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  L'enfer du Sloe : L'opération sans nom .

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Commandoair40
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Commandoair40


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MessageSujet: L'enfer du Sloe : L'opération sans nom .    L'enfer du Sloe : L'opération sans nom . Icon_minitimeDim Fév 08 2015, 10:39

L'enfer du Sloe

L'opération sans nom
 


Dédié à la mémoire du Pilot Officer Camille de Saint Aubin - RAFV -
349 (Belgian) Squadron – abattu par la flak le 24 octobre 1944 à Cadzand.


 L'enfer du Sloe : L'opération sans nom . Photo110
Dwight D.Eisenhower

Un peu de géographie

L’opération sans nom se déroula à la fin de la campagne nécessaire pour nettoyer les rives de l’estuaire de l’Escaut des troupes allemandes qui les occupaient et empêchaient ainsi l’accès de la navigation alliée au grand port d’Anvers.

A cette époque, c’est à dire à l’automne de l’année 1944, le delta de l’Escaut était encore un vrai delta.

Ni le Brouwerdam, ni le Veersedam n’existaient, et le « lac » de Veere s’ouvrait en direct sur la mer du Nord.

La Zélande n’était pas encore l’opulente province agricole ,huîtrière, industrielle et touristique que nous connaissons aujourd’hui. Ses huîtres étaient déjà fameuses, mais son industrie se limitait à quelques chantiers navals et si sa production laitière et sa pêche étaient d’une certaine importance on ne pouvaient pas les qualifier d’industrielles, quand au tourisme naissant , il était encore très limité. Si le réseau routier était bon et bien entretenu selon les bonnes traditions de l’administration néerlandaise, il n’y avait bien entendu aucun autoroute pour atteindre Zierikzee ou Veere qui n’étaient alors que de petits ports de pêche et pas les grandes marinas de yacht blancs de la fin du siècle.


Au plan géographique, elle était aussi très différente. Les trois de ses îles situées au nord de l’Escaut Occidental, Walcheren, Noord et Zuid Beveland étaient encore de vraies îles, même si la dernière n’était plus qu’un canal maritime qui la séparait de la terre ferme à son extrémité orientale. Par contre à son extrémité ouest elle était encore séparée de Walcheren par un petit bras de mer dénommé le Sloe. Long d’environ 7 kilomètres et large d’un bon kilomètre à sa partie la plus étroite, le Sloe était un petit bras de mer qui se découvrait aux plus basses marées pour laisser apparaître une énorme zone de vase où il était téméraire d’oser pénétrer. Le Waterstaat y avait construit une haute digue rectiligne (le Sloedam) sur laquelle on avait posé une voie de chemin de fer et une étroite route parallèle permettant d’accéder à Flessingue et Middelburg à pied sec. Walcheren n’était donc plus une île au sens strict du terme mais peu s’en fallait.

 L'enfer du Sloe : L'opération sans nom . Scheld10

De la Normandie à Anvers.

Le dimanche 4 septembre 1944, par une très belle journée d’été finissant, la ville, avec le port, d’Anvers est libérée. « Miraculeusement » comme certains osent parfois l’écrire, mais de manière plus exacte, grâce à la prévoyance et à la préparation de la Résistance et à la compétence et à l’héroïsme de certains de ses membres. Rien de miraculeux en fait, mais bien une somme de dévouements divers, de coordination bien pensée entre plusieurs organisation et peut-être un peu de chance. Mais la chance n’aide-t-elle pas de préférence ceux qui commencent par s’aider eux–mêmes ? Des initiatives heureuses aussi. La moindre de celles-ci n’étant certes pas l’intervention du lieutenant Belge Robert Vekemans qui parvint à intercepter les chars de tête du 3 RTR (1) lancés sur l ‘autostrade** d’Anvers . Il parvint aussi à convaincre le major Dunlop qui commandait cette avant-garde de se laisser guider vers une route détournée et non observée des Allemands qui tenaient en force le grand pont de Boom et d’atteindre ainsi le petit pont d’Entschodt qui traverse le Rupel à Klein Willebroek en amont du centre de Willebroek et qui n’était pas gardé par eux. Le franchissement rapide du Rupel et la tête de pont établie sur le champ permettant ainsi de prendre à revers et à neutraliser les forces ennemies qui gardaient le grand pont de Boom puis de foncer vers la Métropole. Pour les alliés, la libération de la ville et des son port pratiquement intact et pouvant redevenir opérationnel dans des délais très brefs, est un cadeau du ciel qui dépasse leurs plus belles espérances. Elle intervient au jour J + 90 du débarquement , alors que le tableau de marche originel du S.H.A.E.F. plaçait les troupes alliées sur la ligne Le Havre – Paris - Orléans –Tours – Nantes à cette date ! Cette réussite va provoquer une sorte de crise qui reste encore aujourd’hui un sujet de discussion pour beaucoup d’historiens.

