HASSEINE Mohamed
Mohamed Hasseine naît en Algérie en 1941.
Son enfance, comme celle de nombreux jeunes Algériens de cette époque
est celle d'un berger, qui passe son temps à garder les moutons et non à l'école.
En 1954, c'est le début de la guerre d'Algérie et l'année suivante, Mohamed
Hasseine
rejoint les forces de la rébellion. Il est âgé de quatorze ans.
Trois ans plus tard, il est déjà sergent. Ses chefs lui ordonnent d'assassiner un gendarme.
Il refuse de commettre un tel acte et spontanément, se rend à celui qu'il était chargé de tuer.
Dès lors, se sachant condamné à mort par le F.L.N., il s'engage dans l'armée française comme caporal-chef harki.
Au début de l'année 1958,
le colonel Trinquier, qui vient de prendre le commandement
du 3e régiment de parachutistes coloniaux sur la frontière tunisienne,
crée une harka qui devient la 5e compagnie du 3e RPC.
Cette harka commando de chasse est une compagnie parachutiste conçue sur le modèle
des GCMA, les Groupements de Commandos Mixtes Aéroportés de la guerre
d'Indochine, dont l'effectif est essentiellement composé de rebelles ralliés.
Ayant eu connaissance de la constitution de cette harka,
Mohamed Hasseine se porte volontaire pour y servir.
Il est ainsi admis dans l'armée régulière, rétrogradé de son grade de caporal-chef,
mais avec la distinction de 1e classe,
et reçoit de ce fait, la nationalité française.
Bien qu'illettré, l'ancien gardien de moutons va alors démontrer ses capacités de guerrier
et de meneur d'hommes,
au point qu'il est rapidement nommé sergent
et devient chef de voltige de la 4e section de la harka commando du 3e RPC.
En juillet 1961,
il fait partie de l'expédition de Bizerte.
Son unité rebaptisée 3e RPIMa,
aérotransportée sur place, est chargée de dégager la ville de Bizerte et le Goulet.
C'est l'opération Bouledogue,
suivie de Charrue Longue et Ficelle auxquelles participent plusieurs unités
de l'armée de terre avec l'appui de la marine nationale.
Au terme de deux jours de combats de rue difficiles,
au cours desquelles Mohamed Hasseine se distingue à nouveau,
les parachutistes français déplorent près de cent tués ou blessés,
tandis que les pertes adverses sont dix fois plus importantes,
les forces françaises récupérant 26 canons, 19 mortiers, 99 mitrailleuses
et fusils-mitrailleurs, 546 armes individuelles.
Après l'épisode de Bizerte, le sergent Hasseine revient en Algérie pour participer aux
diverses opérations dans lesquelles le 3e RPIMa est engagé,
dans le sud du pays et en Kabylie.
L'indépendance de l'Algérie ayant été proclamée,
le sergent Hasseine est rapatrié en France avec ses camarades
et affecté à Bayonne. Sa courte destinée va s'arrêter là.
Un soir, dans une chambrée, une jeune recrue dégoupille une grenade
et par maladresse, la laisse tomber.
Mohamed Hasseine plonge sur celle-ci,
faisant un rempart de son corps, et sacrifie sa vie pour protéger ses camarades.
Il n'avait que vingt-trois ans.
Le parcours de Mohamed Hasseine est exceptionnel.
A moins de vingt ans, ayant déja mérité trois citations pour ses actions d'éclat,
il était titulaire de la médaille militaire.
En outre, ayant reçu lors des combats de Bizerte sa quatrième citation à l'ordre du corps d'armée ,
il avait été proposé pour le ruban rouge à l'âge de vingt et un ans,
ce qui aurait fait de ce combattant volontaire mort en héros,
le plus jeune chevalier de la Légion d'honneur.