"Le 1er Bataillon Royal de parachutistes hongrois" Major BertalanLa situation politique de la Hongrie en 1940La signature du traité de Trianon le 4 juin 1920 souleva un refus consensuel du peuple hongrois.
Le pays perdait les 2/3 de son territoire passant de 283 000 km2 à 93 000 km2. Désormais, 3,5 millions de hongrois étaient coupés de la mère-patrie : 1,7 millions en Roumanie (Transylvanie), 1 million en Tchécoslovaquie (région danubienne et Ruthénie Subcarpathique) et 500000 en Yougoslavie (Banat, Voïvodine et région de la Mura).
La Honved (l'armée hongroise) est réduite à 35 000 hommes, sans force aérienne, ni blindée.
Les gouvernements successifs du Régent Horthy auront pour volonté de réparer l'injustice du "diktat" de Trianon.
Afin de rompre son isolement diplomatique, la Hongrie se rapproche de l'Italie fasciste qui lui fournit du matériel de guerre.
L'annexion de l'Autriche et l'abandon par les démocraties occidentales de l'Europe Centrale à Hitler après les accords de Münich, fait naître l'espoir d'une révision des frontières par voie diplomatique, c'est le début du rapprochement diplomatique avec l'Allemagne nazie.
Le 2 novembre 1938, l'arbitrage de Mussolini et d'Hitler attribue 12 000 km2 de territoire tchécoslovaque à la Hongrie : c'est le premier arbitrage de Vienne. La disparition de l'état tchécoslovaque l'année suivante permet de récupérer la Ruthénie Subcarpatique après un court conflit avec la Slovaquie en mars 1939.
Avec le 2ème arbitrage de Vienne, la Hongrie récupère la Transylvanie du nord, l'injustice du traité de Trianon était en partie effacée.Le 20 novembre 1940, Pal Teleki, le premier ministre signe le Pacte Tripartite. Cependant, il est conscient que ce marchandage soumet son pays aux exigences du Reich qui ne vont pas tarder à se présenter.
Teleki signe avec la Yougoslavie un traité d'amitié éternel le 26 février 1941 mais dans la nuit du 26 au 27 mars 1941, un coup d'état militaire renverse le prince Paul et le roi Pierre II accède sur le trône, formant un gouvernement avec le général Simovic.
Hitler, furieux, décide de châtier sans délai la Yougoslavie, avec l'aide des nations de l'Axe (Italie, Bulgarie, et la Hongrie).
Refusant de cautionner la violation du traité signé le 26 février, Pal Teleki se donne la mort le 3 avril.
Son successeur, Laszlo Bardossy, va se plier à la demande des généraux allemands afin de permettre le passage de troupes par le sol hongrois. La IIIème armée du général Novak, composée des I, IV et V ainsi que le Corps Mobile (général Bela Miklos) se prépare à attaquer l'armée yougoslave.
La naissance de l'arme parachutisteDès le début des années 30, le ministère de la Défense hongrois s'est intéressé à la formation d'une unité d'élite aéroportée. Durant l'été 1938, un appel aux volontaires est lancé et après sélection, 7 officiers sont retenus pour former un noyau expérimental. Parmi eux, le capitaine Arpad Bertalan est désigné pour commander le futur bataillon.
L'entrainement débute à Szentendre, au nord de Budapest, avec au programme, maniement d'explosifs et destruction d'ouvrages, tir et conduite de véhicules.
Après ce stage, le groupe est transféré à la base aérienne de Papà pour s'initier au saut en parachute à partir de vieux Caproni CA-101. L'équipement est hétéroclite, les parachutes provenant d'horizons divers.
Le 2 septembre, le premier saut collectif est effectué à Szombathely, 4 CA-101 larguent 13 parachutistes. Rapidement, les premières conclusions indiquent que les parachutes sont en mauvais état et que le Caproni n'est plus adapté à des missions modernes car de faible capacité (5 à 6 parachutistes).
Un nouveau parachute de fabrication nationale, moderne et fiable, conçu par le capitaine Akos Hehs est adopté sous la dénomination H39 M.
Les Caproni CA-101 sont remplacés par cinq Savoia-Marchetti SM-75 pouvant contenir 24 passagers.
Ils proviennent de la compagnie aérienne MALERT et sont transformés pour cet usage militaire. Ces 5 SM-75 codés civils HA-SMA à HA-SME deviennent respectivement E-101 à E-105.
En septembre 1939, l'unité expérimentale est officiellement désignée compagnie parachutiste localisée sur la base de Papà.
En août 1940, deux nouvelles compagnies et un escadron de transport forment le 1er bataillon royal de parachutistes composé de 400 hommes : 30 officiers, 120 sous-officiers et 250 parachutistes commandés par le major Bertalan.
Les ponts du canal François-JosephLe 6 avril 1941, débute l'opération Marita par le bombardement de Belgrade. Le 11 avril, la IIIème armée hongroise du général Novak pénètre en Yougoslavie dans la région de la Bacska , habitée par une forte minorité hongroise.
Le 1er bataillon de parachutistes est gardé en réserve, mis en état d'alerte à la base de Veszprem.
L'armée yougoslave s'est retranchée défensivement derrière le canal François-Joseph (aujourd'hui appelé Veliki et dont les 2 branches relient le Danube à la Tisza). Le bataillon reçoit pour mission de sauter au- dessus de Verbasz (Vrbas) et Szenttamas (Srbobran), prendre les 2 ponts reliant les rives, sécuriser et en empêcher la destruction en attendant l'arrivée du Corps Mobile.
Le 12 avril doit être le jour du baptême du feu tant attendu pour Bertalan et ses hommes.
La tragédie sur la piste d'envolA 15h45, le bataillon reçoit l'ordre d'embarquer à bord des 4 SM-75.
Le SM-75 E-101 où a embarqué Bertalan, surchargé s'écrase au décollage.
L'explosion de l'appareil tue le major, l'équipage et 22 parachutistes.
La mission est reportée.
La mission est accomplieMalgré ce mauvais coup du sort, le bataillon réussit à accomplir sa mission.
A 19 heures, les 3 SM-79 décollent et larguent 3 officiers et 57 parachutistes mais à de 20 km de leur objectif.
Après une marche forcée en pleine nuit, les ponts sont pris après un bref combat et tenus jusqu'à l'arrivée des troupes hongoises.
Le bataillon prendra le nom du major Bertalan. Son successeur, l'énergique colonel vitez Zoltan Szügy formera la division parachutiste Szent-Laslo en octobre 1944.
Sources :Leo Niehorster : The Royal Hungarian Army
Janos Huszar : The Hungarian Paratroopers 1938-1945
Ouvrage collectif : Es Ujfent Hadiidok !