En effet le Field Marshall Bernard Law Montgomery, tout juste promu à ce rang depuis quatre jours, est ébloui par l’avance éclair de son 21st.Army Group depuis la traversée de la Seine, et commence à espérer la fin de la guerre pour la Noël. L’idée de foncer vers Berlin au travers des plaines de l’Allemagne septentrionale, et par le cœur de la Ruhr l’obsède, et tout lui fait penser qu’une telle offensive peut réussir. Mais son « patron » Dwight D.Eisenhower, le commandant en chef du S.H.A.E.F. est bien plus prudent. Son premier et principal souci du moment est d’assurer la logistique de l’ensemble de son armée.

Car l’allongement extraordinaire des lignes de communications au départ de la Normandie rend de plus en plus problématique la logistique des forces combattantes. Leur ravitaillement en armes ,munitions, approvisionnements et carburant au départ d’Arromanches exige de plus en plus de charroi, donc de carburant, de temps, donc de pertes et d’organisation.. Les soucis d’Eisenhower sont d’ailleurs partagés par son chef des opérations navales, l’amiral Anglais Sir Bertram Ramsay. Même les historiens défenseurs de Montgomery s’accordent à souligner qu’il n’avait pas attaché assez d’importance à l’utilisation d’Anvers et de son port. Car ne l’oublions pas, le port d’Anvers était libre et intact, mais à quoi pouvait-il bien être utile tant que les rives de l’embouchure de l’Escaut étaient tenues par les forces Allemandes ? Il n’entre pas dans le cadre de cet article, ni dans les compétences de l’auteur, de rechercher qui avait raison…Mais avec le recul du temps, et la connaissances des évènements qui s’en suivirent , on peut penser qu’il n’aurait pas été facile à Montgomery, même avec la mise à sa disposition du puissant groupe Anglo-Canado-Américain qu’il demandait, de réussir la « blitzkrieg » qui l’aurait amené à Berlin pour la Noël.

Peut-être même que cette opération aurait pu mettre en difficulté les forces alliées du front occidental , mais ne tombons pas dans l’histoire fiction ! Pour tenter de mieux comprendre les relations personnelles, qui étaient bonnes, entre les deux hommes, on peut rappeler que Montgomery avait une bonne expérience de tacticien et de commandement au combat. Eisenhower, de son côté, était plutôt un général « politique », dans le meilleur sens du terme, une sorte de général homme d’état en quelque sorte. Il avait prouvé sa valeur en ce domaine sur le théâtre de guerre Méditerranéen, et ceci le mettait d’ailleurs parfaitement à sa place de commandant suprême du S.H.A.E.F. Avant le 18 août les opérations sur le continent étaient commandées par Montgomery en temps que commandant du 21ème. groupe d’armées qui comprenait la 2ème armée Britannique commandée par lieutenant général M.Dempsey, et la 1ère.armée US aux ordres du lieutenant général Omar Bradley. Ce qui mettait donc ce dernier sous les ordres de Monty. Cette situation avait été bien acceptée par la presse Américaine pour les opérations du débarquement, mais la prise d’Avranches le 30 juillet par la 4th.US.division et la traversée de la Sélune à Pontaubault le jour suivant qui avait permis à la 3ème Armée US du fameux Patton de se déverser sur les arrières allemands, avait changé la donne. Le général Eisenhower, sous l’impulsion du général George Marshall, allait donc devoir se décider à prendre le commandement sur le terrain.

Ike était un homme honnête et de caractère modeste. Il se consacrait toujours, aussi bien par son entraînement que par son tempérament , aux tâches pour lesquelles il était superbement qualifié : l’établissement des conditions politiques et logistiques des plans conçus par ses chefs de départements et ses généraux en action sur le théâtre des opérations. Sur les plans stratégiques et tactiques, il préférait se limiter à déterminer les grands objectifs et les grandes lignes de conduite et à agir ensuite en tant qu’arbitre ou de coordinateur. En plus il avait une nette conscience de son manque d’expérience dans la conduite tactique de grandes unités du niveau Armée ou Corps d’Armée. Et, il est presque certain qu’il en ressentait un léger complexe d’infériorité professionnelle vis à vis de deux hommes comme Patton et Montgomery. En fait les plans originaux pour la suite des opérations, les armées alliées une fois définitivement établies, consistaient en une poussée générale et un élargissement généralisé du front.

Mais Hitler, avec son obstination bien connue, avait changé les donnes du problème, en tentant contre l’avis de se généraux sur le terrain de couper les Américains à Avranches, ce qui n’avait réussi qu’à provoquer l’encerclement et l’anéantissement du noyau des ses meilleures troupes dans la région de Falaise. La Blitzkrieg se retournait alors contre lui, car en 1944, on l’oublie encore trop souvent, l’armée Allemande est encore une armée à pied qui doit encore se déplacer par train. Seules les divisions blindées sont motorisées, et encore bien moins que leurs équivalentes alliées. Dans les divisions d’infanterie, la plus grande partie des matériels et de l’artillerie sont encore à traction hippomobile !

C’est ici que naît la grande controverse qu’on peut schématiser comme suit : Montgomery pense à une poussée concentrée vers le Nord pour éliminer les armes V en prenant les Allemands de vitesse saisir les côtes de la Manche , se diriger vers Anvers et ensuite vers la Ruhr.

