouvrir les barrages immédiatement, la france avait refusé.
Ben Khedda venait de destituer Boumedienne lequel avait refusé d'obéir et gardait son commandement, l'armée lui obéissant sans défections notables.
Ben Khedda, revenu à Alger, lance un appel à manifester pour le trois juillet, date officielle de la proclamation des résultats, comptant balancer les militaires par le poids de la foule.
Un certain nombre de manifestations et de défilés eurent lieu, en particulier une partie de la "force locale" ralliée au FLN, mais divisée entre les différentes tendances.
A Oran le FLN, apparemment rallié à Ben Bella, enfant du pays, installé à Tlemcen, fait défiler 6 katibas (moins de mille hommes), pour l'essentiel de la force locale ralliée.
Boumedienne de son coté avait décidé de faire franchir les barrages ouverts par l'armée française sur ordre de de Gaulle (contre la demande de Ben Khedda) à ses armées du Maroc et de la Tunisie.
L'armée du Maroc avait atteint Tlemcen, Ben Bella et Boumedienne y étaient installés et des éléments avancés, en particulier le groupe operationnel de Cheir-Belkacem se trouvaient dans la proximité d'Oran le cinq juillet, date anniversaire de la reddition du bey d'Alger en 1830, et de la fin de la régence.
Ben Khedda, de plus en plus inquiet, relance une manifestation dans toute l'algérie pour le cinq, qui reste cependant un jour ouvré.
Pour le 5 aussi, à Oran, le capitaine Bakhti (en fait Némiche Djelloul, ex postier à Oran, pilote écrit Harbi de l'équipe qui fit le hold up de la poste d'Oran en 1950) F.L.N. rallié au groupe de Tlemcen, a demandé une manifestation destinée à "concrétiser la réconciliation des européens et des musulmans".
La foule musulmane qui envahit le centre d'Oran est tout à fait calme quand vers 11 heures du matin des coups de feu partent.
Immédiatement, des éléments FLN en civil mais armés ameutent la foule au cri "c'est l'O.A.S., c'est l'O.A.S., défendez vous" et tirent non sur les toits, mais sur des sentinelles des troupes françaises qui se trouvaient là.
Celles-ci ripostent, des hommes en uniforme de l'ALN se joignent alors aux civils et déclenchent la piednoirade que l'on sait (2.500 morts ou disparus) et l'exode de ceux qui avaient décidé d'essayer de rester.
On rappellera que ces massacres n'ont pas seulement été le fait de la foule mais que les autorités (en particulier au commissariat central et au petit lac) y ont contribué de bon cœur.
Immédiatement, "pour garantir l'ordre" les troupes de l'armée des frontières viennent en masse occuper Oran elles nomment maire et préfet, donnant une base territoriale solide aux ambitions de Ben Bella et (comme l'avenir le montrera) de Boumedienne.
A qui profite le crime suffirait à pointer les soupçons vers les hommes de Boumedienne, mais il y a d'autres présomptions.
- à Alger, les 24 et 25 juillet un processus semblable a été mis en place, sans succès, et les auteurs de coups de feu, eux arrêtés étaient des membres de la depuis célèbre sécurité militaire de Boumedienne.
- de nombreux européens avaient été avertis par des amis musulmans de ne pas sortir ce 5 juillet, ceci étaye l'hypothèse d'une action concertée.
- l'arrivée de l'armée des frontières à Oran avait été organisée bien avant le 5.
- le FLN a trouvé comme bouc émissaire un incertain Attou, chef de bande incontrôlé, l'affaire a été médiatisée par le commandant Bakhti, ami de longue date de Ben Bella et organisateur supposé de la provocation.
Bouteflika, à l'époque, était conseiller militaire de l'armée du Maroc la conception de cette manipulation par lui est tout à fait hypothétique, mais il s'agit là typiquement d'une action dans son champs de compétence.
Quant à Attou on sait maintenant que les gendarmes l'avaient livré le 24 Avril à l'O.A.S. qui l'avait immédiatement exécuté, mais semble-t-il il y avait d'innombrables Attou.
Pour le reste, l'action engagée par les familles des victimes à l'égard du général Katz (qui disposait de 18.000 hommes et les a empêché de secourir les européens assassinés au faciès) (comme pendant toute la durée de la guerre) a été reportée au niveau européen, la justice française ayant rejeté la plainte au prétexte que les crimes contre l'humanité sont une spécificité de Nuremberg et que de toute façon, la loi française ne s'applique qu'en france et que les faits se sont passés dans un état indépendant.
Qu'en outre ces crimes "de guerre" sont couverts par l'amnistie, il oublie que la guerre est officiellement terminée depuis le 2 juillet, date à laquelle de Gaulle reconnaît la validité du miraculeux référendum et remet le pouvoir au FLN.
La cour européenne de justice a "jugé" en 2.001 que, l'algérie n'étant pas signataire de la convention des droits de l'homme elle n'était pas compétente.
Elle oublie que la plainte est contre Katz en particulier et la France en général, mais bon, les vaincus n'ont pas droit à la justice, sinon où irions-nous ?
La mort de Katz ne supprime pas les actions en cours, car elles attaquent toute personne ayant aidé à ce comportement passif (on pensait à Messmer, hélas lui aussi décedé).
Par ailleurs les avocats insistent sur les enlèvements de cette journée, d'innombrables personnes dont on est toujours sans nouvelle ce qui fait qu'il n'y a pas prescription, tant que les corps ne sont pas retrouvés.
On trouvera ICI http://www.algerie-francaise.org/katz/ un remarquable recension de l'action de Katz à Oran. et ICI http://popodoran.canalblog.com/archives/2011/08/10/11250833.html la remarquable enquête de : Jf paya
Il faut encore une fois rendre hommage au capitaine Kheliff, qui, désobéit aux ordres de Katz et sauva la vie de nombreux compatriotes.
Le capitaine Kheliff finit sa carrière, en france, comme capitaine.
Le général Katz a accumulé toutes les étoiles et les décorations.
Le lieutenant Khellif, à la tête de son unité mutée en totalité à la force locale- 430ème unité de la force locale- mais Kheliff n'a jamais accepté cette transformation formelle -sauva par une action d'éclat des centaines d'Européens prisonniers.
Voici comment il a raconté la chose sur France- Culture:
"Je commandais la 4e Compagnie du 30eme BPC et ayant des renseignements, comme tous mes camarades, alors que j'étais le seul officier FSNA, disions-nous à l'époque, dans cette unité de chasseurs, unité d'élite, (...)
Ayant eu des renseignements qui m'affirmaient que les membres du FLN ramassaient dans Oran et sur les routes les pieds-noirs et bien sûr les Musulmans qui étaient pro - français, pour les amener dans des camions et les fusiller avant de les jeter dans le Petit Lac, qui, paraît-il, actuellement serait cimenté. (Je préfère parler au conditionnel puisque je n'ai pas vu ces actions, elles m'ont été rapportées).
J'ai téléphoné au colonel commandant le secteur qui était mon patron hiérarchique le plus élevé et à son adjoint. Le commandant m'a dit: "Khellif je comprends très bien ce que vous ressentez, je vous laisse faire selon votre conscience, mais attention! Je ne vous ai rien dit. "
J'ai considéré cette réponse comme un feu vert et un encouragement.
J'ai alors embarqué la moitié de ma compagnie et je me suis dirigé vers le point de regroupement - un des points de regroupement -, qui se trouvait devant l'ancienne Préfecture à Oran qui doit toujours être Préfecture aujourd'hui et là effectivement, j'ai vu, d'un part une colonne, colonne par trois ou quatre, de femmes, d'enfants, de vieillards pieds-noirs, des centaines, qui étaient gardés par la valeur d'une section du FLN et qu'on s'apprêtait à embarquer pour une destination inconnue.
Devant la Préfecture, il y avait un planton. Je demande à ce planton où se trouve le Préfet. Il m'a montré un monsieur, petit, costaud, chéchia rouge qui grimpait les escaliers de la Préfecture. J'ai donc en trois enjambées rejoint ce Préfet et je lui ai dit :
"Monsieur le Préfet, je vous donne trois minutes pour faire libérer tous ces gens-là. Sinon, je ne réponds plus de rien."
Le Préfet en question n'a pas répondu, il est redescendu avec moi et il a été voir le patron de la section du FLN. La palabre n'a pas duré longtemps. Les gars du FLN sont montés dans leur camion, sont partis. le Préfet est venu avec moi et a dit à tous ces braves gens, les pieds-noirs:
"Vous êtes libres" Oh! C'était la joie "
S'étant quelque peu éloigné de son détachement, le capitaine Khellif fut ensuite frappé et blessé par des civils algériens. Ses hommes vinrent le dégager, mais il évita de faire ouvrir le feu.)
Après cette désobéissance, Khellif est mis aux arrêts par Katz, qui demande son retour immédiat en métropole!...
Le capitaine Croguennec, commandant la compagnie du 2éme Zouaves cantonnée à l'école Jules-Ferry, rédige un rapport au soir du 5 juillet.
Vers 12 heures, précise Croguennec, la compagnie "supporte sans broncher les coups de feu tirés par les Musulmans", et le capitaine n'a qu'une seule peur: "que des tirs touchent l'école et que les jeunes appelés ripostent avec une puissance de feu telle qu'un massacre aurait été inévitable".
A 13 heures 20, de la terrasse de l'école, les militaires font part à leur capitaine que des "Européens sont conduits mains sur la tête, vers le commissariat central situé à 2 à 300 mètres de notre lycée".
Croguennec sait qu'il doit intervenir malgré les ordres stricts de consigne.
Il attend cependant que les fusillades s'estompent quelque peu. Entre-temps, vers 13 heures, le poste de garde aperçoit deux Français mains au mur en très mauvaise situation. Des militaires du 2éme Zouaves interviennent, les libèrent sans problème et les amènent dans l'école.
Il s'agissait de deux reporters de Paris-Match dont Serge Lentz.
Profitant d'un moment de calme, Croguennec décide de se rendre en jeep, accompagné d'un sous-officier, Brénugat , jusqu'au commissariat central. Le capitaine entre seul dans le commissariat où règne une grande effervescence. "Tout le monde est très nerveux, [remarque t-il] mais aucun musulman du FLN ne bronche".
Il découvre dans le grand hall une foule de Français terrorisés, muets, et une grande inquiétude se lit sur les visages. Un arabe en civil "très bien habillé, s'exprimant dans un excellent français", s'approche de lui.
Croguenec se présente et s'étonne de la présence de personnes raflées par les militaires de l'ALN: "les accords d'Evian [dit-il sur un ton autorisé] donnent à l'armée française le droit et le devoir de protéger ses ressortissants", puis se tournant vers les civils présents, il ajoute:
"Veuillez rejoindre ma jeep à l'extérieur et la suivre s'il vous plaît".
Sans attendre de réaction de la part de son interlocuteur, il se dirige vers la porte, l'ouvre et fait sortir toutes les personnes civiles présentes (environ 200) Au dernier civil sorti, il sort à son tour, s'assied dans sa jeep et dirige sa "colonne" vers l'école Jules-Ferry a l'abri, les civils reçoivent des rations de combat et de l'eau puis à partir de 18 heures ils sont ramenés chez eux par camions militaires.
Croguenec a un double sentiment, celui d'avoir désobéi aux ordres et celui d'avoir agi selon sa conscience.
Il précisera dans sa lettre que "la désobéissance est permise lorsque l'ordre donné est illégal". Le rapport (qui est aussi un témoignage), ensuite, du lieutenant Louchart, commandant la 1ère compagnie du 7ème Régiment d'Infanterie de Marine est particulièrement intéressant.
Le 5 juillet, la 1ère compagnie du 1er Bataillon du 7ème RIM est stationnée sur la route de la Sénia, près du collège technique et la gare de circulation routière. Les militaires savent qu'il se passe "quelque chose" dans le centre ville et dans les quartiers européens mais les ordres de consigne ne leur permettent pas de sortir de leur cantonnement.
A 16 heures cependant, un Européen, ayant échappé à un groupe de musulmans se présente à la Compagnie et est raccompagné à son domicile, à Valmy, par une patrouille.
A 18 heures des coups de feu éclatent à 150 mètres du cantonnement.
"Deux Européens viennent d'être abattus par des Musulmans".
Le lieutenant Louchart prend sur lui de sortir avec des hommes et à leur arrivée sur les lieux du crime, 2 voitures démarrent protégés par des hommes en tenue kakie. Une troisième voiture est interceptée avec à son bord un membre de la commission mixte!
Le calme revient et la patrouille rejoint son cantonnement.
A 21 heures, un Européen qui vient de se faire voler, et qui a échappé à des tueurs, se réfugie à la compagnie. Il précise "qu'au carrefour sur la route Nationale, d'autres Européens ont été arrêtés".
Aussitôt, Louchart envoie une patrouille qui se fait accueillir par des coups de feu et qui riposte, provoquant la fuite des plusieurs musulmans en voiture.
Selon les endroits, des militaires de l'armée française contournent l'ordre de consigne du général Katz et se portent au secours des civils malmenés par des éléments de l'ALN.
Ainsi en est-il du 67ème RI dans le quartier Delmonte ...
Il faut aussi signaler la réaction des commandos marine qui ont empêché les émeutiers d'accéder au quartier de la marine, et de l'épisode de la gare à l'arrivée du train d 'Alger où l'armée Française à tiré sur les émeutiers ( une compagnie du 5ème RIMA stationnée à la gare d'Oran et cela à plusieurs reprises, très édulcoré dans le JMO ).
Enfin, le 5 juillet au soir, suivant l'action du capitaine Croguennec, car, entre-temps, d'autres civils européens ont été amenés au commissariat central, le Lieutenant-colonel X, Directeur du Recrutement d'Oran réussit à faire libérer du Commissariat central son personnel civil et 300 européens arrêtés par les services de sécurité musulmane.
Averti de cela, le lendemain, le Commandant de détachement d'Oran entreprend les premières démarches visant d'abord à récupérer les militaires français enlevés. Il se rend au Commissariat Central mais il ne trouve plus trace des militaires enlevés. Il se rend ensuite à la morgue d'Oran où écrit-il
"il ne fut pas possible de les reconnaître (parlant des militaires) tant les personnes étaient affreusement mutilées et non identifiables" !
Le 8 juillet, le capitaine Cointet, commandant l'escadron 717 de gendarmerie mobile à Oran établit un premier bilan d'après ce qu'il a pu voir à la morgue de l'hôpital civil d'Oran le 5 au soir.
Il vient en effet de servir d'escorte au Médecin-colonel, directeur du Service de santé, envoyé par le général Katz.
Les deux gradés relèvent la présence de plus d'une vingtaine de cadavres mais ne peuvent en identifier qu'une dizaine d'après leurs papiers. A la Morgue de l'Hôpital militaire Baudens, où ils se rendent ensuite, ils en recensent aussi une dizaine qu'ils arrivent à identifier et remarquent "d'autres corps qu'on ne peut identifier tant leurs corps sont mutilés"
Parmi ces cadavres, "2 ont été tués à l'arme blanche, les autres l'ont été par balles et portent des coups dus à un acharnement sur les corps" constate le Médecin-Colonel.
