Le 13 janvier 1963
Le 27 avril 1958, le Togo accédait à l'indépendance. Sylvanus Olympio, est le premier président démocratiquement élu. Ce résultat contrarie les autorités françaises qui soutenaient un autre candidat, Nicolas Grunitzky. De plus, le nouveau gouvernement cherche à s'émanciper de la tutelle de l'ex-métropole... La réaction ne se fera pas attendre ! Le 13 janvier 1963, des militaires franco-togolais rentrés de la guerre d'Algérie font un putsch au cours duquel l'un d'entre eux, le sergent Eyadéma, assassine Sylvanus Olympio .
Assassinat de Sylvanus Olympio : monsieur X raconte... Retranscription de l'émission de RFI 2002
P. Pesnot : Est-ce bien le Président Eyadéma qui a tué Sylvanus Olympio le 13 janvier 1963 ?
Le fait semble presque avéré. Ainsi je lis ceci dans le magazine Jeune-Afrique du 22 janvier 1990 : l'hebdomadaire français Paris-match du 26 janvier 1963 rapportera de ce tragique et absurde événement, la version de l'adjudant-chef Etienne Eyadéma. Il admettra avoir tiré sur Olympio qu'il entendait seulement faire prisonnier parce que celui-ci ne voulait pas avancer.
Pourtant Sylvanus Olympio avait été un compagnon de la libération incarcéré pour ses convictions favorables à la France libre, il avait été décoré par le général de Gaulle à la libération. Cela n'a pas empêché le général de Gaulle via son bras droit Jacques Foccart d'assurer son remplacement par la force pour conserver la main mise sur l'ancienne colonie.
L'assassinat d'Olympio a été préparé sous l'incitation et avec la complicité d'officiels français. Le commandant Georges Maîtrier, un officier français, était alors chef de la gendarmerie nationale et conseiller du Président pour la sécurité dans le cadre de la coopération militaire franco-togolaise. Cet homme de Jacques Foccart, dont le poste était décidé par l'Elysée et qui traitait Olympio d' "intellectuel", a été le maître d'oeuvre de l'arrestation puis de l'assassinat du président togolais. De même, l'ambassadeur français en poste au Togo, Henri Mazoyer a, en quelque sorte, supervisé tout le déroulement de ce tragique
événement, en étant en liaison avec les assaillants du président Olympio, et n'ignorant rien des événements durant toute la nuit du drame.[2] Ayant conquis le Togo par l'assassinat du président élu, Sylvanus Olympio, et la faveur de Jacques Foccart, l'homme des basses ouvres du gaullisme, Étienne Gnassingbé Eyadéma s'est instauré un régime lui permettant de gouverner à vie.
Au terme d'élections truquées, marquées par le trafic des listes et des cartes d'électeurs, par le bourrage et la confiscation des urnes, le dictateur ubuesque est régulièrement "réélu" pour un nouveau mandat [3].
Le président Chirac, qui lui a ménagé un choeur d'observateurs complices, a chaleureusement félicité son confrère et ami. Il a salué " la volonté que vous avez exprimée de tendre la main à toutes les forces politiques de votre pays " - c'est-à-dire de convier les inévitables adeptes de la " politique du ventre " à partager les miettes du pillage national. Une technique éculée. Jacques Chirac a aussi exprimé son " espoir de voir le Togo renforcer ses échanges avec la communauté internationale et renouer une relation de confiance avec l'Union européenne ". Ce sera un peu plus difficile, car l'Union n'a même pas daigné envoyer des observateurs à cette parodie d'élection[4].
Le peuple togolais subit la dictature du général Gnassingbé Eyadéma, au pouvoir depuis plus de quarante ans et avec le soutien sans faille de son mentor français. Dans les années 1990, M. Eyadéma s'est opposé au processus de démocratisation pour se maintenir en place dans un climat de répression et de terreur. Suite aux élections présidentielles truquées de 1993 et 1998, le Chef d'Etat togolais s'était engagé à respecter la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Mais le Parlement a supprimé cette disposition afin d'ouvrir la voie au dictateur pour le scrutin de 2003. Réélu une nouvelle fois en 2003 avec les bénédiction françaises et par l'éviction de l'élu des Togolais le fils de Sylvanus : Gilchrist Olympio,
Eyadéma règne à la façon d'un gouverneur sur cette néo-colonie française.
Ainsi va le monde....
Le rappel des faits
Au début était le Togoland, administré par les Allemands à partir de 1884 suite à un traité de protection signé avec un roi local. Après la première guerre mondiale, la Société des Nations et l’O.N.U. placent ce territoire sous protection de la France et de l’Angleterre qui finissent par le diviser en deux : le Togo et le Ghana.
L’O.N.U. impose aux tutelles d’émanciper les peuples dont elles ont la charge. Bien qu’attachée à cette colonie dont on devine « les aspects positifs » qu’elle en retire, la France est donc contrainte de mener, bon gré mal gré, le Togo vers la démocratie et l’autonomie.
Le 27 avril 1958, les partis nationaux C.U.T. (Comité d’Unité Togolaise mené par Sylvanus Olympio), JUVENTO (Mouvement des Jeunesses Togolaises, une émanation du C.U.T.) et le MPT (Mouvement Populaire Togolais) remportent les élections. Ils mènent le Togo vers son indépendance le 27 avril 1960 et Sylvanus Olympio devient le premier président de la république togolaise.
Mais cet homme politique avisé a l’outrecuidance de se tourner vers l’ancienne puissance tutélaire allemande et vers l’Angleterre au lieu de laisser la France décider de ce qui est bien ou mal pour son ancienne colonie. Beaucoup de ses initiatives déploieront à Paris (voir le cartouche « en savoir plus » en bas de page).
Le 13 janvier 1963, Sylvanus Olympio est assassiné par d’anciens sous-officiers de l’empire colonial français, dont un ex sergent-chef : Etienne Gnassingbé Eyadema. La jeune république ne se remettra pas du putsch manqué et une insurrection populaire en 1966 est vite réprimée par l’armée de plus en plus présente.
C’est encore un 13 janvier, mais en 1967, qu’à lieu un second putsch qui place au pouvoir Etienne Gnassingbé Eyadema devenu général entre temps.
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