 L'enfer du Sloe : L'opération sans nom . Sloe210

Ceci impliquerait un ralentissement de l’aile droite, donc Américaine , vers les Vosges et la Sarre afin de disposer de suffisamment de forces pour la poussée vers le nord, dans laquelle les Américains marcheraient sur Bruxelles puis Aix la Chapelle en appuyant leur flanc droit sur les Ardennes

C’est l’option que le général Britannique présente à Eisenhower lors d’une réunion le 23 août.

Ce dernier l’avise qu’il entend toujours s’en tenir à une avance sur un large front, qu’il est essentiel que la 3ème.armée de Patton fasse sa jonction avec les forces montant du sud de la France, et que les deux groupes d’armées allant alors avoir à opérer sur deux théâtres distincts, il entend prendre personnellement le commandement en main à partir du 1er.septembre. Montgomery restera donc le chef du 21th group jusqu’à cette date mais après il sera aux ordres directs d’Eisenhower.

Au moment de la percée de la Seine, le général Montgomery envisageait de lancer une opération aéroportée pour saisir les traversée de l’Escaut dans la région tournaisienne, mais la rapidité de l’avance de la 2ème.armée rendit cette opération inutile. Et c’est donc tout naturellement qu’il souhaite utiliser ses forces aéroportées qui rongent leur frein dans leurs bases Anglaises pour appliquer sa stratégie de la poussée vers l’Allemagne de la Ruhr au moment où ses troupes arrivent à Anvers. Après la percée sur la Seine, et la montée rapide vers le Nord, un fait important «échappa » au commandement allié en général, la 15ème armée allemande se retirait lentement le long de la côte de la Manche, puis de la mer du Nord. Son commandant, le général von Zangen , tout en laissant des garnisons pour bloquer les ports, parvint, par sa tactique brillante, à sauver ses troupes de l’encerclement.

Ces troupes qui parvinrent non seulement à se retirer en grande partie sur l’île de Walcheren, mais à se fixer à Zeebrugge et en se retranchant derrière le canal Léopold à créer une poche sur la rive gauche de l’estuaire de l’Escaut et qu’on allait appeler la poche de Breskens.

(1) 3rd.Royal Tank Regiment, un des trois régiments de chars de la 11th.Armoured Division, les deux autres étant le 23rd.Hussars et la 2nd.Fyfe and Forfar Yeomanry.
(2) « L’autostrade d’Anvers »était alors l’expression populaire et courante pour désigner la route à deux bandes de circulation N 1Bis entre Meise et Boom devenue longtemps plus tard l’autoroute A12.

La libération d’Anvers, ses conséquences et la situation générale.

Le 4 septembre au soir les Anversois fêtaient leurs libérateurs et pourchassaient les collaborateurs dans une atmosphère de liesse ponctuée par le bruit des coups de feu tirés par les snipers encore nombreux dans la ville et dans les docks. A ce moment, personne dans les autorités alliées, même les plus optimistes ne pensaient que les installations portuaires Anversoises pouvaient être intactes., et qu’aucune grue, aucune écluse n’avaient sauté ,ni même que les derniers Allemands qui avaient encore la possibilité de certaines destructions puissent y faillir !

La veille et le jour même de leur libération, les Bruxellois avaient vu défiler à travers leur ville les tristes fuyard d’une armée défaite. Pas les Anversois qui avaient littéralement vu surgir leurs libérateurs à l’entrée de leur ville mais qui sentaient la grande victoire que la Résistance avait remporté par son admirable organisation et coordination.

La nuit fut d’ailleurs très difficile pour les soldats anglais aidé par les résistants pour prendre possession de tous les docks et entrepôts. Le général major Comte von Stolberg commandant la garnison fut fait prisonnier. Il justifia la défaillance de ses troupes à détruire le port par l’action de la Résistance mais on peut penser qu’il aurait pu y parvenir malgré l’héroïsme des résistants si en méjugeant les mauvaise nouvelles de Normandie, il ne s’ étaient pas mis trop tard à préparer les destructions et n’avait pas prévu une si rapide arrivée des blindés anglais à Anvers. Le 5 septembre 1944, la 7th Armoured Division (les fameux Rats du Désert) libéraient la ville de Gand et le long de la côte la 15th.Armée allemande se traîne comme elle peut vers le nord, et son commandant, le général von Zangen craint d’être piégé entre la côte et l’Escaut. Mais ici, on ne s’y est même pas pris trop tard : la Deuxième armé n’avait pas de plan pour Anvers, et von Zangen pourra retirer ses troupes à Walcheren et établir une solide poche défensive autours de Breskens, comme nous l’avons dit au paragraphe précédent. Dans les jours qui suivent la libération, la situation générale à Anvers était encore confuse. L’ensemble des installations du port était sous contrôle des troupes britanniques et de la Résistance, mais de forts détachements Allemands occupaient encore de manière éparpillée mais certaine toute une zone au nord du canal Albert. Des amis Anversois ont raconté à l’auteur de ces lignes que certains habitants de Merksem encore en zone allemande prenait le tram vicinal qui s’arrêtait au pont sauté du canal, passait celui-ci sur la passerelle de l’écluse et embarquait dans le tram de l’autre côté… D’autres forces allemandes se trouvaient encore dans la rive gauche (Linkeroever) Ce ne fut que le 18 septembre que la 2ème division Canadienne vint relever la 11ème.division blindée et se mit à nettoyer la zone entre la rive gauche et le canal de Terneuzen avec l’aide de la résistance Hollandaise et la zone nord avec l’aide des Belges.

