Sujet: La défaite de 1940-La Résistance Lun Mai 11 2015, 16:48
La Résistance intérieure
La défaite de 1940
Au printemps de 1940, après plusieurs mois d’une « drôle de guerre », qui voit, depuis le 3 septembre 1939, les forces françaises et allemandes s’observer attentivement par-dessus leurs fortifications respectives pendant que l’armée polonaise isolée se fait écraser à l’est, le chancelier du Reich Adolf Hitler décide de passer à l’attaque à l’ouest.
Les puissantes « panzerdivisionen », avec le soutien de la Luftwaffe, contournent par la Belgique l’imposante, mais inutile ligne Maginot qui garde le Rhin, et déferlent, le 10 mai 1940, sur le nord de la France.
Après quelques semaines d’une guerre-éclair, la « Blitzkrieg », et malgré une défense parfois héroïque mais sans espoir, c’est la débâcle : les forces allemandes sont à Paris et l’armée française est anéantie. Les troupes britanniques présentes sur le sol français doivent se replier précipitamment et réembarquer à Dunkerque dans des conditions très difficiles et meurtrières.C’est aussi l’exode : six millions de civils sont sur les routes, fuyant les envahisseurs. Pour un million et demi de soldats français, c’est la captivité dans les stalags et oflags. Le gouvernement de Paul Reynaud démissionne.
L’armistice du 22 juin 1940
Le 17 juin 1940, le maréchal Pétain forme un nouveau gouvernement et cinq jours plus tard, la France se voit contrainte de signer l’armistice à Rethondes, en forêt de Compiègne, dans un wagon , –humiliant raffinement voulu par Hitler- où l’Allemagne avait dû elle-même signer l’armistice du 11 novembre 1918…
Aux termes de cet armistice, la France est démantelée et vassalisée: elle est artificiellement coupée en deux par une ligne de démarcation qui commence entre Nantua et Genève, passe par Dôle, Moulins et Bourges, se poursuit à l’est de Tours, Poitiers et Angoulême, pour finir à la frontière espagnole, à l’est de Hendaye. La ligne est sévèrement gardée par les troupes allemandes et un « ausweiss » est requis pour être autorisé à la franchir. Au nord de cette ligne, l’Alsace et la Lorraine sont annexées par le Reich, et le reste de la zone, occupé par les troupes allemandes.
Au sud de la ligne, c’est la zone provisoirement « libre », placée sous l’emprise du gouvernement de collaboration installé à Vichy et de ses miliciens, et qui sera à son tour, à partir de novembre 1942, occupée par la Wehrmacht et contrôlée par la Gestapo.
L’appel du 18 juin 1940
Alors que l’armistice est sur le point d’être signé, Charles de Gaulle, un colonel de blindés nommé depuis seulement trois semaines « général de brigade à titre temporaire », lance, depuis Londres où il s’est réfugié, un appel à la radio dans lequel il exhorte les militaires ainsi que les civils français, à résister, à l’intérieur comme à l’extérieur.
C’est le célèbre « appel du 18 juin » dans lequel le général galvanise les Français au moyen de phrases fortes dont il a le secret :
« La France a perdu une bataille. Mais la France n’a pas perdu la guerre ! ».
« Quoiqu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ! ».
Ce signal fera naître et encouragera sur le sol français, la création de nombreux mouvements et de réseaux de résistance tant dans la zone occupée qu’en zone libre.
L’armée des ombres – Les maquisards
Les premiers objectifs de la Résistance intérieure française sont de se battre, d’abord avec de faibles moyens, puis avec les ravitaillement alliés, contre les « doryphores » - nom de parasite donné par dérision aux occupants allemands -, et contre les miliciens du gouvernement collaborationniste de Vichy.
La résistance intérieure se manifeste d’abord par les actions isolées de jeunes hommes et femmes qui veulent réagir contre l’occupation et se limitent le plus souvent à la rédaction et à la diffusion de tracts et d’inscriptions anti-nazis. Des mouvements divers, souvent politisés, s’organisent à partir du début de 1941. Puis, des actions militaires sont engagées par les réseaux de résistants volontaires, francs-tireurs, partisans: elles consistent à rechercher des renseignements et à les transmettre aux alliés, réaliser le sabotage d’installations industrielles et de moyens de transports qui contribuent à l’approvisionnement des forces allemandes, ainsi que des installations de communication. Les réseaux de résistants mènent à bien des évasions de prisonniers et de pilotes alliés tombés en territoire hostile. La presse clandestine produit plusieurs dizaines de milliers de journaux ainsi que les faux papiers dont les clandestins, et notamment les populations juives, ont un besoin vital pour échapper à la déportation, qui est pour elles, en cette période de terreur, synonyme de mort certaine. Des attentats sont exécutés contre des Allemands et des collaborateurs, entraînant de terribles représailles contre des otages pris au hasard, et fusillés.
Ils avaient vingt ans... Les représailles des nazis en France - 1944 - Collection Jean Lefevre -
Au début de 1943, avec les réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO) décrété par le gouvernement de Vichy, les maquis vont voir leurs effectifs augmenter, et leurs actions de guérilla s’intensifier, infligeant des pertes sensibles à l’ennemi. La France compte plusieurs grands maquis, comme ceux des Glières, du Mont-Mouchet, du Vercors, qui immobilisent d’importantes unités allemandes, les rendant ainsi indisponibles pour d’autres fronts.
Les volontaires qui entrent dans la résistance savent qu’ils prennent de ce seul fait, un risque mortel. Les occupants allemands sont impitoyables : le résistant, le maquisard, ne sont pas considérés comme des soldats, mais seulement comme des terroristes. En cas de capture, c’est pour eux la torture suivie du peloton d’exécution, ou de la déportation dans un wagon NN « Nacht und Nebel », vers un camp de la mort.
On peut estimer à environ 200.000 le nombre de personnes qui ont réalisé ou participé activement à des actes de résistance. Près d’un tiers d’entre elles y ont perdu la vie, en combattant dans les maquis ou dans les villes, déportées ou fusillées.
Fusil mitrailleur 24/29 - Fabriqué à Chatellerault utilisé par la Résistance - Photo FNCV
L’unification des mouvements de résistance ; la victoire
Le général de Gaulle, grâce à l’audience qui lui est donnée par la BBC anglaise, joue un rôle essentiel en fédérant les différentes composantes de la résistance et en se faisant reconnaître auprès des alliés, comme chef de la résistance unifiée.
En 1943, il utilise entre autres, comme moyen d’intégration, le Conseil National de la Résistance (CNR) et à cet effet, fait parachuter en France Jean Moulin, qui sera arrêté, torturé, et mourra dans les geôles nazies. Le Comité Français de Libération Nationale (CFLN) constitué à Alger est transformé en juin 1944 en Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRA).
Traction avant Citroen F.F.I. La Charte, décembre 2007
Au printemps de 1944, les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) sont bien organisées et en mesure de participer efficacement à la libération du territoire national.Le sud-ouest de la France ainsi que le massif central sont libérés par les seuls F.F.I. Paris est libéré par les résistants insurgés, secourus par les chars de la division Leclerc. De nombreux maquisards sont alors incorporés à la 1 e Armée française, lors de l’avancée de celle-ci aux côtés des Alliés, et poursuivront le combat jusqu’à la capitulation allemande, le 8 mai 1945