Cette violence leur est insupportable et ils en informent directement le général Katz.
De cette violence et de ces exécutions sommaires, tous en sont conscients, y compris la presse nationale. Le Monde du 7 juillet 1962 publie laconiquement au sujet du 5 juillet: "des patrouilles de l'ALN circulent dans les rues du centre et ouvrent le feu à la moindre apparition d'un civil européen".
On voit ci-après que Katz ne voulait pas le savoir:
TEMOIGNAGE : Mme Simone Radicich
"J'ai assisté, impuissante au 13, Rue Alsace-Lorraine à l'enlèvement de femmes, d'enfants, d'hommes, de vieillards. Nous avons par miracle échappé aux mains des assassins.
"Vers 14 heures, un quartier-maître de la Marine Nationale d'Oran était sur une moto; il a été abattu d'une balte dans la tête; je n'ai pu résister, je suis descendue dans la rue pour porter secours à ce malheureux. Hélas il avait été tué sur le coup.
Avec Mme Labuxier, nous avons transporté son corps dans un garage. J'ai pris ses papiers : "Quartier-maître Christian ROMERO". J'ai aussitôt téléphoné au Docteur Malmejac, Président de la Croix-Rouge de I'Oranie, qui lui aussi dans son quartier ne comptait plus les morts. (Note de la Rédaction : le Dr Malmejac résidait Boulevard Charlemagne à Oran).
Sur ces conseils, j'ai téléphoné à I'Amiral, le mettant au courant des faits.et qui m'a répondu qu'une ambulance ira sur les lieux dès que la fusillade sera terminée.
"Vers 16 heures, une ambulance avec un jeune médecin militaire était sur les lieux où j'attendais. J'avais noté dans quelles circonstances le Quartier-maître avait été tué. Mon papier fut déchiré par le jeune médecin qui m'a dit : "Nous avons reçu des ordres très sévères d'avoir à ramasser les morts et les blessés militaires sans aucun commentaire sur les incidents".
L'amicale des Oraniens de la cote d'azur a publié trois livres successivement (l'" agonie d'Oran " puis tome 2 puis tome 3) suites de témoignages et essais de synthèse, publiés aux éditions jacques Gandini, ISBN 9 782906 431911 et 9 782906 431270 pour les tomes 2 et 3, le tome un sans numéro.
Quel est le bilan ?
Le seul chiffre officiel est celui du directeur (F.L.N.) de l'hôpital général, le docteur Naït, qui indique, 25 morts européens, 80 morts musulmans et 163 blessés.
Le docteur Naït, avant de rejoindre Oran, était le medecin commandant l'hopital militaire du FLN à Oujda, au Maroc.Katz a vu "une dizaine" de morts à la morgue.
Une cinquantaine de corps ont été découverts courant 1963 au lieu dit "petit lac" lors d'opérations d'assainissements, mises en scène par le F.L.N.
Les Oranais ont, en outre, recherché dans les jours immédiatement suivants 448 "enlevés" dont Gérard Pasquier, maître à la marine.
Ceux là estiment que le bilan est de 2 à 3000 personnes. Monneret dans son livre "la phase finale de la guerre d'algérie", l'harmattan, ISBN2-7475-0043-8 estime que 448 est un maximum.
Qui peut croire cependant que les centaines de personnes sauvées par le capitaine Kheliff soit le seul groupe de pieds-noirs enlevé?
D'après " l'agonie d'Oran ", trois tomes, éditions Gandini et les études de J.F. Paya.
Témoignage d'un membre du FLN :http://guerredalgerie.pagesperso-orange.fr/1971%20a%20nos%20jours.htm# fin 2009 fin 2009
Autre témoignage:
La veille de ce jour, un de mes contremaîtres musulmans me conseilla de quitter Oran car, me dit-il, "demain, je crois qu'il va se passer des événements qui risquent d'être dangereux". Son ton était si sérieux, que je ne pouvais pas douter de la véracité de sa mise en garde!
Donc, j'en avisai quelques couples d'amis et le 4 juillet, nous sommes partis nous réfugier dans la villa d'un de ces amis, à Ain-el- Turck.
Le 5, comme aucune des informations que nous écoutions à la radio ne faisait mention de manifestation quelconque, je décidai de retourner à Oran.
Vers 14h, en arrivant rue de la Vieille Mosquée, je fus arrêté par un homme, l'air affolé, me demandant où j'allais car, me dit-il, "vous risquez de vous faire tuer par des fellaghas qui s'en prennent à tous les gens se trouvant dans les rues du centre ville".
Heureusement, le garage Vinson, où je garai ma voiture, n'était pas loin. En ressortant, je vis un groupe d'hommes armés, qui, dès qu'ils m'aperçurent, se mirent à me canarder.
J'appelai alors au secours la sentinelle française qui se trouvait en faction devant l'école Paixhans, face à mon garage.
Celle-ci fit immédiatement demi-tour et rentra dans l'établissement qui abritait une compagnie de soldats français! Mon appel n'eut aucun effet, pas un soldat ne sortit voir ce qui se passait...
Heureusement, ce groupe de musulmans se trouvait à environ 3 ou 400 mètres en haut de la rue Jalras, ce qui me permit de m'échapper et de rejoindre mon domicile qui n'était pas loin, rue de la Vieille Mosquée.
J'ai immédiatement fermé la porte de mon immeuble. Heureusement, elle était en fer forgé, et résista aux tueurs. Une fois chez moi, j'entendis un grand fracas de verre cassé suivi de plusieurs coups de feux.
Après avoir passé une nuit relativement tranquille, le lendemain matin, tout paraissant calme, je redescendis dans la rue pour me rendre à mon bureau, et là, je me trouvais devant une dizaine de cadavres étendus sur les trottoirs.
Je reconnus l'un d'entre eux que je connaissais bien, il s'agissait d'un inspecteur de police d'origine kabyle!
Puis je suis allé voir l'immeuble voisin dont la porte détruite avait provoqué le bruit de verre cassé entendu la veille, et là, j'ai vu dans l'entrée, cinq cadavres. J'ai su par la suite qu'il s'agissait du concierge, de son épouse et de trois de leurs amis venus se réfugier chez eux!
Je me rendis alors dans mon bureau quai Beaupuy, sur le port.
Là, je me suis trouvé devant une trentaine de personnes chargées de valises et de baluchons. Tous venaient de "l'Intérieur", d'Ain-Témouchent, Rio-Salado, Bel-Abbès, etc.
Ils avaient fui les tueurs du FLN qui avaient massacré des membres de leur famille sans que l'armée n'intervienne!
Je les ai dirigés vers les cargos qui quittaient le port. Il y avait même des bateaux de pêche venus de la métropole (faisant payer le transport de chaque passager ... ).
Toute la journée de ce 5 juillet et les jours suivants, le principal de mon travail consista à orienter tous ces réfugiés vers les navires en partance. Certains ne perdant pas le sens du commerce, faisaient payer le passage.
Pour terminer, je dirai que les cadavres du 5 juillet n'ont été enlevés que le lendemain dans l'après-midi, par l'armée!
Robert Perriére dans l'écho de l'Oranie, juillet août 2012
ABROUS Mohamed, Harki 1re classe au G.M.S. 54, prisonnier du F.L.N. le 05-07-1962, incarcéré d'abord à Camp du Maréchal (Tadmait), puis en de multiples endroits. Il s'évade le 18-11-1969 du Sahara près de sept ans après l'indépendance.
LAIDAOUI Ali, Au 117e R.I., capturé le 05-07-1962 à Om Teboul, prisonnier du F.L.N., il s'évade le 22-05-1963 du Camp de Tablat (69 km au S.E. d'Alger).
BELKOLLI Ka1ifa, Harki, fait prisonnier le 05-07-1962 vers Bougie. Libéré par le F.L.N. le 15-05-1963 ;
HADJADI Bouterra,. Au 39 éme G.M.S., capturé et fait prisonnier le 05-07-1962 en Algérie. Il s'évade le 29-04-1963, après l'indépendance. Ce même jour se tenait à Paris un des deniers "Comité des affaires algériennes".
De gaulle indique "la vie des européens peut être en jeu, dans ce cas il faudra intervenir et les ramener vers les ports"; aussi "il faut trouver devant nous des gens qui appliquent Evian".
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
Commandoair40 Admin
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Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Sam Juil 25 2015, 14:43
"6 juillet 1962"
Jean Brune commente : Les grands vaincus de la guerre d'Algérie, ce ne sont pas les Algériens de souche française.
Ceux-là sont les victimes les plus spoliées et les plus blessées; mais ils portent en eux de telles vertus d'esprit d'entreprise et d'acharnement au travail qu'ils survivront à tous les revers, puisant dans l'épreuve des forces supplémentaires comme tous les êtres de qualité.
Je les vois bien à l'étranger où ils ont recommencé, souvent au soir de leur vie, l'aventure coloniale qui est d'abord semailles de hautes techniques de travail. Les vaincus, ce sont les foules algériennes et l'armée française.
Et s'il est vrai que si, pour les unes comme pour l'autre, la défaite découle d'une peur de l'engagement qui les a conduites à subir, le sort des premières nous intéresse infiniment moins que celui de la seconde.
Les Algériens avaient hérité d'une longue suite de siècles, une sorte d'atavisme de la soumission.
Poussière de peuples , divisée depuis deux mille ans en une multitude de clans trop jaloux de leur apparente liberté pour accepter de se fondre dans une nation, ils n'étaient pas préparés aux grandes mobilisations collectives dont dépend toujours le destin des hommes.
L'armée, c'était autre chose, puisqu'elle était justement ce corps qui se prétendait intimement soudé par une mystique du sacrifice confirmée par des traditions qui enfonçaient leurs racines dans plus d'un millénaire d'Histoire.
Les foules algériennes nous intéressent parce que nous étions liés à elles par une longue affection teintée de beaucoup de sollicitude et parce que toutes les communautés humaines nous sont fraternelles.
Elles ont trouvé leur châtiment dans leur misère et celle-ci ne nous touche que parce qu'elle nous émeut. Mais avec l'armée, l'existence même de la nation est en jeu et, au-delà de cette famille, une manière d'être et de penser qui est l'un des fondements de ce que nous appelons la civilisation.
Nous voici châtiés avec elle.
Il reste à dire que la défaite des foules algériennes n'est qu'un corollaire de la capitulation militaire. Dans ce domaine celui qui détenait la réalité du pouvoir est le seul responsable de tous en dernier ressort.
Aux humiliations d'une honteuse retraite s'ajoutent ici, pour l'armée, les remords que ne peut pas ne pas lui infliger le sort de millions d'hommes dont elle avait la charge parce que, à un moment du combat, elle avait sollicité leur aide en échange d'une promesse formelle de protection.
J'entends le cri d'un Français d'Algérie rencontré à Séville: "Notre malheur serait allégé si nous savions que l'énormité du sacrifice qui nous a été imposé a assuré le bonheur des Algériens. Nous savons hélas! qu'il n'en est rien et que nos épreuves ne sont qu'une réplique des leurs... " Il est difficile d'imaginer plus totale faillite.
A Oran, le général Katz sable le champagne avec le chef de la willaya 5, c'est la dernière fois qu'on verra en public ce chef boire de l'alcool.
Dès 6 heures ce matin, les gens se comptent et se recherchent.
Beaucoup ont passé la nuit, bloqués ou cachés dans quelque coin. Certains manquent à l'appel. La plupart de ceux qui ont été arrêtés hier par l'A.L.N. et conduits au commissariat central ont été relâchés sans sévices.
Certains ont souffert de la bagarre lors de l'affolement général du premier moment où chacun se croyait attaqué. Mais surtout beaucoup ont souffert d'atrocités conscientes et en sont morts comme celui qui a été écrasé peu à peu contre un mur par un camion de l'A.L.N. au ralenti.
Un autre, près d'ici, a été criblé de chevrotines tirées à 15 mètres.
Ce matin, tout est fermé.
On reste prudent. Monsieur et madame X., dévoués au Secours Catholique tous ces temps-ci, ont disparu.
Nouvelle affluence, ce matin, de gens qui ont été bastonnés hier, d'enfants dont les parents ont été tués et qui pleurent. Des groupes d'Arabes se reforment dans le quartier. À 11 heures, brusquement on s'affole. Puis, rien ne se passe et on se calme.
Un prêtre voisin s'est avancé hier entre nos deux maisons au moment de la fusillade. Les A.T.O. lui ont tiré dessus du bas de la rue. Deux balles ont frappé le mur près de sa tête.
Nos murs aussi ont reçu hier encore plusieurs balles.
De braves militaires voudraient bien se décharger sur la Maison de leurs responsabilités.
Grosse engueulade ce matin avec un lieutenant qui nous amenait encore des familles en danger.
Il a le culot de nous sortir:
"Alors quoi, vous les laissez tomber!" W. a bondi et hurlé: "Foutez-moi le camp" ; il a décidé de fermer le dernier centre d'accueil. Cela devient vraiment trop facile pour les pouvoirs publics (inexistants) ... de tout laisser faire au Secours Catholique. On écrit en gros sur la porte: "Le centre est fermé."
Il faudrait que l'armée réagisse vite et s'occupe au moins de ça. On ne peut laisser les gens dans la rue.
Le Kairouan étant parti hier en pleine fusillade et couvre-feu, les gens n'ont pu embarquer. Il était à moitié vide.
La radio va triompher et supprimer encore des bateaux "inutiles".
L'exode total est pourtant bien décidé maintenant dans l'esprit des gens.
Reviendront-ils encore sur cette décision ?
On attend de savoir sous quelle dictature nous serons organisés ici, celle des militaires de l'A.L.N. déjà aux commandes en ville, ou celle des civils du F.L.N.
Ils se sont tapés dessus hier. Espérons qu'ils sont calmés et d'accord.
Couvre-feu à midi. Mais je viens quand même sans histoire à midi 30 à Saint- Eugène où les enfants ne sont plus que quinze et où les hommes font le guet au coin des rues.
Grosse détente à 20 heures au passage des haut-parleurs de la gendarmerie française. C'est la première fois que pareille chose arrive "Ce sont les gendarmes (sous entendu et non plus les A.T.O.) qui feront désormais le service d'ordre dans les quartiers européens." Ces braves gendarmes Pour un peu on les embrasserait
La radio dit "Hier quatre-vingt-quinze morts et vingt et un Européens."
Ce soir le Secours Catholique me procure trente places sur Marseille pour Saint-Eugène, où je refile à 21 heures pour les distribuer aux plus malheureux.
Le chanoine C. qui m'accompagne en voiture a passé une journée héroïque à la cité Petit et à Victor-Hugo à la recherche de plusieurs personnes enlevées hier.