Dès ce moment la situation générale est claire et nette, le front s’est stabilisé, les forces se font solidement face de nouveau et il faudra conquérir de haute lutte la possibilité de navigation sur l’Escaut. En fait ce ne fut qu’à partir du 27 septembre que Monty relancé par Eisenhower, lui même éperonné par l’amiral Ramsay, qui avait toujours proclamé haut et fort que le nettoyage de L’Escaut devait être entamé en toute priorité, et certainement avant de lancer « Market garden », pu consacrer son attention aux plans nécessaires pour cette libération.

En bon marin, l’amiral craignait avant tout le répit donné aux forces Allemandes pour renforcer le minage du fleuve et éventuellement des sabordages dans certaines passes étroites pour bloquer les passages.

 L'enfer du Sloe : L'opération sans nom . Sloe3110

L’Opération « Market Garden »

Nous n’allons pas refaire ici l’histoire bien connue de cette opération destinée à saisir les ponts de Nimègue et d’Arnhem, et surtout pas d’épiloguer sur le bien fondé de cette offensive. Mais on peut considérer que sa mise en route retarda d’une bonne quinzaine au moins le début des opérations destinées à libérer l’embouchure de l’Escaut et permettre l’utilisations de l’énorme potentiel du port d’Anvers. Rappelons qu’Eisenhower est venu prendre en propre le commandement des opérations sur le terrain le 1er.septembre et a établi son Q.G. à Granville.

C’est donc lui, et non plus Montgomery qui doit donner le feu vert pour cette opération., et ce dernier le relance le 4 septembre pour lui demander de la lancer. Le Field-Marshall fraîchement promu (3) est convaincu qu’une puissante offensive lancée sur l’axe de la Ruhr pourrait amener la fin du conflit avant la fin de l’année.

Mais il devrait pour cela disposer de puissantes forces américaines qui ne seraient plus disponibles pour l’avance vers la Sarre.

Les deux hommes se rencontrent le 10 septembre sur le champ d’aviation d’Evere. L’entretien a lieu dans le Dakota personnel d’Eisenhower qui se déplace avec difficulté suite à une grave entorse. Les souvenirs des deux généraux divergent un peu dans leurs souvenirs de la rencontre. Il semble bien, cependant que le commandant en chef a donné son accord pour Market Garden mais en limitant cette avancée à la prise d’une tête de pont à Arnhem tout en insistant sur la nécessité d’une libération rapide de l’Escaut., qui reste une de ses priorités absolues.

Les faits sont maintenant bien connus, l’opération échouera en sont but final, on peut penser qu’elle a pu détourner un peu l’attention du Field-Marshall de toute l’urgence à mettre en route la libération du grand port.

(3) De ce fait, Bernard Montgomery monte à un grade militaire supérieur à Dwight Eisenhower qui devra attendre sa cinquième étoile jusqu’à l’approche de Noël, mais il n’en reste pas moins subordonné dans la chaîne de commandement du S.H.A.E.F.

Les plans d’opération

Il n’est pas possible de détailler les plans et opérations de nettoyage de l’Escaut dans le cadre de cet article qui veut simplement commémorer le souvenir d’une de ses actions violentes et sanglantes qui coûtèrent la vie à de nombre braves et qui aurait peut être pu évitée si ce nettoyage avait été lancé avec plus de célérité…

1 – La conquête de la poche de Breskens, commencée le 4 octobre, donc un mois après la libération de la Métropole. Cette attaque recevant l’appui de l’opération « Switchback » un débarquement pour prendre les défenseurs de flanc.

2 – Prise de Woensdrecht pour « sceller » l’isthme de Zuid-Beveland.

3 – Opération « Vitality I » pour conquérir Zuid Beveland

4 – Opération « Vitality II » appui de flanc pour Vitality I

5 – Opérations « Infatuate I et II » pour conquérir l’île de Walcheren.


