Pour Hollande le montant du budget de la Défense est suffisantLors de sa 5e conférence de presse depuis qu’il a été élu à l’Élysée, Hollande a estimé, ce 5 février, que le premier défi de la République est la lutte contre le terrorisme. Et de rappeler ses décisions d’engager les forces françaises au Mali et en Irak.
Pour autant, interrogé sur les moyens alloués aux forces armées pour qu’elles puissent faire face à leurs engagements, Hollande
a estimé que le budget de la défense – qui est de 31,4 milliards d’euros pour 2015 – est suffisant.
« Faut-il, parce qu’il y a des menaces, changer ce que nous avions décidé dans la loi de programmation militaire (LPM)? C’était quand ?
Il y a à peine un an et demi.
Est-ce que les menaces avaient été sous-estimées?
Non, nous les connaissions parfaitement: terrorisme, déstabilisation, cyber défense… Il y a les menaces qui étaient liées également à l’insécurité sur un certain nombre de lieux de conflits. Donc les principes mêmes de la LPM n’ont pas à être modifiés », a d’abord expliqué Hollande
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« Est-ce que les crédits ont à l’être [ndlr, modifiés]? Jusqu’à présent c’était pour les maintenir, faudrait-il les augmenter ?
Je pense que aujourd’hui, 31,4 milliards d’euros, somme prévue chaque année pour nos armées, est celle qui doit être sécurisée, sauvegardée, préservée », a ainsi affirmé le chef de l’État
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Au passage, l’on voit mal à présent l’objet de la réactualisation de la LPM 2014-2019 qu’il avait pourtant annoncée le 21 janvier dernier, à l’issue d’un conseil de défense…
« Sur les effectifs, j’ai pris la décision de limiter ce qui était pourtant prévu depuis des années [...], et donc j’ai fait en sorte, compte tenu de ce qui était aujourd’hui la menace, de maintenir un niveau des effectifs qui soit conforme à ce que je pense l’intérêt du pays », a encore indiqué Hollande
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Pour rappel, 7.500 postes seront préservés sur les 34.000 qui devaient être supprimés. « On fait beaucoup d’efforts, et je demande beaucoup de sacrifices [...]
Je fais en sorte que la sécurité soit préservée, et que nous puissions le faire dans les enveloppes qui ont été prévues », a encore dit Hollande, qui a toutefois assuré qu’il « prendrait ses responsabilités » s’il « y avait des dangers qui apparaissaient ».
Résumons : Les principes de la LPM ne seront pas modifiés et il n’est pas question d’augmenter le budget de la Défense, alors même que le maintien de 7.500 postes côutera 1 milliard d’euros selon les estimations.
En outre, l’effort sur les équipements sera maintenu, comme Hollande
s’y est engagé lors de ses vœux aux armées, le 14 janvier.
Aussi, et alors que, selon le général de Villiers, le chef d’état-major des armées,
« il n’y a plus de gras dans les armées et qu’on attaque le muscle » , comment faire avec une enveloppe dont le montant n’a pas bougé, qui plus est, depuis 2012?
Hollande
n’a en outre rien dit sur ce concept de sociétés de projets (qui rachèteront du matériel aux armées pour les leur louer), ce passager clandestin de la loi sur la croissance et l’activité qui doit en théorie permettre de trouver les 2,4 milliards d’euros qui manquent pour boucler le budget du ministère de la Défense cette année.
En revanche, et l’on se demande pourquoi, le chef de l’État
a évoqué la modernisation de la dissuasion nucléaire.
«
J’aurai également à m’exprimer (sur la dissuasion). La France est une grande nation, membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, qui a aussi la capacité nucléaire. Ce débat n’est pas ouvert en France –il l’a été– », a-t-il dit.
« J’entends aussi que notre force de dissuasion soit modernisée, autant qu’il est nécessaire, et toujours avec le principe de suffisance, et donc dans la transparence sur les armes nucléaires dont la France dispose », a ajouté Hollande
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