"Samedi 7 juillet"
Le Secours Catholique précipite un peu sa fermeture.
En tant que section française, il n'a plus de raison d'être.
C'est une Caritas algérienne en gestation qui le remplace en principe. D'autre part, ayant rendu tant de services à tout le monde, il risque de devenir suspect aux méchants s'il y en a, et n'a aucune protection.
Enfin, parce que l'armée, qui continue à s'abriter derrière des ordres impératifs pour ne rien faire, lui envoie ses cas difficiles, qui sont des nids à histoires.
Tout le monde admire l'exceptionnel lieutenant chargé de la gare.
Trente Européens débarquaient jeudi d'un train.
L'A.L.N. amenait deux camions et embarquait tout le monde.
Le lieutenant désobéissant formellement aux ordres, s'y oppose alors manu militari et fait évacuer en vitesse tous ces gens. L'A.L.N. revient en renfort et ouvre immédiatement le feu sur l'armée qui riposte et en tue 7.
Mais ce lieutenant doit être en prison.
À propos de cette fusillade de jeudi, nous avons eu ici un des éléments d'appréciation les plus importants avec la visite, dans la matinée de jeudi, d'un officier.
A 10 heures un A.T.O., brave type et ami, venait de lui dire:
"Rentrez vite chez vous et tâchez de vous lever du milieu à la fin de la matinée."
De plus, tous les musulmans étaient armés depuis l'âge de treize ans, et chauffés à souhait. Les Mauresques avaient des couteaux. On aurait dû se méfier, nous dit-on maintenant, quand elles ont commencé la danse du ventre sur les places.
C'était mauvais signe.
Mais ça s'est déclenché si vite! On a vu des Mauresques éventrer des femmes dans les magasins, leur arracher les yeux et leur couper les seins. C'était un beau carnage. Les Arabes raflaient les hommes par camions entiers "pour contrôle" et consultaient à chaque nom les listes de l'O.A.S.
Beaucoup d'hommes ont été ainsi abattus sur place ou fusillés au commissariat central.
Les gens sont maintenant dans la terreur. C'est nerveux. Au son d'un coup de feu, tout à l'heure, un homme de cinquante ans s'est évanoui dans l'escalier du voisin.
Pour arranger les choses, grève des marins.
Le Cazalet ne part plus qu'après-demain. Moi qui viens d'alerter pour demain les trente familles à qui j'ai donné des billets!
Katz a ordonné de rouvrir le Centre d'accueil du port et de le confier à l'armée devant le flot de personnes que nous avons délibérément envoyé envahir le port avec bagages et smalas.
Ici, on maintient farouchement la décision de fermer demain. Je pense qu'au port l'armée nourrira les gens. Si le Secours Catholique s'était décidé à y organiser les repas, c'est que pendant trois jours personne n'avait rien donné aux gens.
Tout le quartier défile maintenant en pleurant, pour avoir encore des places.
Je n'en ai plus.
Un papa qui a une femme de vingt ans et trois bébés se jette sur moi avec des cris en m'embrassant les mains. Il est Espagnol et il a été avant hier durement bastonné. Le Secours Catholique me permet encore de le dépanner. Il ne peut se résoudre à ne plus agir et accomplit des prodiges de charité.
Le plus ennuyeux dans la bousculade qui nous presse, c'est l'expédition des vieillards.
On les adresse à la Croix Rouge, où les M. ne sont jamais pris de court. Je fais partir ainsi un voisin centenaire.
11 heures.
- J'ai un peu peur de devenir fou. Alors je m'enferme et je passe un disque sur la joie. C'est du grégorien, et d'En-Calcat. Laetare Jerusalem. Ça va mieux.
12 heures.
-Je viens de sortir en voiture et me suis fait stopper par les Arabes, de je ne sais quel parti. Très aimables. Saluts réciproques. Ouf! Soulagement. Sait-on jamais?
Les autobus ont des drapeaux verts et souvent des peintures sur les côtés: À droite, Vive le F.L.N.! et, à gauche, vive Ben Bella! Et je fais le tour d'un véhicule pour être sûr de ne pas me tromper.
On ne peut rencontrer personne aujourd'hui sans se replonger dans le deuil, les larmes, l'angoisse et l'horreur.
On est sidéré d'entendre à la radio que tout va bien.
On a dû fermer la morgue, tant était insupportable tout ce qu'on a ramassé sur les trottoirs: mains et bras coupés, foies, etc. On apprend peu à peu que le plan de cette tuerie devait être généralisé dans toute la ville.
Des essais ont été faits un peu partout.
Le personnel civil de la Marine, récemment intégré aux Forces Armées Françaises pour être garanti, n'a pas cependant été épargné.
Il y a eu deux pendus. Aussi l'amiral décide d'évacuer tout le monde à la base de Kébir d'abord, puis en France.
Mais leur cité des Castors qui, à Saint-Eugène, nous séparait du quartier indigène, ainsi vidée ce matin, sera sans doute occupée ce soir par les fellagha ... Qu'est-ce que cela donnera? Déjà les gens du quartier sont traqués jour et nuit par l'A.L.N. en tant que supporters de l'O.A.S ...
A ce propos, jamais on n'aura renié avec plus d'empressement la France et l'O.A.S., que maintenant. Sans aucun scrupule, et avec un vrai sadisme.
Et on court s'abriter quand on entend ti ti ti ta ta, qui veut dire maintenant Algérie Ya Ya.
Vu ce soir quelqu'un qui revient de la morgue où il a identifié un parent. On n'y reconnaît les gens qu'aux vêtements, tant ils sont tous défigurés.
Au patronage ce soir, il nous reste dix enfants sur cent. Un jeune du quartier, pourchassé, vient s'abriter et souffler un moment. Que n'est-il déjà parti! Maintenant, le chemin du port est surveillé par des guetteurs."
Michel de Laparre "journal d'un prêtre en algérie" ISBN 2-84764-019-3
"7 juillet 1962"
Au petit matin le lieutenant Degueldre, le chef des deltas d'Alger, est passé par les armes avec l'approbation unanime de tout ce qui compte en matière de consciences douloureuses à chaque condamnation à mort, en particulier Sartre et Beauvoir, Badinter et autres anti-fascistes et adversaires résolus de la peine de mort.
En tant qu'officier il a droit à un peloton de 12 hommes qui sont des appelés.
Trois officiers successivement désignés pour former le peloton, Jean de Balby de Vernon, Michel Cabanes, Michel Martet, ayant refusé cet ordre sont mis aux arrêts de rigueur et rayés des cadres.
Le quatrième accepte.
Les 12 hommes tremblent de trouille, contrairement à Degueldre qui a enlevé sa veste pour ne pas la salir et tient un drapeau qu'il a fabriqué lui-même. L'adjudant chef du peloton est vert de peur.
Au commandement feu, onze des douze balles s'égarent, une seule touche Degueldre au ventre, une blessure non mortelle.
Degueldre est conscient, il s'est écroulé, ses avocats manquent de réaction et laissent l'adjudant sortir son pistolet pour donner un coup de grâce qui en fait est la bonne vieille balle dans la tête version Mao.
Tremble tellement, l'adjudant, qu'il démolit la mâchoire de Degueldre, une blessure non mortelle, et au second coup, son pistolet s'enraye.
Les avocats racontent les choses, beaucoup les critiquent de n'avoir pas réagi pour essayer d'obtenir une grâce, les journaux sont discrets, qui peut avoir pitié d'un salaud de fachiste, ancien Franc Tireur Partisan de surcroît?
Voici la déclaration de Tixier Vignancourt :
" Le 7 juillet, les avocats arrivent à Fresnes en même temps que l'avocat général Gerthoffer et l'aumônier de la prison.
À 2 h 30, les défenseurs et le magistrat entrent dans la cellule où Degueldre dort paisiblement. Le condamné comprend immédiatement qu'il touche à l'instant suprême.
Sans broncher Degueldre revêt sa tenue kaki d'officier parachutiste et coiffe son béret vert de la Légion.
Avant de franchir le seuil de sa cellule, le condamné s'adresse d'une voix calme à ses défenseurs : - Je vous demande de dire à mes camarades officiers que suis fier d'aller jusqu'au bout et de mourir pour avoir tenu le serment que tout officier combattant a prêté au moins une fois :
"Ne jamais livrer l'Algérie au FLN."
Je vais rejoindre mon chef le colonel Jeanpierre qui m'a donné l'exemple. Dites aux généraux Salan et Jouhaud que je suis fier d'avoir servi sous leurs ordres.
Se tournant vers M. Gerthoffer qui le 28 juin, avait revêtu l'uniforme de général de division pour requérir contre lui, il dit simplement :
- Je ne vous garde pas rancune, mais je vous plains.
Le convoi escorté par une vingtaine de motards, arrive à vive allure au fort d'Ivry.
Il est 3 h 45. Le peloton d'exécution formé de douze soldats en treillis kaki attend l'arme au pied. Le condamné, qui avait refusé qu'on lui bandât les yeux, serre sur son cœur un drapeau tricolore.
Au moment où on le met en joue, il crie: "Vive la France!" et commence à entonner la Marseillaise. Les échos d'une salve saccadée retentit, il est 3 heures 56.
L'heure légale du lever du soleil en ce jour de sainte Lucie. Mais les soldats devant cette cible tricolore tirent mal ou tirent en l'air:
Degueldre n'est atteint que d'une seule balle.
Alors commence l'agonie inhumaine du fusillé. Aussitôt après le coup de feu du peloton, le coup de grâce est donné. Le peloton s'en va.
Je me suis approché du poteau et je me suis aperçu que Degueldre respirait profondément. " Il n'est pas mort dis-je à un colonel qui se trouvait là.
- Ce sont les spasmes de l'agonie, me répondit-il.
C'est à ce moment qu'un deuxième coup de grâce fut donné par l'adjudant. Je m'approchai de nouveau.
Degueldre respirait encore et souffrait énormément.
Un médecin vint enfin. Il fallu attendre sept minutes. C'est alors que l'adjudant, par trois fois, tenta de donner un autre coup de grâce, mais à chaque fois, l'arme s'est enrayée. Il dut aller chercher un second revolver;
Et ce n'est que onze minutes après la salve du peloton que le coup de grâce définitif fut donné. Je ne ferai pas d'autres commentaires, sinon que l'armée française tire bien. Degueldre n'a dû être atteint que d'une seule balle venant du peloton. Je n'ai plus rien à dire. "
Jean-Louis Tixier-Vignancour, J'ai choisi la défense.
M. Emile Montbertrand qui souhaitait rester en algerie est enlevé, sauvagement torturé puis executé dans la ferme qu'il gérait pour le compte de monsieur Nouzille, à 5 kilométres de Mercier Lacombe.
Ceux qui l'avaient imité prennent la fuite à leur tour.
"8 Juillet 62"
Un bilan des évolutions des officiers pendant la guerre d'algérie montre que trois officiers ont été condamnés à mort (une exécution) 170 condamnations à des peines criminelles, 324 à des peines correctionnelles, 530 sont dégagés des cadres, 1300 démissionnent.
Ensuite, de 63 à 67, 7172 officiers quittent l'armée.
"9 juillet 1962"
TEMOIGNAGE DU DOCTEUR GUY SOLA (extraits de l'agonie d'Oran, tome 3, ISBN 2-906431-27-3
J'habitais alors à Paris et logeais chez ma mère et ma sœur qui avaient quitté Oran quelques mois plus tôt devant la recrudescence des attentats terroristes perpétrés par le FLN et la prochaine célébration de l'indépendance de l'algérie fixée le 5 juillet.
Mon père, agriculteur à Prudon, était resté sur place pour finir de rentrer la récolte des céréales, et devait revenir à Paris précisément le 5 juillet, par l'avion d'Air France.
Or, ce jour-là, il ne se manifesta pas et n'était pas dans l'avion Oran-Paris.
Nous alertâmes alors mon cousin, François Mas.
Il faut penser qu'à cette époque les communications téléphoniques entre la métropole et l'algérie étaient très longues à établir et qu'il fallait DES HEURES pour pouvoir contacter l'interlocuteur local.
Nous pûmes joindre enfin notre cousin François Mas le lendemain matin et demandâmes des nouvelles de mon père. François Mas, qui était alors le gérant de la Brasserie "L'Aiglon", rue d'Alsace-Lorraine à Oran, très surpris et inquiet, nous révéla qu'il avait dit au revoir à mon père ce 5 juillet à 11 heures, sur le devant de "L'Aiglon" et lui avait dit:
"Manuel, ne sors pas ce matin. Il y a des troubles partout, la foule est en délire, on entend des coups de feu par-ci, par-là, c'est de la folie de circuler dans les rues en ce moment".
Ce à quoi mon père répondit: "Rien ne peut m'empêcher de partir aujourd'hui car j'ai une place réservée sur l'avion d'Air-France, à destination de Paris et, pour rien au monde je ne la perdrai".
Et depuis, plus rien.
Chaque jour, nous téléphonions, et comme toujours avec plusieurs heures d'attente, à notre cousin François Mas, à mon oncle Jean Sola et l'autre oncle, Albert Sola, qui, eux, étaient encore restés à Oran.
Et personne ne pouvait nous renseigner sur le devenir de mon père. On apprenait par les journaux les incidents du 5 juillet à Oran et les multiples tués parmi la population européenne, mais des précisions sur mon père, aucune.
Un autre de mes cousins, Francis Baylet, qui était agriculteur à Saïda, et qui était aussi resté à Oran, nous informa alors qu'on avait retrouvé plusieurs cadavres au "Petit Lac", près d'Oran, mais qu'on n'avait pas pu identifier.
Et toujours dans l'angoisse et dans l'attente d'une nouvelle.
Lorsque, soudain, le 22 juillet, François Mas nous informa qu'il avait reçu un coup de téléphone d'un dénommé "Taïeb", soi-disant commissaire de Police à Tlemcen (ce qui s'avéra exact plus tard) et qu'il lui avait dit que Manuel Sola était prisonnier d'un groupe de rebelles algériens, à la frontière algéro-Marocaine, près d'Oujda, qu'il était en bonne santé, et qu'il fallait lui envoyer de l'argent pour sa libération.
Nous demandâmes alors des preuves de cette assertion, mais plus rien comme réponse.
Août, septembre et octobre passèrent, et toujours dans l'angoisse, ici, à Paris, sans nouvelles de mon père.
Ma mère, ma soeur, mon frère et moi étions plongés de plus en plus dans une inquiétude motivée.
C'est alors qu'au début novembre, Taïeb se manifesta à nouveau et précisa que, moyennant 20.000 Francs (2 millions alors en 62, le prix d'une voiture), il se chargeait de libérer mon père.
Mon frère, René, et moi, décidâmes d'obtempérer à cette injonction et, par l'intermédiaire de la Société Centrale de Banque de Paris, nous fîmes parvenir cette somme à la BNCI, succursale de Tlemcen, qui remit la rançon au soi-disant Taïeb.