Les opérations Vitality devaient s’achever par l’invasion du côté oriental de Walcheren , ce qui impliquait la traversée en force du Sloe. Cette action avait sans doute été sous estimée et n’avait pas eut l’honneur d’un plan préalable ni d’un nom de code et c’est ainsi qu’elle fut improvisée en toute dernière minute.C’était bien entendu l’île de Walcheren qui était la clef de l’Escaut. La Wehrmacht et la Kriegsmarine y avaient construits d’imposantes batteries lourdes qui commandaient la sortie du fleuve et même menaçaient la rive opposée. Le port de Flessingue pouvait abriter des sous-marins nains et des Schnellboote qui, d’une part pouvaient aller attaquer le trafic naval vers Ostende ou Zeebrugge, mais aussi aller augmenter d’une manière encore plus grave l’Escaut entre Walcheren et Anvers. Le commandant naval du S.H.A.E.F. en était particulièrement conscient , et, sans mauvais jeu de mot, tempêtait littéralement pour pousser Montgomery à lancer les opérations. Tous les plans de la marine étaient prêts pour cette action, c’est à dire l’Opération INFATUATE. Mais le lancement de cette opération nécessitait d’empêcher les Allemands d’amener des renforts et de la logistique à l’île de Walcheren. C’est cette opération, confiée largement aux Canadiens par Monty, qui fut baptisée VITALITY. Infatuate devant être lancée à sa bonne fin. Et, à ce moment là, les troupes qui avaient occupé Zuid-Beveland devaient prendre à revers les Allemands de Walcheren et qui devraient faire face aux troupes débarquées par Infatuate. Cette dernière mission dut être fort sous-estimée par le commandement Allié , comme il a été dit plus haut.. Elle ne fut pas codifiée par un nom de code, et ce n’est que bien après la guerre , un historien Anglais la qualifiera d’opération “No name”, l’opération sans nom qui deviendra son nom de code officieux dans l’histoire.

Woensdrecht et l’ïsthme de Zuid-Beveland.

Un simple regard sur la carte suffit à comprendre que pour couper l’isthme de Zuid Beveland, il “suffisait” de capturer la ville de Woensdrecht. C’est à la 2ème.division d’infanterie Canadienne qu’échut l’honneur de prendre cette ville. Elle s’ébranla le 4 octobre. Notons en passant que nous sommes déjà un mois plus tard que la libération et la prise du port d’Anvers intact ! Nous ignorons si les Canadiens passèrent sur la passerelle de l’écluse de Merksem, mais ils ne “prirent” certainement pas le tram vicinal pour monter vers Brasschaat. Il est tout aussi certain qu’ ils furent aussitôt arrêtés par des tirs directs de pièces de 88 bien retranchées derrière Merksem.

Ce ne fut pas une promenade de plaisir.

Le temps était pluvieux, octobre ne fut pas beau cette année là. Les Allemands n’établirent pas une ligne de force de résistance. Ils adoptèrent plutôt une tactique retardatrice, très facile à mettre en oeuvre dans cette zone suburbaine, entrecoupée de terres de petites cultures, de zones d’habitations ou de petites industries.

Zone très favorable à l’emploi des mortiers , des embuscades , des mines et des snipers. Chaque mètre d’avance se payait de morts ou de blessés. Les deux brigades de la division avancèrent ainsi avec lenteur des deux côtés de la route en suivant l’arrière garde ennemie qui se retirait lentement mais chèrement

Un petit combat team du Régiment de Mont-Royal se tenait prêt sur la gauche pour tenter de foncer sur l’isthme et le couper au niveau de Rilland (voir la carte 3), mais cette action dépendait de la vitesse de l’avance de la brigade sur le flanc droit. De ce côté, Putte fut atteint le 6 au soir, dépassé le 7 et Hoogerheid le soir même.

Mais alors la 2ème division se heurta à une défense opiniâtre et fut stoppée sur place. Elle commençait à comprendre qu’elle avait un peu sous-estimé l’ampleur de sa tâche. Ce ne fut que le 16 qu’elle arriva aux faubourgs de Woensdrecht. Montgomery, qui commençait à se sentir pressé par le temps du se résoudre à lui envoyer des renforts d’urgence ! Ceux-ci , des élément de la 4ème division blindée Canadienne appuyant la 49ème.brigade Anglaise, traversaient la frontière hollandaise à Essen le 22 au matin. Enfin, Woensdrecht et Bergen op Zoom étaient pris le 23 en fin de journée. Tout cela après de très durs et sanglants combats.

Trois semaines avaient encore passé et le port d’Anvers n’était toujours pas utilisable pour les alliés.
La 2ème. division pouvait maintenant se tourner vers l’ouest et entamer la conquête de Zuid-Beveland.

