La tolérance des Français s'améliore mais les actes racistes augmentent Dans son rapport annuel, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) précise que les Français seraient de plus en plus tolérantsMais que les actes racistes, antisémites et xénophobes augmentent. Dans son rapport annuel publié jeudi, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) dresse un constat plutôt contrasté :
Les Français deviennent plus tolérants, mais les pratiques liées à l’islam continuent de déranger et les clichés antisémites ont la vie dure. Après quatre années de baisse consécutive, l'indice de tolérance marque une stabilisation, voire une légère progression.
Pour la première fois depuis 2010, c'est la proportion de Français se déclarant "pas racistes du tout" qui a augmenté, allant jusqu'à atteindre 43% selon un sondage de l'institut BVA pour la CNCDH réalisé auprès d'un échantillon représentatif de 1.020 personnes.
Un second sondage confirme une progression de la tolérance : entre novembre et mars, l'indice a progressé de 2,3 points.
Un effet Charlie ? Pour Christine Lazerges, la présidente de la CNCDH, "devant les tragiques événements, le lien social s'est resserré plutôt que distendu".
La solidarité post attentat aurait donc "renforcé l'acceptation et le respect des minorités" plutôt que durci les attitudes à leur égard.
La tolérance à l'égard des Noirs progresse de quatre points, celle à l'égard des
musulmans et des maghrébins de 1,6 point et celle envers les juifs de 3,7 points.
Malgré ces aspects positifs, "certains points de crispation persistent voire s'aggravent" : les clichés antisémites sont revitalisés, les préjugés antiroms persistent et les pratiques liées à l'islam sont rejetées, tant dans l'espace public que dans le privé.
Les discours de haine sur Internet, eux, se multiplient.
Beaucoup de préjugés sur les minorités Quatre Français sur dix affirment que l'interdiction de consommer de la viande de porc ou de l'alcool (40%, hausse de 24 points) ainsi que le jeûne du ramadan (38%, hausse de 18 points) posent problème à la vie en société. Malgré cela, la part d'opinions favorables à l'égard de la religion musulmane reste faible (26%) mais augmente de six points.
Deux autres groupes semblent toujours à part dans la société :
Les Roms (82%), qui ont l'image la plus négative, et les gens du voyage (80%). La population juive semble être la mieux acceptée mais les préjugés antisémites n'ont pas disparu : certains parlent de leur "trop (plein) de pouvoir" et leur "rapport particulier à l'argent".
Près de 7 personnes sur 10 (72%) estiment qu'il y a trop d'immigrés en France. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, les actions et menaces à caractère raciste, antisémite et antimusulman ont grimpé de 30%, passant de 1.274 faits en 2013 à 1.662 en 2014.
Les infractions antisémites ont augmenté de... 101%, atteignant 851 faits en 2014. Les faits antimusulmans, eux, ont diminué de 41%, soit 133 faits délictueux.
L'enseignement comme seule réponse La CNCDH "attend beaucoup de l'école" :
Christine Lazerges aimerait que l'enseignement "moral et civique prenne corps de façon plus nette et plus déterminée".
Pour elle, il faut également "renforcer les pôles antidiscriminations des tribunaux de grande instance" et mieux prendre en charge les victimes qui restent
"en très grande difficulté pour se faire connaître et pour pouvoir porter plainte". La présidente de la CNCDH attribue ainsi la baisse des actes antimusulmans à une "difficulté à porter plainte" plutôt qu'à "une chute des menaces".