On avait bien demandé une preuve de son vivant, toujours par l'intermédiaire de mes oncles et de François Mas, mais ils n'avaient rien pu obtenir de concret.
Devant cette situation, dans l'inconnu le plus absolu, je décidais d'aller sur place aux fins de recherches.
Mais à ce moment, Monsieur Robert Allègre, qui était le cousin de ma belle-soeur, Madame Annie Sola, et qui avait été directeur de banque au Maroc pendant 16 ans, avant ces événements, se proposa de m'accompagner, tout d'abord au Maroc.
Il connaissait beaucoup de personnalités là-bas et se faisait fort de m'aider dans la recherche de mon père grâce à ses relations marocaines.
Nous prîmes donc l'avion Paris-Casablanca le 13 novembre 1962, en étant déjà assurés d'un rendez-vous avec le Ministre de l'Intérieur du Maroc, ami de Monsieur Robert Allègre.
Au cours du repas, nous l'informâmes du but de notre visite: à savoir s'il était exact qu'un camp de prisonniers se trouvait à la frontière algéro-marocaine.
Il répondit sans hésitation que ce n'était pas vrai, et que nous avions été trompés.
Monsieur Allègre revint alors sur Paris et, moi, je décidais de venir à Oran pour enquêter sur place. J'y arrivais le 16 novembre, et ma première visite fut pour Monsieur Daste, procureur de la République Française, encore sur place, et qui réglait toutes les affaires pendantes avant de repartir définitivement sur Paris.
Notre entretien au Palais de Justice d'Oran fut bref. Il me déconseilla de poursuivre plus avant mes recherches car il était persuadé du caractère trompeur de nos relations avec Taïeb.
Mais, que néanmoins, si je persistais dans mes recherches, du moins devrais-je le faire avec prudence.
Une opportunité se présenta alors, - un pur hasard - la préposée à l'Etat-Civil de la Mairie d'Oran connaissait mon oncle Jean Sola, et ce jour-là, le 16 novembre, elle l'appela au téléphone pour lui expliquer, qu'étant partie en juin 62, en France pour ses vacances (en réalité pour fuir la période début juillet qui s'annonçait sérieuse), et que, de retour à son bureau, elle avait remarqué que sur le registre d'Etat-Civil, relatif aux décès, on avait déchiré trois pages, en milieu de page, de bas en haut, et qu'ainsi, seuls quelques noms subsistaient.
Elle lu un nommé Sola, figurant sur une partie de la feuille restée dans le registre, et, étonnée de ce nom qui était aussi celui de l'ami Jean Sola qu'elle connaissait, elle lui téléphona pour lui expliquer ce fait. Nous nous rendîmes aussitôt à la Mairie et vérifiâmes ses dires.
Il s'agissait bien de la journée du 5 juillet 1962.
Notre cousin François Mas me conseilla alors, d'aller voir le préfet algérien, alors en fonction, en compagnie de Maître Luglia, avocat à Oran, car celui-ci connaissait personnellement cette personnalité, afin de lui demander l'autorisation de faire des recherches au cimetière d'Oran (cimetière Tamashouet).
J'avais demandé au préfet de m'autoriser à faire des exhumations afin de retrouver mon père porté disparu depuis le 5 juillet (nous étions le 16 novembre), alors même que nous étions soumis à un chantage de la part du commissaire Taïeb.
Après bien des hésitations, et, comprenant mon désarroi, le préfet me remit une autorisation pour faire exhumer les cadavres enfouis dans la fosse 5 du cimetière.
Le responsable Monsieur Lubrano n'en revenait pas que l'on ait pu m'accorder cette autorisation, mais il me promit pour le lendemain matin 17 novembre, l'aide de 4 fossoyeurs pour pratiquer cette sinistre besogne.
Le 17 novembre, donc, à 8 heures du matin, on commença à déterrer les cadavres qui avaient été entassés le 5 juillet 62.
Les trois premiers corps étaient des religieuses, avec la robe marron et des souliers, types "spartiates", puis deux corps d'enfants, puis deux hommes, une femme, semble-t-il, car la décomposition était extrême, mais les vêtements conservés.
Puis, au 14ème corps, je reconnus mon père, grâce à ses vêtements griffés Guttierez, (un tailleur d'Oran) et à ses chaussettes.
Je le fis mettre de côté, arrêtais les fouilles, et fis un examen de son squelette.
Il avait une perforation du crâne, certainement par balle, entrée par le pariétal gauche et sortie par l'occipital droit. J'étais effondré, mais en même temps soulagé, je savais que mon père ne souffrait plus.
Je fis venir une ambulance pour transporter le corps de mon père dans le caveau de famille, situé dans le même cimetière et me fit conduire chez le procureur Daste, au palais de justice.
Il me pria alors de quitter Oran de toute urgence, car me dit-il "ma vie était alors en danger".
Il téléphona pour m'obtenir une place sur l'avion d'air France, comme l'avion était complet il exigea une place pour une personne en danger de mort.
J'arrivais le soir même à Orly où ma mère et ma famille m'attendaient. J'avais rapporté la griffe du tailleur "Guttierez" qui était cousue à l'intérieur de la veste de mon père, ainsi que ses chaussettes, comme preuves certaines.
Fin du témoignage.
Pourquoi le procureur déclare la vie du docteur Sola en danger et lui fait quitter Oran immédiatement ?
Parce qu'il ne veut pas d'histoire, toutes ces hontes doivent être cachées.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
Invité Invité
Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Dim Juil 26 2015, 13:26
EHBENDIDON sacré boulot, copié-collé ? en tout cas MERCI , guy
Invité Invité
Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Dim Juil 26 2015, 14:08
OUI !! un sacré boulot comme tu dis !! c'est copier collé mais avec de la manipulation pour mettre en forme !! Merci mon frère JP !!
Commandoair40 Admin
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Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Dim Juil 26 2015, 14:24
Merci ,
Oui en Copié/collé , mais je mettrais a la fin , la Source de l'auteur .
C'est avec une grande tristesse , que je mets en ligne ces durs moments .
Il y a encore pas mal de jours .
Peut importe le boulot , il faut que tout le monde sache .
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
Commandoair40 Admin
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Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Dim Juil 26 2015, 14:54
"10 Juillet 1962"
Le capitaine Bakhti, l'homme de Boumedienne, celui qui avait demandé une manifestation à Oran le 5, pour fêter la réconciliation entre chrétiens et musulmans, et qui avait depuis disparu, réapparaît.
Il montre à la presse ravie de cette détermination une centaine d'hommes dans un camp près d'Oran, tous musulmans, déclare que ce sont eux qui ont procédé au massacre du 5 et annonce leur prochaine condamnation.
La presse morale (le monde, libé, l'express...) est ravie de cette prompte justice, mais elle n'oublie pas que la faute est à l'OAS.
"Les ordures ne sont plus ramassées que par les affamés, et sur cette misère plane la loi martiale qui fait écrire à M. André Pautard, envoyé spécial du Monde à Oran :
"Il y a donc à Oran une seule autorité:
l'Armée de Libération Nationale, une seule loi: la loi martiale.
CETTE SITUATION N'EST PAS SANS RAPPELER D'AUTRES "PERIPETIES ALGERIENNES" et cet ORDRE RESSEMBLE FORT A "L'ORDRE NOUVEAU" que TENTERENT D'INSTAURER en leur temps CERTAINS REGIMENTS DE L'ARMEE FRANÇAISE.
Dimanche soir, les quartiers musulmans relativement peu animés étaient étroitement quadrillés par l'A.L.N.
Aux alentours du lycée Ardaillon, où s'est installé le commandement de la zone et où ONT LIEU LES EXECUTIONS, des piquets de garde, armés de fusils-mitrailleurs, s'échelonnaient tous les vingt mètres.
Nul ne pouvait passer s'il n'était muni d'un sauf-conduit.
Malgré la discipline de ces soldats dont l'attitude rappelle un PEU (sic) CELLE DE NOS PARACHUTISTES, une nervosité évidente se manifestait, quelques coups de feu isolés avaient été entendus peu avant dans le quartier.
Venus pour nous informer, nous avons reçu là l'accueille plus désagréable qui soit: celui que fait le bruit d'un fusil-mitrailleur que l'on charge."
Oui, ceci est écrit "en toute objectivité" et imprimé le 10 juillet 1962, alors que l'Algérie est à feu et à sang, que l'on saigne, que l'on exécute, que l'on enlève, qu'on viole, qu'on torture et ce commentateur du journal réputé le plus sérieux, ose mettre en parallèle cette situation avec celle créée par certaines "unités françaises", ces égorgeurs avec nos parachutistes.
Le correspondant du New York Miror semble avoir une vue plus claire des événements et il écrit:
"Les Algériens vont apprendre qu'il est plus facile d'obtenir la liberté que de maintenir un gouvernement d'hommes libres. Les Algériens avaient un bon gouvernement sous la France. Ils ont voulu être indépendants. Ils en ont maintenant l'occasion. Qu'ils en profitent ou qu'ils se coupent mutuellement la gorge, c'est là leur affaire. Nous n'avons pas à intervenir."
Repris dans "L'ALGÉRIE SANS LA France" du bachaga Boualem 1964, éditions France-Empire.
LARABI Mohamed,. 2e classe au 2Se B.C.A., ou (l/67e R.A. ?) fait prisonnier par le F.L.N. le 10-07-1962, puis libéré (ou évadé ?) le 18-09-1962, serait reparti vivre en Algérie.
"11 Juillet 1962"
Témoignage Moghzani A ... Ahmed, S.A.S. Haman Meloucetre (Rovigo). "Sept harkis et moghzanis de Rovigo (commando de chasse 117e R.I. et S.A.S. Amamlouane) ont été enlevés et tués vers le 1er juillet à R'mili (Rovigo), en particulier les moghzanis: MOUSSA Mahfoud et MOUSSA Amar."
Témoignage A ... Tahar, harki à la S.A.S. de Rivet, puis détaché auprès de la gendarmerie de Rivet:
"Le sergent Djemal BOROUIS (27 ans), mokadem de la S.A.S. de Rivet, pris par le F.L.N. le 15 juillet, emmené à R'mili (Rovigo), supplicié et égorgé le 27 juillet. Le harki TAHAR (Boussaâda) harki au 2e Bureau du 117e RI., pris par le F.L.N. début mars 1962, supplicié et tué quelques temps après (chair arrachée et ingurgitée de force, salée et exposée au soleil durant plusieurs jours). "
Témoignage M ... ben Mohamed, harki au 20e G.A.L. puis moghzani à la S.A.S. de Tigzirt-sur-Mer et enfin au 1/73e R.I.M.A. à Boufarik: "M ... ben Brahim, harki au 1/73e R.I.M.A., a été étranglé par l'A.L.N. dans les monts de l'Atlas, au sud de Souma, au cours du mois de juillet. S.N.P. Djelloul, ex-harki au 20e G.A.L., arrêté quelques jours après le 1er juillet, emmené au camp F.L.N. de Bensala (Oued el Alleug), a été décapité vers le 8/7. Sa tête a été rapportée à son père. Sur 40 harkis originaires d'Oued el Alleug, 3 seulement se sont sauvés, tous les autres ont été arrêtés."
"12 Juillet 62"
Depuis Tlemcen où il vient de s'installer ce jour, Ben Bella anathématise Ben Khedda et le GPRA qui sont au rocher noir.
" A la villa Rivau qui surplombe Tlemcen, Ben Bella pèse ses chances.
Il souhaiterait s'installer au grand hôtel occupé, très provisoirement, par l'armée française, mais les lieutenants de Boumediene l'ont "encaserné" dans ce nid d'aigle où les uniformes des garçons d'étages jusqu'à celui du maître d'hôtel lui rappellent qu'il est l'hôte de l'A.L.N. Boumediene lui a recommandé chaudement un membre du C.N.R.A. dont on a peu parlé jusqu'alors, mais qui, dans l'esprit de Boumediene, pourrait être un stimulant pour Ben Bella, voire même un concurrent.
Il s'agit d'Hadj Ben Alla, adjoint politique de l'ancien chef de la Wilaya d'Oranie, Larbi Ben Mehdi, figure martyre de la révolution.
En réalité, Hadj Ben Alla va en remettre en traitant publiquement Ben Khedda et ses acolytes de "valets du capitalisme au service de l'armée française" et M. Bourguiba, de "fossoyeur de l'unité maghrébine".
Déjà l'Agence Maghreb Presse signale que les bordjs de Safsat et de Zegdou ont été attaqués et occupés par des éléments A.L.N.
Sur des prisonniers on a découvert des documents émanant du quartier général de Souk-Ahras qui font état "d'une bataille idéologique à mener contre le tyran marocain".
L'accusation violente de Hadj Ben Alla, que l'amitié de Boumediene et de Ben Bella conduira un jour à remplacer Ferhat Abbas à la présidence de l'Assemblée nationale, n'est pas un acte gratuit.
C'est la menace que Boumediene entend faire peser sur tous les ennemis du groupe de Tlemcen.
Au premier rang, la Fédération de France du F.L.N. à laquelle Ben Bella adresse un avertissement, une mise en garde à "cet appareil policier que constitue le F.L.N. en France".
Au second rang, ceux que Boumediene appelle "les polichinelles d'Alger" qui ne seraient rien sans la caution des unités et des armes d'Hassan.
Cette "protection" permet à Alger d'engager le dialogue avec Tlemcen, un dialogue rendu plus nécessaire encore par les mouvements de rues provoqués et entretenus par Yacef Saadi et Ali la Pointe.
Si Hassan et le vieux Mohand se rendent donc au "conseil des Wilayas " pour y mener des transactions comme l'Algérie en a connues et en connaîtra encore, des tractations sur lesquelles la presse française fonde tous ses espoirs pour le rétablissement de l'ordre et la poursuite de la politique de coopération.
A Paris, on confond volontiers grandes manœuvres et chikaïs.
Tout cela n'empêche pas l'Algérie de continuer à vivre, mal si l'on en juge par la ruée des chômeurs vers les panneaux proposant quelques emplois, par le nombre sans cesse croissant des Volontaires de la Brigade du Travail qui se pressent devant la Maison du Peuple, siège de l'U.G.T.A., où l'on distribue sur présentation des cartes du syndicat et du parti un bon qui donne droit de "travailler" trois heures au nettoiement des rues.
Des banderoles ont été apposées dans les grandes artères: "N'oubliez pas que la propreté et la blancheur sont les symboles de l'Islam."
Ce conseil n'est pas un luxe si l'on en juge par les tas d'ordures, d'immondices qui, quotidiennement, grossissent devant les maisons.
L'ALGÉRIE SANS LA France, du Bachaga Boualem, Editions France Empire 1964."