Vitality II

La place nous manque pour détailler cette opération qui n’entre d’ailleurs que de manière indirecte dans le cadre du récit. Disons simplement qu’il s’agissait d’une traversée de l’Escaut au départ de la petite ville d’Ossenisse pour débarquer à l’ouest du canal de Beveland et prendre de flanc les défenseurs Allemands, et ainsi faciliter sa traversée par les Canadiens qui attaquaient par l’est. Cette opération fut confiée par Montgomery à la 2ème division d’infanterie Ecossaise, aux ordres du Major-Général E.Hakewill-Smith (voir annexe 5). Un groupement de cette division avait combattu en Normandie, puis près d’Arnhem. Mais le reste de la division venait de débarquer à Ostende le 24 pour prendre part à la bataille de l’Escaut. Plus tard, d’ailleurs, la mention « 1st.october – 8 november : ESCAULT-Holland » figurera comme battle honour (citation) sur ses drapeaux. La fameuse division d’engins spéciaux 79 Armoured Division fournira les moyens de passage, de débarquement et de déminage avec ses Buffaloes, Terrapins et autres véhicules spéciaux mis en œuvre par ses équipes des escadrons du 11th.Royal Tanks et 5th.Assault Regiment, Royal Engineers. Cette 79ème.division est unique en son genre dans tout l’arsenal allié. Ses effectifs sont largement plus nombreux que ceux d’une division blindée classique, la plupart de ses chars sont en réalité des chars du génie, tout à fait spécialisés pour toutes sortes de tâches inimaginables. Cela va du déminage aux lance-flamme en passant par toute une série de ponts mobiles, de porte fascines et d’engins de franchissement, sans oublier les amphibies de débarquement. La plus grande part de ses matériels sont si curieux voir qu’ils ont reçu le sobriquet de « funnies »( litt. : les « comiques » A l’origine, cette division fut conçue en prévision de l’ouverture du fameux « second front » , et elle a bien prouvé la valeur de sa conception en Normandie. Son créateur et son chef, est un expert des blindés, le Major Général P.C.S.Hobart, K.B.E. – C.B.O . – D.S.O. – M.C. devenu plus tard Sir Percy Hobart et connu dans toute l’armée britannique sous le surnom de « Hobo ».

Vitality I

La 2ème. division d’infanterie Canadienne devait donc pivoter vers l’ouest pour entamer l’opération Vitality I.
Et c’est ce qu’elle fit. Sa 4ème.Brigade se mit en route sans attendre . Mais quelle marche ! Toutes les routes avaient été minées de tous les types de mines antichar ou antipersonnel de l’arsenal teuton. Les sapeurs de la Wehrmacht avaient fait sauter tous les ponts, abattu les arbres le long des routes. Celles-ci avaient été sapées de telle manière que d’énormes cratères , infranchissables pour les tanks et les bulldozers, les avaient éventrées. Certains de ces cratères étaient larges de plus de vingt mètres. Les polders étaient inondés et même souvent plantés de poteaux, un peu dans le style des fameuses asperges de Rommel . De nombreux canons de flak de 20mm. prenaient les digues en enfilade, les fameux 88 tiraient à obus fusants pour arroser les attaquants de leurs dangereux shrapnells, et l’infanterie allemande était toujours aussi expérimentée à l’usage des mortiers.

Malgré cela, les hommes de la 4ème.brigade avancèrent de plus de cinq kilomètres le premier jour, et leurs patrouilles étaient au contact du canal de Zuid Beveland le soir du 26 octobre. Les deux ponts et les deux écluses du canal étaient non seulement minés, mais tellement couvert par l’ennemi qu’il n’était pas possible de tenter par là le passage. Ce fut donc en bateaux d’assaut que la 6ème.brigade, venue en renfort de la 4ème. tenta, et réussit la traversée du canal. Partiellement repoussée sur son flanc gauche, elle put néanmoins établir une solide tête de pont sur l’autre rive. Mais les troupes de VITALITY II étaient parties la nuit précédente d’Ossenisse pour débarquer sur Zuid Beveland. Les opposants à Vitality I étaient de ce fait pris de flanc.

Cette même nuit, les Allemands évacuèrent près de 500 hommes en embarcations diverses vers Noord Beveland et plus de 3.000 dans leur Festung de l’île de Walcheren par la route du SLOEDAM…

Après cela, leur résistance commença à faiblir. Le 28, l’écluse nord du canal était prise par les Queen’s Own Highlanders of Canada tandis que les deux autres régiments de la brigade, les Fusiliers de Mont Royal ( régiment de Canadiens Français) et le South Saskatchewan Regiment progressaient rapidement au centre et s’emparaient de la petite ville de Goes. Pour la 2ème.division, Vitality I était quasi terminée. Le 30 octobre le Royal Regiment of Canada attaquait les tranchées et les blokhaus qui défendaient l’accès au Sloedam, et s’en emparait sans trop de difficulté. Les 4ème.et 6ème. brigades étaient à pied d’oeuvre pour attaquer Walcheren. C’est le lendemain qu’ils allaient tenter de pénétrer en enfer!. Car c’était bien l’enfer qui les attendaient !

L’opération sans nom

Citation :

« Pour tous ceux qui combattirent dans le combat pour la Chaussée****de Beveland, et pour tous ceux qui l’étudièrent de près, il semble bien approprié que cette opération soit restée anonyme.

Peut-être aussi le fait qu’elle n’ait pas reçu de nom est une indication claire de la légèreté avec laquelle elle avait été envisagée et conçue, et ceci est conforté par la manière dont le 1er.Bataillon des Glasgow Highlanders se prépara pour la « marcher de l’autre côté » le 31 octobre . La plupart de ceux, j’imagine, qui ont suivi la libération de l’Escaut jusqu’à ce point n’en seront pas surpris, pourtant, l’anonymat de ladite opération devrait quand même les surprendre.

