Le Corps Franc Pommiès -
HISTOIRE D’UNE UNITE DE L’ORGANISATION DE RESISTANCE DE L’ARMEE
Le général de GAULLE a écrit dans ses mémoires :
« Les premières actions de résistance viendront des militaires sous l’action des généraux FRERE, DELESTRAINT, BLOCH-DASSAULT, DURRMEYER.
Ainsi l’armée se montrait disposée à encadrer la Résistance Nationale ».
Avec la signature de l’Armistice, la guerre n’est pas terminée. Le général WEYGAND,
ministre de la Défense, entouré de généraux et d’officiers supérieurs,
déclare que l’armistice n’est pas la paix, l’armistice n’est que l’armistice et il faut
entretenir la flamme de la revanche.
C’est ainsi qu’il est décidé dans le secret
, le camouflage de matériel de guerre et la préparation d’une mobilisation.
L’armée n’est donc pas morte.
L’Organisation de Résistance de l’Armée, précédemment appelée O.M.A.
(Organisation Métropolitaine Armée), a, dès l’armistice, préparé notre libération.
C’est dans ce cadre que se place l’histoire du C.F.P. - 49ème R.I.
Officiers du C.F.P.Des officiers comme le capitaine POMMIÈS n’acceptent pas la défaite
et s’engagent avec enthousiasme dans le combat clandestin.
Le 16 novembre 1940, le colonel d’ANSELME confie au capitaine André POMMIÈS,
breveté de l’Ecole de Guerre,
la charge de constituer une mobilisation clandestine dans les départements des Landes,
des Basses-Pyrénées, des Hautes-Pyrénées et d’une partie du Gers,
afin de préparer la reprise des combats,
espérant une aide alliée sur notre territoire en zone libre.
Le capitaine POMMIÈS se met immédiatement en contact avec le colonel MOLLARD,
responsable du camouflage du matériel de guerre.
Le 1er novembre 1942, le capitaine POMMIÈS est désigné comme responsable
de la mobilisation secrète dans toute la 17ème région militaire.
Il décide alors de créer des unités de combat dans ces dix départements.
Il choisit, pour réaliser ce projet, des cadres motivés et compétents dans différentes
unités de notre armée d’armistice,
pour assurer l’encadrement.
Les officiers n’ont pas de difficulté à trouver des sous-officiers
et les sous-officiers savent recruter des hommes.
Nombreux sont ceux qui sont prêts à entrer dans la résistance,
mais ils ne souhaitaient s’engager que dans une résistance militaire.
Sauf contraintes familiales, le recrutement fut facile.
Dès l’occupation de la zone libre par les Allemands, et la démobilisation de l’armée
d’armistice le 11 novembre 1942, le capitaine POMMIÈS demande aux officiers
et sous-officiers qu’il a recrutés de rassembler leurs troupes,
dans les meilleurs délais, afin de créer des unités de combat
.
Les jeunes des Chantiers de Jeunesse furent nombreux à s’engager,
ainsi que les Compagnons de France qui étaient plus de 32 000 en zone libre
(plus jeunes, de 15 à 18 ans),
parmi lesquels les Chefs Compagnons firent une sélection par l’âge,
tout ceci clandestinement bien sûr.
.La section Stanis du C.F.PJ’étais assistant de compagnie et malgré mon jeune âge (16 ans)
j’eus la chance d’être retenu, pour rejoindre plusieurs mois après,
une unité de maquis.
J’ai toujours en mémoire ce que nous avait dit rapidement,
et une seule fois, l’un de nos chefs
: « il ne faut jamais prononcer le mot revanche mais y penser toujours ».
Tous ces hommes devaient être organisés militairement et répartis dans les unités.
POMMIÈS, nommé commandant, crée avec des spécialistes militaires du renseignement,
un réseau d’infiltration chez l’ennemi (milice et gestapo), qu’il juge indispensable
pour protéger ses maquis.
Rapidement des demi-brigades regroupant plusieurs bataillons sont mises sur pied
et équipées de l’armement camouflé, soustrait à l’ennemi.
Plus tard, elles recevront des armes parachutées.
