Malgré les coupes budgétaires, l’armée britannique restera-t-elle un partenaire fiable? Depuis 2010, les forces armées britanniques doivent faire face à de vastes coupes budgétaires, ce qui a eu pour conséquences une perte de certaines capacités clés et une réduction de leur format. Ainsi, les effectifs de la British Army retrouveront le niveau qui était le leur lors de la guerre des Boers, la Royal Air Force (RAF) ne compte plus 7 escadrons de combat et la Royal Navy peine à satisfaire ses engagements.
Le budget du ministère britannique de la Défense s’élève à environ 35 milliards de livres sterling.
Pendant longtemps, le Royaume-Uni dépensait pour ses armées environ 2% de son PIB, conformément à norme fixée par l’Otan.
Seulement, il s’éloigne progressivement de cet objectif, contrairement à l’engagement pris par son gouvernement, emmené par le conservateur David Cameron, lors du sommet de Newport, en septembre 2014.
Le très sérieux Royal United services Institut (RUSI) estime même que le budget britannique de la Défense ne représentera plus que 1,6% du PIB à l’horizon 2020. Certes, l’on pourrait penser que les résultats des prochaines élections générales, prévues le 7 mai prochain, pourraient changer la donne.
Seulement, aucun des grands partis ont pris l’engagement de maintenir les dépenses militaires à leur niveau actuel et les observateurs craignent même des réductions budgétaires supplémentaires (il est même question d’une déflation supplémentaire de 20.000 postes!)
En attendant, les dernières statistiques publiées le Treasury’s Public Expenditure and Statistical Analysis montrent que le budget britannique de la Défense a diminué en moyenne de 1,8% par an au cours des 5 dernières années alors que, dans le même temps, le montant des aides financières accordées par Londres à des pays étrangers a augmenté de 8,4% par an pour atteindre les 8,43 milliards de livres.
Si cette tendance continue, le Royaume Uni dépensera plus pour le développement internationale que pour ses propres armées d’ici 2030.Le chroniqueur du Telegraph pour les affaires militaires, Con Coughlin, n’a pas l’habitude de mâcher ses mots.
Souvent à juste titre. Les coupes budgétaires décidées en 2010 ont privé les forces britanniques d’avions de patrouille maritime, indispensables pour surveiller les approches de la base de Faslane, où sont basés les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Royal Navy.
Puisque le gouvernement de M. Cameron ne voulait plus des Nimrod, une solution aurait été d’acquérir des Boeing P8 Poseidon.
Le coût de cette solution, indique Con Coughlin, avait été évalué à 200 millions de livres par la RAF.
Or, la même somme est donnée chaque année à New Delhi par Londres… D’où le paradoxe soulevé par le chroniqueur britannique :
« En raison de sa générosité, la Grande Bretagne ne peut pas se permettre de se payer des P8 alors que l’Inde dispose de cet avion pour protéger ses propres eaux territoriales ». Dans un entretien accordé au Telegraph, le général Ray Odierno, le chef d’état-major de l’US Army [armée de Terre américaine, ndlr] a fait part de ses inquiétudes au sujet des pertes capacitaires des forces britanniques.
Au point où l’on se pose des question, à Washington, sur la fiabilité de « l’allié » britannique. En janvier dernier, le président Obama fit même part de ses inquiétudes à ce sujet auprès de David Cameron.
« Nous avons un accord bilatéral entre deux deux pays pour travailler ensemble. Il s’agit d’avoir un partenaire qui a des valeurs très proches et les mêmes objectifs que nous », a expliqué le chef d’état-major de l’US Army.
Or, si « dans le passé, nous avions une division de la British Army travaillant aux côtés d’une division américaine », nous avons maintenant « une brigade britannique intégrée à une division américaine, voire un bataillon britannique intégré à une brigade américaine », a poursuivi le général Odierno, pour qui l’environnement mondial actuel est le « plus incertain » qu’il a vu en 40 ans de service.
La question posée est donc de savoir si le Royaume-Uni peut être encore un allié efficace…
Au train où vont les choses, il est permis d’en douter, même s’il disposera de deux porte-avions et de l’avion de combat F-35.