En cas de "Grexit", la France paiera Cette semaine, en cas de "Grexit", la France paiera : la facture pour notre pays d'une sortie de la Grèce de la zone euro atteindrait entre 40 et 70 milliards d'euros. Mais il y a plus dangereux encore : la défiance qui montera entre les pays. Curieusement, l'idée s'est répandue ces derniers jours qu'une sortie de la Grèce de la zone euro n'aurait que peu d'impact sur la France.
Un si petit pays, pensez-vous...
Hollande lui-même a entretenu cette sérénité en déclarant, lundi, que "la France n'a rien à craindre". "Menteur & Incapable"Pourtant, ce scénario catastrophe aura de lourdes conséquences.
Financières, puisque nous sommes, derrière l'Allemagne, le principal créancier européen d'Athènes.
Et surtout géo-politiques, puisque c'est la crédibilité de la zone euro qui serait remise en cause.
Lire aussi : La France n'a "rien à craindre"... pour l'instant
http://info.sfr.fr/economie/articles/crise-grecque-france-epargnee-pour-instant,740076/Les chiffres, d'abord. La France a prêté 11,4 milliards d'euros en direct à la Grèce et elle est engagée à hauteur de 31,4 milliards d'euros, à destination de ce seul pays, dans le fonds européen créé à l'occasion de la crise.
En cas de faillite totale, ces sommes seraient perdues.
72,8 milliards d'euros sur le papier Il faut ajouter les aides de la Banque centrale européenne, qui a joué la planche à billets pour l'archipel hellénique.
Le total de ses financements atteint 207 milliards d'euros.
La part correspondant au poids de la France dans l'institution correspond à 30 milliards, selon les calculs des élus Les Républicains à la commission des Finances de l'Assemblée.
Ce dernier risque est indirect. En cas de pertes insurmontables, un éventuel renflouement de la BCE donnerait lieu à une négociation avec nos partenaires.
Reste que, tout compris, le cumul potentiel s'élève sur le papier à 72,8 milliards d'euros.
C'est l'équivalent d'une année de recettes d'impôt sur le revenu.En mai 2012, peu avant de quitter Bercy, François Baroin avait publiquement évalué la facture d'un tel scénario à 50 milliards d'euros.
Cela représentait, sur une seule année, l'équivalent de 2,5 points de PIB ou 400.000 emplois privés. Depuis, la note s'est envolée car la BCE a joué un rôle permanent de pompier financier.
Une machine à fabriquer du ressentiment
Heureusement, est-on tenté de dire, si la Grèce faisait défaut, l'ardoise ne tomberait pas tout de suite.
Le remboursement par Athènes des prêts bilatéraux doit commencer en 2020 et ceux du fonds européen en 2023.
Les échéanciers vont jusque 2054. Les pertes seraient très étalées. La France n'accuserait donc pas le coup dès lundi, au lendemain du référendum, en cas de victoire du "non".
Mais à moyen terme, "cela provoquerait une augmentation mécanique du déficit", a confirmé le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert, mercredi, lors de l'émission Question d'info (LCP-France Info-Le Monde-Afp).
On aurait toutefois tort de s'attarder sur cette seule addition, car il y a plus grave. Un "Grexit" ("Greece Exit") est de nature à saper la crédibilité de la construction européenne pour une durée indéterminée, en commençant par entamer la confiance qu'a l'Europe en elle-même.
C'est le levier très politique sur lequel Alexis Tsipras a voulu peser. Après avoir consacré près de 200 milliards d'euros à sauver leur voisin grec, l'Allemagne, la France, l'Italie, etc. devraient expliquer pourquoi ils n'ont pas pu obtenir qu'un membre de la zone suive les mêmes règles de base, fiscales, sociales et administratives, que les autres...
Le cœur de l'Europe verrait probablement un peuple s'appauvrir un peu plus à ses frontières, et le doute resurgir sur d'autres éventuels "passagers clandestins" au sein de l'Union.
Le "Grexit" - qui ne peut venir que d'une décision unilatérale d'Athènes - serait ainsi une terrible machine à fabriquer du ressentiment entre les pays de ce continent.
Un glaçant retour en arrière.