Il donne à son organisation le nom de Corps Franc Pyrénnéens
qui entreprend des actions de guérilla et de sabotage,
détruisant des moyens de transport et de production de l’ennemi,
tout en évitant les attaques massives et frontales.
Au mois d’avril 1944, le Corps Franc Pyrénéen comprend 5 000 hommes,
et plus de 3 000 sont en réserve, attendant l’heure des combats généralisés.
Le 6 juin 1944, date du débarquement allié, ces brigades mènent
de nombreuses actions particulièrement efficaces,
et reçoivent des félicitations de Londres et d’Alger.
L’effectif est de 9 000 hommes,
mais pour le commandant André POMMIÈS, la libération du Sud Ouest ne lui suffit pas,
il veut chasser les Allemands de France et engage ses cadres et ses hommes à
continuer la lutte.
Le Corps Franc Pyrénéen prend le nom de son chef et devient le Corps Franc Pommiès.
Le C.F.P. se scinde en trois, un bataillon est chargé de garder la frontière pyrénéenne.
Deux bataillons, sur la demande du général MORAGLIA
, aux ordres du colonel de MILLERET,
sont affectés à la Point de Graves sur l’Atlantique.
Ils deviendront l’élément de base d’une unité de 5 000 hommes
qui aura pour mission d’établir un front de 25 kilomètres
pour empêcher l’infiltration des Allemands.
Le colonel de MILLERET écrira le 12 novembre 1944,
au Commandant POMMIÈS,
pour lui confirmer « ma brigade est toujours Corps Franc Pommiès et l’étoile du C.F.P.
côtoie la Croix de Lorraine des F.F.L. ».
Le commandant POMMIÈS engage 3 800 hommes dans la colonne SCHNEIDER
qui va poursuivre la lutte dans le Morvan.
Ce sont alors les combats d’Autun où le C.F.P.
montre toutes ses possibilités contre une colonne allemande de plus de 5 000 hommes
qui se replie du Sud Ouest et cherche à occuper Autun.
L’ennemi, harcelé de toutes parts,
en particulier par le Corps Franc Pommiès qui est l’élément le plus important,
avec l’aide d’éléments français débarqués en Provence,
finit par capituler. Le C.F.P. est récompensé par une citation à l’ordre du corps d’armée.
Le C.F.P. dans les VosgesAprès Autun, le C.F.P. récupère son bataillon resté dans les Pyrénées,
et est incorporé à la 1ère Armée Française. Puis ce sont les combats des Vosges,
où l’ennemi bien équipé résiste plusieurs mois.
Mais le C.F.P. réussira une percée sur l’Alsace,
réalisant ainsi la liaison avec les troupes françaises descendant la plaine d’Alsace.
Le 5 février 1945, le C.F.P. devient 49ème R.I., mais garde son sigle C.F.P.
Après d’autres combats, le C.F.P.
- 49ème R.I. atteint le Rhin qu’il franchit le 1er avril 1945 en bateau
et sur un pont lancé par les Américains.
Après de nombreux combats en Allemagne,
il atteint Stuttgart le 21 avril.
Le 8 mai 1945, les Allemands capitulent.
Le corps Franc Pommiès - 49ème R.I. issu de l’Organisation de Résistance de l’Armée,
est choisi pour représenter l’infanterie française au défilé de la victoire à Berlin
(où il tiendra garnison).
C’est une belle récompense pour le C.F.P. - 49ème R.I. et l’O.R.A. qui ont rempli
leur mission : chasser l’occupant.
Défilé du C.F.P.Officier de tout premier ordre, André POMMIÈS sera nommé général.
Dix officiers qui l’ont aidé avec un grand dévouement dans son engagement
seront promus.
Le Corps Franc Pommiès - 49ème R.I. a perdu au combat 575 hommes
, dont 384 dans la résistance, a eu 3 000 blessés et 156 déportés.
Une association des anciens regroupe encore près de 800 adhérents
qui continuent à perpétuer avec fierté, pour les générations futures,
le souvenir de cette époque.
C’est à Castelnau-Magnoac, lieu des premiers maquis,
qu’un monument a été érigé à la mémoire de ses disparus
et qu’un musée rappelle l’origine et le parcours exceptionnel de cette unité.
A.R. VILLENEUVE