Des hommes viendront se rallier au "clan de Tlemcen", Ferhat Abbas (qui n'a jamais digéré d'être supplanté par Ben Khedda comme chef du GPRA), Ahmed Francis, Boumendjel des "libéraux" qui tombent du Scylla communiste Ben Khedda dans le Charybe islamique.
Khider aussi à qui Ben Bella laisse croire qu'il est son inspirateur.
Ben Bella est reçu en grande pompe, dans le quartier général des troupes françaises à Oran, par le général Katz.
Ce dernier lui présente les amitiés du saint laïc Michelet , ex-garde des sceaux, qui a tant fait pour le bonheur de Ben Bella quand il était retenu en métropole, puis demande à serrer la main du colonel Othman, chef de la willaya 5, l'organisateur présumé de la piednoirade de la semaine passée.
Il prend ainsi position dans la querelle entre le GPRA et l'ALN, en faveur de l'ALN, on ignore encore s'il s'agit d'une manifestation officielle (De gaulle ou Pompidou), à la demande de Michelet, ou de sa propre initiative.
OULAD Heddar,. Harki, cappturé le 12-07-1962 à Baleyenne, il est détenu captif par le F.L.N., 2 ans après, le 27 07 1964, il s'évade du Sahara.
"14 juillet 1962"
Nouvelle crise d'hystérie policière, une rumeur concernant un attentat contre De gaulle lors du défilé du 14 juillet, dix mille hommes en uniforme et en civil quadrillent la foule.
"15 juillet 1962"
De gaulle ayant viré les députés d'algérie, il a enfin la majorité pour faire voter le levée de l'immunité parlementaire de Bidault, successeur de Jean Moulin au conseil national de la résistance, premier chef d'état à la libération, plusieurs fois premier ministre, ministre des affaires étrangères inamovible de la quatrième.
La gauche unanime ayant porté ses voix aux gaullistes, l'immunité est levée par 241 voix sur 480, un désaveu de sa commission d'enquête (mais les députés d'algérie étaient toujours députés et certains d'entre eux membres de cette commission).
A dix heures du matin, au bar du Lion d'or, 41 rue de Lyon, les familles de disparus créent une association (Association des Familles de Disparus en Algérie).
Il y a 200 personnes présentes.
Bidault fût pourchassé dans toute l'Europe par les forces jointes des polices parallèles et de la diplomatie, bien mieux et bien plus énergiquement que ne le furent les chefs FLN.
Adenauer qui créa l'Europe avec Bidault et Gaspieri autre vieil ami refusa de l'entendre et le fit expulser au Brésil.
"16 juillet 1962"
Les chefs des willayas proches du GPRA se rendent à Tlemcen proposer un règlement de la crise qui oppose le groupe d'Oujda (ou de Tlemcen) au GPRA, ils proposent une nouvelle réunion du CNRA, Ben Bella refuse.
Alain BONNAT.
Membre de l'Organisation du Secteur d'Orléansville, région d'Affreville (recueil, transports, renseignements, Maquis Albert), fils du Maire de Changarnier et de son épouse, eux- mêmes trahis et tués par les terroristes FLN en 1961.
Resté avec ses grands-parents après l'indépendance de l'Algérie "pour faire les dernières moissons". Enlevé avec sa femme dans l'oued Djer, entre Oued El Alleug et Changarnier en juillet 1962.
Détenu ensuite dans les galeries des mines de Miliana avec d'autres prisonniers (dont un seul, militaire français, réussit à s'échapper, et aurait témoigné que la populace locale venait leur jeter des pierres et des ordures, qu'un ministre algérien en tournée d'inspection leur avait pissé dessus), vraisemblablement décédé, ou exécuté.
Son épouse, mise dans un bordel de l'ALN, récupérée par un "capitaine", à titre personnel, retrouvée par la Croix Rouge, mais n'ayant pas été "rapatriée" après les épreuves subies.
Sources : différents témoignages de la région Jacques Torrés et Jean-Baptiste Gasser
"17 Juillet 1962"
Les réalités algérienne parviennent à se frayer un passage jusqu'au au niveau de De gaulle.
Au comité des affaires algériennes de ce jour, il déclare :
"Il n'y a plus de gouvernement ni d'autorité locale, il y a même plusieurs ALN. Nos militaires peuvent accorder leur concours, mais avec prudence. Si la situation s'aggrave, protéger les français et les mener au port."
Mesmer explique qu'il ne reste plus que 400 points de l'armée au lieu des 4000 précédents.
"Le regroupement est nécessaire dit De gaulle, partout où il n'y a plus d'européens, il faut partir. Si aggravation, protéger le regroupement des français, et, au besoin, leur embarquement."
Fourquet signale qu'on a repéré un camp de concentration avec des français.
Que faut-il faire? De gaulle tempête. "que font les commissions de concertation, que font les chefs de secteurs? si la situation s'aggrave il faudra prendre des mesures".
En d'autres termes, pour le moment, rien.
Les instructions données ce jour à l'ambassadeur de France sont les suivantes: "(...) s'attachera surtout, à permettre, dans la période actuelle, grâce au concours de fonctionnaires français, le maintien ou le rétablissement des structures administratives essentielles (...)"
En Aout, Mesmer et Peyrefitte déclarent que "l'armée française ne manquera pas à son devoir de défendre les français menacés"; Jeanneney, ambassadeur prend l'avion et vient voir De gaulle : "si vous voulez reprendre la guerre, il suffit d'installer l'armée française partout où un agriculteur français est menacé. Je croyais que vous m'aviez donné comme instruction de faire en sorte que nous ne recommencions pas la guerre? De gaulle le lui confirme: le rôle de l'armée est de regrouper ces français isolés, de les ramener à la côte et de les embarquer"
(le dernier paragraphe d'après Jeannney, une mémoire républicaine, le seuil, 1997).
Ben Bella donne un long interview au Monde .
On n'y parle ni des massacres des harkis ni des enlevements des européens, toutes choses qui battent leur plein, mais de l'avenir de l'algérie.
Alors que les chikayas sont le seul sujet des nouveaux maîtres, le Monde entérine Ben Bella comme le futur patron de l'algérie.
Parmi les fulgurantes prévisions du Raïs, figure le rôle de l'armée: "l'A.L.N. vient des militants elle est nourrie par le peuple.(...) beaucoup parmi eux aspirent à retrouver leur foyer, à reprendre leurs occupations.(...) J'affirme donc que le danger militariste n'existe pas (...) si un jour le danger militariste devait se presenter, je m'y opposerais (...)"
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Dim Juil 26 2015, 15:56
"18 Juillet 1962"
Susini, vêtu d'une soutane, s'embarque à Alger pour l'Italie, conscient que la chance qu'il a tenté de maintenir une communauté pied noire en algérie avec l'appui des kabyles est enfuie.
F. Maloud, Au 2e bataillon du 2e R.I.Ma, arrêté le 18-07-1962 à Akbou, torturé, détenu à Camp du Maréchal puis à Maison Carrée. Il est affecté au démiinage à la frontière tunisienne, d'où il s'évade le 27-06-1967.
Au conseil des ministres du jour, Joxe est content, "à part quelques enlèvements, le calme revient peu à peu".
Par contre, en france il y a des risques "Les pieds noirs vont inoculer le facisme en france. Dans beaucoup de cas, il n'est pas souhaitable qu'ils retournent en algérie, ni qu'ils s'installent en france. Il vaudrait mieux qu'ils aillent en Argentine ou au Brésil". De gaulle n'est pas d'accord et fait preuve de sa connaissance des hommes habituelle: "tous ces gaillards, plutôt que d'aller à Lille, ils préfèreront revenir à Oran. Il ne faut pas jeter le manche après la cognée. C'est une substance française que nous n'avons pas le droit de perdre! Il est souhaitable qu'ils reviennent en algérie et que ceux qui y sont y restent"
(Peyrefitte, c'était De gaulle, page 192).
Comme ça va mieux, il essaye de renvoyer les fonctionnaires à l'enlèvement et au viol:
"En conséquence, les fonctionnaires et agents des services publics qui ont quitté l'Algérie sont invités à vérifier sans délai auprès de leur administration d'origine en Algérie et, en cas d'impossibilité absolue, auprès de leur ministère de rattachement s'ils se trouvent ou non dans une situation régulière.
Dans le cas où ils seraient en contravention avec les dispositions de l'ordonnance du 30 mai dernier, ils s'exposeraient à ne plus recevoir d'affectation et à ne plus percevoir de traitement.
Les fonctionnaires et agents des services en cause devront donc rejoindre l'Algérie ou prendre contact avec leur administration en métropole. Ils relèvent notamment de l'Education nationale, des services publics financiers et des services publics sanitaires."
Mesmer, qui est informé par les militaires qui restent signale que "l'anarchie s'installe partout, des chefs locaux apparaissent qui n'obéissent à personne."
"19 juillet 1962"
Le gouvernement suspend le transfert des harkis en France, les camps d'accueil sont saturés.
Enlèvement des époux Bonat et de leur cousin Georges Dufour, sur la route de Changarnier.
Plusieurs mois après l'enlèvement cependant, en mars 1963, un nouveau renseignement fait état de la présence à Blida de Madame Bonat, vivante, "qui se serait convertie à l'Islam et qui vivrait libre".
Ce même renseignement fait aussi état de la mort d'Alain Bonat et de Georges Dufour.
Cependant, de nouvelles recherches consulaires françaises et de la Croix-Rouge internationale ne permettent pas la confirmation de ces renseignements.
Quelque jours plus tard, deux fiches classées Secret par l'Ambassade et par l'armée française montrent que " Lylian Bonat a été détenue 5 mois après son enlèvement à la clinique des Glacières de Blida avant d'être "récupérée" par un ancien officier responsable de la wilaya 4, Mohamed Elblidi, qui roule dans la Peugeot 404 des disparus!".
(un silence d'état, Jean-Jacques Jordi)
"20 Juillet 1962"
Max Clos, correspondant du Figaro à Alger publie un quatrième article (qui vaudra au Figaro d'être saisi pour la quatrième fois à Alger) dans lequel il décrit (le seul des journalistes présent à Alger) la situation sans fard "elle est pire que jamais", "les enlèvements continuent" "ils sont suivis de sévices et de torture" "ils ne sont pas le fait des incontrôlés".
A chaque fois il conclut que les autorités française doivent faire quelque chose. Les disparus:
Le 20 juillet 1962,l'opinion publique fut alertée sur ce drame et Michel Goulé relatait dans Le Monde daté du 21, en gros caractères, l'information suivante:
"Les enlèvements d'Européens en Algérie."
"La dispersion et l'impuissance des autorités locales compromettent l'action de l'Association de sauvegarde. Elle se borne à enregistrer les plaintes et à créer des dossiers." Et aussi: "
"Les enlèvements continuent. La Croix-Rouge estime que les deux tiers des enlevés sont vivants mais en général détenus dans des sortes de camps, souvent ceux des anciennes SAS ou des postes militaires abandonnés."
Ainsi, reconnaissait-on que des enlèvements avaient lieu en Algérie.
Et qu'ils continuaient à la date du 20 juillet 1962.
Quelques semaines plus tard, Paris-Match (du 8 septembre 1962) ouvrit un dossier sur ces camps de prisonniers et en cita quelques-uns, tels :
- le camp de Bois-Sacré situé à 1,5 km de Gouraya ;
- le camp de Sidi-Simiane situé à 15 km au sud de Fontaine-du-Génie ;
- le camp du douar Elidane situé à 15 km au sud-ouest d'Aumale ;
- les camps de Marceau, de Bousemane, de Dupleix, etc.
"Là, Européens et musulmans ayant servi la France sont internés, dans des conditions atroces. Les femmes et les jeunes filles, européennes en particulier, servent au plaisir des soldats de l'ALN avant d'être achevées quand elles sont rendues à l'état de loques humaines", disait en substance l'article."
"Et pour donner plus de poids à son enquête, ce journal fit état de ce Français enlevé le 14 juillet dans les environs de Marceau, puis transféré au camp de Bois-Sacré et exécuté après avoir été des jours durant abominablement torturé dans les conditions suivantes :
"Ligoté à un arbre, les yeux crevés, émasculé, les mains et les avant-bras coupés." Ce camp est connu des autorités françaises, régulièrement repéré d'avion, d'où l'on peut voir Européens et musulmans détenus installés dans des baraquements sur la plage. Les djounouds (soldats de l'ALN) ont tous les droits sur ces prisonniers, notamment sur les Européennes qui servent, comme ils disent, de filles de joie".
L'accusation était portée et elle était irréfutable.
Alors, pourquoi l'armée française - qui en avait encore les moyens - n'intervenait-elle pas pour sauver ces malheureux ?
Que faisait Fouchet, lui qui, quelques semaines plus tôt, se portait garant de la protection des populations et de la présence française ?
Et pourtant ils étaient enfermés dans des camps parfaitement localisés et connus des autorités, attendant dans la souffrance et la déchéance une vaine délivrance.
Certains furent libérés, mais sur des initiatives individuelles d'officiers outrepassant les ordres reçus et immédiatement sanctionnés.
Parfois même, ces morts-vivants étaient plongés dans leur univers concentrationnaire à proximité des camps militaires.
Que d'horribles, que d'épouvantables hurlements ces militaires français ont-ils dû entendre chaque nuit, eux qui étaient terrés dans leur caserne, l'arme au pied, attendant la quille prochaine...
En vérité ils ne firent qu'appliquer à la lettre les strictes consignes de non-intervention, données par le gouvernement français aux autorités civiles et militaires.
Et les cadres de l'armée, les consuls et l'ambassadeur de France à Alger respectèrent ces ordres de ne pas intervenir , abandonnant ceux qui n'étaient plus que des morts en sursis, oubliant que, pour des raisons similaires, on condamna à la fin de la Seconde Guerre mondiale les officiers allemands qui ne s'étaient pas opposés aux ordres de Hitler. Il n'y a pas d'exemple qu'un Etat ait ainsi livré ses enfants au bourreau.
Par conséquent, on peut affirmer que depuis 1962, la plupart des hommes politiques {à l'exception de quelques sénateurs dont il sera fait état plus loin) ont, à quelque degré que ce soit, une responsabilité sur ce drame épouvantable.
Tous sont complices, ne serait-ce que par leur silence.
Car tous connaissaient l'issue de ces "honorables" accords d'Evian chers au général-Président et le génocide tant de la population européenne que des musulmans fidèles à la France qui s'ensuivit.
Et pourtant, on ne supprima pas 150000 personnes du jour au lendemain. .. Pendant que les hommes politiques français continuaient sans vergogne à démentir l'existence de camps de la mort lente, en Algérie cependant - notamment dans le bled - chaque habitant était au courant des pratiques qui s'y exerçaient.
