Chapitre 29
Le 13 mai 1958 à Alger.
Manifestations explosive.
Le général Massu, avec sa grande notoriété devient vite le symbole des Algérois, un climat d'inquiétude règne sur Alger comme à Paris. Une France rongé par la discorde, sans autorité, la gauche et la droite dans une bataille sans fin se déchirent.
Le gouvernement de la IV République, change trop souvent .René Coty assume dans une attente passive, les évènements s'enchainent; nous sommes le 15 avril 1958 et Félix Gaillard vient d'être renversé.
En Algérie des comités de Salut Public se forment en particulier celui de Lagaillarde, un parachutiste tonitruant entrainant dans sont sillage une meute désordonné.
Salan, commande les forces en Algérie avec Massu responsable du grand Alger. L'Algérie est lasse de voir que rien n'est fait pour la population vivant dans la terreur des attentats, les directives ne viennent pas.
Le 28 avril 1958, trois soldats français prisonniers de l'ALN sont fusillés à Sakiet en Tunisie. C'est le tollé général des Européens d'Alger demandant que ces morts soit vengés. Les anciens combattants, demandent qu'une grande manifestation soit faite au monument aux morts afin qu'un hommage soit rendu à aux trois soldats assassinés par le FLN.
Je suis cantonné à Sidi-Ferruch avec notre Escadron dans cette colonie de vacance abandonnée au beau milieu de cette forêt de pins à quelques centaines de mètres de la magnifique plage Morétti. Il est a prévoir que tous ces évènements qui agitent Alger ne va pas nous laisser vivre en touriste.
Le colonel Trinquier connaissant les affaires en cours et les remous qu'elles vont provoquées fait venir le régiment dans Alger. Nous sommes réinstallés dans cette école de sourd-muet que nous avions en juillet 1957. L'Escadron au complet va faire du maintien de l'ordre dans un 13 mai qui s'annonce mouvementé. Affecté avec nos jeeps autour de la place du Gouvernement Général, nous sommes chargés de canaliser la foule et la contenir. Tôt le matin, notre compagnie est en place, les véhicules servants de barrage afin de dégager l'espace du forum.
L'ambiance est électrique, les commerces, magasins, transports et administration sont fermés ou en grève. La matinée se passe à poser des barrières de sécurités autour du Gouvernement Général, siège du pouvoir français d'Algérie, appelé par tous le « GG ». Nous mangeons sur place notre boite de ration, car déjà la foule s'annonce déterminée avec drapeaux et banderoles, des groupes de musulmans venus des bleds alentour, certains en burnous blanc avec les décorations pendantes accrochés.
La foule devient énorme, compact. Une rumeur immense avec des chants patriotiques entonnés et repris par les Européens, des drapeaux tricolore et de nombreuses bannières sont brandit et agités se dirigeant vers le monument aux morts, Des véhicules munis de haut-parleurs lancent des slogans dénonçant l'abandon par nos politiques de la situation algérienne en crise. Les autorités prévus à 15 heures pour la cérémonie du monument aux morts est reportée à 18 heures, ce qui permet à cette foule de grossir d'une façon impressionnante, et s'agglutiner sur le passage des généraux Salan, Massu, Allard et Jouhaud se rendant aux monuments aux morts ou se trouve massés les anciens combattants venus de partout pour montrer leurs déterminations. Des gerbes sont déposés au pied du monument, puis le cortège des officiels s'éloigne.
Durant ce temps le meneur des étudiant; Pierre Lagaillarde un farouche défenseur de l'Algérie Française, ancien para réserviste en tenue camouflée le béret rouge sur la tête rameute avec l'aide de ses étudiants la foule vers le forum se trouvant à côté du GG.
Soudain la grille d'entrée est enfoncée par un de nos GMC subtilisé par les émeutiers, c'est la rué vers l'immeuble Lagaillarde en tête grimpant les étages, tous se ruent dans les bureaux qu'ils saccagent, je vois des tas de dossiers voler par les fenêtres suivis des machines à écrire qui viennent s'écraser au sol.
Les CRS harcelés par les émeutiers, imités par des habitants d'immeubles des rues adjacentes, projettent sur les CRS depuis les étages, des seaux d'eau des objets et même des pièces de monnaie en crient « Allez vous en ! Partez en France ! », des jeunes venus en découdre avec la police ont renversés des véhicules qu'ils incendient, les jets de pierres pleuvent sur les CRS déployés ne sachant ou donner de la tête, je réussi à prendre deux photos de la scène, et de notre équipe au forum à côté des jeeps. Une armée de photographe, reporter, film l'évènement.
Je suis en accord avec leurs revendications. La France prise dans les remous d'une politique qui désagrège le pays, avec un parti communiste virulent en métropole comme en AFN.
Au cri de « Algérie Française ! Algérie Française! » la foule surexcitée, agite avec frénésie ses drapeaux, ses banderoles, des autos munis de haut-parleurs interpellent cette marée humaine pour manifester contre cette politique d'abandon par nos élus.
Un comité de salut public est formé après accord du gouvernement afin d'exiger que l'Algérie reste parti intégrante de la métropole au même titre que nos départements Français.
