Les Femmes de l'Ombre : du film à la réalité
La plupart d'entre vous ont peut-être vu, ou entendu parler du film Les femmes de l'Ombre, de Jean-Paul Salomé, sorti en 2008.
Bien que le film soit une fiction, son personnage principal, joué par Sophie Marceau, est inspiré d'une vraie femme de l'ombre Lise Villameur Décédée à 98 ans le 28 Mars 2004.Cette femme faisait partie de la French Section du SOE (Special Operations Executive), service créé par Churchill. De son nom de jeune fille De Baissac, elle fut parachutée en France après son entrainement dans la nuit du 24 au 25 avril 1942.
Elle fut chargée d'organiser une planque à Poitiers pour tous les agents qui seraient amenés à agir dans la région.
Elle alla jusqu'à s'installer dans une rue de Poitiers même, proche du QG de la Gestapo, et se rapprocha même du directeur de la Gestapo, Grabowski.
Elle se faisait passée pour Irène Brisse, veuve et cherchant à s'éloigner de la capitale et de ses difficultés.
Le 16 août 1943, elle fut forcée de rentrer à Londres, son réseau ayant été infiltré par les allemands.
Un autre de ses réseaux étaient cependant toujours actif, à Ruffec.Dans la nuit du 9 au 10 avril 1944, elle fut renvoyée en France pour travailler avec un certain agent du SOE, Anthony Brooks, mais leur désaccord sur la façon d'agir et de se comporter l'amena à rejoindre son frère en Normandie, où elle avait comme tâche de reconnaître et de délimiter de larges portions de terrain que les troupes aéroportées pourraient tenir pendant 48 heures lors du débarquement.
Elle avait un sang froid à toute épreuve, notamment un jour où elle trouva un allemand assis sur son sac de couchage.
Cela peut paraître anodin, mais ce sac avait été confectionné à partir de la toile de son parachute...
Heureusement, l'allemand ne s'en rendit pas compte. Elle allait notamment régulièrement à Paris en vélo, pour ses différentes missions, passant de nombreux contrôles sans jamais s'affoler.
Elle créa là-bas d'autres réseaux de résistance, sous le nom de code de Marguerite, et contribua activement à l'avancée américaine, notamment à la percée réalisée en Mayenne après le débarquement (suite de l'opération Cobra).
De ce fait, le colonel Buckmaster, chef de la section française du SOE, la recommanda pour la George Medal en avril 2005, la décrivant comme "une femme très courageuse et très diplomatique.
Elle faisait absolument tout : sabotage, parachutage d'armes, transfert d'agents et de membres d'équipage des avions abattus, même des actions de guérilla". Néanmoins, le War Office en Septembre 1945 remplaça cette importante distinction par une de valeur moindre.
En France, elle reçut cependant la Croix de Guerre avec palme, et fut faite Chevalier de la Légion d'Honneur.
Lise Villameur avait rencontré Henri Villameur avant la guerre, mais ses parents refusèrent leur consentement, et malgré une séparation pendant la guerre, elle se remit avec lui par la suite, habitant alors ensemble à Marseille , dans un appartement du Quai de Rive-Neuve qu'Henri avait fait lui-même.
Son mari est décédé quelques temps avant elle, et ils n'ont pas eu d'enfants.
Ces agents français
- une cinquantaine au total - ont souvent été oubliés de nos livres d'Histoire.
Mais en passant de l'agent Lise Villameur, née De Baissac, à Louise Desfontaines incarnée par Sophie Marceau, Jean-Paul Salomé nous donne, par la fiction, un rappel important d'une petite histoire qui a fait l'Histoire.
Merci à lui.