Témoignages de Volontaires
ANGIUS Jean
Aux parachutistes coloniaux de la 6° CPIMa
Ces hommes, souvent modestes, ne parlent pratiquement jamais de leurs actions, en dehors du cercle hermétique des compagnons de combats.
Qui étaient-ils, d'où venaient-ils ?
Fils d'ouvriers, de paysans, d'émigrés, ou encore de la haute bourgeoisie. Ils venaient de la France profonde, des cités, des villages et villes de notre pays qui était à l'époque, respectable et respecté. Certains avaient une instruction très poussée, d'autres étaient pratiquement illettrés.
Que cherchaient-ils ?
Il n'y a pas de réponse à cette question, nous dirons simplement qu'ils avaient l'esprit patriotique, la fibre militaire, brefs, ils avaient la patate. Il fallait avoir une volonté de fer pour passer les épreuves de la formation parachutiste.
Où étaient-ils formés ?
Au 1° RPIMa à Bayonne, au 8° RPIMa à Castres, au 3° RPIMa à Carcassonne, au 6° RPIMa à Mont de Marsan et pour les stages commandos, à Collioure et Mont Louis.
Ces hommes avaient en commun la fraternité d'armes, la probité, la générosité, la noblesse militaire, l'héroïsme patriotique. Ils avaient déposé aux pieds de Marianne leurs vies et fait le serment sous le regard de Saint Michel, de combattre le dragon. Pour ce faire, il fallait en premier lieu, avoir chassé de soi-même, la bête. Cela étant fait, le regard devenait droit, le torse se bombait d'allégresse et de force d'âme, l'allure était vaillante. Ils marchaient sur les traces des anciens et admirables SAS. Ils peuvent regarder la terre sans pâlir et le ciel sans rougir, disait des parachutistes, le général DE GAULLE.
La période dont parle votre serviteur, couvre les années 1967 à 1975.
Nous avions tous vu cette admirable affiche des paras D'AEF. Un jour, nous reçumes notre ordre de mission, mutation au Tchad, 6° CPIMa Fort-Lamy. Parachutés dans une unité combattante des plus prestigieuses, surnommée la CP.
Une halte dans le désertLe Tchad, pays magnifique, merveilleux.
En coopération avec l'armée tchadienne, nous participions à des opérations de maintien de l'ordre et de contre guérilla, contre des groupes de rebelles bien armés par la Libye, le Soudan et probablement par une partie de la France avide de fric.
Pourquoi la France? A Kouroudi, lors d'un accrochage des plus durs, nous avons reçu sur la figure des grenades STRIM de fabrication française alors que nous ne les avions pas encore en dotation.
La liste de nos amis tombés au Tchad est longue : 25% de pertes sur l'ensemble des opérations, pour un effectif de 114 à 120 paras. Sous la tenue cam, nous avons participé au prestige de la France et à la gloire des paras.
Nos frères d'armes tombés glorieusement au combat sont avec nos Anciens à qui nous devons respect et reconnaissance, une source de régénérescence patriotique et morale. Ils détiennent en essence le rétablissement du prestige et de la respectabilité de la France.
Le camp DubutEn ces temps de déchéance, de dégradation politique, morale et patriotique,
puisons dans cette source pure. Le sang de nos frères d'armes a-t-il coulé en vain? Je propose, que, sous l'égide d'une organisation à mettre en place par nos officiers supérieurs à la retraite, nous rassemblions nos âmes,
afin de faire entendre nos voix et aspirations dénuées de tous intérêts personnels! Nous pouvons encore faire beaucoup pour notre pays.
Je ne remercierai jamais assez les instructeurs qui nous ont donné cet esprit de chevalerie, les patrons des commandos de la CP, qui avec efficacité dirigeaient les OP au Tchad.
Jean Angius
ANGIUS Jean
Croix du
combattant
Volontaire