Merci Alex
A ma plus "Grande Honte" , je ne savais pas que le Portugal , avait participé si brillamment a la guerre de 14/18
Comme je vais aller vivre dans ce pays , j'y serai moins "C**
J'ai trouvé ceci sur les Portugais en Afrique lors de cette même guerreLa Grande Guerre en Afrique"Deux chefs locaux venus saluer la victoire des troupes françaises menées par le lieutenant-colonel Brisset au Cameroun, en 1917." En 2014, Le Monde commémore la Grande Guerre en publiant chaque mois un supplément de huit pages. Les articles de ce cahier sont publiés sur Le Monde.fr en partenariat avec La Mission du centenaire 14-18 tout au long de l'année à venir.
Quand nous parlons aujourd’hui du 28 juin 1914 comme du début de la première guerre mondiale, c’est moins le monde que l’Europe qui nous vient à l’esprit.
L’idée qu’il y a cent ans les nations de l’Europe se sont mutuellement affrontées a façonné notre regard sur ce premier conflit mondial.
Or, ce sont surtout des empires qui ont alors déployé toute leur puissance afin de transformer non seulement la carte de l’Europe, mais aussi celle du monde.
Au XIXe siècle, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne avaient accédé au rang d’empires dotés de colonies situées outre-mer.
La guerre n’a pas cependant commencé avec un agenda colonial.
Jusqu’en 1914, les Européens s’étaient réparti le monde et, de manière surprenante, cette distribution s’était déroulée sans grands conflits entre les puissances coloniales.
Même si les groupes de lobbying coloniaux pouvaient nourrir des projets grandioses, telle la piste britannique ralliant Le Cap au Caire ou la création d’une Afrique centrale allemande, aucune grande puissance européenne ne considérait que les colonies eussent valu une guerre.
Cela changea seulement avec le déclenchement de la guerre.Près d’un demi-million de soldats des colonies combattirent pour la France pendant la guerre, tandis que 200 000 ouvriers venus d’outre-mer venaient faire fonctionner les ateliers vides de l’industrie française.
Les Britanniques engagèrent plus de 1 million de soldats venus d’outre-mer. Pour les tenants de la politique coloniale à Londres et à Paris, c’était une preuve flagrante de l’importance des colonies pour la patrie. Sans colonies, une politique de puissance mondiale n’aurait plus été pensable au XXe siècle. L’Allemagne devait être vaincue non seulement en Europe, mais aussi en Afrique et en Asie.
RAPIDE SUCCÈS BRITANNIQUE AU TOGOLes responsables politiques berlinois n’avaient toutefois pas une pensée aussi globale. Dès 1897, l’amirauté allemande s’était prononcée contre un rôle actif de la marine outre-mer.
Les militaires allemands refusaient l’idée de troupes impériales inspirées par le modèle britannique. Ainsi, de toute la guerre, on ne fit pas venir un seul soldat des colonies allemandes, ni la moindre marchandise stratégique.
Tandis que les Alliés mettaient à disposition des ressources considérables pour la guerre en Afrique, seuls deux navires d’approvisionnement allemands arrivèrent en Afrique orientale, le théâtre d’opération le plus vivement disputé par les belligérants.
Les Britanniques tranchèrent dès le début du mois d’août en faveur de la guerre dans les colonies. Le ministère britannique des colonies craignait pour la sécurité des voies maritimes menant en Inde.
Lorsque, le 6 août, le croiseur allemand Königsberg dérouta un navire de commerce britannique dans le golfe d’Aden, ces craintes semblèrent devenir réalité.
Le 7 août, des troupes britanniques franchirent la frontière de la colonie allemande du Togo. Ce jour-là, le sergent ghanéen Alhaji Grunshi tira le premier coup de feu de cette guerre du côté des Britanniques.
Le lendemain, ceux-ci occupaient Lomé, la capitale de la colonie. Pour les Anglais, la première guerre mondiale débuta en Afrique.
Au cours des premiers mois de la guerre, l’objectif des opérations militaires alliées était le contrôle des villes portuaires et des installations radio. Le 26 août, les troupes britanniques atteignirent la station émettrice de Kamina, au Togo.
Les Allemands avaient détruit le mât d’antenne avant de capituler, le même jour. En août et en septembre, la Royal Navy mitrailla des installations portuaires et des tours de radio en Afrique de l’Est et du Sud-Ouest.
Le 17 septembre, des troupes sud-africaines débarquèrent dans la baie de Lüderitz.
Compte tenu de ces succès rapides, les Alliés élargirent leurs buts de guerre.
Il s’agissait désormais de conquérir les colonies allemandes et de procéder à un redécoupage de la carte géographique coloniale en Afrique.
A LA POURSUITE DE LETTOW-VORBECKMais il ne fut pas si facile de réitérer le succès rapide remporté au Togo.
En Afrique du Sud-Ouest allemande (actuelle Namibie), les Britanniques subirent une cuisante défaite en septembre 1914 près de Sandfontein.
Au Cameroun, les Allemands opposèrent dans un premier temps une résistance efficace à l’avancée des Alliés, et en avril 1915 ils entrèrent même en territoire nigérian.
Il fallut attendre le milieu de 1915 pour que la situation se retourne en faveur des Alliés.
Au début de l’année, les troupes françaises et britanniques avaient percé les lignes de défense allemandes au Cameroun. Seule la saison des pluies immobilisa l’offensive au milieu de 1915.