On notera ce cas, abordé le 4 novembre 1963, devant le Senat par le sénateur Dailly, en présence de De Broglie (qui restera de marbre) et repris de concert par la presse :
"Le 4 mars 1962, Guy Lanciano et Daniel Falcone sont enlevés à Alger, dans le quartier du Ruisseau. Ils subissent pendant quarante et un jours des tortures effroyables à la villa Lung : on leur coupe le nez, les oreilles, on crève les yeux de l'un, on matraque l'autre; il a perdu l'usage de la parole. L'aveugle peut parler; celui qui voit ne parle plus." Ils seront libérés par un commando de l'OAS et remis aux services médicaux de l'armée française à l'hôpital Maillot. Leur état physique est tellement dégradé qu'on les garde longtemps, trop longtemps, dans cet hôpital. Jusqu'au mois d'avril 1963, période à laquelle la Croix-Rouge avise les familles de leur transfert à l'hôpital de Nancy par avion sanitaire. Jamais ces familles ne les reverront ! Le sénateur Dailly interpelle De Broglie sur cette disparition. Réponse du ministre: "L'affaire est sans doute compliquée: il subsiste quelques points obscurs. Je fais actuellement poursuivre sur le territoire national des recherches extrêmement poussées."
Inutile de préciser que ces recherches, si elles ont vraiment eu lieu, n'ont jamais abouti.
En mars 1964, dans le Sud-Oranais, il existait un camp de concentration où, quinze heures par jour, des détenus ramassaient l'alfa.
Un jeune garçon de 17 ans, prénommé Alain, avait été abattu parce qu'un soir, il n'avait plus la force de regagner sa prison.
Un autre de son âge l'avait été parce qu'il ne voulait pas servir de "délassement" à ses gardiens.
Le même genre de camp existait près de Bou Saada, et à proximité de Djelfa, tous deux dans la région de Médéa.
Il n'y avait aucun secret là-dessus et dans les douars, tout le monde parlait des "esclaves chrétiens".
Quant aux femmes françaises, elles servaient de distraction en priorité aux officiers de l'ALN. Ensuite elles étaient acheminées dans le Sud et livrées aux tribus nomades et aux djounouds. La plupart d'entre elles devenaient folles...
Certaines, les plus résistantes, furent vendues à des trafiquants internationaux et acheminées vers le Maroc ou le Congo ex-belge, voire vers l'Amérique du Sud.
La plupart de ces femmes étaient tatouées, parfois mutilées.
Nombreuses furent celles qui eurent des enfants nés des oeuvres de leurs geôliers.
Aujourd'hui ces enfants sont vivants. Et musulmans. Ils ont été élevés dans des familles musulmanes et ignorent tout de leur origine.
Il y eut, par miracle, quelques rescapées.
Le premier cas concerne une jeune infirmière lyonnaise, Marinette B..., dont le chemin de croix a été relaté par le quotidien Le Méridional, le 4 novembre 1963.
Le second cas est plus pitoyable. Cette femme est aussi revenue de l'enfer. Mais dans quel état!
C'est l'hebdomadaire Aux Ecoutes du 22 novembre 1963 qui a publié sa terrible odyssée.
Trois jours avant la parution de cet article, le sénateur Dailly avait fait le même récit.
Celui-ci est relaté dans le Journal officiel du 19 novembre 1963 (page 2561).
Pour clore ce douloureux et révoltant chapitre, citons également ce témoignage paru dans l'hebdomadaire Carrefour du 27 novembre 1963 sous la signature de R. Langlois:
"Il y a encore en Algérie plusieurs dizaines de Françaises portées disparues, mais encore vivantes - on parle même de 100 - qui ont été enfermées dans des maisons closes... On signale que parmi ces malheureuses une quarantaine, pour la plupart femmes d'officiers ou de sous-officiers, seraient devenues folles."
Courant 1962, M. de Leusse, alors ministre des Affaires algériennes, répondit ceci à un parent de disparu venu lui demander si l'on pouvait compter pour les recherches sur les Services de renseignements français :
"Non seulement la France a donné ses services et ses moyens de renseignements aux Algériens, mais elle a donné aussi tous ses renseignements."
Et De Broglie envoyait pendant ce temps aux familles de disparus de belles lettres en les priant de considérer leurs parents comme morts. ..
Pourtant certains journaux courageux essayèrent à cette époque, sans résultat, d'alerter l'opinion publique.
C'est ainsi que L'Aurore du 27 avril 1964 affirmait que quelques semaines plus tôt, "un millier d'hommes et de femmes vivaient encore dans des camps de travaux forcés, dans les mines ou dans les maisons de prostitution. (...)
A l'intérieur d'un camp militaire, près de M'Sila, on a vu, cernés de barbelés, des garçons vêtus de beige, qui n'étaient sûrement pas arabes ".
Pour preuve de la responsabilité et de la complicité de l'Etat français dans ce génocide, un message téléphoné secret, reçu le 16 juin 1964 par le préfet de la Moselle, vint corroborer ce qu'affirmaient les journaux à cette époque.
Une mission parlementaire UNR, effectuée en Algérie dans la seconde quinzaine du mois de mai précédent, avait constaté qu'existaient des prisons et des camps où étaient détenus des Européens.
Et que d'autres travaillaient dans les mines de sel.
Aux membres de la mission qui demandaient à l'ambassadeur de France à Alger les raisons pour lesquelles il ne réagissait pas, il fut seulement répondu que les prisonniers étaient très sérieusement isolés et, sous-entendu, que l'on ne pouvait donc rien faire...
Cette connivence, cette complicité, cette démobilisation s'est illustrée à tous les échelons et dans tous les secteurs.
C'est ainsi que la Croix-Rouge internationale elle-même a failli à sa mission et à son devoir le plus élémentaire qui était celui d'arracher les victimes des griffes des bourreaux.
Que l'on se souvienne de cette mère, en proie à la plus terrifiante détresse qui soit, celle de savoir ses deux fils entre le mains des écorcheurs. Allant s'adresser en désespoir de cause aux délégués de la Croix-Rouge chargés d'enquêter à Orléansville sur les enlèvements, elle trouva ces vertueux fonctionnaires à la piscine.
"Quelle fut leur réponse à l'au-secours que venait leur crier cette malheureuse mère?" .Mais tournez la page, madame. Ils sont tous morts!"
Et comme elle se refusait à "tourner la page" , ils lui répondirent qu'ils ne tenaient pas à être enlevés à leur tour au cours d'éventuelles enquêtes dans les repaires des fellaghas.
Depuis quarante ans, tous les gouvernements français successifs ont éludé le sort des disparus de 1962.
La Croix-Rouge internationale, elle-même, ne peut donner, aujourd'hui encore, aux familles de disparus le moindre renseignement sur les dossiers qu'elle a constitués en raison d'un accord franco-algérien qui lui interdit toute divulgation sur ces sujets.
Cette obligation, décision des gouvernements français et algérien, a été publiée au Journal officiel de la République française le 7 mai 1963.
Et se trouve toujours être en vigueur aujourd'hui. (depuis l'écriture de ce texte,en 2001, le rapport a été rendu public en 2003, on le lira ICI :http://guerredalgerie.pagesperso-orange.fr/croix_rouge.htm )
Cette même année, pourtant, lors de débats à l'Assemblée nationale sur les disparitions de ressortissants français, et alors que les témoignages les plus atroces provenaient des camps de la mort lente, De Broglie avait eu le cynisme de déclarer :
"Aujourd'hui l'aspect humain s'efface, et il ne reste qu'une coopération entre Etats."
Certains vécurent des années durant dans leur univers Concentrationnaire.
C'est ainsi que, le 26 janvier 1971, le président algérien Boumedienne déclarait:
"A Paris, on semble ignorer que nous détenons un grand nombre d'otages français. Quand il faudra, nous en communiquerons la liste à la presse, d'où une émotion considérable en France. Alors, pour obtenir la libération de ces otages, il faudra y mettre le prix..."
Le couple d'enseignants Allard, de Bruyère-le-Châtel {Essonne) d'abord pro-FLN puis expulsé d'algérie au cours du deuxième trimestre de 1971, révélera qu'environ 750 disparus européens ont été vus et contactés dans les camps de travail situés à proximité des puits de pétrole d'Hassi-Messaoud.
A l'automne 1972, quelques-uns de ces hommes ont tenté de s'évader.
On les a retrouvés bastonnés à mort sur la rocade sud, avec la main droite coupée.
Le 24 avril 1982, un hebdomadaire publiait les révélations de Poniatowski qui affirmait qu'en 1975 (il était alors ministre de l'intérieur), il y avait encore des centaines de captifs en Algérie.
Ce jour-là, nous fîmes connaissance avec l'incroyable, l'impossible, l'inimaginable.
En première page, on pouvait lire:
"Exclusif : les photos des Français détenus sans raison prisonniers en Algérie depuis vingt ans. Un vrai camp de concentration installé du côté de Tizi-Ouzou."
Au total 15 photos sous lesquelles figuraient les noms et prénoms des "disparus".
L'une d'elles nous apprenait ainsi que le gardien de la paix, Pelliser Jean-Claude, enlevé le 16 mai 1962 à Maison-Blanche, Alger, dans l'exercice de ses fonctions, était toujours en vie.
Mais le scandale - vite étouffé par le gouvernement, relayé en cela par les médias, éclata quand l'ASFED (Association pour la sauvegarde des familles et enfants de disparus) reçut d'un délégué de la Croix-Rouge internationale, le 15 novembre 1986, un télégramme signé P.A. Conod et rédigé comme suit:
"Confidentiellement, je puis vous dire que selon nos dernières enquêtes et des sources sûres marocaines, il y a bien 500 à 700 Français retenus captifs en Algérie."
" Il y a bien" : c'est le présent qui est employé et non le conditionnel.
Cette révélation fit l'effet d'une bombe.
Et elle éclata sous les pieds de ce fonctionnaire qui fut aussitôt muté à Hanoi.
Aussitôt les contacts furent multipliés et les ministres intéressés interpellés par quelques députés.
Tous nièrent l'existence de survivants y compris le Premier ministre de l'époque, Jacques Chirac, qui résuma la situation en ces termes:
"Aucun élément ne permet aujourd'hui d'affirmer que certains de nos compatriotes demeureraient en vie ou, a fortiori, seraient encore détenus en Algérie."
Et Chirac de "déplorer et s'indigner de la diffusion et de la publicité de telles contrevérités sur ce sujet" .
Le 24 novembre 1963, date de la principale et dernière intervention majeure de représentants du peuple en faveur des disparus d'Algérie, le sénateur Guy Petit déclarait à De Broglie: "Concernant les disparus, on est venu nous dire qu'il y avait eu des arrestations arbitraires car si elles n'avaient pas été arbitraires, on ne serait pas intervenu. Nous avons fait des démarches, des démarches comme un quémandeur alors que ce sont les contribuables français qui tiennent à bout de bras, grâce à vous, le budget de l'Algérie. On n'est une grande puissance, on n'est un grand pays que, lorsque avant tous les chants de gloriole, on a le respect de soi-même, la volonté de défendre ses nationaux par tous les moyens. Cette volonté, vous l'avez abandonnée pour faire des démarches d'antichambre (...). Je vous dis que tout cela est absolument indigne de la France et puisque ce sont les circonstances atténuantes que vous venez plaider ici, personnellement je vous les refuse pour l'honneur de notre pays."
Il y a quarante ans que le gouvernement était ainsi interpellé en la personne de De Broglie qui devait finir le nez dans le ruisseau.
Quarante ans que ces martyrs innocents ont été ravis à l'amour des leurs dans le seul but d'alimenter une arithmétique de la terreur.
Pauvres êtres torturés!
Leurs cris déchirants seront restés vains durant toutes ces années, mais ces plaintes ne sont pas perdues.
Quelque part dans les cieux elles ont été enregistrées indélébilement et le jour du jugement dernier, elles se feront de nouveau entendre...
Au regard de ces tragiques événements, un constat s'impose.
Les Français, dans leur ensemble, auraient pu, s'ils l'avaient voulu, être au courant de ce drame humain.
Descartes soutenait que pour atteindre à la vérité, il fallait une fois dans sa vie se défaire de toutes les opinions que l'on avait reçues et reconstruire de nouveau et dès le fondement, tous les systèmes de ses connaissances.
Et Georges Bataille écrivait à ce sujet: "La vérité je crois n'a qu'un visage: celui d'un démenti violent."
Il nous faut donc à tout prix rompre le silence de nos gouvernants. il ne faut pas que l'oubli retombe sur le génocide de notre peuple.
C'est à nous tous de réclamer que la lumière soit faite sur ces tragédies et de dénoncer ceux qui manquèrent si gravement à leur devoir.
Ceux-là, l'histoire les ensevelira sans jamais leur pardonner.
Et si lourde, si dure soit-elle, la Vérité nous est due.
Nous avons le droit, nous avons le devoir de la demander inlassablement et nous la demandons.
Tout simplement, au nom de l'Amour.
José Castano
Le drame des disparus a été fidèlement raconté dans un ouvrage intitulé "Afin que nul n'oublie" que l'on peut se procurer chez l'auteur : José Castano, Parc Méditerranée, 34470 Pérols (18 euros + 2,50 euros de port). Mi septembre un officier donne quelques informations sur les camps:
I.- CAMP DE BOIS SACRE
C'est un ancien centre de repos des Sahariens. Il est situé à 1,5 km de GOURAYA. Il est occupé par une katiba depuis juillet, et des prisonniers y sont détenus depuis cette date:
Ex-harkis : Cent y étaient internés vers le 15 juillet. Cinquante ont été exécutés vers le début d'août. Il n'en restait plus que vingt au début de septembre.
Européens: Quelques-uns ont été tués. Malheureusement, les renseignements sont devenus très rares. Ils émanent de très rares prisonniers qui ont réussi à s'échapper. C'est ainsi qu'un ancien harki évadé est témoin que X ... (un Français) a été enlevé le 14 juillet dans les environs de Marceau, puis transféré dans ce camp et enfin exécuté quelques jours après dans les conditions suivantes: ligoté à un arbre, les yeux crevés, émasculé, les mains et les avant-bras coupés. Ce camp est connu, régulièrement repéré d'avion, d'où l'on peut voir les Européens et les Musulmans détenus installés dans des baraquements sur la plage. Les djounouds (soldats de l'A.L.N.) ont tous les droits sur ces prisonniers.
II. - CAMP DE SIDI-SIMIANE Situé à 15 km au sud de Fontaine-du-Génie:
D'après un témoin évadé, les prisonniers sont employés à des travaux de piste toute la journée (juillet et août). Si le travail est insuffisant, les intéressés sont roués de coups jusqu'à la mort.
III. - CAMP DU DOUAR RIDANE
Situé à 15 km au sud-ouest d'Aumale. En juillet, tous les harkis de la région y ont été rassemblés et divisés en équipes. Chaque soir, l'équipe qui avait eu le moins de rendement était exécutée avec les raffinements habituels. Tous les gradés de ces anciennes harkas ont été tués. Un sergent de vingt-trois ans (quatre citations, médaille militaire à titre exceptionnel) est mort d'épuisement après quatre jours de tortures.
