La justice brésilienne ouvre une enquête sur de possibles irrégularités dans le contrat Gripen JAS-39 Gripen E/FEn décembre 2013, Brasilia annonçait son intention d’acquérir 36 avions JAS-39 Gripen E/F du constructeur suédois Saab dans le cadre de son programme FX-2. Et cela, au terme d’un feuilleton riche en rebondissements, avec le Rafale de Dassaut Aviation et le F/A-18 Super Hornet de Boeing comme autres acteurs.
La déception pouvait être grande pour le camp français étant donné que, en septembre 2009, le Rafale semblait avoir pris un avantage décisif lorsque le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, prit clairement position en sa faveur.
Il avait même été question d’un achat par la France de l’avion de transport KC-390 d’Embraer.
Quoi qu’il en soit, dix mois plus tard, un contrat d’un montant de 5,4 milliards de dollars fut signé par Saab et la Comissão Coordenadora do Programa Aeronave de Combate. Il prévoyait notamment le développement et la production de 28 monoplaces et de 8 biplaces, ces derniers devant être assemblées au Brésil sous l’entière responsabilité d’Embraer, promis à un « rôle de premier plan en tant que partenaire stratégique dans le programme F-X2″.
Fin de l’histoire? Pas vraiment…
Le 10 avril, le parquet fédéral de Brasilia a annoncé avoir ouvert une enquête portant sur des soupçons de corruption au sujet de ce contrat.
La justice brésilienne est en effet intriguée par une différence de 900 millions de dollars entre le prix initialement proposé par Saab en 2009 et celui de la transaction validée en octobre 2014.
De son côté, Força Aérea Brasileira a nié toute irrégularité dans le contrat tout en se disant prête à fournir tous « les éclaircissements nécessaires aux autorités compétentes ».
Selon elle, la différence de prix est due aux fluctuation monétaires ainsi qu’à des ajouts au contrat, comme les simulateurs de vol et l’intégration d’écrans WAD (Wide Area Display) dans les cockpits des Gripen brésilien.
D’après la chaîne de télévision Globo News, le procureur Anselmo Lopes, désigné pour cette affaire, a demandé les copies de contrats, de rapports financiers et d’emails à Saab, à la FAB ainsi qu’à l’entreprise AEL Sistemas, qui vient d’être choisie par le constructeur suédois pour fabriquer et intégrer le WAD.
Si, selon le quotidien Folha de San Paulo, des irrégularités sont découvertes, le contrat pourrait être annulé.En ce moment, ce type d’affaire est particulièrement sensible au Brésil, avec une enquête concernant plusieurs dizaines de responsables politiques soupçonnés d’avoir bénéficié des largesses du pétrolier Petrobras.
Ce n’est pas la première fois que Saab fait l’objet d’une enquête pour des faits présumés de corruption.
Cela a en effet été déjà le cas en Afrique du Sud, en Hongrie et en République tchèque.