En décembre, les Britanniques prirent Yaoundé. Les Allemands se retirèrent dans l’enclave espagnole de Rio Muni [en Guinée équatoriale], où ils furent faits prisonniers de guerre.
En Namibie, les troupes sud-africaines finirent par occuper la capitale, Windhoek, le 12 mai 1915, et les Allemands se rendirent le 9 juillet.
En Afrique orientale, Britanniques et Belges n’avaient jusqu’ici trouvé aucun moyen de briser la résistance allemande. Un débarquement de plus de 8 000 soldats dans la ville portuaire de Tanga, au nord, en novembre 1914, s’était achevé sur un désastre.
Lorsque le général sud-africain Jan Smuts lança son offensive, le 12 février 1916, les Alliés disposaient de plus de 70 000 soldats indiens, britanniques et sud-africains.
Face à eux, côté allemand, environ 14 000 hommes, majoritairement originaires d’Afrique orientale, sous les ordres du lieutenant-colonel Paul von Lettow-Vorbeck.
C’est seulement après de longues semaines de combats acharnés qui causèrent de lourdes pertes parmi les troupes alliées que les Allemands se retirèrent du nord de leur colonie.
L’offensive alliée ne fut stoppée qu’à la fin 1916 par l’arrivée de la saison des pluies.En octobre 1917 eut lieu, près de Mahiwa, dans le sud des colonies allemandes, la dernière bataille livrée sur leur territoire. En novembre, les Allemands se réfugièrent en Afrique orientale portugaise. Le Portugal était entré en 1916 dans la guerre pour l’Afrique.
Mais des escarmouches frontalières avaient eu lieu dès 1914 en Afrique orientale et en Angola. Les Portugais avaient alors envoyé des milliers de soldats en Afrique, mais n’avaient pas eu grand-chose à opposer aux Allemands.
Poursuivis par des troupes britanniques, ces derniers se déplacèrent de village en village, en quête de munitions et de nourriture.
Ils ne rentrèrent dans leur colonie qu’en septembre 1918. Le 25 novembre, près de deux semaines après la fin des combats en Europe, Lettow-Vorbeck se rendit aux Britanniques.
UNE GUERRE DE MOUVEMENTLa guerre en Afrique se distinguait sur bien des points de ce qu’elle était en Europe. Ici, la guerre, c’était le mouvement, et non l’immobilité des tranchées.
En règle générale, ce sont quelques centaines, rarement quelques milliers d’hommes qui, des deux côtés, participèrent à des combats ne durant guère plus de quelques heures ou de quelques jours.
Les armes principales étaient le fusil-mitrailleur et le fusil, l’emploi d’artillerie de gros calibre était limité.
L’approvisionnement des troupes se révéla être le plus grand défi pour toutes les parties belligérantes. Les lignes de train et les routes n’étaient pas nombreuses dans les colonies en 1914.
Le climat empêchait fréquemment l’utilisation des véhicules, les chevaux de trait étaient victimes de la mouche tsé-tsé.
Pour la seule Afrique orientale, les Britanniques recrutèrent environ 750 000 Africains comme porteurs. Dans de nombreux cas, les gens furent enlevés dans leurs villages et forcés de remplir cette fonction.
A la fin de la guerre, ce sont environ 100 000 porteurs qui étaient morts d’épuisement, de maladies et de faim.
Quelques historiens font même des estimations allant jusqu’à 300 000 victimes.
Les maladies étaient aussi la cause de décès la plus fréquente chez les soldats et les officiers.
Seul un petit nombre d’entre eux succomba aux balles de l’ennemi.
Les chiffres officiels mentionnent 4 902 morts du côté des Britanniques en Afrique orientale. Les historiens soupçonnent cependant que le nombre de soldats décédés a pu atteindre les 20 000.
Les Allemands perdirent environ 2 000 soldats.
Lors de la conquête du Togo, en revanche, ils ne furent que 83 Britanniques, 54 Français et 41 Allemands à mourir.Pour les Africains, ce conflit ne fut pas une grande guerre pour la civilisation ou la démocratie, comme la présentaient les Alliés, ni une bataille pour le Kaiser, comme la considéraient les Allemands.
Pour beaucoup, ce n’était que le prolongement d’une guerre visant à la réorganisation de l’Afrique, un conflit qu’on avait d’abord mené contre les Africains, puis entre Européens.
Les soldats et les civils africains, dont le travail avait permis de faire fonctionner l’économie de guerre, ne touchèrent pas les dividendes de la paix.
Les personnes blessées et déplacées pendant le conflit furent abandonnées à elles-mêmes, l’Etat colonial ne fit pas grand-chose pour elles. Il n’y eut pas beaucoup de changement non plus du point de vue politique.
Les frontières coloniales furent redessinées, mais les maîtres coloniaux n’avaient aucune intention d’accorder aux Africains plus de latitude pour s’exprimer sur leur destin.
Le droit des peuples à l’autodétermination, dont Woodrow Wilson voulait faire la base d’un ordre d’après-guerre, leur fut refusé.
Pour la seule Afrique orientale, la guerre a coûté la vie à plus de 300 000 civils. Des régions entières ont été dévastées, la population chassée de ses villages.
Les Allemands ont détruit les infrastructures lors de leur repli.
Les viols et les enlèvements de masse ont été l’atroce quotidien de la guerre.
Les famines ont encore fait rage des années après la fin du conflit. En 1918, l’épidémie de grippe a touché l’Afrique ; elle aurait coûté la vie à plus de 17 millions d’Africains.
Michael Pesek, historien allemand, spécialiste de l'Afrique.
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