On peut encore citer d'autres camps: camps de MARCEAU, de BOUSEMANE, de DUPLEIX...
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Dim Juil 26 2015, 16:33
"21 juillet 1962"
André Aussignac, 68 ans, appelé du 23e Rima à Alger, a été déclaré disparu le 21 juillet 1962 par l'armée française.
" Le soir du 21 juillet 1962, j'ai quitté, en uniforme, la Maison carrée (caserne) d'Alger pour aller acheter des cigarettes.
Je suis tombé sur un barrage de musulmans en uniforme. Ils m'ont pris ma carte d'identité militaire et l'ont déchirée.
Je me suis retrouvé dans une camionnette avec des civils européens, dont le propriétaire du véhicule. On a été conduits dans une briqueterie, déshabillés et jetés dans un four encore tiède.
Dans la nuit, d'autres Européens sont arrivés.
A la fin, on était 17. Nous sommes restés là, entassés, sans boire ni manger, à redouter qu'ils allument le four.
Au bout de quarante-huit heures environ, nous sommes partis en camion bâché. Une fois dans le djebel, on nous a fait descendre et on a entamé une marche forcée de plusieurs semaines pour arriver à la mine de fer de Miliana.
Là, on nous a jetés à moitié nus dans une galerie.
Dans la mienne, on était environ 60, mais il y avait d'autres galeries avec d'autres Européens.
On nous obligeait à creuser avec des petites pioches. On avait droit à un verre d'eau par jour et parfois à un plat de semoule.
Pour ne pas mourir de soif, on mettait nos slips dans les parois humides de la mine et on suçait les gouttes d'eau.
Quand le plat de semoule arrivait, on se battait comme des chiens entre nous.
Certains sont morts d'épuisement, d'autres se sont volontairement tués.
Une fois, l'un d'entre nous a planté sa pioche dans la terre et s'est jeté sur la lame.
Un jour, un ministre algérien est venu visiter la galerie. Je ne me suis pas levé pour le saluer.
Il m'a balancé un grand coup de pied dans la tête [la cicatrice à l'arcade sourcilière est encore visible]. J'ai essayé de m'évader deux fois sans succès.
La première fois, en représailles, on m'a donné de grands coups de bâton sur les chevilles.
La deuxième, on m'a assis sur une pierre, ligoté à un pieu et arraché les ongles des orteils avec une pince.
La troisième tentative a été la bonne.
J'étais avec deux autres copains qui ont été abattus. J'ai marché jusqu'à l'épuisement.
Des pieds-noirs m'ont découvert évanoui et nu dans un fossé.
Ils m'ont soigné, puis embarqué dans un chalutier en direction de Marseille.
Quand je suis arrivé chez moi, à Bordeaux, ni mes parents ni ma fiancée ne m'ont reconnu.
Je pesais moins de 40 kilos [contre 70 avant son départ].
Le 22 juillet 1963, j'ai été arrêté par la gendarmerie de Villeneuve-sur-Lot.
C'était pendant mon voyage de noces.
On m'a interné au fort du Hâ pour " désertion en temps de paix " !
J'ai été brutalisé.
On voulait que je livre les filières qui m'avaient permis de revenir d'Algérie. Je suis resté muet.
On m'a ensuite conduit à l'hôpital militaire Robert Piquet.
Sur la porte de ma chambre, on avait inscrit : " Individu dangereux, à ne pas mettre en contact avec les autres recrues ".
Le tribunal militaire de Bordeaux m'a finalement acquitté.
Je rends hommage au commissaire du gouvernement qui a plaidé pour ma non culpabilité.
Il a ensuite été muté.
En novembre 1963, le sénateur Etienne Dailly a évoqué mon cas au Sénat (Journal officiel du 24 novembre 1963, p. 2572).
Quelques jours auparavant, la Sécurité militaire m'avait menacé pour que je me taise.
Mon histoire gênait. Je me suis tu jusqu'à aujourd'hui.
J'offre ce témoignage à la mémoire de mes compagnons qui ont été sacrifiés. "
Pour que nul n'ignore…..
"22 juillet 1962"
Ben Bella crée le Bureau Politique organe de direction du F.L.N.
Il en désigne les membres. Il s'en nomme président. Il préside la première réunion. Le bureau politique désigné par Ben Bella se déclare "habilité à assurer la direction du pays".
Et hop.
Un métropolitain en voyage d'affaire, monsieur Garets est enlevé à Alger, sa disparition émeut considérablement plus que celle de milliers de pieds noirs, en effet elle laisse entendre que le business risque d'être affecté.
ZINE Tébri, Arrêté le 22-07-1962 à Biskra avec quatre camarades, torturé. Il réussit sa deuxième évasion, le 02-04-1965, la seule réussie des camarades faits prisonniers à Biskra. Les autres: Miloud BOUDSEMA, Hamed HAMOUD, Kalifa LIAN! et Larbi LIANI furent exécutés.
L'A.L.N. a libérée des prisonniers, l'un raconte:
BRICET Bernard, prisonnier de l'A.L.N.
"Au moment de ma capture je faisais partie de l'équipage du Destroyer d'escorte "Malgache" CIOA Arzew.
En juin 1962, sur un lamparo, au large de la crique de Boucourdan, nous avons été arraisonnés par un chalutier avec un équipage arabe armé, et amené au port.
Le pavillon a été arraché à la poupe du lamparo et piétiné. Sur le quai nous avons reçu des coups de crosses de fusil et des gifles. Nous étions 6 personnes.
Nous avons été amenés dans une école à Rio Salado, puis au village Boucourdan au dessus de Béni-Saf.
Nous étions détenus en Algérie dans le village et étions bien nourris.
Un capitaine de l'A.L.N. avec son pistolet nous a tous menacés. Nous avons été un mois prisonniers.
Il y avait aussi deux légionnaires allemands déserteurs qui faisaient la cuisine aux soldats de l'A.L.N.
J'ai eu l'ongle du gros orteil du pied gauche en partie arraché car ils me soupçonnaient d'être de l'O.A.S., et ils voulaient me le faire avouer.
Les gardiens nous faisaient sortir chacun à notre tour pour nettoyer les camps où nous passions.
Ils étaient armés d'un fusil mitrailleur. Nous pensions qu'ils allaient nous abattre.
Ils ont volé ma montre.
Ils voulaient que je leur donne l'adresse de mes sœurs à Paris.
Les arabes interpellaient le lieutenant de l'A.L.N., et ils disaient "laissez-les nous, nous allons nous en occuper".
Celui-ci a répondu "ce sont mes prisonniers, ne les touchez pas"
Avec une pelle nous creusions un trou, nous mettions la terre dans une brouette, et devant la rangée de soldats de l'A.L.N. armés d'un fusil avec une baïonnette et d'une cravache, nous jetions la terre plus loin.
Nous sommes allés à Tlemcen ou l' A.L.N. voulait que nous soyons jugés.
Finalement nous ne l'avons pas été.
Ceux-ci, le 22 juillet 1962, nous ont libérés au CIOA d'Arzew où le commandant VAUTERlN nous a accueillis.
Cette libération a été annoncée sur les ondes d'Europe 1.
Les harkis n'ont pas été libérés.
Le commandant BÉNÉZET du destroyer d'escorte "Malgache" avait prévenu mes parents de ma disparition.
J'étais de retour en France le 28-09-1962 par le B.D.C. Blavet.
Le commandant VAUTERlN a constaté que nous avions été maltraités notamment par la cravache et l'ongle du gros orteil du pied gauche en partie arraché.
Je n'ai plus eu de contact avec d'autres prisonniers, j'ai reçu la médaille du maintien de l'ordre en A.F.N. et du T.R.N.; la croix du combattant et du combattant volontaire avec barrette A.F.N.
Pendant que nous étions prisonniers, un garde mobile est venu sur sa moto, sans arme, au camp où nous étions.
Cela nous a rassuré car nous savions qu'un gendarme nous avait vu.
Est-ce à cause de cela que nous avons été libérés?
Nous avions le sentiment que nous allions être tués, que nous ne reverrions plus la métropole, ni notre famille.
La marine française était dans le port de Béni-Saf, mais elle n'est pas intervenue pour nous libérer.
C'est l'ALN qui nous a libérés, mais a gardé les harkis.
D'autres prisonniers étaient avec moi. Nous étions 12 personnes adultes et deux enfants dont un âgé de un an et demi. Parmi ceux-ci il y avait:
M. et Mme RUIZ Antonio.
M. et Mme GOIX et leur enfant.
M. Martinez Joseph, dit "Dudule", pêcheur d'Arzew et propriétaire du lamparo "La Banane" que l' A.L.N a gardé... "
Un homme au grand cœur de gauche (et au gros portefeuille) Gaston Deferre accueille miséricordieusement les français d'algérie qui sont arrivés par bateaux entiers dans sa ville de Marseille:
"Français d'algérie, allez vous faire réadapter ailleurs..." (interview dans Paris Presse de ce jour)
D'ailleurs, ce sont les services de la ville qui entretiennent les grands panneaux posés par la CGT sur les quais où abordent les paquebots, "le fachisme ne passera pas, pieds noirs retournez chez vous, les pieds noirs à la mer".
"23 juillet 1962"
Au carrefour des rues de l'agha et d'isly, à l'endroit même où l'armée française assassina les pieds noirs le 26 Mars, les A.T.O. ouvrent le feu à 22 heures sur les fenêtres, en riposte à des tirs disent-ils.
Six corps d'européens non identifiés sont déposés à la morgue, dont un militaire français, un autre est blessé.
Il s'agit de recommencer (comme en Avril Mai) à accuser l'O.A.S. de provocation pour justifier les piednoirades quotidiennes.
Même le Monde n'est pas dupe qui écrit "relancer le mythe de l'O.A.S. c'est tenter de ressouder l'unité algérienne, de conjurer le conflit qui menace."
Il est vrai que pour une fois, le représentant du Monde à Alger était au cœur du drame et a failli faire partie des corps déposés à la morgue, ça ouvre les yeux. Les morts sont messieurs Charles Fort, François Reig; Roland Carle; Bernard Rambour et trois autres (d'après l'algérianiste, numéro 124 page 131).
Ben Bella a tenté de renouveler à Alger le coup du 5 juillet à Oran.
Une équipe d'hommes qui lui sont fidèles, menés par Yacef Saadi, a tiré en plein centre d'Alger sur des militaires F.L.N. de la zone autonome (partisans du GPRA), les militaires réagissent durement, mais n'abattent que 7 européens. (les rares européens restés ont appris à se méfier et à raser les murs).
Beaucoup pensent que cet incident a été monté sur le modèle du 5 juillet à Oran, pour permettre à l'armée des frontières de venir "maintenir l'ordre" à Alger, comme elle l'avait fait à Oran.
Mais le FLN d'Alger est bien tenu en main par Ben Khedda, Saadi est en pays hostile.
MOUCHENE Mohamed, Au 1/121 e R.I., il est fait prisonnier le 23-07-1962 dans la Mitidja après l'indépendance. Cinq ans après, le 291967, il réussit à s'évader. Pensionné à 70 %, a la carte verte de prisonnier.
"24 juillet 1962"
Chollet, homme d'affaire important, membre connu du CNPF enlevé à son tour.
Décidément le FLN n'est pas correct, les médias s'agitent un peu.
Marceau Hestroffer, sergent au 65éme RA, enlevé ce même jour ne soulève pas la même émotion.
De gaulle (d'après Peyrefitte) n'est pas dupe: "les algériens vont s'étriper, ils ne savent pas faire autre chose. Le vide algérien est effrayant."
Peyrefitte, porte parole du gouvernement lance un coup de semonce: "le gouvernement envisage d'intervenir, si la situation venait à s'aggraver".
Ca calme le F.L.N. quelques jours, mais affole l'ambassadeur Jeanneney, voir ci-dessus au 17 juillet.
Le gouvernement est parfaitement informé du sort subi par ses ressortissants, en particulier la villa de l'ambassadeur de france est située juste en face de l'ancien siège du deuxième bureau où le F.L.N. a installé un centre de torture.
"25 juillet 1962"
Ben Bella et Boumedienne commencent à liquider le GPRA et ses amis par les armes : la willaya 2 (Constantinois) est conquise, un commandant arrête son chef, des troupes de la willaya 1 entrent à Constantine et tuent les opposants, une centaine de morts, des centaines d'arrestation.
En parallèle l'armée venant de Tunisie occupe Bône et Philippeville.
A El Millia l'affaire prend la forme d'une vague de terrorisme, mais qui cible les amis du G.P.R.A. et les nouveaux fonctionnaires nommés par lui.
Boumediene nie toute participation (encore des "incontrôlés ").
Ben Bella qui voit venir les ambitions de Boumediene, décide de ne plus accepter de tels débordement, et le fait savoir.
LECHEKHAB Lazhari, Au 7e B.T.A., fut fait prisonnier le 25-07-1962 en Algérie après l'indépendance du pays, il s'évade 3 ans plus tard, le 12-07-1965. Pensionné à 75 %, a la carte verte de prisonnier.
De gaulle se plaint en conseil des ministres les fonctionnaires sont des "déserteurs" ils ont "fui comme des lapins".
Boulin explique que les pieds noirs de Marseille "ne veulent pas travailler".
"Des harkis et des fonctionnaires se disent menacés. D'où des demandes qui viennent à la fois des autorités civiles et militaires. Il faut définir une position de principe" souhaite M. Messmer. Les réponses du Chef de l'Etat et du Premier ministre laissent entendre que l'un et l'autre sont mal informés. Elles méritent d'être citées: "On ne peut accepter, dit le Général, de replier tous les musulmans qui viendraient déclarer qu'ils ne s'entendront pas avec leur gouvernement. Le terme de rapatriés ne s'applique évidemment pas aux musulmans. Dans leur cas, il ne saurait s'agir que de réfugiés. Mais on ne peut les recevoir en France comme tels que s'ils couraient des dangers."
"Quand ce sont des musulmans isolés, ajoute M. Pompidou, on peut à la rigueur refuser de les embarquer. Mais quand c'est un douar entier que l'on voit arriver pour prendre le bateau, c'est plus difficile ... Deux camps militaires ont été installés. Ils sont submergés. Ces gens ne veulent pas travailler. Ils se trouvent très bien au Larzac sous leurs tentes".
Et De gaulle de conclure:"il faut les mettre en demeure ou de travailler ou de repartir".
"Plusieurs collègues, observe M. Peyrefitte, baissent la tête".
Racisme habituel des gaullistes. Travailler au Larzac?
"26 juillet 1962"
Le chef de la willaya deux qui s'est rendu dans le sud algérien revoir sa famille qu'il n'avait pas vu depuis longtemps est arrêté par son collègue si Larbi de la willaya du Sahara, agissant sur ordre de Boumediene.
Peu s'en faut qu'il ne soit passé immédiatement par les armes, pour obéissance au GPRA, il est mis en prison.