Tous les écoliers qui ont étudié les origines de l’Empire Romain savent comment Horace gagna son combat antique et ont aussi appris l’histoire de la résistance des Spartiates aux Thermopyles. »

R.W.THOMPSON – « The 85 days »
Traduction de l’auteur.


Quatre ans et demi plus tôt, Walcheren avait déjà été envahi à l’ouest et par le Sloedam.

Cette fois là c’était les Allemands qui attaquaient. Comme les Canadiens aujourd’hui ils étaient en force, et jouissaient de la supériorité aérienne, mais là, s’arrêtaient les similitudes .En mai 1940 ils attaquaient par un très beau temps de printemps des troupes Françaises peu mordantes, et pour une part mal commandées. Ils avaient franchi le canal maritime facilement parce que le général Durand qui commandait le groupement Français débarqué à Walcheren avait divisé ses forces, les avait mal réparties, et de plus, avait négligé de faire sauter les deux ponts du canal. Limogé de ce fait et pour son manque d’initiative, le général Deslaurens l’avait remplacé et il avait bloqué les assaillants au Sloedam. Pour des défenseurs décidés cette digue-chaussée était facile à défendre par des tirs d’enfilade et les Allemands en firent les frais . Forcés de s’y reprendre à trois fois, et laissant plus d’une centaine d’homme dans l’affaire.

Le courageux général Deslaurens y perdait lui aussi la vie, mousqueton à la main, en galvanisant ses hommes sur la ligne de feu. Maintenant, les Canadiens devaient passer à l’attaque dans le mauvais temps d’un automne particulièrement pluvieux et affronter un ennemi beaucoup plus mordant, et surtout beaucoup mieux retranchés et armés que les Français de l’an 40. Tout d’abord, ils ont fait sauter plusieurs charges dans la digue pour y provoquer d’importants cratères. Si ces cratères ne sont pas assez grands pour rompre tout à fait la digue, ils sont par contre suffisants pour interdire le passage des chars. Dans le cadre des travaux du mur de l’Atlantique, plusieurs blockhaus de béton ont été construits pour interdire le passage sur la chaussée qu’ils battent de leurs plans de feu. Dans l’attente d’une attaque frontale, l’infanterie Allemande a établi tout un réseau de tranchées et de nids de mitrailleuses sur la rive, de part et d’autre du Sloedam. Enfin, les défenseurs disposent d’un Sturmgewehr et d’une pièce du fameux 88mm de flak. C’est contre cette force bien expérimentée et bien établie que vont venir buter les Canadiens, sous les constantes averses d’octobre . Et aussi sous le plafond bas de stratus qui se déroule, poussé par le puissant vent de la mer , et empêchera souvent le soutien des Typhoon du 84th Group.

Le commandant de la 2ème.D.I.Canadienne , le général Keefler, pour accélérer ses troupes avait promis que la première de ses brigades qui atteindrait et nettoierait l’accès au Sloedam ne devrait pas pousser plus loin pour s’en emparer, ni d’établir une tête de pont sur Walcheren. La 4ème.brigade gagna cette curieuse course.

C’est ainsi que l’ordre peu enviable de conquérir la fameuse digue-chaussée tomba sur la 5ème brigade.

Le chenal du Sloe était infranchissable par tous les véhicules disponibles et existant à l’époque.

Le chenal proprement dit, là où restait de l’eau à marée basse, pouvait bien être franchis par des LVT Buffaloes, mais ils leur était impossible de négocier les larges étendues de boue marécageuse qui longeait les rives proprement dite, donc la terre ferme. Quand aux tanks , n’en parlons même pas. Les fantassins s’enliseraient et ne pourraient même pas tenter la traversée en canots d’assaut.

Une conclusion, il était nécessaire de passer le Sloedam de vive force en attaque frontale… C’est le général de brigade Megill qui commande la 5ème brigade, celle qui a perdu la « course ». Il ne veut pas perdre de temps, il espère que les Allemands seront découragés par la chute assez rapide et sans trop de difficulté pour les assaillants de l’accès oriental du Sloedam. A 13.00 heures le 31 octobre, il lance une compagnie des Black Watch of Canada, régiment d’élite s’il en est, sur la chaussée. Elle avance lentement non pas à cause de quelques tirs sporadiques de l’ennemi, mais à cause des cratères et obstructions qui barrent leur route, et aussi , bien entendu de la prudence qui s’impose pour ne pas se mettre dans la vue directe des Allemands.

Tout va bien jusqu’au moment où la grande coupure que les Allemands ont pratiqué à environ 75 à 80 mètres de leurs premiers postes est atteinte. Avec leur expérience de Russie, les Allemands ont attendu l’attaque avec calme. Ils ont pratiqués des tirs spasmodiques et dispersés. Ils donnent avec habileté l’impression d’une défense hétéroclite et peu sûre d’elle. Puis tout d’un coup, leur tir infernal se déclenche. Les Canadiens sont tombés en enfer.

