Au commencement était la " Brigade ".....
Après la tumultueuse époque de la Deuxième Guerre Mondiale
qu'elle venait de traverser,
l'armée française, complètement exsangue,
fut confrontée aux problèmes d'une décolonisation politiquement très mal gérée
De l'Afrique à l'Asie en passant par Madagascar,
elle avait un besoin urgent et massif de troupes
capables d'intervenir rapidement sur de vastes zones .
Un très curieux organisme vit alors le jour et pris le nom de :
Brigade Coloniale de Commandos Parachutistes SAS
Cet organisme s'installa en Bretagne,
dans le triangle Vannes-Quimper-Saint-Brieuc
avec un camp d'entrainement à Meucon, où fonctionnaient,
autour d'un petit aérodrome, une école commando et une école de brousse.
Cet outil de "fabrication" d'unités de combat à exporter
s'approvisionnait lui-même en engagés par des antennes de propagande
itinérantes qui sillonnaient la France en tous sens,
allant de foires-expositions en meetings improvisés,
mais haut en couleurs !
On avait en effet besoin de recruter beaucoup de monde
pour alimenter cette machine qui, bon an mal an,
alternativement à Saint-Brieuc et à Quimper,
produisait deux bataillons et envoyait de surcroît,
des renforts aux bataillons engagés au combat.
Au sein de l'armée du contingent, tout était original dans cette brigade,
même pour les autres formations parachutistes de l'époque
La première de ces originalités était qu'elle ne comprenait
que des engagés et des cadres de carrière
La seconde concernait la structure très particulière
des unités mises sur pied
C'était en effet ce que nous appelons aujourd'hui des " unités spéciales "
...assez loin des longues capotes comme nous disions alors.
La brigade avait pris en effet l'organisation
et l'esprit du Special Air Service britannique, auquel avaient appartenu les parachutistes
français des FFL qui avaient sauté en Bretagne en 1944.
Elle avait aussi hérité par la même occasion de leur étrange béret rouge,
qu'ils étaient alors les seuls à porter dans l'armée française.
Lieutenant, saint-cyrien, le colonel Jean Daubas,
et parti en Indochine en 1949, comme chef de stick de 15 hommes
faisant partie du 2e commando appartenant au groupe de commandos n°3,
et lui-même subordonné au 1er groupement de commandos parachutistes SAS
comptant environ 500 soldats européens.
L'unité de combat élémentaire était le commando de 52 hommes,
parmi lesquels on comptait deux officiers, deux sous-officiers supérieurs et neuf autres sous-officiers ou caporaux-chefs. Avec un tel encadrement, on peut faire des opérations spéciales !
La troisième originalité était que ces unités avaient une existence limitée à la durée du contrat de leurs engagés. Elles vivaient donc environ trois ans : un an de formation et de voyage aller-retour par bateau plus deux ans d'opérations, après quoi le bataillon était dissous. son numéro devenait ainsi disponible pour un nouveau bataillon en formation.
Il y eut ainsi trois " 1er" GCCP, BCCP, BPC selon les appellations successives, deux "2e ", trois "3e " ...jusqu'à 8 !
Un parachutiste colonial comme moi se définissait comme ayant appartenu au " deuxième 1er ", puis au " deuxième 7 ", mais en fait, nous appartenions tous à cette même brigade....ensemble complexe qui comprenait:
- la 1er demi-brigade d'instruction en Bretagne, la maison mère où nous nous retrouvions au retour de nos aventures pour préparer une nouvelle campagne;
- des unités en AOF, AEF et Madagascar;
- et surtout, la 2e demi-brigade en Indochine qui, bien qu'elle ne fût pas une grande unité officielle, a compris, à certaine moments, jusqu'à cinq bataillons au combat.
La saga des parachutistes coloniaux a donc commencé ainsi. On peut dire que ce fut un mariage réussi de l'esprit des Troupes coloniales françaises, capables de toutes les adaptations et du pragmatisme des commandos britanniques.
On peut dire aussi que cette heureuse synthèse a amené aux parachutistes français en général une importante contribution.... sans nier pour autant celles apportée aussi par nos camarades du 1er RCP, des Chocs et de la Légion étrangère.
colonel (H) Jean Daubas
cette introduction va faire suite a un ensemble, pour expliquer l'engagement des troupes colonial et de l'Infanterie de Marine.