11 janvier 1907 : il y a cent ans naissait Pierre Mendès France
Il est une sorte de référence en politique française. Ses origines plurielles, d'ores et déjà, marquent le sort d'un homme épris d'Europe et de contrées de France. Sa famille judéo-Portugaise trouve ses racines à Bordeaux, Rochefort ou encore Paris. Pierre Mendès France poursuit des études de droit puis « fait Sciences-Po » à Paris. En 1928, il est le plus jeune avocat de France. Le droit pourtant ne l'intéresse pas car il est plus intéressé par l'économie et les finances. Militant, Mendès France le devient très tôt en devenant l'un des dirigeants de la Ligue d'action universitaire républicaine et socialiste. Son opposition à l'extrême-droite est affichée. Le Quartier Latin n'a plus de secrets pour lui dans les années 20. Auparavant, à l'âge de 16 ans, il s'inscrit au Parti radical. À gauche, oui, il se positionne à gauche, même contre Edouard Herriot. Elu député de l'Eure en 1932, maire de Louviers en Haute-Normandie en 1935, il occupe le poste de sous-secrétaire d'Etat au Trésor sous Léon Blum en 1938. Sentant le pire arriver, il se positionne contre les Jeux Olympiques de Berlin qui doivent être organiséspar les Nazis, tout au moins il s'abstient ce qui veut tout dire. Au plan économique, Mendès France a l'audace de soutenir le système économique keynésien, John Maynard Keynes ayant développé l'hypothèse que la consommation, donc la demande, influait sur la production et par voie de ricoché sur l'emploi. Kenyes insistait aussi sur l'importance des entreprises privées. Mendès France est critiqué par le Sénat, ce qui provoque la chute du gouvernement de Léon Blum. Arrive la seconde guerre mondiale : Pierre Mendès France est mobilisé dans l'aviation. Etant convaincu qu'il faut défendre les territoires d'Afrique du Nord, il est arrêté à bord du navire « Massilia ». Accusé faussement de désertion, Pierre Mendès France est capturé, jugé, condamné, incarcéré. Le régime de Vichy ne peut rien contre un tel homme. Il s'évade en 41 et rejoint Londres, il effectue quelques raids. Rapidement reconnu par le Général de Gaulle, Pierre Mendès France est nommé commissaire aux finances en 1943 pour le Comité français de la Libération nationale d'Alger. Un an plus tard, il est nommé Ministre de l'Economie du Gouvernement provisoire, le 4 septembre 1944. N'ayant pas les moyens de mener à bien la politique économique du pays renaissant de ses cendres, Pierre Mendès France démissionne le 6 avril 1945. Il est cependant nommé au conseil d'administration de la banque mondiale et du FMI. Pierre Mendès France se positionne contre la guerre d'Indochine dès 1950 (De Gaulle n'était plus au pouvoir mais y était favorable). Mendès France est un des hommes politiques qui sera le plus virulent à cet égard, trouvant cette guerre inutile et trop coûteuse pour un résultat perdu d'avance. Après la cruelle défaite de Dien Bien Phu, Mendès France est nommé Président du Conseil le 18 juin 1954. Il ne restera qu'un peu plus de 7 mois à un poste de responsabilité lors de la IVe République. Son gouvernement est composé de Socialistes comme Alain Savary ou Gaston Deferre, mais aussi de gaullistes comme Chaban-Delmas. François Mitterrand est son Ministre de l'Intérieur. Pierre Mendès France est assuré du soutien communiste et entame des négociations de paix avec l'Indochine. C'est lui qui est à l'origine des accords de Genève le 20 juillet 1954, en terminant ainsi avec cette guerre stupide déclenchée par des généraux stupides eux aussi. Mais la décolonisation française n'est pas terminée : il s'occupe alors de la Tunisie pour l'émanciper. Il ne délaisse pas les Institutions françaises pour autant, réformant le fonctionnement des deux chambres. Il ose demander quelques taxes, comme celle sur l'alcool et le vin, se mettant à dos tous les viticulteurs français et soutient un projet de défense européenne. Le problème du statut de l'Algérie mettra fin à son gouvernement en 1955. Après un rapide passage dans le gouvernement de Guy Mollet, Pierre Mendès France démissionne étant contre la politique française en Algérie. Il s'oppose également à la nouvelle constitution de 1958 établie par Charles de Gaulle de retour au pouvoir et de Debré. Battu aux élections législatives de 1958, Mendès France abandonne tous ses mandats et, après avoir essayé de fonder un nouveau parti, rejoint le Parti Socialiste Autonome, qui fusionnant avec le PSU, devriendra le PS tout court. Mendès France soutient François Mitterrand lors de l'élection présidentielle de 1965 et même s'il est élu député en 1967, il est battu aux législatives de 1968. En 1969, Mendès France soutient Gaston Defferre aux Présidentielles. Il s'éloigne de la vie politique tout en soutenant François Mitterrand en 1981 et s'éteint le 18 octobre 1982. Lors de son investiture à L'Elysée, Mitterrand lui aura dit : « Si je suis ici, c'est grâce à vous. C'est la justification de tant d'années dont vous avez été l'initiateur ».
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