Les Grands Combattants Volontaires
DEGUELDRE Roger
Roger Degueldre naît le 19 mai 1925 à Louvroil, dans le département du Nord, dans une modeste famille. Son père est cheminot.
En 1940, afin d'échapper à l'invasion allemande, la famille fuit vers le sud de la France et se réfugie en zone libre. En 1942, sous l'occupation allemande, le jeune Roger Degueldre rentre clandestinement dans la zone occupée, et rejoint le maquis, aux côtés de Roger Pannequin, le «commandant Marc» .
À la Libération, il s'engage dans la 10e Division d'infanterie motorisée qui participe en janvier 1945 à la réduction de la poche de Colmar. C'est ensuite la Légion étrangère, et le départ pour l'Indochine, au sein du 1er régiment étranger de cavalerie, où il démontre ses qualités militaires et son courage au feu et gagne ses galons de sous-officier.
« Le jour où les « fells » entreront à Alger,
j’espère trouver trois compagnons
pour garder les faces du Monument aux morts
et tomber en tirant une dernière salve de PM »
Roger Degueldre, année 1962
Après la chute de Dien Bien Phu, Roger Degueldre est muté en Algérie au 1er régiment étranger de parachutistes. Il y sert sous les ordres des colonels Brothier puis Jeanpierre. Il est à Suez en novembre 1956, participe à la Bataille d'Alger en 1957. En janvier 1958 il est nommé sous-lieutenant au feu à Guelma et participe à la Bataille des frontières dans l'Est-Constantinois. En janvier 1960, pendant la «Semaine des Barricades » il est à Alger avec son régiment. Alors qu'il est soupçonné de vouloir attenter à la vie du général de Gaulle, le lieutenant Degueldre est muté au 4e REI.
Il entre dans la clandestinité en décembre 1960, et crée en 1961 les commandos Delta de l'OAS (Organisation Armée Secrète). Le 15 mars 1962, un commando Delta pénètre au centre social d'El-Biar, sur les hauts d'Alger, qui abritait les polices pârallèles que l'on appelait à l'époque les "barbouses", et abat à l'arme automatique six dirigeants des centres sociaux alignés contre un mur de la cour.
« Dites que je suis mort pour la France ! »
Roger Degueldre est arrêté le 7 avril 1962. Condamné à mort le 28 juin 1962 par la Cour militaire de justice, il est fusillé le 6 juillet 1962 au Fort d'Ivry, à l'âge de trente sept ans. L'année suivante, sa compagne Nicole Gardy, fille du général Paul Gardy, elle aussi condamnée à mort, s'enfuit avec toute la famille Gardy en Argentine . L'Argentine leur offre alors des terres à Misión Tacaaglé, dans la région de Formosa, près du Paraguay.
Fait chevalier de la Légion d'Honneur, titulaire de la Médaille militaire pour avoir porté secours à deux officiers sous le feu de l'ennemi, titulaire de la croix de guerre des TOE et de la croix de la Valeur militaire, Roger Degueldre avait reçu neuf citations dont deux avec palmes. Jean-Pax Méfret composa en son honneur la chanson "Lieutenant Degueldre" parue en 1968.
Ayant fait le serment de garder l'Algérie à la France, révolté par les décisions politiques de reniement de la parole donnée, qui heurtaient profondément sa conscience, et refusant le parjure, Roger Degueldre est allé jusqu'au bout, et même au-delà de ses convictions, sacrifiant délibérément sa carrière et sa vie pour ce qui était pour lui, le seul véritable chemin de l'honneur. PC FNCV
« La parole, qui trop souvent n'est qu'un mot
pour l'homme de haute politique, devient
un fait terrible pour l'homme d'armes ;
ce que l'un dit légèrement ou avec perfidie,
l'autre l'écrit sur la poussière avec son sang,
et c'est pour cela qu'il est honoré de tous, par dessus tous,
et beaucoup doivent baisser les yeux devant lui. »
Alfred de Vigny, le 20 août 1835
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