Joxe calme les députés: "justice sera rendue aux français d'algérie privés de leurs biens" (on attend toujours). "nous avons l'assurance que les français actuellement emprisonnés seront libérés". Assurance mensongère.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
Le rapport le plus véridique est celui du sous-préfet d'Akbou, M. Robert, resté en place après l'indépendance.
Il observe que jusqu'au 27 juillet 1962, "l'ALN fut d'une correction parfaite, rassurant les harkis et élus... Leur disant que le passé était totalement oublié, qu'ils étaient tous frères, que la France était seule responsable de leur action, et que les promesses d'amnistie et les accords d'Evian seraient scrupuleusement respectés...
Il était cependant précisé que quitter l'Algérie serait une trahison qui ne pourrait être admise.
La répression va s'abattre soudainement.
Une cinquantaine d'ex-supplétifs ou de civils furent tués par l'ALN dans les villages les plus éloignés.
Mais surtout, 750 personnes furent arrêtées et regroupées dans trois centres d'interrogatoire... Dans ces centres où l'on entendait très loin à la ronde les cris des torturés, près de la moitié des détenus furent exécutés...
Un conseiller général dont le président du comité FLN m'avait dit qu'il avait toute l'estime de la population a été arrêté le 1 août puis il fut enterré vivant le 7 août, la tête dépassant et recouverte de miel... "Son agonie, le visage mangé par les abeilles et les mouches, dura cinq heures". Situation de militaires ou de harkis de la région de Palestro en juillet 1962:
SEBIH Ahmed ben Menouar, mokadem à la S.A.S. de Maallaae1- Isseri, valeur militaire, deux citations, assassiné à El Isseri (Grande Kabylie).
AYACHE Abderhamane ben Ahmed, sergent au commando du 2e bataillon du 1er R.I.M.A., valeur militaire, assassiné au cours du mois de juillet à Boukouchene, commune d'El Isseri.
OUCHEFFOUN Mohamed ben M'ahmed, sergent-chef au commando du 2e bataillon du 1er R.I.M.A., valeur militaire, assassiné au cours du mois de juillet à Soul es Sebt, commune de Bourderbala.
AYACHE Ali ben Ahmed, harki au commando du 2e bataillon du 1er R.I.M.A., valeur militaire, assassiné au cours du mois de juillet à Guerrouma.
BOUCHRIT Ahmed, harki au commando du 2e bataillon du 1er R.I.M.A., valeur militaire, assassiné au cours du mois de juillet à Guerrouma.
AISSAOUI Abdelhatif ben Ahmed, moghzani à la S.A.S. de Guerrouma, valeur militaire, assassiné au cours du mois de juillet à Guerrouma.
Témoignage de B. .. Tahar employé à la Défense et Restauration des Sols (une agence des eaux et forets) de Palestro:
"Les rebelles en armes et tenues nous recherchaient et nous emprisonnaient après nous avoir pris nos économies et nos biens et avoir fait subir les pires outrages à nos femmes et nos filles.
Deux de mes camarades, le sergent harki DOUGUANIT Abbderhamane et le moghzani DOUGUANIT Allal ont eu le nez transpercé par un fil de fer au bout duquel était suspendu un poids de deux ou trois kilos. Ils ont été dévêtus et placés dans une salle en plein centre du village.
Les rebelles faisaient payer l'entrée 500 francs à tous ceux qui voulaient les voir et leur administrer quelques coups de canne.
Des centaines de personnes se sont livrées à ce jeu et en particulier des femmes.
Mes deux camarades n'ont pas pu tenir longtemps.
Ils sont morts au bout de cinq à six heures de ce traitement mais les gens venaient tout de même les voir et les battaient même morts.
Ma femme et mes trois enfants (garçons de 18, 15 et 13 ans) sont entre leurs mains et je ne sais ce qu'ils sont devenus.
J'ai vu trois de mes camarades égorgés au camp 640 tout près de Palestro.
Une vingtaine d'autres, tous anciens harkis ou moghzanis emmenés à Tablat et exécutés.
J'ai vu un ancien harki tout nu attaché au centre du village avec du fil de fer.
"Il est mort après deux jours de grandes souffrances."
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Mar Juil 28 2015, 08:31
"28 juillet 1962"
Lors du comité des affaires algériennes de ce jour, il est noté que les harkis sont en france menacés par le F.L.N.
Il faut donc les regrouper dans des lieux isolés.
Il faut créer de nouveaux camps.
Le dossier est confié au préfet Perony.
A Alger le G.P.R.A. s'affole, Krim Belkacem (le bien nommé) proteste dans un communiqué: "Cette décision est illégale."
"Je considère que la création du bureau politique de Tlemcen est un véritable coup de force contre le pays, car seul le C.N.R.A. est souverain pour décider du choix d'un bureau politique (...) faire appel à toutes les énergies révolutionnaires afin qu'elles s'opposent à ces tentatives qui ne visent qu'à compromettre l'unité du pays."
Dans les faits Tlemcen rallie Bitat, Saad Dalhab, Yazid.
Aït Ahmed a été nommé au bureau politique, va-t-il en démissionner?
Ben Khedda est devenu invisible.
POTTIER Jean, (séminariste à l'époque, puis prêtre). Sous-lieutenant, S.P. 88383, 10eme Région militaire, 23e Corps d'Armée, au 146e R.I., G.C. N° 1, 3e Compagnie.
Fait prisonnier une heure par le EL.N. à Zéralda le 28-07-1962, soit après l'indépendance du pays puis, il est libéré ce même jour le 28-07-1962.
Voici son compte rendu de l'incident survenu à Zéralda le 28 juillet 1962, adressé par voie hiérarchique, au colonel Commandant le 146e R.I.
"J'ai l'honneur de porter à votre connaissance les faits suivants: Le 28 juillet 1962, je fus désigné par le Commandant de Compagnie comme chef de convoi pour la liaison sur Alger. Le convoi se composait d'une Jeep, un 6X6, un G.M.C. À 17 heures, le convoi prenait le départ d' Alger pour le retour. Je constatais alors que le G.M.C. avait quelques incidents de moteur. A plusieurs reprises, je devais faire ralentir le convoi pour l'attendre".
"C'est ainsi qu'à l'entrée de Zéralda, je constatai que le G.M.C. avait à nouveau quelque retard".
"Je m'avançais donc très doucement en ville, le G.M.C. n'étant plus qu'à une centaine de mètres de moi. Aussitôt après avoir dépassé la place de Zéralda, j' entendis quelques coups de feu, tirés derrière moi, suivis de quelques rafales de P.M. Quelques mètres plus loin, j'étais stoppé par le service d'ordre de l'A.L.N".
Quant au G.M.C., il était lui aussi stoppé une cinquantaine de mètres en arrière. Les militaires de la Jeep et du 6X6 restaient à côté de leur véhicule, tandis que ceux du G.M.C. cherchaient refuge dans un café européen" .
"Pendant ce temps, les troupes de l'A.L.N. avaient pris position sur place en tirant sur un immeuble avec P.M., M.AS. 36, fusil de chasse, P.A, dans le désordre le plus complet. Lors d'une accalmie, je me dirigeai sur le G.M.C. pour essayer de récupérer mes hommes et partir au plus tôt".
"Mais arrivé à celui-ci, je me rendis compte que je ne pouvais pas accéder au café. Je repris donc la direction de la Jeep en accélérant le pas. C'est alors que je fus entouré immédiatement par 5 ou 6 musulmans en armes, et entraîné de force dans un magasin maure, les bras en l'air, y retrouvant un européen arrêté une minute avant moi.
"Je fus placé contre le mur, les bras en l'air, tenu en respect par un P.M., et un fusil de chasse".
Je restai dans cette position près de 10 minutes.
Pendant ce temps, je fus injurié en français et en arabe, traité de sale pied-noir, suppôt de l'O.A.S., m'assurant que je vivais mes derniers instants. Je fus ensuite fouillé, démuni de tout ce qui était dans mes poches. Au bout d'une vingtaine de minutes, on me conduisit dans une cour intérieure, escorté d'armes de tous modèles et je dus rentrer dans un W.C en compagnie de l'européen.
"Là, les injures continuèrent "Toi, un officier de l'armée française! 132 ans de colonialisme n'ont pas suffit ..."
"Au bout de 10 minutes, on me fit passer dans un autre W.C. pour m'interroger. Où sont les armes? Avec qui tu étais? Où les militaires ont-ils caché les armes?"
Tout ceci sous la menace du P.M. et du fusil de chasse si je ne voulais rien dire. On m'a demandé aussi si j'étais pied-noir ou métropolitain, car le problème aurait été sans doute tout différent.
"Il n'arrêtait pas de dire que tous les pieds-noirs en crèveraient".
"Enfin, à force de discuter, je pus expliquer mon cas, et voir le responsable. Deux minutes après, on me relâchait, avec excuses générales".
"Pendant ce temps, la Jeep était partie prévenir mon Commandant de Compagnie et avait averti la gendarmerie de Zéralda".
"Après ma remise en liberté, l' AL.N. continua à tirer pendant un quart d'heure, et réussis enfin à rentrer dans l'immeuble d'où des coups de P.A. auraient été tirés. Avec une escorte de l'A.L.N., je récupérai aussitôt tous mes hommes, et pris rapidement le chemin du retour. A 18 heures 30 j'arrivais à ma Compagnie avec le 6X6 et le G.M.C".
"Sur les lieux de l'incident, il semble que 2 ou 3 européens, et 2 ou 3 musulmans aient été grièvement blessés."
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Mer Juil 29 2015, 09:53
"29 Juillet 1962"
Ben Bella convoque la presse internationale à Oran et fait constater que depuis le 21 (huit jours ! !) pas un seul enlèvement d'européens n'a eu lieu.
Les journalistes sont époustouflés de cette remise en ordre.
Ni les uns ni les autres ne parlent des harkis, des pillages, de l'éventualité d'un retour des pieds noirs et de toutes ces choses qui fâchent.
Ben Bella se forge ainsi à bon compte l'image d'un homme de bien.
Ce même jour disparaît à jamais Jean Massart, gendarme mobile.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Jeu Juil 30 2015, 11:10
"30 juillet 1962"
Boudiaf, un des chefs historiques du F.L.N., pro GPRA, arrêté à M'sila par Zbiri, chef de la willaya I, alors qu'il tentait une mission de conciliation.
Boumedienne le fait mettre en prison.
Si Hassan, chef de la willaya 4, occupe Alger où s'ébattaient la zone autonome pro GPRA et les hommes de Yacef Saadi, qui ne se mettaient d'accord que sur le dos des européens.
Mais il le fait avec l'accord de tous, le clan de Tlemcen comme le GPRA.
MOHAMED28 Y. (59).
Nom et prénom d'emprunt car ce harki veut absolument rester dans l'anonymat.
Harki capturé par le F.L.N. en Juillet 1962 après l'indépendance et mis en prison par le F.L.N. "Je suis resté de longs mois en captivité, humilié et torturé."
"J'ai réussi à m'évader (quand ?) en gagnant le Maroc, puis l'Espagne et la France, mais j'ai dû me résoudre à travailler dans un autre pays européen pendant 25 ans."
"Depuis une dizaine d'années je suis revenu en France pour essayer de vivre ma retraite".
"Condamné à mort en Algérie suite à cette évasion, je n'ai pas pu retourner aux obsèques de mon père (ancien combattant de 14-18), décédé il y a 8 ans, ainsi que pour ma mère l'an dernier, en 2005."
" Ce dernier souffre énormément, a fait plusieurs tentatives de suicide. Ce sont dépressions sur dépressions. Il vit seul dans une grande ville du nord de la France."
Le Parisien Libéré titre "trente européens disparaissent chaque jour rien que dans la zone d'Alger .
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Jeu Juil 30 2015, 14:27
Quand je lis tout cela j'ai la haine qui monte et la honte dans toute la faiblesse qu'elle représente pour moi, la honte voir a quel point le géné Katz a favorisé tout ces massacres, la honte de de savoir à quel point la servilité des gardes CRS et autres car il ya eu d'autres unités que les CRS, tout ce monde a baissé sa culotte devant un ordre ordurier, un ordre de traitre à sa patrie à la Nation au peuple Français Putain , est-il vrai que nous sommes descendu nous aussi au bas de l'échelle du déshonneur ???
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Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Jeu Juil 30 2015, 15:02
Et oui , mon Ami Gus
Moi même , j'ai honte
Que penser de notre "Armée" de l'époque et de nos civils
Même , mon "Vieux Juteux Chef" , ne m'a pas tout dit , sans doute pour me préserver .
Certains , sont bien en place , a l'UNP , aux Anciens Combattants etc etc , présents aux commémorations , sans l'ombre d'un remord , d'avoir laissé des gens se faire massacrer , par l'ennemi intime .
Quand tu auras mes sources , tu vas te rouler parterre de douleur , face a ce massacre "Oublié"
Tout ce que tu liras , m'a été confirmé , par des gens fiables , au delà de tous soupçons . Devant un tel constat , je ne sais si je vais continuer a animer ce Forum .
Auréoler , sous prétexte du "Devoir de Mémoire" , des assassins , des j'en foutres , des p'tit doigts sur la couture du pantalon .
Ne reste pour moi , que ceux du Putsch et ceux de l'OAS .
Ceux qui ont "Osé"
Je caresse mon Béret , avec "Amertume"
Putain : que j'ai "HONTE" , face a ces pauvres Pieds Noirs et Harkis .
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Jeu Juil 30 2015, 16:25
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Ven Juil 31 2015, 12:17
"31 juillet 1962"
Encore 60.000 départs en juillet (cette fois surtout à partir d'Oran, suite à la piednoirade du 5 juillet.,) soit 540.000 depuis le premier janvier et 740.000 depuis le début de la rébellion.
Il reste à peine 250.000 personnes, en majorité des hommes seuls ayant envoyé en métropole leur famille, pour voir comment les choses se passeront.
Si elles s'étaient passées correctement, nul doute que l'algérie aurait pu bénéficier d'une minorité formée et courageuse de plus de 500.000 personnes, le FLN ne l'a pas voulu, frère en racisme de De gaulle.
Aussi au moins 961 enlèvements en juillet (dont les 400 et quelques d'Oran) au total 2068 depuis le premier janvier (sur une population de 600.000 en moyenne, pour donner une comparaison, l'équivalent de 200.000 enlèvements en france d'aujourd'hui en sept mois).
"Nous voici a la fin Juillet"
Merci a Monsieur Jean-Jacques VIALA , dont voici le lien de son Blog :
Je vous conseille de bien rechercher et lire ses articles ; vous allez voir le fond de ce "Drame Français" , cautionné par les Français : Militaires , Politiques , Civils , d'hier et d'aujourd'hui .
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
Invité Invité
Sujet: Re: Juillet 1962 "Souvenons nous" Ven Juil 31 2015, 13:47
Récits poignants de cette tragédie, merci Monsieur Viala, je vais aller sur votre blog !!