A ce moment, il est environ 15.30 heures et ils ne peuvent plus bouger, tout mouvement entraîne une mort immédiate ! Le barrage est infranchissable, telle est sa densité. Les Black Watch ne peuvent plus que se terrer dans la boue en attendant la nuit. La preuve est maintenant faite que le passage ne sera pas une simple promenade, il sera très cher. Les fantassins Canadiens sont cloués dans les trous et les cratères. Ils sont plaqués au sol entre leurs morts, leurs mourants et leurs blessés. A bout portant le tir de barrage de l’ennemi est des plus impressionnants. Il ne reste qu’à attendre la nuit pour tenter de les désenclaver puis de les relever.

C’est ce que va tenter les Calgary Highlanders, tandis que les Glasgow Highlanders de la 52.D.I. prendront place derrière eux, sous le couvert de la nuit , à l’entrée est du Sloedam, pour une nouvelle tentative de franchissement. Dans l’aube maussade du jour de la Toussaint, les Calgary Highlanders rampent vers l’avant avec courage sous le maigre « couvert » du remblais sud de la digue. La compagnie de tête perd son commandant et ses officiers. C’est l’Adjudant-Major de la brigade qui se porte volontaire pour aller les remplacer et y parvient.

Ils parviennent à prendre pied sur l’autre rive, amis pas à rompre la ligne ennemie. Le crépuscule tombe vers 17.30 heures et une contre attaque les repousse. Le Régiment de Maisonneuve, manœuvre alors pour les relever et tenter le franchissement avec l’aide d’un très lourd barrage d’artillerie bien calculé. Ils reprennent alors pied sur l’autre côté. Mais encore une fois, l’affaire se limite à une minuscule tête de pont sans rupture de la ligne allemande !

En fait, une minuscule position défensive plutôt qu’une tête de pont. C’est ensuite aux Glasgow Highlanders d’aller les débloquer , il ne reste à ce moment qu’une quarantaine de survivants dans la « tête de pont ». Tous sera tenté pour les relever et les sauver, mais l’ennemi reste intraitable. La bataille tournait en cauchemar, c’était pire, c’était en réalité l’enfer du Sloe. le « bras de mer », disons le bras de vase et de roseaux ,s’avérait infranchissable par la digue chaussée.

La solution du problème allait venir d’ailleurs. Le commandant de la 2ème divison Ecossaise, le major général Hakewill Smith avait une autre idée en tête. Pendant les derniers jours d’octobre il avait étudié de très près avec ses officiers du génie une série de photos du Sloe prises à marée basse par les Spitfire PRU*****. L’histoire ne le dit pas, mais peut-être que sa carte militaire était un copie de la carte Belge de la région. On y distingue nettement une sorte de « gué » très étroit. En tout cas, cette langue de terre semblait aussi apparaître sur les photos.

Serait-elle assez ferme pour permettre le passage de fantassins lourdement armés ? Le voulait en avoir le cœur net. Il eut une longue et orageuse discussion avec le commandant du Corps d’Armée, Celui-ci n’y croyait pas, mais Hakewill Smith pensait qu’il fallait prendre la balle au bond, et surtout que ses « montagnards » étaient assez entraînés pour réussir le passage si le sol était suffisamment ferme et il reçut l’accord de son chef, d’assez mauvais gré, il faut bien le dire. La suite donna raison au commandant de la division. Le récit du passage en est trop long pour entrer dans le cadre de cet article et pourrait constituer un article à lui seul éventuellement. Ce fut difficile, cela coûta aussi bien des vies, dont certaines par noyade, mais ce ne fut pas aussi rude que les nuits en enfer sur le Sloedam !

La traversée commença dans la nuit du 2 au 3. Les soldats Ecossais suivant les sapeurs de pointe entre deux rubans blancs déroulés sur le sol. Ces hommes savaient qu’ils affrontaient moins de dangers que sur la terrible chaussée. Une tête de pont fut établie. Là aussi les Allemands résistèrent chaudement, mais ils étaient pris de flanc.

Mais les renforts et les munitions arrivaient maintenant à travers le Sloe par le nouvel itinéraire, les hommes le savaient, et les Allemands aussi. La tête de pont pu s’élargir, les premiers prisonniers furent capturés.

Dans l’après-midi du 4 elle atteignait Groenenburg sur la droite., et la compagnie de tête commença à nettoyer les abords du Sloedam à la grenade , à portée de voix des Glasgow Highlanders… Les Allemands déclarèrent Arnemuiden, encombrée de réfugiés « ville ouverte ». Le matin même les premiers dragueurs de mines avaient embouqué l’Escaut Deux mois s’étaient écoulés depuis la brillante libération du port d’Anvers.

Il faudra encore attendre trois semaines de travail acharné et mortellement dangereux pour que le premier convoi puisse remonter vers le grand port. Mais ceci est une autre histoire.

****The Causeway of Beveland = la Chaussée de Beveland, autrement dit le Sloedam.
*****P.R.U. = Photographic Reconnaissance Unit.

( Source : texte ‘’ Les batteries de Walcheren ‘’ par A. Baldewijns et A. Herman-Lemoine)


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Sicut-Aquila

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« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

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