Ce balcon du GG ou beaucoup des têtes galonnés et étoilés vont faire leurs apparitions devant la foule rassemblée, tel le général Massu, ayant constitué son comité avec les colonels Trinquier, Ducasse et Thomazo ainsi que neuf civils; tous ses personnages vont faire le monter la pression par des discours convaincants.
Il faut sauver la France et l'Algérie. Dans cette démonstration de solidarité et des discours d'espoirs, la foule déchainée acclame Massu et demande l'armée au pouvoir avec De Gaulle à sa tête. Cela devient aberrant de voir cette foule crier des slogans dans un climat de tension extrême, l'air est surchauffé presque électrique. Avec mon peloton l'adjudant Rebouillet est mon groupe somme retranché derrière nos jeeps, car les poussées de cette foule en folie devient inquiétante.
Des cris de « Vive les Paras! Vive Massu! L'armée au pouvoir ! Vive De Gaulle » Je pense que l'on aurait pu leur faire crier n'importe quoi tellement la tension est à son paroxysme!. Même les Arabes venus de leurs bleds ne sont pas trop rassurés, pris dans ce tourbillon de folie collective j'entends les « you! You! » des femmes berbères comme une longue litanie stridente, cela doit exciter les Arabes car certains danse maintenant avec des cris.
Le soir arrive, la foule qui doit commencer à avoir faim se disperse doucement pour rentrer soit dans sa cagna soit dans son immeuble européen. La musique militaire qui s'est époumonée à jouer l'Hymne National dont nous avons les oreilles rabattus, située à 30 mètres de nous, elle à dû battre des records de durée; les hommes sont exténués d'avoir resté debout en plein soleil, je les plains de tout cœur. Pour notre part nous avons l'eau et la nourriture dans les véhicules pour 24 heures. Nous sommes fourbus de cette cohue et de cette attente où tout peut arriver d'une foule en délire.
Nous pouvons enfin rentrer à notre casernement pour dormir. Les 3 jours suivants vont être de même, les rassemblements compacts la foule bruyante de Pieds-Noirs et d'Arabes, venus dans l'espoir d'une intégration et d'une paix souhaitée dans la réconciliation du peuple entre Français et Musulman.
Mais les évènements sont tout autres, avec un gouvernement qui tarde à prendre une décision, De Gaulle est demandé au pouvoir et pour forcer cette demande, l'état-major m'est en alerte notre régiment, c'est ainsi que je vais passer plusieurs jours en alerte maximum dans ma base de Sidi-Ferruch, prêt à embarquer dans un Nord 2501 pour être largué sur les Champs Élysée, si De Gaulle n'obtient pas l'investiture.
Nous sommes le 29 mai 1958, ce coup de force militaire faisant partie d'un plan appelé « Résurrection » doit permettre à plusieurs régiments parachutistes d'occuper, une fois le saut effectué tout les points stratégiques de la capitale, avec le ralliement des troupes au sol.
Le saut est prévu pour le 30 mai sur la capitale, les événements se précipites, René Coty annonce au Parlement qu'il fait appel au Général De Gaulle pour prendre sa place et dénouer cette crise grave, les communistes, l'extrême gauche comme l'extrême droite, se prépare au pire, le ministre de l'Intérieur Jules Moch est prêt a donné l'arsenal d'armes a ces derniers, les risques sont grands, tous sont sur le pieds de guerre pour nous affronter.
Des échanges incessants de télégrammes entre le Président de la République René Coty et le général De Gaulle pour trouver une solution immédiate avant l'irréparable coup de force militaire qui se précise font pencher la balance dans le raisonnable.
Mais l'action est déjà partie en métropole: Le général de Rancourt se fiant au premier télégramme reçu, a donné l'ordre aux avions du Sud-Ouest de se diriger sur Paris, heureusement, l'annulation de cette mission par Salan et la mise en veilleuse du plan « résurrection » jusqu'au 3 juin nous laissera un peu d'espoir. De Gaulle recevant l'investiture le 1er juin, notre aventure parisienne prend fin et le plan est annulé.
Nous sommes donc restaient à notre base de Sidi-Ferruch, mais pas pour longtemps,. Le général De Gaulle pour rassurer, entreprend une tournée algérienne afin de rencontrer les comités de salut public. Dès le 4 juin nous sommes en mission pour accueillir le nouveau Président, je veux plutôt dire en maintien de l'ordre sur tout le parcours que va emprunter De Gaulle et son cortège officiel, pour ma part je suis détaché avec mon groupe à la protection de la résidence à Soustelle.
Ainsi se sera une liesse des populations que visitera ce nouveau chef de gouvernement dans les cinq grandes villes d'Algérie: Alger, Oran, Bône, Constantine et Mostaganem. Aux cris de « vive De Gaulle ! Toute ces populations des villes augmentées des européens et des musulmans des campagnes que l'on a ramenés en véhicules divers pour être sur le passage de celui qu'ils considèrent presque comme le messie et que la paix entre Français et Musulmans va enfin connaître une hère nouvelle, que le FLN va disparaître et tout va s'arranger.
La suite des événement va prouver combien les paroles sont a double facettes.