Parachutistes d'Infanterie Coloniale de 1947 à 2007
La véritable naissance des Troupes aéroportées françaises
à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale
est marquée par de nombreuses controverses avec, en filigrane,
le conflit indochinois qui sera le véritable acte fondateur des parachutistes coloniaux
La première de ces controverses oppose l'armée de l'air
à l'armée de terre pour le contrôle des formations des parachutistes.
Rappelons que depuis la création des compagnies,
puis groupes d'infanterie de l'air en 1936,
ces unités ont toujours appartenu à l'armée de l'air.
Il en est de même pour les unités de chasseurs parachutistes,
bataillons, puis 1er, 2e et 3e régiments de chasseurs parachutistes.
A cette époque d'ailleurs,
il n'existe que deux sortes de combattants pouvant réclamer
de la spécificité aéroportée:
les chasseurs parachutistes
et les groupes ou bataillons de commandos de choc.
Pour l'instant, ni la ''coloniale'' ni la Légion
n'envisagent de créer ces formidables bataillons
qui, avec ceux du 1er RCP entrerons dans la légende en Indochine
La grande question qui se pose au moment de la réorganisation
des forces aéroportées d'après guerre
est celle de leur subordination.
L'un comme l'autre, le ministre de l'air
comme le ministère de la guerre souhaitent que la décision leur soit favorable
car l'arme aéroportée a fait ses preuves tout au long du dernier conflit et,
d'esprit révolutionnaire,
elle symbolise l'armée nouvelle.
Historiquement, il est indéniable que les parachutistes
reviennent à l'armée de l'air.
Mais dès que l'on aborde les problèmes de recrutement,
d'instruction et d'emploi, les avis divergent fondamentalement.
Dès le 23 juin 1944, le général Béthouart,
alors chef d'état-major de la Défense nationale pose,
la question sans détour.
Le commissaire à la Guerre André Diethelm
propose aussitôt le rattachement des parachutistes à l'armée de terre:
Ces unités ont été constituées avec une majorité de militaires
provenant de l'armée de terre,
de l'infanterie principalement.
Leur incomplètement en effectifs
incombe également à mon département.
Appelées à combattre comme éléments d'infanterie,
mais avec plus d'initiative, elle doivent recevoir une instruction poussée de fantassins.
Ces raisons qui militent en faveur de leur rattachement
à l'armée de terre, sont renforcées par la nécessité d'adapter,
pendant la campagne actuelle,
nos formations parachutistes à l'organisation des Allies,
en particulier pour assurer l'entretien de leurs dotations en "matériel ''.
L'affaire traîne en longueur quand le 19 décembre 1944,
pressé de répondre par le général Juin,
nouveau chef d'état-major de la Défense nationale,
Charles Tillon , ministre de l'air,
demande que les aéroportés demeurent une infanterie de l'air .
Son argumentation repose sur trois point principaux :
l'origine des unités et du personnel,
l'unité de commandement pour l'emploi et l'utilisation de matériels spécifiques
(parachutes et aéronefs).
Selon le ministre, il serait dommageable pour l'armée de l'air
qu'une grande quantité de personnels
soit obligés de la quitter pour le ''kaki''.
Quant à l'emploi, malgré la guerre,
son entourage en est resté au ''débarquement aérien''
du groupe d'infanterie de l'air ayant pour objectif
la saisie d'un terrain d'aviation,
son aménagement pour accueillir des planeurs
ou des troupes aéroportées et sa défense
dans les premières heures de l'opération.
En conséquence, la mise à terre qui suit la phase de préparation
et d'appuis aériens est totalement intégrée dans la manœuvre de l'air :
'' Une opération de débarquement aérien parfaitement coordonnée
se conçoit difficilement si au moins ces deux premières phases
ne relèvent pas du même commandement...
''. C'est oublier un peu vite les succès en Bretagne
, en Normandie ou en Hollande.
L'opposition est vive entre ceux qui prônent
la création d'unités de type commando
utilisant des méthodes de combat allant du faible au fort,
faisant appel à l'audace, à la ruse et basées sur un entraînement impitoyable
, et ceux qui préfèrent les grandes unités plus lourdes,
capables d'être engagées de manière plus classique.
A cette première controverse,
vient s'ajouter un antagonisme sourd entre Forces françaises libres
et l'armée d'afrique
. Bien que supposés former une même subdivision d'arme,
les chasseurs parachutistes des 2e et 3e RCP formés en Angleterre
et le 1er RCP créé en Afrique du Nord,
instruit et équipé par les Américains
n'ont rien en commun.
Les premiers, agissant en unités commando
entrent bientôt dans la légende sous le vocable Spécial Air Service,
ajoutant à leur appellation le sigle prestigieux SAS,
tandis que le second agira véritablement en unité de l'infanterie de l'air.
Mais demanderez-vous,
quelle différence entre les exploits des RCP SAS en Bretagne,
dans les Ardennes, en Hollande,
et les combats du 1e RCP dans l'hiver des Vosges
ou dans l'enfer de Jebsheim ?.
Aucune, si ce n'est une même conception de l'honneur,
du devoir envers la patrie qui les a opposés depuis le désastre de 1940.
Aujourd'hui, le 1er RCP qui porte sur l'épaule
le Charognard de l'armée de l'air
maintient les traditions des anciennes formations de l'armée de l'air
et rappelle que tous les parachutistes sont issus du même moule
:la compagnie d'infanterie de l'air créée en 1936
par le capitaine Fred Geille.